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La dialectique " INDIVIDU - SOCIETE " et sa rationalisation dans l'universel concret chez Eric Weil


par Emmanuel Lenge
Université Saint Pierre Canisius - Grade de bachelier en Philosophie 2005
  

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2.2. La société moderne est matérialiste.

Beaucoup de philosophes se sont penchés sur cet aspect. Le marxisme lui-même est une théorie développée essentiellement contre cette essence de la société moderne. Le matérialisme a déshumanisé l'homme et son environnement. Il a fait de tout une matière première à transformer, un cobaye pour l'expérimentation, afin d'en tirer toujours le plus de profit. Pour Weil, la société moderne est matérialiste en ce que « pour ses décisions et ses choix seuls les facteurs matériels entrent en ligne de compte »21(*).

Cet aspect du matérialisme de la société moderne a profondément bouleversé toutes les autres valeurs traditionnelles non matérielles, valeurs de gratuité, d'amour, d'assistance, de générosité et de bonté. Tout est désormais mesuré à l'aune des avantages matériels qu'il peut apporter. Même l'action désintéressée en apparence est suspecte.

Il serait cependant incorrect de ne faire ressortir que l'aspect négatif du matérialisme qui caractérise la société moderne. Ce que cette course de la société moderne vers la transformation et la possession a apporté à l'homme en termes de confort, d'aisance matérielle et de progrès technique, le place aujourd'hui à un niveau de bien-être jamais égalé.

Ce que l'on déplore, c'est que ce progrès se soit accompagné de la perte du sens de l'humain dans la société, du surgissement d'anti-valeurs qui n'ont d'égal que le progrès réalisé : corruption, violences et guerres ayant pour intérêt central un désir de posséder toujours plus, et de manière exclusive, sans partage, pour mieux assurer la domination sur le reste de la société - communauté universelle.

2.3. La société moderne est mécaniste.

La société moderne est mécaniste dans la mesure où tout problème n'y est reconnu comme problème que lorsqu'il concerne les méthodes de travail et d'organisation, si bien que : « tout problème qui ne peut être formulé de cette manière est par définition un faux problème ».22(*)

La société se dirige ainsi, et c'est ainsi qu'elle se montre à celui qui l'observe dans son activité, qu'il soit ou non convaincu de la valeur de ce système. Plus loin E. Weil affirme que l'individu n'a nul besoin, dans la société moderne, de connaître, sous leur forme théorique, les lois du mécanisme social. Il apprend à se considérer comme force productive sous la pression des circonstances :

S'il veut une part des biens produits (objets ou services), il doit offrir ou des biens produits par lui ou une autre contribution utile à la lutte avec la nature extérieure, que ce soit des biens existants dont il a la disposition, sa force de travail physique, ou sa connaissance de certains procédés non universellement connus. Le mécanisme agit sur lui et lui collabore à la bonne marche de ce mécanisme. Il se trouve en face d'une seule nécessité celle, comme on dit très justement, de se mettre en valeur, de se rendre précieux aux autres. S'il veut vivre et participer aux avantages du travail social, il doit se faire objet utilisable dans et pour ce travail23(*)

La société moderne ainsi décrite apparaît comme un mécanisme désincarné, une structure déshumanisée et même déshumanisante, un ensemble de rouages et d'engrenages dans lesquels l'homme est emporté et orienté selon les seules nécessités du rendement optimal, de la productivité la plus grande et de l'utilité la moins coûteuse.

Compte tenu de tout cela et de ce que la nature humaine n'est pas réductible à cet unique aspect, la relation entre la société et l'individu apparaît essentiellement comme une relation de tension, une dialectique permanente entre l'individu et la communauté. La société moderne n'est pas dépourvue de sens, elle se définit par son sacré auquel elle veut que l'individu adhère, même malgré lui ; ce sacré de la société moderne, c'est le résultat mesurable obtenu dans la lutte avec la nature, lutte commandée exclusivement par la rationalité (c'est-à-dire la recherche de l'efficacité). C'est cela qui conduit à un déchirement à l'intérieur de l'individu. En effet, l'individu n'a pas que des aspirations matérielles, mais aussi spirituelles, sociales, physiologiques et autres : l'homme aspire à plus que ce que lui offre la société dans son abstraction (la société matérialiste, calculatrice et mécaniste ne peut satisfaire tous les besoins de l'individu spécialement ceux liés à son aspiration naturelle à la transcendance.)

Eric Weil a développé en quatre étapes sa réflexion sur la relation entre l'individu et la société. Nous pouvons les résumer comme suit:

1. Un constat : L'individu dans la société moderne est essentiellement insatisfait ;

2. Une réaction : Déchiré et insatisfait dans la société moderne, l'individu se retourne vers lui- même et considère la société comme le cadre incontournable à l'intérieur duquel il poursuit sa propre fin.

3.Une évidence : l'individu découvre qu'il ne peut vivre en dehors de la société. L'individualité qui est en lui et que la société veut « tuer » considère la société comme construite sur une morale formelle et une abstraction, et il veut lui donner un sens à partir de la morale vivante.

4. Le dépassement : l'individu comprend le champ de l'action raisonnable, action qui résout et dépasse l'opposition entre la morale vivante et la rationalité

C'est ainsi que va naître progressivement une structure où se réconcilient les différentes dimensions de sa situation dans le monde comme être et être - là mais aussi comme être - toujours - et - déjà - incarné - dans - le monde - avec- autrui. Cette structure ou ces structures sont les Etats particuliers d'abord et l'organisation mondiale à venir. Nous aborderons ce dernier point dans la partie consacrée à l'émergence de l'Etat.

* 21 Ibidem.

* 22 Ibidem.

* 23 Ibid. p.77.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote