WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Marketing et développement durable

( Télécharger le fichier original )
par Maud Gueret
IAE de Poitiers - Master 1 Sciences du Management option Marketing 2004
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B. Le développement durable : mythe ou réalité dans le domaine du marketing ?

Depuis que les entreprises se lancent dans la grande aventure du développement durable, chacune tente à sa manière de trouver une personne responsable d'un tel projet soit dans le comité de direction, soit en créant spécialement un service ou un poste pour s'en occuper ou alors en demandant à son service marketing ou communication de s'en charger, comme c'est le cas pour Monoprix. Quoi qu'il en soit mettre en place une telle stratégie demande un effort et une volonté de la part de tous les salariés, cadres ou hauts dirigeants.

On a souvent reproché au marketing de refuser de changer sa philosophie et ses habitudes pour intégrer le concept au quotidien. Or un service marketing-communication est au contraire la porte ouverte entre l'entreprise et son environnement, c'est pourquoi il est essentiel qu'aujourd'hui les marketeurs et professionnels de la communication entrent à leur tour dans l'ère du développement durable.

1. Intérêts d'une telle alliance

- La bousculade de nouveaux concepts

La combinaison du marketing et du développement n'en est encore qu'à ses balbutiements, c'est pourquoi chacun utilise les termes qu'il préfère : marketing vert, responsable, durable... Quelle est la signification de ces mots ?

Selon Michèle Bernard et Jacques Boisvert, professeurs à HEC, il existerait deux approches de ce qu'ils nomment le marketing vert :

o Volontaire : autrement l'idée est de laisser agir les forces du marché. Le pilier de cette vision est la « consommation verte » que ce soit celle des consommateurs comme celle des entreprises. Pour qu'on puisse parler de ce type de consommation, il faut que celle-ci soit traduite par des actes, des changements de comportements d'achat suffisamment importants pour exercer une pression principalement sur les fabricants. La seconde condition pour qualifier ce concept de volontaire est que les entreprises elles même soient sensibles à ce sujet. Autrement dit, si elles ne se sentent pas prêtes à répondre à ces changements d'habitudes de la part du consommateur, alors cette théorie perd toute consistance.

o Incitative : l'idée est que le marketing vert soit à la source une initiative de l'état qui à travers lois et règlements pousse l'entreprise, et par conséquent le consommateur, a adopté un comportement plus responsable. Par exemple, une loi va imposer de prendre en compte un aspect environnemental dans les procédés de fabrication pour un bien de consommation donné.

En résumé, ces professeurs estiment que l'appellation « marketing vert » correspond aux conséquences de la transformation des modes de consommation sur la fabrication, la distribution et la commercialisation des biens et services.

Mais il s'agit ici d'une approche un peu théorique. Or des professionnels du conseil en développement durable ou de la RSE exposent de façon plus pratique leur conception. Selon Stanislas Dupré, directeur général d'Utopies, agence pionnière dans le domaine, il existe plutôt trois types de publicité responsable :

o Le marketing vert : il met en avant la valeur éthique du produit

o Le marketing responsable : il prévient les débordements du marketing

o Le marketing social : il fait la promotion des comportement durables

Un autre professionnel du marketing, ABC marketing, reprend un peu l'idée énoncée par M.Dupré mais encore une fois de différente manière. En effet, cette entreprise parle plutôt de trois niveaux d'implications du développement durable dans la stratégie des organisations :

o Niveau 1 : la « peinture verte » : les actions de communications de ces entreprises ne seraient qu'une façade, un leurre pour attirer le client.

o Niveau 2 : les entreprises pensent saisir des opportunités de nouveaux marchés en développant des offres produits ou services « durables ».

o Niveau 3 : les entreprises intègrent le développement durable au coeur même de leur stratégie.

Marie Le Gall, chercheuse au CNRS et maître de conférence en économie et gestion à l'Université de Rennes 1, présente elle aussi deux conceptions mais plus axé sur l'aspect environnemental :

o Le marketing écologique : il suppose que les comportements que ce soient ceux des entreprises ou des consommateurs ne pourront se modifier qu'à partir du moment où nous auront tous compris dans sa globalité les problèmes environnementaux. Autrement dit, elle estime que l'écologie devrait être avancé comme un argument de vente uniquement si c'est le meilleur moyen de parvenir à préserver les ressources naturelles. En résumé, l'offre des producteurs est supposée de ne pas suivre une demande effective des consommateurs, mais résultée du choix de l'entreprise de proposer un service ou un produit « vert ».

o Le marketing vert : il s'agit plutôt de l'hypothèse contraire. Les producteurs seraient sensibles à la demande en produits « durables » des consommateurs mais ils auraient tendance à la surestimer. Ainsi la démarche des entreprises relèverait des pressions du marché et non d'une motivation morale et sociétale. Selon l'auteur, cet conception reste limitée. En effet, elle estime qu'il existe encore trop peu d'entreprises répondant à cette demande, elle-même restreinte.

Finalement, une dernière vision de l'alliance du marketing et du développement durable nous est proposée par Christine Bathelier, auteur d'un article paru sur le site internet Technologies Propres. L'approche apparaît ici sous un jour plus critique que les précédentes. Elle perçoit en effet cette alliance sous la forme d'un nouveau « 3P » :

o Production : l'environnement est pris en compte dans les processus de fabrication. C'est là qu'apparaissent selon elle les technologies propres qu'elle définie comme utilisant moins de matière première et ayant un faible impact sur l'environnement.

o Produit : des produits eux même moins toxiques pour la santé quotidienne des consommateurs

o Poubelle : l'objectif de ce qu'elle appelle l'écolomarketing serait de diminuer le volume de déchets.

Sous la bannière de l'écolomarketing, elle regroupe la vente de produits annoncés « verts » (biodégradable, sans phosphate, recyclable, sans conservateur, écoproduit, etc.) mais également le mécénat « vert ». Un exemple de ce dernier : Rhone Poulenc, partenaire de l'émission Ushuaia pendant de nombreuses années. Ce type de mécénat permettrait de créer et d'entretenir une image positive de l'entreprise.

En définitif, il n'existe pas encore aujourd'hui une approche permettant de définir clairement l'implication du marketing quand il est question de développement durable et vice versa. Cela n'empêche pas qu'il existe un lien réel entre ces notions : quel est son intensité et surtout son intérêt ?

- Pourquoi cela est-il important ?

A l'heure actuelle, on reproche au marketing et à la communication d'être loin derrière les autres services qui on su intégrer les principes de RSE dans leur quotidien. A qui la faute ? Qu'importe. Une chose est sure : il existe un réel intérêt à faire cohabiter marketing et développement durable, voire beaucoup mieux : les faire « travailler » ensemble pour de bon.

Le marketing est le service en entreprise qui permet de centraliser les attentes des consommateurs avec l'offre produit de cette dernière. Or, plus qu'une tendance, les motivations, attentes et habitudes de consommation sont petit à petit en train de se transformer.

Ethicity, agence de conseils stratégiques en développement durable, a rendu public le 23 novembre 2006 sa 3ème étude sur le sujet : « les attentes des consommateurs évoluent vite, leur sensibilisation au développement durable s'approfondit, et ils sont de plus en plus nombreux à mettre en cohérence leurs actes d'achats avec leurs déclarations ». En pratique, cette enquête, menée en partenariat avec Aegis Media Expert auprès de 6000 personnes, démontre que plus de 35% des personnes interrogées relient leur acte d'achat avec leurs convictions. Or ces préoccupations rassemblent des gens d'âge et d'opinion très diverses : un nouveau phénomène en la matière. On parle même de consomm'acteur.

On considère souvent que le rôle du marketing est d'apporter des profits à l'entreprise. Ainsi selon M. Camenish, « le marketing consiste à informer les consommateurs sur le produit, de façon à ce que les ventes augmentent ». Mais avant d'être un outil de séduction du consommateur, le marketing doit comprendre les attentes, motivations et freins de ces derniers afin de pouvoir proposer un produit en adéquation avec sa cible finale. C'est pourquoi, les marketeurs ne peuvent plus ignorer aujourd'hui ces tendances en terme de consommation, voire même l'avènement d'ici une dizaine d'année d'un véritable nouveau mode de consommation.

Le marketing et la façon de communiquer sont voués à changer d'autant plus que les personnes accordent de plus en plus d'importance à l'engagement des entreprises, si elles sont devenues socialement responsables. En effet, les entreprises engagées dans une telle démarche mettent en jeu leur réputation et leur image de marque. Pari risqué ?

Au contraire puisque 64.8% des français seraient d'accord avec le fait de privilégier les marques qui ont une véritable éthique, contre 40% il y a deux ans (toujours selon la 3ème étude d'Ethicity). Ils sont même 31% à déclarer choisir des produits respectueux de l'environnement contre la moitié en 2004. Une enquête de la TNS Sofres nous apprend que 10% des consommateurs affirment boycotter les entreprises qui polluent et ne respectent pas les réglementations en matière d'environnement. 7% des personnes interrogées lors de cette étude annoncent même consommer systématiquement des produits bio.

On ne peut cependant réduire ce que l'on appelle aujourd'hui l'éco marketing aux seuls attentes du consommateur. Il s'agit en fait d'une voie grande ouverte, pleine d'opportunités. On aborde une communication plus transparente, « qui revient au coeur du produit puisqu'elle raconte la véritable histoire du produit », selon Elizabeth Pastore-Reiss, directrice d'Ethicity qui ajoute même « cela redonne du sens à la communication ». En terme d'éco conception, « l'environnement leur a donné de nouvelles idées de différenciation » souligne Nadia Boegin, chef du département éco conception et consommation durable à l'ADEME. La créativité et l'innovation ont un nouveau combat : celui du développement durable. Un bel exemple de réussite récente est celle d'Yves Rocher qui a lancé une gamme entièrement éco conçue "Inositol Végétal", pour laquelle l'entreprise a reçu un prix.

D'autant plus que c'est aujourd'hui qu'il faut agir pour notre planète de prime abord, mais aussi ne pas se faire distancer par les opportunistes qui prendraient en marche le train de l'éco marketing. Elisabeth Laville, fondatrice et présidente de l'agence Utopies, nous explique d'ailleurs les avantages à mettre en place une telle stratégie : « En amont, cela permet de prévenir les crises, de réduire les coûts et d'innover. En aval, on peut ainsi marquer sa différence, fidéliser sa clientèle, valoriser sa marque, et, enfin, assurer sa performance économique ».

Si les éco citoyens, comme on aime à appeler ces nouveaux consommateurs, sont encore marginaux, ils devraient rapidement voir leur nombre décupler. Au risque d'être à la traîne, les entreprises ont tout intérêt à se prendre en main aujourd'hui afin de proposer des produits éco conçus, verts ou durables afin de ne pas être dépassées par ses concurrents.

Au-delà de ces considérations, il ne faut pas oublier que d'une manière ou d'une autre, un nouveau produit est lancé par un service marketing qui le suit du début à la fin, met toutes ses forces pour que son lancement s'opère au mieux et que le produit devienne pérenne. On ne peut qu'espérer que les efforts des marketeurs seront à la hauteur du développement durable qui compte énormément sur cet aspect de l'entreprise pour devenir un jour le modèle de tout bien de consommation.

- Les conditions pour réussir

La réussite complète d'une telle alliance est optimum lorsque le développement durable a été intégré à la source : autrement dit quand la direction d'une entreprise décide d'ajouter ce dernier dans sa stratégie d'entreprise. Il doit alors s'opérer un véritable changement de fond qui passe prioritairement par l'information. En effet, si l'on souhaite impliquer tous les salariés au projet, la meilleure solution est de former cadres et employés afin qu'eux même prennent conscience de la situation mais plus encore du rôle qu'ils peuvent jouer.

En effet, la mise en place d'une telle démarche ne doit pas être subie, au risque alors de courir droit à l'échec. Monoprix est un bel exemple illustrant ces propos : lorsque le groupe a décidé de supprimer les sacs plastiques, les hôtesses de caisses et leurs responsables ont suivis des formations qui leur ont permis de comprendre l'enjeu d'une telle action, et qui ont pu ainsi transmettre l'information aux clients de Monoprix, surpris au départ de se voir retirer ces petits sacs transparents.

Les Français ont été déçus par la vague verte (profusion de produits éco conçus, recyclables, etc.) des années 90, d'autant plus que la communication environnementale était trop générale et l'efficacité des produits peu convaincante. Or Christine Bathelier a mis en avant les "facteurs clés pour une communication verte réussie" :

o Avoir des réalisations concrètes

o Ne pas être défensif

o Etre réaliste : se montrer d'abord sceptique envers soi même, ce sur quoi on va communiquer, maintenir la qualité du produit, offrir un choix, démythifier la nature.

o Choisir des créneaux indiscutables

o Ne pas s'avancer seul

o Etre le premier

Comme le conseille également ABC Marketing, la mise en place du telle stratégie demande une réelle réflexion marketing qui devrait comprendre les points suivants :

o Le positionnement initial de l'entreprise

o L'image perçue par les clients

o La légitimité de l'entreprise à se positionner sur des axes environnementaux (au risque de ne pas paraître crédible)

o La perméabilité des clients à recevoir un discours ou une offre « verte »

o Les attentes des clients

o La perception de bénéfice pour les clients

Autrement dit, le développement durable au sein des entreprises, et notamment au sein d'un service marketing et communication, demande des efforts, de la préparation et surtout une très bonne organisation. Il ne faut pas oublier qu'il n'est plus question d'être cloisonné à sa propre mission : tous les services doivent travailler au mieux main dans la main afin de toujours rechercher comment améliorer la mise en oeuvre d'une telle démarche.

- Les petits pas de la communication et du marketing dans la sphère durable

Malgré les critiques adressées au marketing et à la communication pour leur retard dans ce domaine, des gens de la profession commence à nous montrer le chemin : leur engagement est un bel exemple et devrait être le moteur des modifications qui devraient avoir lieu prochainement dans le métier.

Dans ce contexte, comment ne pas parler de Nature et Découvertes, pionner et symbole de la RSE ? Cette entreprise française créée en 1990 a pour ambition de faire connaître et respecter la nature aux urbains, et c'est aujourd'hui un succès : plus de 4 millions de clients et 600 employés, voilà les chiffres clefs de la réussite. Mais bien plus qu'une sélection de produits bien pensés, Nature et Découverte dépasse aujourd'hui les murs de son enseigne pour proposer à ses clients des actions telles que des sorties pédagogiques ou des conférences. Ceci n'est que la partie immergée de l'iceberg, puisque l'entreprise est aussi responsable à l'interne avec la formation et la sensibilisation continues de ses employés et encore bien d'autres faits comme la certification ISO 14001 de son siège social. Autrement dit, Nature et Découvertes est un modèle que d'autres entreprises s'évertuent à suivre, pour le bien être de tous.

Un autre exemple d'engagement en terme d'offre produit est celui du groupe E.Leclerc. Non content d'être devenu le premier distributeur de produits équitables en volume, cette enseigne appuie son axe de bataille écologique sur les sacs plastiques. En effet, après avoir été le premier (à nouveau !) à supprimer ces sacs transparents en 1996, les centres E.Leclerc ont lancé en avril 2006 le premier sac en coton 100% bio labellisé Max Havelaar.

Les modèles de réussite sont nombreux pour ceux qui se sont lancés dans l'aventure, mais il est vrai qu'on ne parle pas encore des expériences avortées ou celles qui se révèlent être des échecs retentissants. Peut être faudra t-il attendre encore quelques années avant que ces contre exemples fassent surface, afin d'abîmer un peu l'image parfois surfaite que le développement durable est forcément une source d'avantage concurrentiel.

L'offre produit, les achats responsables, etc. ne sont pas le seul tenant de ce mouvement. En effet, les agences de communication prennent elles aussi leur destin en main. APACOM (Association des Professionnels Aquitains de la Communication) est engagée depuis quelques années dans cette voie. En effet, l'ADEME a lancé une réflexion sur les principes d'éco conception appliqués aux activités de communication afin de réduire les impacts environnementaux liés à leur mise en oeuvre. Dans ce contexte, APACOM a voulu s'intégrer à ce mouvement et surtout mobiliser les personnes concernées.

C'est ainsi qu'est né le projet "Com'Avenir" en partenariat avec l'ADEME. Cet échange s'est concrétisé par la création en 2004 d'un guide de bonnes pratiques d'actions de communication respectueuses de l'environnement. L'engagement de cette association ne s'arrête pas là ! Elle continue à réfléchir sur le sujet et a lancé en 2006 une nouvelle démarche "Com'Avenir Acte 2". L'objectif est d'inciter les communicants à créer ou valoriser les produits éco conçus ainsi que de développer une offre de produits « durables ». En pratique, un groupe de dix agences de communication ont été sélectionnées pour créer ou valoriser un outil de communication plus respectueux de l'environnement.

Le dernier exemple en date est celui de l'agence DraftFCB. Depuis que celle-ci est dirigée par Bruno Walther, la responsabilité sociale et notamment environnementale, est devenue la base des valeurs de cette entreprise. En effet, le 30 mai 2007, elle a créé l'évènement en lançant un « minifesto » : "Une autre pub est possible ". Ce manifeste explique les raisons qui devraient pousser toute agence de communication à prendre le parti de réfléchir sur son fonctionnement afin de devenir elle-même actrice du mouvement. Vous pourrez retrouver ce document en annexe 2 afin de mieux comprendre le discours de DraftFCB.

Ainsi décrit, allier le développement durable à une activité marketing semble prometteur, voire une opportunité à ne surtout pas rater. Tout dépend des valeurs de l'entreprise, des avantages que cela lui procureraient, mais surtout de la motivation des dirigeants, premier facteur d'engagement. Il existe toutefois des risques et des limites au modèle, qui sont d'ailleurs les raisons pour lesquelles certains n'osent pas encore tenter l'expérience.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire