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Les obstacles à la bonne qualité de l'eau dans les rivières péri-urbaines. L'exemple du bassin versant de l'Azergues (Rhône)

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par Nicolas Talaska
Université Lumière Lyon 2 - Maîtirise de géographie 2007
  

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1.2 Une démarche hypothético-déductive à partir des résultats d'une thèse

Pour parvenir à l'objectif énoncé au dessus, une démarche hypothético-déductive a été adoptée à partir des résultats de la thèse de géographie d'Alexandre BRUN (2001). Dans le cadre de sa thèse sur les contrats de rivières dans le bassin de la Saône, il a mené une enquête sur la perception de la qualité de l'eau auprès de différents acteurs de la gestion de l'eau. L'objectif était « d'analyser la manière dont les acteurs de l'eau définissent et perçoivent l'évolution de la qualité de l'eau et des milieux aquatiques dans le bassin versant de la Saône en fonction de leur niveau géographique d'intervention et du groupe social auquel ils appartiennent ».

A. Brun distingue deux groupes d'acteurs. Les « acteurs de bassins » et les « acteurs locaux », auxquels il faut ajouter les « riverains ». Les acteurs de bassins sont des personnes en charge de la politique de l'eau à l'échelle du bassin de la Saône (Agence de l'eau, services déconcentrés de l'Etat...). Les acteurs locaux sont des personnes agissant localement, à l'échelle des sous bassins versants (élus locaux, techniciens de rivières, représentants d'associations locales...). Enfin les riverains ont été interrogés afin de mettre en perspective leur discours avec ceux des acteurs locaux.

Au total 180 entretiens ont été réalisés entre 2000 et 2002. La répartition des entretiens en fonction des acteurs est la suivante : 20 entretiens semi-directifs approfondis auprès des acteurs de bassins et 84 auprès des acteurs locaux. 71 entretiens simples (sans prise de rendez-vous) au « fil de l'eau » avec des riverains des cours d'eau74(*).

Parmi les résultats, on peut citer ceux qui intéressent les objectifs de la recherche présente75(*).

La qualité de l'eau est perçue différemment par les acteurs de bassins et les acteurs locaux.

Pour les acteurs de bassins la qualité est définie comme une « combinaison de normes » qu'il convient de respecter pour satisfaire aux exigences réglementaires mais aussi sociales. Par ailleurs, ces normes sont de plus en plus exigeantes et cette évolution est à l'origine de dysfonctionnements dans la mise en oeuvre des politiques de gestion de l'eau. La plus grande exposition aux risques de poursuites, liés aux difficultés d'atteindre les objectifs sans cesse plus exigeants, favorise un phénomène de « déresponsabilisation vers le haut ». « Une partie des administrations et des collectivités aurait tendance à s'engager "à reculons" dans des démarches contractuelles tout en cherchant à obtenir des garanties des niveaux hiérarchiques supérieurs ».

L'évaluation de la qualité de l'eau, par les acteurs de bassins, est technique et basée sur des expertises diverses menées par des bureaux d'études ou des universitaires. Les acteurs de bassins n'évaluent pas la qualité écologique des cours d'eau in situ car ils trouvent cette démarche « démagogique ». Ils préfèrent travailler à partir de données globales plutôt que de montrer un intérêt superficiel à des données empiriques difficilement exploitables dans le cadre de leur mission.

A l'inverse, les acteurs locaux évaluent la qualité des milieux aquatiques davantage sur des critères de perceptions directes (aspects visuels de la rivière par exemple). Les critères sont toutefois « variables et à l'origine d'une information erronée ». Brun cite par exemple le cas de la couleur de l'eau. Pour certains la transparence est synonyme d'une bonne qualité de l'eau alors que d'autres l'interprètent au contraire comme un « signe inquiétant lié à une diminution du plancton ».

La perception de l'évolution de la qualité diverge fortement entre les acteurs de bassin d'une part, et entre les acteurs de bassins et les acteurs locaux, d'autre part.

Globalement Brun oppose la vision plutôt optimiste des acteurs de bassins à la vision pessimiste des acteurs locaux sur l'évolution passée (de 1960 à nos jours) de la qualité des cours d'eau.

Toutefois au sein des acteurs de bassins des divergences de vues existent aussi. Deux grandes catégories sont identifiables. Elles sont présentées de manière synthétique dans le tableau suivant :

Les « optimistes raisonnables »

Personnels des DDAF et des DDE, des collectivités, des entreprises et de l'Agence de l'eau.

Les actions prioritaires sont mises en oeuvre (assainissement des secteurs déficients, pollution diffuse agricole) mais la reconquête de la bonne qualité est une mission ambitieuse et de longue haleine

Les « pessimistes logiques »

Représentants du CSP, de la DIREN, du

SATESE et du milieu associatif

La réglementation va dans le bon sens mais elle parvient peu à modifier le comportement des agents économiques. Il faudrait un fort encadrement technique et financier.

Tableau 2. Positionnement des acteurs de bassin sur l'évolution de la qualité de l'eau. (Source : Brun, op. cit. Mise en forme : Nicolas Talaska, 2007)

Les acteurs locaux ont, en revanche, une vision majoritairement pessimiste sur l'évolution de la qualité. Pour eux elle était meilleure il y'a dix ans ou plus. Sur les 53 personnes ayant émis un avis quant à l'évolution de la qualité, 41 pensent qu'elle s'est dégradée (31 personnes ne se prononcent pas).

* 74 Vingt deux entretiens (onze auprès de riverains et dix auprès d'acteurs locaux) ont été réalisés dans le bassin versant de l'Azergues en septembre 2001. Le compte rendu de ces entretiens aurait été utile à prendre en compte pour comparer nos résultats avec ceux de Brun. Après contact avec Alexandre Brun, il était matériellement compliqué d'accéder à ces données.

* 75 Le détail des analyses se trouve dans le chapitre 9, pp. 324-338. La thèse est téléchargeable sur http://pastel.paristech.org/554/

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