CHAPITRE III: QUID DE LA COOPÉRATION
DÉCENTRALISÉE
I. Une notion
intégrée par les autorités locales
Les communes de Rosso Sénégal et de Rosso
Mauritanie partagent le même bassin frontalier et sont sous l'influence
des mêmes phénomènes géographiques, physiques,
socio culturelles ainsi qu'aux mêmes composantes ethniques et
socioculturelles. La discontinuité spatiale que présume le fleuve
ne semble pas effective. Il conviendrait même de dire que la
frontière, de par sa nature, jouerait ici le rôle de trait d'union
qui ne fait que renforcer les relations « informelles »
entre les deux collectivités. Il en résulte, naturellement, des
processus particuliers qui rappellent qu'on est en présence d'un espace
bouillonnant d'activités dont la gestion est, de toute évidence,
est inscrite au chapitre des préoccupations des deux pays. Cette
exigence géographique et géopolitique nécessiterait plus
de coopération et une plus grande concertation entre voisins du fait
des multiples enjeux qui sont en présence.
Pour la commune de Rosso Sénégal, la
coopération décentralisée avec les collectivités du
Nord est en notoire et est a preuve évidente de la capacité et
de la volonté des autorités communales de développer et
d'animer des relations de partenariat avec d'autres homologues.
Néanmoins, l'inexistence de coopération avec la commue de Rosso
Mauritanie apparaît commune une anomalie et une aberration que seule ne
saurait expliquer la jeunesse de Rosso Sénégal qui,
néanmoins, a capitalisé une solide expérience dans le
domaine de la coopération décentralisée.
La commune de Rosso Mauritanie est la plus ancienne des deux,
ses poids économiques et démographiques sont les plus
importants. Elle est économiquement plu puissante et est une
pièce maîtresse dans l'ossature urbaine mauritanienne. Elle est
chef lieu de sa région, polarise une partie importante des
localités du Sud du pays de même qu'une partie des villes de la
région de Saint-Louis : Dagana, Richard Toll. Du fait de son
dynamisme économique, surtout commercial, elle exerce une grande
attraction sur les populations des villes et villages environnants aussi bien
du Sénégal que de la Mauritanie. Cet état de fait qui
obéit à des lois économiques primaires et ne favorise pas
la commune de Rosso Sénégal qui risque d'être un wagon de
la locomotive.
Cette absence de relations formalisées par le biais de
la coopération ou des conventions pose naturellement des
problèmes dans la gestion des rapports en même temps elle met
à nue plusieurs difficultés dans l'organisation et le
contrôle des flux transfrontaliers et par ricochet entrave la collecte
des revenus diminuant, de façon significative, la part de la commune
dans la rente de situation.
Il est évident que la gestion des bassins frontaliers
se pose dans un contexte de responsabilisation plus accrue des instances
locales mais cela ne veut pas dire qu'elle doit uniquement être
laissée à ces dernières. Il faut aussi souligner que, bien
que relevant de la souveraineté nationale, donc de la compétence
de l'Etat, la gestion des espaces périphériques doit impliquer
aussi bien les acteurs locaux les premiers concernés que des
autorités centrales.
La gestion des espaces frontaliers doit faire l'objet d'une
réflexion et d'une concertation élargie pour une meilleure prise
en compte des spécificités locales sous peine de les voir se muer
en de sérieux contraintes qui peuvent ralentir le processus de
développement local. Il est vrai que certaines questions relèvent
de l'Etat mais à la faveur de la décentralisation qui consacre
une gestion autonome des territoires, l'implication des acteurs locaux dans la
négociation de certains points de la coopération entre Etats
frontaliers s'impose surtout dans le cas précis des communes
frontalières.
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