WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La communication politique dans les élections au Sénégal: l'exemple du PS(Parti Socialiste) et de l'AFP(Alliance des Forces de Progrès) en l'an 2000

( Télécharger le fichier original )
par Hamad Jean Stanislas Ndiaye
Université Gaston Berger de Saint-Louis (Senegal) - Maitrise de Sciences Politiques 2004
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B Relecture et recomposition du paysage politique sénégalais:

pour une ouverture du jeu politique

Le Sénégal a une histoire de compétition politique et de pluralisme associatif qui date de la fin

du 19eme siècle, et tous les sénégalais n'acceptaient pas, de bon gré, la contraction de l'espace politique sous le parti unique, quelque « paternaliste » et « bienveillant » que l'Etat clientéliste senghorien ait pu être. Dès 1968, les grèves se multipliaient avec la croissance du chômage dans les villes. Vers la même époque, la mauvaise gestion par l'Etat du secteur agricole suscitait un mécontentement paysan de plus en plus vif.

En guise de réponse, les paysans furent nombreux à abandonner la culture de l'arachide qui constituait à l'époque la principale source de devises du Sénégal avec l'approbation de leurs

60 Sud Hebdo, numéro 15, 7 juillet 1988

chefs religieux, qui commençaient à prendre leurs distances par rapport au régime PS, de plus

en plus impopulaire61).

Mais lorsque se lève l'aube de l'an 2000, l'échiquier politique sénégalais est déjà riche et diversifié du fait du pluralisme. En effet, le processus de libéralisation de la vie politique que Senghor avait voulu limiter à trois courants, est encouragé et approfondi par son successeur Abdou DIOUF.

De sorte que l'on en arrive à recenser près de 70 partis politiques. Aussi la présidentielle de

l'an 2000 seratelle âprement disputée et très ouverte au regard des multiples offres des partis

en lice.

En tentant d'évoquer les particularités de ce scrutin, nous n'avons pas manqué de citer le nouveau visage et la recomposition du champ politique sénégalais qui en devient plus ouvert par le jeu des alliances ou coalitions et celui des nouveaux partis qui tentent de percer et de s'imposer.

On peut y lire une 'maturité' de l'opposition politique qui fait bloc avec un seul mot d'ordre :

débouter un régime socialiste vieux de quarante ans !

Mais ce qui reste inédit en l'an 2000, se trouve, sans conteste, dans le nouveau visage qu'a offert l'opposition politique sénégalaise, notamment avec l'apparition de l'URD et de l'AFP. Leur sécession aura été un élément de décrispation et de meilleure redynamisation de la vie nationale, par l'agrandissement de la brèche déjà ouverte dans l'ancienne bipolarisation jusqu'à présent campée par le Parti Socialiste et le Parti Démocratique Sénégalais.

Cette irruption sur la scène de l'opposition va bouleverser les calculs, les pronostics et les

données du paysage politique.

En effet, s'est constitué un 'bloc historique' car jamais l'histoire politique du pays n'aura connu pareille convergence des partis opposés au régime en place avec lequel ils ont décidé de finir à tout prix. L'illustration la plus parfaite du 'raslebol' des partis de l'opposition trouve son paroxysme lorsque, le 21 octobre 2004, elle `marche' sur Paris à l'occasion d'une visite du Président DIOUF en République Française ; visite en marge de laquelle le président devait

61 BECK Linda J., Le clientélisme au Sénégal :un adieu sans regrets ? in Le Sénégal contemporain, (sous la direction de) Momar Coumba DIOP, Editions Karthala, Collection Hommes et Sociétés, Paris, 2002, p.536

délivrer un important discours au Palais Bourbon, siège de l'Assemblée Nationale de France. C'est justement ce moment et cet instant précis que les leaders de l'opposition choisissent pour entrer en action par le biais d'une conférence de presse au coeur de la capitale, afin de dénoncer avec force les dérives du « modèle » de démocratie du Sénégal, un « label qui n'est plus vendable ».

Cette campagne dénonçait la « désagrégation de l'Etat » et défendait l'idée selon laquelle le

« président DIOUF, minoritaire, veut être président à vie ».

« La stabilité c'est nous ! », tel avait semblé être le cri de l'opposition qui se soude. Mais c'est surtout la crainte de voir le président DIOUF s'éterniser au pouvoir qui motive incontestablement le regroupement de l'opposition qui n'exclut pas le risque d'explosion de violence si le président s'acharne à se maintenir au pouvoir, après l'élection de l'an 2000, comme ils le soupçonnaient.

En effet, au lendemain des législatives de 1991, la majorité socialiste à l'assemblée nationale votait un amendement constitutionnel amendement Niadiar SENE62, abrogeant la limitation des mandats du président. Et pour l'opposition, DIOUF ne remporte les élections que grâce à

un système de fraude particulièrement élaboré et elle s'en disait prête à obtenir par la rue, ce

qu'on ne peut obtenir par les urnes. Le message était donc clair.

Amath DANSOKHO leader du PIT dira se battre pour que l'alternance se fasse « par les suffrages » et que personne n'empêcherait les sénégalais d' « explorer d'autres voies pour faire partir Monsieur DIOUF ». Il rappellera, pour justifier l'interpellation direct des hommes politiques français, qu'à

« toutes les élections, la veille du scrutin, il y'a des vols de jaguars français au dessus de

Dakar ».

Landing SAVANE, chef de file de AJ/PADS recommandera à cet effet, à ces « amis » du régime socialiste « de le dissuader de truquer les élections de l'an 2000 », se disant déterminé

à ne plus faire de concession.

Dans ce même registre peut s'inscrire le retour du 'pape du sopi' au Sénégal après une longue période d'exil à l'étranger. Ce come back aura donné naissance à un véritable ras de marée, d'accueil et de liesse populaire, de celui qui incarnait le sopi et que les populations, ont tenu à accompagner et à acclamer. Le succès était tel que le régime socialiste et les médias d'Etat et

62Du nom de son initiateur, le Député Niadar SENE

notamment la RTS (Radiodiffusion Télévision Sénégalaise) que beaucoup assimilent à ' RTS Rien Tous les Soirs' se seront illustrés par leur absence. Mais le relais sera passé par le biais des médias privés et notamment les stations de radio qui auront fait vivre ce retour du candidat

de la CA 2000, 'à chaud'.

Ce bloc historique de l'opposition devait réécrire l'Histoire politique du Sénégal et éloigner le spectre d'une « démocratie sans alternance ». Et si l'effritement du soutien traditionnel au pouvoir socialiste est réel, il a fallu aussi que les partis de l'opposition se montrent un peu plus

'agressifs' pour le changement en exerçant une forte pression politique sur le régime d'Abdou

DIOUF.

Cette pression n'avait qu'un seul levier : le changement, une aspiration partagée aux élections

de l'an 2000. Ce retour en force d'une opposition jadis morcelée et éparse, aura démontré un engagement politique en nette évolution.

En décidant de faire de l'échiquier politique sénégalais, un espace plus ouvert à la compétition,

le regroupement plus ou moins global de l'opposition, relevait de trois défis: D'abord, ne plus laisser DIOUF seul 'maître du jeu politique';

Ensuite, sortir de la traditionnelle bipolarisation PS/PDS;

Enfin, surmonter la fragmentation pour mettre fin a l'hégémonie du PS.

La campagne électorale aura, à cet effet, reflété une évolution générale sur une durée assez longue et les pressions d'une opposition à nouveau visage, pour une démocratie plus pluraliste

au Sénégal, ainsi que peuvent en témoigner les facteurs ciaprès:

les revendications de réformes institutionnelles, réduisant les pouvoirs du Président de la République et renforçant l'Assemblée Nationale, pour l'avènement d'un régime semi parlementaire;

l'apparition de nouveaux partis politiques sous la direction de chefs religieux, la politisation croissante de la jeune génération de petitsfils de marabouts et l'apparition plus ou moins prononcée, de thèmes religieux au cours de la campagne;

la candidature inédite d'un leader syndical autonome;

la démission de piliers du PS tels que Djibo KA et Moustapha NIASSE et leur décision de se porter candidats contre DIOUF à l'élection présidentielle ;

Au total, sept candidats se seront présentés contre DIOUF :

Abdoulaye WADE, candidat de la Coalition pour l'Alternance 2000 ; Iba Der THIAM de la Convention des Démocrates et des Patriotes (CDP Garab gui); Mademba SOCK63 , le fougueux leader syndical de l'Union Nationale des Syndicats Autonomes du Sénégal (UNSAS) avec son parti le Front de Rupture pour une Alternance Populaire (FRAP) ; Djibo Leity KA64

de l'Union pour le Renouveau Démocratique (URD) ; Moustapha NIASSE65 leader de l'Alliance des Forces de Progrès (AFP) et de la Coalition De l'Espoir 2000 (CODE 2000) ; Cheikh Abdoulaye DIEYE du Front pour le Socialisme et la Démocratie/ Benno Jubel

(FSD/BJ) ; Ousseynou FALL, petitfils de Ibra FALL et leader du Parti Républicain du

Sénégal (PRS).

A l'approche du scrutin de février 2000, l'opposition aura surmonté sa fragmentation structurelle grâce à des alliances ayant débouché sur une (re)configuration politique dominée par trois grandes forces :

La CA 2000 de WADE

La CODE 2000 de NIASSE et de ses alliés ( huit partis dont l'AFP, le RND, l'Alliance Jef Jel...).

L'URD de Djibo KA.

Par cette multiplication des lieux de contestation et de mobilisation et une pratique systématique d'élargissement des fractures au sein du PS, les groupes oppositionnels offraient, aux yeux des sénégalais, les possibilités d'un compromis entre différentes sensibilités. A tort

ou à raison, ils présentaient désormais ainsi une alternative crédible au sein du paysage politique sénégalais. Et dans le cadre du FRTE, pour la première fois, ces procédures de contestation n'entraînaient ni la recherche d'une confrontation qui aurait pu aider le PS à

63 Il avait été emprisonné sous l'accusation d'avoir saboté les installations électriques du pays au cours d'une grève des employés de la société nationale SENELEC

64 Il avait quitté le PS en 1998 pour ensuite créer son parti et bénéficiait d'une grande popularité parmi les

Halpulaar et les jeunes urbains

65 Ancien PM et ancien Ministre des Affaires Etrangères, un des principaux rivaux de DIOUF au sein du PS à la succession de SENGHOR. Après avoir quitté le PS de façon officielle en 1999, il crée l'Alliance des Forces de Progrès (AFP) et a su attirer un certain nombre de cadres anciens du PS, qui avaient été marginalisés par Ousmane Tanor DIENG

recourir à des mesures exceptionnelles de contrôle de l'ordre public, ni la menace de boycott, qui aurait pu faire la part belle au parti au pouvoir.

En se politisant et en élargissant son personnel par l'adjonction d'un segment en provenance du

PS (KA et NIASSE), l'opposition sénégalaise se posait véritablement en force politique désormais prête à jouer les urnes contre Abdou DIOUF.

Cette première étude aura eu pour objet la construction du discours politique des deux formations politiques en direction de l'électorat sénégalais. Le discours sera apparu, sans conteste, antagonique: le PS s'engageant pour obtenir un nouveau mandat et l'AFP, nouvelle formation politique qui s'arrime à l'opposition et tente de s'imposer sur le champ politique national. Le discours étant prononcé, la suite de notre étude sera de tenter de voir son éventuel impact et la réception à laquelle il va donner lieu.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote