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Les obstacles à la bonne qualité de l'eau dans les rivières péri-urbaines. L'exemple du bassin versant de l'Azergues (Rhône)

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par Nicolas Talaska
Université Lumière Lyon 2 - Maîtirise de géographie 2007
  

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2.3 L'évolution de la qualité : un sentiment de dégradation partagé par tous, mais des perceptions contrastées sur l'évolution future

Concernant l'évolution de la qualité, un peu moins de la moitié des personnes interrogées pensent qu'elle s'est dégradée au cours des deux dernières décennies. Ce sentiment est largement majoritaire chez les personnes qui se sont prononcées. Là encore, la forte proportion de personnes sans avis révèle la méconnaissance de la rivière et de son évolution, ou encore un faible intéressement à la question. En revanche « les sans avis » sont beaucoup moins nombreux lorsqu'il s'agit de faire un `pronostic' sur l'évolution future de la qualité. Globalement les personnes interrogées sont plus optimistes sur l'évolution future de la qualité, mais près de 40 % pensent qu'elle va se dégrader.

Si on peut relever un certain consensus sur la dégradation de la qualité dans le passé jusqu'à nos jours, l'évolution future fait l'objet de perceptions contrastées.

D'une manière générale, les personnes interrogées dans les secteurs où la perception de la qualité est plutôt négative, sont les plus optimistes quant à l'évolution future. C'est l'inverse dans les secteurs relativement protégés. Dans les secteurs où le sentiment d'une qualité mauvaise à moyenne domine, les personnes ayant données leur avis, pensent majoritairement que la qualité va s'améliorer dans le futur. Si ce constat est fragile pour la Moyenne-Azergues, il est plus net dans la Basse-Azergues puisque plus de la moitié des personnes interrogées pensent que la qualité va s'améliorer alors qu'un peu plus de 30 % pensent le contraire. A l'inverse dans la Haute-Azergues, les personnes interrogées sont plutôt pessimistes alors même qu'elles ont le sentiment que la rivière est de bonne qualité. La justification de cette vision pessimiste se base assez souvent sur l'urbanisation de nouveaux espaces. Dans cette partie du bassin, l'urbanisation est citée comme facteur dégradant la qualité, et ce largement plus que dans les autres secteurs du bassin versant (tableau 7).

2.4 Pour les usagers, ce n'est pas tant la qualité de l'eau de la rivière qui compte que le « paysage » de la rivière

A l'exception de certains pêcheurs qui utilisent des indicateurs biologiques pour évaluer la qualité du milieu aquatique, la qualité intrinsèque de l'eau de la rivière est difficile à évaluer pour les simples usagers. De fait ils prennent en considération des critères visuels (couleur de l'eau, présence de détritus, etc.). A ce titre la coloration de l'eau par les rejets des teintureries (celle de la Moyenne-Azergues, mais surtout celles présentent sur la Turdine) était très souvent citée dans la Basse et la Moyenne-Azergues comme un facteur dégradant la qualité de l'eau. Or il est largement admis par les élus locaux et les techniciens de rivière que la coloration de l'eau participe peu à la dégradation de la qualité physico-chimique et biologique. Cette représentation dominante est toutefois remise en cause par un technicien de la Fédération de pêche qui précise que si la coloration de l'eau impacte peu la qualité du milieu85(*), comparé aux rejets domestiques par exemple, il n'en reste pas moins que les rejets de teinturerie sont également composés de substances toxiques. Le technicien cite une campagne de mesure de la qualité de l'eau dans la Turdine qui avait révélée des concentrations non négligeables dans l'eau de substances utilisées dans le process industriel des teintureries.

Le recours aux critères visuels pour évaluer la qualité de l'eau des rivières est nettement perceptible lorsque qu'on demande aux usagers de définir les éléments qui participent à la dégradation de la qualité de l'eau (tableau 7).

Tableau 7. Les facteurs dégradant la qualité de l'eau86(*) par secteurs selon les usagers. N. Talaska, enquêtes de terrain, avril 2007

La présence de détritus en bord de rivière arrive en tête des éléments participant à la dégradation de la rivière, et ce pour tous les secteurs du bassin versant. De la même manière, les eaux industrielles, dans la Moyenne et Basse Azergues, sont beaucoup citées. Par ce facteur les personnes interrogées citaient souvent les rejets de teintureries et donc la coloration des eaux. Or ces types de « pollutions » sont très éloignés des critères d'évaluation de la qualité « objective ».

En bref, les usagers ne disposent pas des outils et des savoirs utilisés pour évaluer la qualité « objective » de l'eau. L'évaluation de la qualité de l'eau par les usagers se base sur le domaine du visible. Or presque tous les critères d'évaluation « objectifs » sont de l'ordre de l'invisible (température de l'eau, concentration de micropolluants, Demande Biologique en Oxygène...). Les seuls critères communs sont utilisés par certains pêcheurs qui se font une idée de la qualité en observant les populations d'invertébrés, et de poissons dans le cours d'eau. Il faut préciser que tous les pêcheurs n'observent pas la qualité de l'eau, et certains n'en ont que faire. Pour certains pêcheurs, la qualité de l'eau de la rivière passe bien après le prix de leur carte de pêche au nom de laquelle ils demandent que soient lâchés plus de truites dans la rivière. Ici l'essentiel n'est pas la qualité de l'eau mais le nombre de truites que l'on pourra pêcher87(*).

Finalement, plus que la qualité de l'eau, c'est le paysage de la rivière qui compte pour les usagers. Ce constat est peut-être aussi un biais de l'enquête qui n'a porté presque entièrement que sur des promeneurs. Toutefois cette importance accordée au paysage de la rivière, faute de disposer de savoirs et d'informations suffisantes pour que les usagers se préoccupent de la qualité de l'eau, s'illustre à travers les préoccupations d'une association locale dans la Moyenne-Azergues. L'Association Châtillon Sécurité Environnement (ASCE) à été crée après la crue de 2003. Si le but fondamental de cette association est de limiter les risques d'inondations, elle est porteuse d'une certaine représentation de la bonne qualité d'une rivière. Pour le président de l'association les dépôts de détritus végétaux et autres en bord de rivière constituent des facteurs importants de la dégradation de la qualité du cours d'eau. La présence de bois morts dans le lit de la rivière est placée sur le même plan. Les adhérents de l'association réalisent quelques fois dans l'année un reportage photographique visant à un inventaire exhaustif des « dégradations » de la rivière. Y sont photographiés des décharges sauvages et des amas de bois morts dans la rivière88(*). Le bois mort en rivière est accusé à double titre. D'une part il est susceptible d'accentuer les crues et les érosions de berges dans certains secteurs, et d'autre part, il dégrade l'image de qualité de la rivière. Lors de l'entretien, le président attirait mon attention sur des photos où l'on voyait bien les détritus accrochés aux branches des bois morts en rivière. Cette représentation de la bonne qualité de la rivière aboutit à la formulation, auprès des élus locaux, de demandes d'entretien de la rivière. Dans cette logique les travaux des « brigades de rivières »89(*) sont très bien perçus.

* 85 On pourrait même oser un raisonnement absurde. La coloration de l'eau, en limitant considérablement l'apport de lumière dans le milieu, serait susceptible de limiter les phénomènes d'eutrophisation en stoppant le processus de photosynthèse qui permet le développement des végétaux aquatiques.

* 86 Dans le questionnaire il était demandé aux personnes interrogées d'indiquer trois éléments contribuant, selon eux, à dégrader la qualité de l'eau de la rivière dans une liste qui en comprenait dix. Pour le traitement de cette variable, seul les taux de réponses supérieur à 10 % on été retenu.

* 87 Propos extrait de discussions différentes avec deux pêcheurs dans la Basse-Azergues.

* 88 Entretien avec le président de l'association.

* 89 Les brigades de rivières font partie du dispositif « brigades vertes » mis en place par le Conseil Général du Rhône en 1992 pour entretenir les chemins de promenade dans le département. Depuis 1997 le dispositif « brigades de rivières » vient en complément des « brigades vertes », et intervient spécifiquement pour l'entretien des rivières (lit, berges et zones humides). Ce dispositif à finalité `environnementale' à une importante dimension sociale puisque les agents des brigades sont des personnes en réinsertion professionnelle. Ce dispositif est largement financé par le département (87 %) essentiellement sur le budget « insertion ». L'Agence de l'Eau subventionne à hauteur de 14 %. Les communes ou leurs groupements, à qui bénéficient les travaux, ne participent qu'à hauteur de 4 %. C'est une association (Rhône Insertion Environnement) qui gère le dispositif pour le département depuis 2000. Source : Conseil Général du Rhône. (Page consultée le 04 juin 2007). Dispositif des brigades vertes (rapport au Conseil Général dans le cadre de la dotation financière 2007), [En ligne]. Adresse URL : http://www.rhone.fr

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