4. Et le bio : où en est-on ?
Le bio fait partie intégrante de l'application du
concept de développement durable puisqu'il s'agit ici de consommer
mieux, autrement dit de façon plus saine par rapport à notre
santé, mais aussi de protéger notre environnement, notre
patrimoine terrestre.
Alors que pensez du bio ? Est-ce juste un attribut
politiquement correct que la communication s'emploie à brandir, ou
s'agit-il d'un changement profond des attitudes de consommation ?
Qu'entend-on exactement par « bio » ? Y a-t-il un
moyen pour les consommateurs de se repérer ? Quels produits sont
certifiés ?
- Qu'est qu'un produit bio ?
Le mouvement pour l'agriculture biologique a
démarré dans les années 1920, mais a réellement
pris ses marques à partir de 1950 parmi les producteurs, et a
été reconnu par l'état en 1981 par un règlement
national définissant l'Agriculture Biologique. Puis en juin 1991,
l'Europe s'empare du concept en définissant les règles de
production biologique pour les végétaux et instaure un
contrôle de certification obligatoire pour les producteurs et les
transformateurs de produits biologiques. Vient ensuite un nouveau
règlement de l'UE en 1999 qui étend le concept aux produits
animaux.
L'agriculture bio loin d'être si simple, répond
parfaitement au concept de développement durable sous trois
dimensions :
o Environnementale : aucun produit chimique de
synthèse ni OGM (Organisme Génétiquement Modifié)
ne sont tolérés. En pratique cela se traduit par la recherche
d'équilibre en matières organiques, l'utilisation du recyclage et
le choix d'espèces animales et végétales adaptées
aux conditions naturelles. L'objectif est de préserver aussi bien la
fertilité de la terre que de protéger la biodiversité.

o Economique : mettre en place une relation
privilégiée avec le consommateur notamment lorsque celui-ci
rencontre le producteur des fruits qu'il achète par exemple. De plus, du
fait de barrière à l'entrée, l'arrivée de nouveaux
exploitants peut paraître difficile mais cela joue un effet positif sur
le besoin toujours croissant de main d'oeuvre. D'autre part, l'objectif est de
contribuer à renforcer l'économie et son dynamisme dans les zones
rurales.
o Social : prendre soin de l'homme en lui permettant de
travailler dans des conditions d'exploitations plus saines (il a
été prouvé que l'utilisation des engrais chimiques
engendrait une propension plus forte aux maladies), mais également pour
le consommateur final. De plus, le respect de la santé animale est
primordial. Le climat n'est pas celui de la compétition entre les
acteurs de ce secteur mais plutôt la coopération et le respect de
valeurs éthiques.
- Comment se repérer ?
Quelques soient les produits bio (produit agricoles
végétaux non transformés comme les légumes, animaux
et leurs produits non transformés comme le lait, denrées
alimentaires composés d'ingrédients végétaux ou
animaux bio comme le pain), ils sont reconnus grâce à un
label : AB, Agriculture Biologique.
Cette certification est établie par un organisme
reconnu par les pouvoirs publics : ECOCERT. Il a pour rôle de
contrôler chaque unité de production et de transformation de
produits biologiques. Chaque étape de la production à la
commercialisation répond à une obligation de moyens. Pour mieux
comprendre, les étapes d'une telle certification, il est
présenté ci-dessous un schéma explicatif :

Fig.3 les étapes de la certification Ecocert
L'étiquetage des produits bio suit une procédure
stricte :

o Bio à plus de 95% : cela signifie que
la teneur en ingrédients biologiques est supérieure à 95%.
Par conséquent, l'utilisation de la terminologie « Agriculture
Biologique » ainsi que l'apposition du logo AB sont permises.
o Bio à plus de 70% : l'étiquetage
indiquera "x% des ingrédients d'origine agricole ont été
obtenus selon les règles de la production biologique" et distinguera les
ingrédients biologiques des ingrédients de l'agriculture
conventionnelle dans la liste des ingrédients. La mention
« Agriculture Biologique » et le logo AB n'ont pas le droit
d'être utilisés.
o Bio en conversion : les produits agricoles non
transformés et les aliments composés d'un seul ingrédient
d'origine agricole issu d'une exploitation en conversion peuvent porter la
mention "conversion vers l'Agriculture Biologique".
- L'espoir du bio et son
expansion
Le bio intéresse de plus de plus, et se retrouve dans
des secteurs d'activité tels que la cosmétique ou le textile, ou
encore d'autres produits non alimentaires.

Même si l'esprit « nature » n'est
pas récent dans la cosmétique (voir l'exemple de Body Shop qui
existe depuis une quinzaine d'années), il semble prendre un essor
impressionnant depuis trois ans étant donné le nombre de marques
et de laboratoires qui se sont axés sur ce marché. Mais
là encore il s'agit de ne pas se perdre. Il existe tout comme le
produit agricole bio, une certification « Cosmebio »
délivrée par l'organisme indépendant Ecocert. Ce label
apposé assure que le produit est à 70% composé
d'éléments biologiques, et qu'il répond à un cahier
des charges très rigoureux, comme par exemple être sans
glycérine, ni paraffine, ni vaseline, ni alcool. Ils doivent être
exempts de tout parfum, de colorant et de conservateurs artificiels. Bien
évidement l'utilisation des produits dérivés du
pétrole et les tests sur les animaux sont proscris.

Il existe également depuis 1997 le label
« Cosmétique bio écologique », mis en place
par l'association Nature et Progrès. Son cahier des charges est aussi
strict, voir plus encore que celui établi par Ecocert car les produits
doivent être composés à 100% d'ingrédients
biologiques.
Le textile aujourd'hui est un secteur en pleine mouvance quant
aux matériaux utilisés. Le boom du coton biologique attire les
foules, il va d'ailleurs devenir le point d'ancrage de la politique de
développement durable de la Poste. En effet, cette ex-entreprise
nationale a créé un partenariat avec Armor Lux afin que celle-ci
lui fournisse d'ici 2008 300 000 tee-shirts en coton biologique pour ses
employés. Mais qu'est qu'un coton bio exactement ? Tout comme
pour l'agriculture bio, l'utilisation de produits chimiques et notamment les
engrais sont interdits. Quand on sait que l'agriculture du coton bio
représente 3% des cultures mondiales mais qu'elle est la seconde la plus
polluante sur la planète, cela laisse certes à
réfléchir... Sur le même modèle toujours,
l'exploitation se fonde sur une gestion de l'eau, le recyclage des
matières organiques naturelles, la rotation des cultures, et le respect
du bien être animal et humain.
Le problème est qu'il n'existe aujourd'hui aucun label
européen assurant au consommateur le respect de ce cahier des charges.
Max Havelaar a cependant labellisé un « coton biologique et
équitable ». Même s'il s'agit là d'une marque de
confiance, il n'empêche que de nouveaux créateurs qui tentent de
trouver leur place dans le nouveau petit monde de la mode éthique ne
bénéficient pas de ce type de certification.


Toutefois, il est à noter qu'à
l'extérieur de nos frontières, certaines étapes ont
été franchies. Par exemple, SKAL est un organisme hollandais de
contrôle et de certification de la production biologique reconnu sur
le plan international. Le label Eko permet au consommateur de se repérer
et surtout d'être certain de la garantie du produit qu'il achète.
Demeter est aussi un organisme certificateur de l'agriculture biodynamique.
Ces critères s'appuient sur le respect du
règlement européen concernant l'agriculture bio et les produits
doivent en plus répondre à un cahier des charges où le
respect de l'environnement et de sa biodiversité est primordial.
Le marché du bio reste encore marginal même si
l'on constate un fort potentiel de croissance. En effet, on peut retrouver de
plus en plus ces produits dans de magasins spécialisés ou non. Si
on prend le temps de s'arrêter autour de soi on remarque que les magasins
Biocoop qui n'étaient « autrefois »
qu'implantés dans les grosses agglomérations vont aujourd'hui
s'installer dans des plus petites villes, fort de leur succès. La
question qui n'est toujours pas réglée est de savoir, pour les
marketeurs, s'il s'agit d'un simple phénomène de mode qui
subsistera encore quelques années, ou d'un réel avènement
d'un nouveau mode de consommation. Quoi qu'il en soit, ce marché est
source d'opportunités et d'innovations pour les entreprises de nombreux
secteurs.
Même si la notion de développement durable peut
sembler assez lourde à comprendre au départ, il n'en reste pas
moins qu'elle semble être riche de possibilités, d'innovations
technologiques, culturelles et économiques. Reste maintenant à
convaincre les plus sceptiques qu'il est urgent d'agir dès aujourd'hui
avec un petit geste ou avec une pleine envergure en intégrant cette
stratégie au sein des petites comme des plus grandes entreprises. Le
développement durable peut en effet faire reculer même ses plus
fervents partisans quand il s'agit de mettre en place les principes. Cependant
cette mission n'est pas insurmontable et elle concerne tous les services d'une
organisation, notamment le marketing. En effet, ses deux notions qui pourraient
sembler antagonistes ont en fait de grandes opportunités
d'évolution si l'on veut bien se donner la peine de les faire
« travailler » ensemble.
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