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Les obstacles à la bonne qualité de l'eau dans les rivières péri-urbaines. L'exemple du bassin versant de l'Azergues (Rhône)

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par Nicolas Talaska
Université Lumière Lyon 2 - Maîtirise de géographie 2007
  

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3. Les coteaux viticoles de la Moyenne-Azergues, ou le Bas-Beaujolais

Au droit de Létra (figure 9), la vallée de l'Azergues tend à s'élargir pour atteindre à certains endroits 400 à 500 m de large (Le Breuil, Châtillon-d'Azergues). Les fonds de vallée sont occupés par des cultures de céréales, des prairies, des jachères, des jardins ouvriers et quelques zones d'activités économiques. Ici l'urbanisation s'est essentiellement développée sur les versants pour fuir la vallée inondable. Ce secteur du bassin versant compris entre 500 et 300 mètres d'altitude est le domaine de la vigne : c'est le « Beaujolais Rouge ». Pour l'ensemble des communes, la viticulture est l'orientation technico-économique dominante des exploitations agricoles. Cette spécificité agricole doit être replacée à l'échelle du vignoble du Beaujolais. L'activité viticole dans le bassin versant de l'Azergues participe pour une part non négligeable à la production viticole du vignoble Beaujolais.

Figure 9. De l'Azergues des montagnes à celle des coteaux. A partir de Létra, les versants boisés font placent à la vigne. (Source : Nicolas Talaska, 2007)

3.1. L'activité viticole de la Moyenne Azergues dans le vignoble du Beaujolais

Depuis le sud du Mâconnais et jusqu'aux Monts du Lyonnais, le vignoble du Beaujolais occupe les paysages de coteaux entre les Monts du Beaujolais et la plaine de la Saône. A l'échelle du Pays Beaujolais, le vignoble occupe un espace relativement faible (à peine 15 % du territoire, voir la figure 10) mais confère une identité forte à cette région grâce à la renommée mondiale du vin Beaujolais acquise notamment par le Beaujolais Nouveau depuis 1975.

Le vignoble se compose de trois régions d'appellations dont la différence tient à la nature de leurs sols et à la qualité des vins qui y sont produits. Schématiquement le nord du Beaujolais de nature granitique s'oppose au sud à dominante argilo-calcaire. Dans le Haut-Beaujolais, au nord de Villefranche, le modelé doux s'abaissant progressivement vers la plaine alluviale de la Saône correspond à des sols siliceux de texture sableuse sur arène granitique. Ces terrains conviennent très bien au Gamay. Le cépage roi du Beaujolais donne dans ces terroirs des produits d'une grande finesse. A l'inverse les sols argilo-calcaires du Bas-Beaujolais « donne des vins d'une moins grande finesse et d'une qualité plus ordinaire »58(*).

Ces différences pédologiques influant sur la qualité des vins produits ont donné naissance entre 1935 et 1950 à trois régions d'appellations hiérarchisées. Les vins les plus renommés sont « les Crus ». Dix appellations communales occupent la partie nord du vignoble sur 6 300 hectares, soit moins de 30% du vignoble du Beaujolais, et participent pour 26 % à la production totale du vignoble. Dans le secteur des Crus la vigne occupe la quasi-totalité de l'espace entre 200 et 450 mètres d'altitude. L'appellation sous-régionale « Beaujolais Villages » se situe essentiellement dans la partie médiane du vignoble. Elle occupe un peu plus de 6 000 hectares et produit la même quantité de vin que les crus, soit environ 360 000 hectolitres (2001). Enfin l'appellation régionale « Beaujolais » est la plus répandue puisqu'elle concerne 46 % de la surface du vignoble et constitue près de la moitié de la production vinicole Beaujolaise. Les surfaces viticoles en appellation Beaujolais se situent majoritairement dans le sud du vignoble. Les surfaces en vigne alternent ici avec des prairies, des bois et quelques vergers. Presque la moitié de la surface viticole en « Beaujolais » se situe dans le bassin versant de l'Azergues sur 4 700 hectares. Si les surfaces en vigne du bassin versant ne représentent que 21 % de la SAU du bassin, elles constituent une part non négligeable dans le vignoble Beaujolais et encore plus dans la production de vin d'appellation Beaujolais. La viticulture du bassin versant de l'Azergues contribue pour 20 % à la production viticole en appellation Beaujolais et pour 19 % à la production totale du vignoble59(*).

Figure 10. Les régions d'appellations du vignoble du Beaujolais

Figure 11. Part des surfaces viticoles du bassin versant de l'Azergues dans le vignoble du Beaujolais. Source des données : Inter Beaujolais.

Dans le Bas-Beaujolais, la vigne est présente de manière moins hégémonique que dans le Haut-Beaujolais. L'importance des surfaces toujours en herbe et la part non négligeable de cultures sur terres labourables, dont 90 % servent à produire du fourrage, révèle un système de polyculture-élevage. La vigne ne constitue qu'un élément parmi une agriculture relativement diversifiée. Toutefois il faut noter que les surfaces en vigne n'ont cessé de progresser depuis 1979 alors que tous les autres types de surfaces agricoles diminuaient dans le même temps. En 2000 la vigne était la principale surface agricole dans la moyenne Azergues alors qu'elle était deuxième en 1979 avec un écart de près de 2 000 hectares avec la première surface agricole : les prairies permanentes (figure 12). Cette évolution reflète une tendance à la spécialisation viticole au dépend de l'élevage. Dans le canton du Bois d'Oingt, il reste 27 exploitations laitières alors qu'elles étaient 250 en 198060(*).

 

Figure 12. Evolution des surfaces agricoles en Moyenne-Azergues entre 1979 et 2000. Source des données : RGA 2000. Auteur : N. Talaska, 2007.

Il convient toutefois de nuancer ce constat puisque la tendance présentée ici renvoie aux meilleures années du vignoble et ne révèle pas les conséquences de la crise actuelle. Depuis le milieu des années 1970, les ventes du Beaujolais sont largement tirées par le désormais traditionnel « Beaujolais Nouveau ». Le succès de ce vin primeur est attribué au « roman de René Fallet Le Beaujolais Nouveau est arrivé et à la consécration officielle du nouveau millésime par un baptême à l'Assemblée Nationale »61(*). Or l'essentiel de ce vin primeur est produit à partir des vignobles du Bas-Beaujolais. Entre 1961 et 1985 la production du Beaujolais primeur à été multiplié par 12. Ces bonnes années du Beaujolais ont mécaniquement incité à augmenter la production et donc les surfaces viticoles car les débouchés économiques étaient bien réels. De là s'est opéré une spécialisation relative des coteaux du bassin versant de l'Azergues. Mais depuis 1999, l'ensemble de la production Beaujolaise subit une baisse continue du chiffre d'affaire.

* 58 SCEAU (R.), 1995, Lyon et ses campagnes : héritages historiques et mutations contemporaines, Presse Universitaire de Lyon, 375 p.

* 59 Inter Beaujolais. (Page consultée le 10 avril 2007). Beaujolais, données d'économie 2006, [En ligne]. Adresse URL : http://www.beaujolais.com

* 60 SCEAU (R.), 2005, « De la polyculture à la viticulture » in Le Bois d'Oingt et sa région, Actes des journées d'études 2005, Union des Sociétés Historiques du Rhône, pp 143-151.

* 61 SCEAU (R.), ibid.

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