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Les obstacles à la bonne qualité de l'eau dans les rivières péri-urbaines. L'exemple du bassin versant de l'Azergues (Rhône)

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par Nicolas Talaska
Université Lumière Lyon 2 - Maîtirise de géographie 2007
  

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4.2 Une rivière très dégradée

Dans la Basse-Azergues la rivière présente d'importantes altérations. L'Azergues aval cumule non seulement les rejets de l'amont mais également les pollutions importantes de la Brévenne. Les rejets sont par ailleurs très importants dans cette partie du bassin versant. Sur les 26 points de rejets identifiés dans l'ensemble du bassin versant, par la dernière campagne d'analyse de la qualité (2004), 10 se situent dans la Basse-Azergues. La qualité globale de l'eau est médiocre en situation d'étiage (SEQ-Eau). La pollution phosphorée est le facteur d'altération principal. La contamination de l'eau par les pesticides est très forte et suscite des inquiétudes quant à la qualité sanitaires des poissons susceptibles d'être consommés. Plusieurs ruisseaux affluents sont de très mauvaises qualités (Sémanet, ruisseau des Gorges) et les rejets des stations d'épuration sont parfois les seuls apports hydriques des ruisseaux. Les phénomènes d'eutrophisation sont prononcés. Les pollutions excessives limitent les potentialités biologiques. L'état des fonctionnalités des cours d'eau de ce secteur est jugé « catastrophique » pour les peuplements piscicoles. L'importance des particules en suspension et des micro-organismes rend l'Azergues impropre à la pratique des loisirs aquatiques.

Cette partie de l'Azergues est en outre très dégradée physiquement comme en témoigne le tracé étrangement rectiligne de la rivière entre Chazay d'Azergues et la confluence avec la Saône. Le tracé a sensiblement été modifié au XVIIIème. Pour limiter les conséquences des inondations sur les terres agricoles le tracé de l'Azergues fut modifié dans les années 1780 entre Lucenay et la confluence avec la Saône. Avant ces travaux l'Azergues rejoignait la Saône en passant par Ambérieux d'Azergues. Des extractions de matériaux dans le lit de la rivière dans les années 1960 et 1970 ont profondément modifié le profil en long, entraînant des incisons importantes du lit et des érosions de berges. Ces perturbations physiques ont déstructuré les habitats piscicoles comme en témoigne la disparition du Brochet qui devrait normalement trouver des conditions idéales en Basse-Azergues.

La masse d'eau de ce secteur présente un risque fort de non atteinte du bon état pour 2015, elle est pré-identifiée comme une MEFM.

5. La vallée de l'Azergues, axe structurant de l'urbanisation du bassin versant

A l'instar de nombreuses vallées, les surfaces planes des fonds de la vallée de l'Azergues ont permis le développement d'axes de communications et ont offert les sites de plusieurs villes et villages qui se succèdent tout au long de l'Azergues.

La vallée de l'Azergues ouvre un axe de passage transversal dans le sud du Beaujolais entre le val de Saône et le bassin ligérien. Une route départementale et une voie ferrée empruntent la vallée sur toute sa longueur. Les emprises routières et ferroviaires occupent dans la Moyenne et la Haute-Azergues une part non négligeable de l'espace du fond de vallée et tendent par ailleurs à limiter les champs d'expansions de crues. A l'image de l'Azergues, la départementale reçoit (et irrigue) tout un réseau de routes secondaires donnant accès aux lieux de peuplements de la vallée et des hauteurs. Cet axe de communication, s'il enregistre un trafic relativement important, a une vocation essentiellement locale. C'est la vallée de la Turdine empruntée par la N7, qui est l'axe privilégié pour passer de la vallée de la Loire au couloir Rhodanien. Cet axe va être renforcé avec la construction d'ici 2012 de la dernière section de l'A89. Cette transversale autoroutière revêt une importance nationale et européenne : l'A 89 relie Bordeaux à Lyon, la façade atlantique à l'Europe du sud et de l'est. Le passage de l'A89 en bordure du bassin versant de l'Azergues donnera accès aux territoires du bassin puisque un échangeur doit être construit au sud de Châtillon.

A partir de Lozanne, le sillon de la vallée s'élargit pour faire place à des paysages de plaine. Le passage de la vallée à la plaine est également le site d'un carrefour routier d'importance. Un axe mène à la vallée de la Turdine et de la Brévenne et deux autres axes conduisent à la vallée de la Saône : l'un vers le nord en direction de Villefranche, via la Plaine des Chères, et l'autre vers le sud en direction de Lyon, via les Monts d'Or. Ce deuxième axe est très fréquenté. Lozanne apparaît comme un point de passage obligatoire pour entrer ou sortir de la vallée de l'Azergues. Cette situation de noeud routier n'est pas sans apporter de nombreuses nuisances pour Lozanne mais aussi pour le trafic vers la Haute vallée de l'Azergues. L'engorgement fréquent du trafic aux heures de pointes génère un flux de véhicules ininterrompu dans le centre du village tout en rendant difficile l'accès à la Haute-Azergues. Plus de 21 000 véhicules traversent chaque jour le seul pont au dessus de l'Azergues à Lozanne70(*). Des embouteillages se créent parfois sur plusieurs kilomètres en amont de Lozanne. Afin de fluidifier le trafic, le Conseil Général du Rhône a lancé en 2004 un projet routier visant à répartir la circulation à Lozanne grâce à la construction de deux nouveaux points de passage sur l'Azergues. Cette solution est vivement contestée par une association de Lozanne qui souhaite un contournement total afin de réduire la circulation dans le village71(*). Derrière ce projet du Conseil Général et l'opposition qu'il génère de la part des habitants (via l'association) apparaît la complexité des problèmes liés à la périurbanisation du bassin versant de l'Azergues. Le fort accroissement démographique dans la Moyenne-Azergues s'est traduit par une saturation du trafic routier puisque la majorité des populations nouvelles travaillent dans l'aire urbaine lyonnaise. Ces nouvelles populations ont fait le choix de s'installer en dehors de l'agglomération lyonnaise pour bénéficier d'un cadre de vie rural  aux qualités recherchées à travers tout un ensemble de valeur ayant trait à la nature. Or la saturation du trafic tend à dégrader les qualités de ce cadre de vie et les populations contestent cette altération. Donc les nouvelles populations sont dans le même temps génératrices de la saturation du trafic routier et demandeuse de solutions pour réduire les impacts de cette saturation sur leur cadre de vie. Le réseau routier, son extension et sa réorganisation cristallise les contestations autant qu'il reste l'élément structurant du développement des villes de la vallée de l'Azergues.

Plusieurs villes et villages se succèdent en chapelet tout au long de l'Azergues. Neuf se sont installés et développés dans le lit majeur de l'Azergues. La forte urbanisation dans le bassin versant se traduit par de nombreuses constructions en fond de vallée. On y retrouve souvent des équipements collectifs (terrains de sport, salles des fêtes, parking). C'est aussi dans la vallée que se concentrent les activités industrielles. Bien que le bassin de l'Azergues ne soit pas qualifié d'industriel par la DRIRE, quelques unités existent et pour l'essentiel concentrées dans la vallée. Parmi les plus importantes on peut citer la teinturerie Mathelin et la cimenterie Lafarge, toutes deux situés dans la partie aval de la vallée. Si ces deux unités marquent le paysage « naturel » et socio-économique de la Moyenne-Azergues, la plupart des unités industrielles et artisanales de la vallée et du bassin versant sont de petites tailles. Elles forment de petites grappes tout au long de la vallée. Le lit majeur de l'Azergues continue d'être le lieu privilégié de localisation des activités économiques. Une dizaine de zones d'activités artisanales ou industrielles sont en projet dans la vallée de l'Azergues. Une zone d'activité intercommunale de plus de 20 000 m² vient de voir le jour dans un fond de vallée au lieu-dit Les Plaines sur la commune de Saint-Laurent d'Oingt. Les extensions urbaines et industrielles, voies de communications comprises, dans le lit majeur se font aux dépend des milieux terrestres connexes à la rivière, comme les prairies humides. Au final la rivière devient étrangère au développement économique et industriel de la vallée. Elle tend à être considérée comme un obstacle au développement, puisque les extensions urbaines et les zones d'activités y sont contraintes par les risques d'inondation72(*).

Ces villes de la vallée et les axes de communication qui les desservent sont les éléments structurants de l'urbanisation actuelle et future telle qu'elle est envisagée dans le cadre du SCOT Beaujolais. Conformément à la Loi SRU et aux prescriptions de la DTA de l'aire métropolitaine lyonnaise, le SCOT Beaujolais entend limiter la consommation diffuse d'espaces naturels et agricoles pour l'urbanisation dans le Beaujolais alors même que la pression foncière s'annonce très importante. Selon les estimations des études préliminaires à l'élaboration du SCOT, le Beaujolais devrait accueillir 40 000 habitants supplémentaires d'ici 203073(*). L'atteinte de cet objectif passe par la volonté de densifier les pôles urbains et ruraux existants, d'une part, et de limiter l'urbanisation ailleurs, d'autre part. Cette orientation pose clairement les bases d'un territoire aux dynamiques divergentes. Certains espaces concentreront les populations et les zones d'activités économiques alors que d'autres auront pour vocation de préserver des espaces ruraux « patrimoniaux » pour le développement touristique. Le bassin versant de l'Azergues présente ce type d'opposition. Ainsi la grande majorité des pôles retenus pour accueillir populations et activités sont situés dans la Basse-Azergues. Toutefois le caractère structurant de la vallée de l'Azergues réapparaît ici puisque quatre villes de la Moyenne et Haute-Azergues sont identifiées comme pôle d'accueil. A l'opposé dans les territoires hors vallée de la Moyenne et de la Haute-Azergues l'urbanisation sera restreinte pour conserver des espaces à forte valeur environnementale et architecturale. Les espaces classées en ZNIEFF occupent de grandes surfaces exclusivement situées dans la Haute et Moyenne-Azergues, avec une surreprésentation dans la Haute-Azergues. Sur le plan architectural, un mouvement d'embellissement des villages est remarquable dans le secteur des Pierres Dorées (Oingt, Bagnols).

 
 

Figure 18. Aux marges nord du bassin versant, le village de Oingt illustre le mouvement de valorisation architecturale des coeurs de village dans le beaujolais des Pierres Dorées. Le revers de cette patrimonialisation architecturale est l'augmentation des prix de l'immobilier qui rendent l'accès difficile aux jeunes. La population à plus que doublée en 40 ans, passant de 200 à plus de 500 habitants, mais ce ne sont pas les mêmes populations que dans la vallée. Beaucoup de retraités viennent s'installer, ce sont des personnes plus aisées que les actifs qui travaillent sur Lyon et qui s'installent dans la vallée. « La parcelle à bâtir est deux fois plus chère dans les pierres dorées que dans la vallée et le Beaujolais vert » (entretien avec le Maire de Oingt). (Source photo : www.oingt.com )

Figure 19. Châtillon d'Azergues. Cette commune de moins de 2 000 habitants en Moyenne vallée de l'Azergues a gagné 800 habitants en 40 ans. La Commune fait partie des pôles d'accueils prévus par le SCOT. Une liaison avec l'A89 est qualifiée « d'indispensable ». Au premier plan le village originel, au second plan sur les versants opposés les extensions récentes du village sous formes de quartiers pavillonnaires. Entre le vieux village et le neuf, le fond de vallée traversé par la D385, la voie ferrée et l'Azergues. (Source : Nicolas Talaska, 2007).

* 70 Source des données : Comptages routiers, DDE du Rhône.

* 71 Association « Oxygénons Lozanne ». (Page consultée le 2 mai 2007). Oxygénons Lozanne avec un vrai contournement, [En ligne]. Adresse URL : http://oxygenons.lozanne.free.fr

* 72 GEO SCOP, étude pour la valorisation paysagère et touristique. Contrat de rivière Azergues, 2006.

* 73 SCOT Beaujolais, Avant projet de Projet d'Aménagement et Développement Durable, non publié, 2006

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore