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Le concept d'Ontologie Sociale

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par Jules Donzelot
Université de Provence - Master 1 - Maà®trise de philosophie 2004
  

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UNE THÉORIE DES INTENTIONS-DE-NOUS - RAIMO TUOMELA.

Tuomela argumente en faveur d'une théorie positionnelle des croyances de groupe. Son idée est que les institutions fournissent aux individus différents cadres hiérarchiques leur permettant de se situer les uns par rapport aux autres. La toile des interrelations humaines de Bratman est ainsi remplacée par une toile des positions individuelles. Les croyances des individus découlent alors de leur positionnement institutionnel et non de leur volonté propre. « Les croyances positionnelles sont les points de vue que le détenteur d'une position possède de par sa position, c'est-à-dire qu'il a intériorisées et acceptées comme une base à la réalisation des tâches sociales correspondant à sa position. »69(*) Si donc Bratman cherchait surtout à rendre compte des intentions et des actions collectives, Tuomela axe son analyse sur le concept de croyances de groupe. Les questions qui se trouvent au fondement de son analyse peuvent être formulées comme suit : Comment les individus en viennent-ils à former des croyances de groupe ? Comment pouvons-nous distinguer entre des croyances authentiques et des croyances positionnelles ? L'idée de Tuomela est simple : la plupart des croyances de groupe sont le résultat d'une détermination par des « circonstances sociales normatives ». L'individu qui occupe un petit rôle au sein d'une grande entreprise se verra forcé d'accepter certaines croyances imposées par le haut. Ces croyances gagnent à être qualifiées de positionnelles, car elles ne reflètent pas l'intentionnalité propre de l'individu, mais la conséquence de sa position au sein d'un groupe hiérarchisé. Les individus, toutefois, peuvent aussi posséder d'authentiques croyances de groupe. Prenons le cas d'une association éthique : les individus y sont rassemblés justement sur la base de certaines croyances personnelles. Leur croyance de groupe est, par conséquent, authentique. Mais, si nous revenons à l'exemple d'une grande entreprise, il est possible d'envisager qu'un directeur soit forcé d'accepter la croyance qu'il est bon pour l'entreprise de licencier un certain nombre d'employés - alors que, personnellement, il n'est pas enclin à croire qu'il s'agit là d'une bonne décision.

Tuomela en vient ainsi à formuler le concept d'intention-de-nous partagée. Selon celui-ci, les membres d'un groupe partagent une intention de groupe à partir du moment où ils ont accepté intentionnellement de la partager. Et ce qui les incite à accepter une telle intention - ou une telle croyance - n'est pas le groupe en tant que tel, mais leur position au sein d'une institution. La théorie de Tuomela, par conséquent, ne se passe pas de la dimension normative de l'existence des groupes, mais il situe celle-ci dans les institutions et non dans les groupes eux-mêmes. Par-là, il manque l'objectif avoué des théories de l'intentionnalité collective : expliquer comment les individus font des choses ensemble et comment ce « faire ensemble » suppose des croyances et des intentions collectives. Une dernière remarque s'impose : selon la théorie de Tuomela, un individu peut posséder une croyance et une intention collective en étant seul, simplement en supposant que le groupe qui l'incite à avoir telle croyance ou telle intention existe. Comme nous allons le voir, ce défaut est aussi présent dans la théorie de John Searle. Pourquoi s'agit-il d'un défaut ? Car il semble problématique d'axer une analyse de l'intentionnalité collective sur des cas qui présupposent l'absence possible de tout groupe...

* 69 Tuomela Raimo, The importance of Us. p. 312.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld