WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les obstacles à la bonne qualité de l'eau dans les rivières péri-urbaines. L'exemple du bassin versant de l'Azergues (Rhône)

( Télécharger le fichier original )
par Nicolas Talaska
Université Lumière Lyon 2 - Maîtirise de géographie 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy
4. La Basse Azergues : un territoire agricole profondément transformé et stratégique

Gonflée par les apports de la Brévenne, l'Azergues s'extrait de son verrou rocheux à partir de Lozanne pour prendre l'allure d'une large rivière de plaine. Après une série de méandres dans un contexte paysager encore un peu marqué par une vallée aux formes adoucies entre Lozanne et Chazay-d'Azergues, la rivière traverse la Plaine des Chères en suivant un tracé quasi rectiligne jusqu'à la confluence avec la Saône à Anse. A l'exception d'une partie des Monts d'Or sur lesquels s'écoulent quelques affluents de l'Azergues, les paysages vallonnés des secteurs amont font place à la plénitude du val de Saône. Ici tout est différent. La proximité de l'agglomération lyonnaise conjuguée aux influences de « l'axe de civilisation » qu'est la Saône, confère à cette partie du bassin versant de l'Azergues un caractère nettement périurbain. Malgré l'omniprésence de l'agriculture, les densités de populations, de grands équipements de communications et d'activités sont très fortes. La Plaine des Chères est ce dernier territoire traversé par l'Azergues avant sa confluence avec la Saône.

4.1 La Plaine des Chères, un territoire soumis aux pressions périurbaines

Schématiquement, la Plaine des Chères, forme un triangle d'une vingtaine de kilomètres carré délimité au sud par les Monts d'Or, à l'ouest par les premiers coteaux du Beaujolais viticole et à l'est par la Saône. Cette entité géographique appartient à la vallée de la Saône et correspond à « un bassin tertiaire dans lequel se sont accumulées au Quaternaire des alluvions d'origine fluvio-glaciaire remaniées plus récemment par la Saône et ses affluents, dont l'Azergues. Ces cours d'eau ont développé un ensemble de terrasses alluviales plus ou moins emboîtées ». Les terres limoneuses et fertiles de la Plaine des Chères sont propices à l'agriculture (grandes cultures de céréales et de maïs, maraîchage, horticulture et arboriculture) mais une pression d'urbanisation s'y exerce avec force. Les grands équipements de communications segmentent le territoire (figure 16). La DIREN identifie d'ailleurs la basse Azergues comme un « paysage marqué par de grands équipements ». Deux autoroutes (A6 et A46), une route Nationale et trois routes départementales au trafic important traversent la plaine. Deux projets autoroutiers viendront s'ajouter d'ici 2020. Il s'agit de l'extrémité est de l'A89, qui relie Bordeaux à Lyon, ainsi que le projet de contournement ouest de l'agglomération lyonnaise (COL). Enfin un barreau autoroutier doit relier l'A6 à l'A46 au niveau d'Ambérieux-d'Azergues. On peut ajouter à ces axes routiers le passage de quatre voies ferrées ainsi que plusieurs lignes électriques à haute tension dont l'une d'elle passe au dessus de l'Azergues entre Lozanne et Chazay. La seconde source de pression est exercée par l'extension de l'urbanisation liée au très fort accroissement démographique. En 40 ans la population de la Basse-Azergues a plus que doublé, passant de 12.600 habitants en 1962 à 35.800 en 1999. L'accroissement démographique se ralentit depuis le début des années 1980 mais il reste le plus fort du bassin versant66(*). L'augmentation de la population se traduit par une extension spatiale des villages sous la forme de quartiers pavillonnaires. Le nombre important de villas avec piscine dans certains quartiers révèle la richesse des populations. Les revenus imposables moyens de plus de 90 % des communes de la Basse-Azergues sont égaux ou supérieur à 18 000 euros67(*).

Malgré tout le faciès paysager de la Plaine des Chères reste très agricole. Considérant son site et sa situation le caractère stratégique de ce territoire est évident. Espace plat agricole, très bien desservie par les voies communications et disposant d'un potentiel constructible important, la Plaine des Chères apparaît comme une poche urbanisable convoitée à proximité d'une agglomération millionnaire qui ne cesse de s'étaler depuis 40 ans. C'est précisément contre cette potentielle vocation que la Directive Territoriale d'Aménagement (DTA)68(*) de l'aire métropolitaine lyonnaise préconise une restriction de l'urbanisation dans la Plaine des Chères. Cette préconisation spécifique s'intègre dans la volonté plus générale de la DTA à limiter la forte consommation, depuis plusieurs décennies, d'espaces naturels et agricoles en périphérie de l'agglomération lyonnaise. Elle satisfait ainsi aux orientations de la Loi SRU. Mais derrière cette préoccupation environnementale, c'est bien plus la volonté de limiter un développement résidentiel et économique périphérique concurrent de Lyon qui motive les restrictions de la DTA. « La poursuite des tendances démographiques conduirait à accueillir, sur le périmètre de la DTA, 250 000 habitants supplémentaires d'ici 2020. Sans action régulatrice forte, cette croissance fabriquera une conurbation inorganisée et dispendieuse et non une métropole ; elle menace dans ces conditions l'attractivité et la compétitivité de la métropole à l'échelle européenne. »69(*)

Suivant les orientations de la DTA, un Projet d'Intérêt Général (PIG) restreint d'ores et déjà l'urbanisation dans la Plaine des Chères et vise à conforter les activités agricoles en créant des conditions économiques et sociales favorables à la reprise des exploitations. La DTA comme le PIG sont des instruments imposés par l'Etat aux collectivités locales : les Schémas de Cohérence territoriale (SCOT) doivent être compatibles avec les objectifs de la DTA, et les Plan Locaux d'Urbanisme (PLU) doivent intégrer les préconisations du PIG et du SCOT. Or les objectifs de ces deux instruments sont critiqués par les élus de la Basse-Azergues car ils limitent leurs possibilités de développement. On peut citer le discours du Maire d'Ambérieux d'Azergues qui ne cache pas son mécontentement lors d'une réunion publique consacrée aux projets autoroutiers : « [...] Et pour en terminer avec les contraintes subies par les habitants d'Amberieux-d'Azergues, le Sud de la commune, seule perspective d'extension du village est limité dans ses aménagements par le Plan d'intérêt général mis en place par l'Etat, pour protéger les terres agricoles de la plaine des Chères ». Ces instruments d'aménagements sont d'autant plus mal acceptés que la DTA prévoit de faire passer sur ce territoire deux projets autoroutiers (le barreau A6-A46 et le COL). Ces projets sont critiqués par les élus dans le sens ou ils vont augmenter les pollutions atmosphériques et sonores mais aussi supprimer des terres agricoles alors même qu'elles sont protégées dans le cadre du PIG. Et de surcroît le barreau autoroutier doit être construit dans une zone soumise à une double réglementation très restrictive. Il passera sur le champ captant d'Ambérieux qui sert à l'alimentation en eau potable de plus de 100 000 personnes dont une bonne partie aux habitants du bassin versant de l'Azergues, et dans une zone inondable classée rouge dans le Plan de Prévention des Risques d'Inondations (PPRI) de la Saône. Les élus dénoncent donc un manque de cohérence des projets et cette amertume se répercute sur la gestion locale de l'eau. Ainsi dans le cadre de l'élaboration du futur SDAGE, l'Agence de l'Eau demande aux responsables des programmes de gestion locaux (ici le contrat de rivière Azergues) de faire part de leurs remarques quant à la définition du programme de mesure pour atteindre le bon état des masses d'eau demandé par la DCE. Le président du Syndicat porteur du contrat de rivière (également maire d'Ambérieux d'Azergues) émet la remarque suivante : « l'attention est attirée sur la nécessaire cohérence du programme de mesures proposé avec les procédures d'aménagement du territoire (DTA, PIG, SCOT,...) et autres projets de grandes infrastructures en cours (autoroutes). ».

On voit bien ici comment des conflits liés aux répercussions locales d'aménagements du territoire national et régional (l'aire métropolitaine lyonnaise) interfèrent avec la gestion de l'eau dans le cadre du contrat de rivière. Mais derrière ces remarques d'élus locaux se dessine peut être aussi la critique d'une perte de souveraineté des décisions communales qui va à l'encontre des intérêts de la commune. Les différents outils de planification (DTA, PIG), dont les prescriptions s'appliquent aux communes, émanent d'un processus de décisions qui lui dépasse largement l'échelle communale. Ici les intérêts de la commune passent bien après les intérêts de la métropole lyonnaise. Les intérêts de la métropole lyonnaise ne sont pas ceux des communes de la Basse-Azergues.

Figure 16. Les axes de communication dans le bassin versant de l'Azergues

 

Figure 17. Au troisième plan, les premiers coteaux viticoles marquent le passage de la Basse à la Moyenne-Azergues. Ce chaînon régulier constitue une ligne de relief régulière formée par les calcaires du Jurassique moyen. Il est séparé des autres collines plus élevées de la Moyenne Azergues par une puissante faille. Au pied du Coteaux s'étale le village de Lucenay dont la population a doublé en 40 ans. Au premier plan, les cultures maraîchères et horticoles de la Plaine des Chères. (Source : Nicolas Talaska, 2007)

* 66 Source des données : Insee, RGP 1999.

* 67 Direction Générale des Impôts - Ircom 2004

* 68 La DTA est un outils d'aménagement du territoire à l'échelle d'une région dominée par un grande agglomération. La DTA planifie les orientations d'aménagement en veillant à un équilibre entre perspectives de développement d'une part et protection et mise en valeur des territoires d'autre part. La DTA fixe les objectifs de l'Etat quant à la localisation des grandes infrastructures, d'équipements et de protection des milieux naturels. La DTA est élaborée par l'Etat en association avec les collectivités locales, elle est approuvée par décret. La DTA s'impose aux documents d'urbanisme (SCOT, PLU) qui doivent lui être compatibles. (Source : Agence de l'eau RMC. - Guide technique n°8 : eau et aménagement du territoire en RMC. - 2003).

* 69 Préfecture de Région Rhône-Alpes. (Page consultée le 20 avril 2007). Directive Territoriale d'Aménagement de l'aire métropolitaine lyonnaise, [En ligne]. Adresse URL : http://www.rhone.pref.gouv.fr

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery