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La gestion des risques de taux d'intérêt et de change par l'approche ALM: Le cas de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD)


par Arouna Soro
CESAG - Master en Banque et Finance 2006
  

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NOTE DE SYNTHESE

La Gestion Des Risques De Taux D'intérêt Et De Change Par l'Approche ALM

Le Cas De La Banque Ouest Africaine De Développement (BOAD).

Intérêt du thème

La notion de risque comporte deux aspects, l'un positif et l'autre négatif. Le risque positif ou upside risk représente pour une entreprise le risque de voir ses résultats s'accroître. Le risque négatif ou downside risk est par contre le risque de voir les résultats de l'entreprise tirés vers le bas. C'est ce dernier qui inquiète le plus les responsables d'entreprise qui doivent le gérer pour en éviter les conséquences désastreuses.

En effet, pour une organisation, ne pas gérer son risque, c'est non seulement manquer d'un outil puissant d'aide à la décision, mais c'est également hypothéquer la qualité de ses résultats et mettre en péril sa solvabilité et sa pérennité. Cette question est d'autant plus délicate que, dans le domaine bancaire en particulier, il existe une multitude de risques qui peuvent se présenter sous diverses formes. Ils sont en interrelation, les uns pouvant entraîner les autres. Une identification ou taxinomie pertinente des risques, une bonne cartographie et le choix d'une méthode idoine sont par conséquent un préalable à la saine gestion des risques.

Plusieurs méthodes existent pour gérer les risques comme l'immunisation, l'adossement, la couverture à terme et la diversification. Mais ces dernières années les banques ont de plus en plus recours à la Gestion Actif/Passif (GAP) ou Asset and Liability Management (ALM) pour gérer les risques de taux d'intérêt, de change et de liquidité. L'ALM s'efforce de réaliser l'équilibre risque/rentabilité selon une démarche en trois phases : attributions et relation avec les autres divisions de l'organisation, identification et mesure des risques puis gestion effective de ces risques en précisant les objectifs, contraintes et actions de gestion. Pour ce faire, elle requiert entre autres une forte implication de la haute direction, la constitution d'un comité de gestion actif/passif et un bon système d'information.

Depuis 2001, la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) a mis en place un dispositif de gestion actif/passif (ALM). Décrire l'expérience de la BOAD en matière de gestion actif/passif pourrait participer à la vulgarisation de cette discipline. Si davantage de banques peuvent utiliser une démarche ALM pour la gestion de leurs risques, non seulement elles y gagnent mais cela profite également à la BOAD qui en tant que acteur du système bancaire est forcément en interdépendance avec les autres banques. D'ailleurs, elle leur prête souvent des ressources par le biais des Accords Cadres de Refinancements (ACR), ressources dont elle attend un retour sur investissement. D'autre part, c'est le lieu de comparer la pratique de l'ALM à la BOAD à ce qui devrait être fait en théorie afin de relever les dysfonctionnements éventuels et de proposer une solution améliorer la gestion de ses risques bancaires.

Problématique

Le but de notre étude est double :

- d'abord, proposer à la BOAD une démarche complémentaire pour mesurer son risque de taux d'intérêt. Il s'agit en l'occurrence de la mesure de valeur du risque de taux d'intérêt. La BOAD, qui n'utilise que la mesure de marge pour mesurer son risque de taux d'intérêt, est un peu trop tributaire de cette mesure qui n'apprécie l'effet de la variation négative des taux d'intérêt que sur le PNB. Avec la mesure de valeur, elle disposera d'un instrument supplémentaire pour voir comment ses valeurs patrimoniales et ses fonds propres réagissent aux fluctuations des taux d'intérêt.

- ensuite, contribuer à la vulgarisation de l'ALM dans le milieu bancaire de la zone UEMOA car sa pratique est encore très timide dans nos pays. L'expérience de la BOAD pourrait à ce titre être fort enrichissante pour les banques de la zone.

Démarche adoptée

Pour répondre aux préoccupations précédentes, nous avons choisi de présenter, dans un premier temps, le cadre conceptuel de la gestion des risques de taux d'intérêt et de change par l'approche ALM et dans un second temps de faire une description de la pratique de l'ALM à la BOAD. Nous confrontons la gestion actif/passif de la Banque au cadre théorique présenté pour en déduire les forces et les faiblesses de ce qui est fait à la BOAD. A la lumière du cadre conceptuel, nous proposons la mesure de valeur comme instrument complémentaire de la mesure du risque de taux d'intérêt car la BOAD utilise déjà les mesures de volume et de marge.

Difficultés rencontrées

Pour atteindre notre objectif nous avons rencontré une difficulté majeure. Il s'agit de la confidentialité et la non disponibilité de certaines informations qui nous ont contraint à travailler avec des données de 2004 alors que nous aurions préféré utiliser des informations de 2005, c'est-à-dire des données encore plus récentes. C'est notamment le cas du bilan que nous utilisons. Il s'agit non seulement un bilan simplifié établi en valeurs comptables et non un bilan détaillé et établi en valeurs de marché. Or la mesure de valeur, s'entend par essence, comme une mesure faite à partir des valeurs de marché du bilan.

Diagnostic de la situation

Le dispositif de gestion actif/passif mis en place par la BOAD, depuis 2001 au sein de l'Unité de Gestion des Risques (UGR) qui est devenue la Division de la Gestion des Risques (DGR) depuis janvier 2005, a pour objet de prendre en charge la gestion des risques de taux d'intérêt et de change puis de façon connexe le risque de liquidité. Ce dispositif s'appuie sur un Outil de Gestion Actif/Passif appelé « Outil GAP » et qui est en fait un progiciel conçu par Crédit Agricole Consultants, un cabinet français spécialisé dans le domaine. Un Comité de Gestion Actif/Passif ou Comité ALM a également été constitué. Il se réunit trimestriellement et fait des propositions d'actions correctives au Président de la BOAD après l'analyse des risques de taux d'intérêt et de change contenus dans le bilan. C'est au Président de la Banque de prendre les décisions idoines et de les communiquer aux directions opérationnelles pour exécution.

Mais la question de l'ALM est délicate. Il s'agit d'un domaine complexe, récent dans la gestion bancaire et a fortiori pour la BOAD. C'est pourquoi, il est bon de noter que le dispositif ALM de la BOAD présente non seulement des forces mais également des faiblesses.

Les forces sont relatives notamment à :

- l'existence d'un Comité ALM qui se réunit régulièrement

- la formation accrue du personnel à la gestion actif/passif

- la mise en place d'un outil de simulation pour gérer les risques de taux d'intérêt et de change

- la fixation de limites ou seuils d'intervention pour la couverture de ces risques.

Mais, certaines faiblesses limitent encore l'efficacité de ce dispositif. Il s'agit essentiellement :

- de la composition variable du Comité ALM qui peut être à l'origine d'un manque de suivi dans le temps des recommandations faites par ce comité

- de l'effectif très réduit de la Division de la Gestion des Risques (DGR)

- du système d'information qui ne permet pas de traiter les informations en temps réel

- de la mesure du risque de taux limitée à son impact sur le Produit Net Bancaire (PNB)

- des seuils d'intervention pour la couverture des risques qui semblent non pertinents

- de l'absence d'un éclatement notionnel de la Banque en centres de responsabilités pour prendre en compte les prix de cessions internes dans la tarification et pour mieux allouer les fonds propres à la couverture des risques.

Propositions de Recommandations

Eu égard aux faiblesses énumérées ci-dessus, nous proposons les huit (8) recommandations suivantes pour améliorer la gestion actif/passif à la BOAD :

- accroître l'effectif de la DGR

- améliorer le système d'information pour disposer d'informations en temps réel

- améliorer l'outil de simulation pour qu'il fournisse davantage d'états en vue d'une meilleure gestion du risque de change

- accélérer la mise oeuvre de la comptabilité et du contrôle de gestion

- intégrer la mesure de valeur du risque de taux d'intérêt

- réétudier l'idée d'un transfert futur du risque de change aux clients car cela peut accroître le risque de contrepartie surtout que ces clients ne sont pas mieux nantis que la Banque pour gérer un tel risque

- revoir la pertinence, aujourd'hui, des seuils d'intervention pour la couverture des risques et dont le calcul date des années 80.

La nécessité d'une saine gestion des risques de taux d'intérêt et de change par l'ALM milite en faveur de la prise en compte des recommandations ci-dessus. Nous aimerions particulièrement insister sur l'intégration de la mesure de valeur du risque de taux d'intérêt parmi les outils de mesure du risque de la BOAD.

Les résultats de nos calculs prouvent que quand elle est bien menée, la mesure de valeur reste cohérente avec les autres formes de mesure du risque de taux d'intérêt. En outre, elle permet de visualiser le risque sous l'angle de son impact, non plus seulement sur le PNB, mais également sur la valeur patrimoniale et les fonds propres de la banque et donc de mieux maîtriser l'allocation des fonds propres à la couverture des risques. Dès lors, elle offre au risk manager la possibilité d'affiner l'analyse et la gestion de ce risque et, partant, d'améliorer les décisions commerciales et stratégiques qu'induit la gestion du risque de taux d'intérêt.

Décisions

Nous suggérons :

- dans un premier temps, qu'il soit mis en place un comité d'étude pour approfondir la réflexion sur la mise en oeuvre de la mesure de valeur compte tenu des limites et des difficultés que nous avons rencontrées au cours de notre étude. Ce comité devra disposer de tous les moyens, humains, financiers et matériels. Il fera ensuite des recommandations utiles au Président de la Banque pour prise décision.

- dans un second temps, il faut mettre en place les instruments techniques ou matériels que nécessite cette solution, former en interne ou recruter à défaut les personnes compétentes pour une gestion du risque de taux d'intérêt intégrant la mesure de valeur.

- en dernier lieu, il faut utiliser de façon pleine et entière cette méthode puis en mesurer et contrôler les résultats de façon périodique.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo