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Les obstacles à la bonne qualité de l'eau dans les rivières péri-urbaines. L'exemple du bassin versant de l'Azergues (Rhône)

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par Nicolas Talaska
Université Lumière Lyon 2 - Maîtirise de géographie 2007
  

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Chapitre 3 . Présentation du terrain d'étude

Affluent de la Saône, l'Azergues s'écoule dans le sud du Beaujolais entre la bordure orientale du Massif Central et la vallée de la Saône. C'est le plus important affluent de la Saône dans le département du Rhône. Depuis ses sources, dans les montagnes Beaujolaises, l'Azergues parcourt un peu plus de 60 kilomètres à travers les collines du Bas Beaujolais puis la plaine de la Saône avant de rejoindre l'affluent du Rhône à quelques kilomètres au sud de Villefranche-sur-Saône. Deux principaux affluents gonflent le débit de l'Azergues autant qu'ils augmentent la superficie de son bassin versant : Le Soanan et la Brévenne. Le Soanan rejoint l'Azergues dans la partie médiane du bassin versant après un parcours de 18 kilomètres au nord des Monts de Tarare. La Brévenne, gonflée dans sa partie aval par les eaux Tararoise de la Turdine, s'écoule dans les Monts du Lyonnais et conflue avec l'Azergues à l'amont de Lozanne. Ce réseau hydrographique en `Y', dont les branches très ouvertes sont orientées nord nord-ouest sud sud-est pour l'Azergues et sud-ouest nord-est pour la Brévenne, confère à l'Azergues un vaste bassin versant étendu sur 875 km², soit le quart de la superficie du département du Rhône.

Le terrain d'étude retenue ici est le bassin versant de l'Azergues sans le sous-bassin Brévenne-Turdine. Ce choix s'est fait pour des raisons pratiques afin de limiter un terrain d'étude sinon trop étendu, mais aussi et surtout parce que le bassin versant de l'Azergues est concerné par un contrat de rivière engagé depuis 2003. Cet instrument donne ainsi un cadre cohérent pour la gestion de l'eau en fédérant un certain nombre d'acteurs sur des objectifs communs. Le bassin de l'Azergues est aussi un territoire particulier par sa proximité avec l'agglomération lyonnaise. Soumis plus ou moins fortement à un processus de périurbanisation (l'aval beaucoup plus que l'amont), la question de la qualité de l'eau ne se pose pas de la même manière selon les territoires du bassin versant.

Le secteur ainsi délimité s'étend sur 450 km² et comprend une cinquantaine de communes pour une population d'environ 50 000 habitants. La limite ouest du bassin versant jouxte la ligne de partage des eaux des bassins rhodanien et ligérien. La Saône marque la limite est du bassin. La limite sud correspond à la vallée de la Turdine, axe de transition entre le Beaujolais et le Lyonnais. Au nord, la limite correspond aux têtes de bassins versant de quatre autres rivières du Beaujolais : l'Ardières, la Vauxonne, le Nizerand, le Mérioux.

Figure 2. Localisation du bassin versant de l'Azergues dans la région lyonnaise. Source : Région Urbaine de Lyon. Auteur : N. Talaska, 2007

Le réseau hydrographique du bassin versant de l'Azergues se caractérise par la forte densité du chevelu (voir la carte à l'annexe n° 2). Une cinquantaine de petits ruisseaux, à écoulement pérenne ou pas, drainent des bassins de taille réduite. Les plus importants d'entre eux n'excèdent pas 18 km². Ce réseau de petit chevelu constitue 70 % des 260 kilomètres du linéaire total des cours d'eau du bassin versant de l'Azergues. Ces affluents sont beaucoup plus nombreux dans la partie amont et médiane du bassin versant. Le substrat géologique cristallin imperméable favorise l'écoulement de surface. Les affluents sont assez rares dans la partie aval du bassin versant de nature sédimentaire. Il faut enfin rajouter à ce linéaire `naturel' une vingtaine de biefs encore en eau hérités de l'important usage hydraulique de l'Azergues jusqu'au milieu du XXème siècle.

Tout au long de son parcours l'Azergues traverse des territoires très diversifiés. Le bassin versant peut se différencier en trois entités géographiques distinctes se succédant de l'amont vers l'aval (figure 3) :

Les Monts du Beaujolais forestier et faiblement peuplés

Les collines viticoles du bas Beaujolais très peuplées

La vallée de la Saône agricole et densément peuplée

Figure 3. Occupation des sols et relief du bassin versant de l'Azergues. Un territoire contrasté de l'amont à l'aval

Avant de présenter chaque secteur du bassin versant de l'Azergues, il est nécessaire de replacer ce territoire dans le cadre de l'aire urbaine lyonnaise. La deuxième agglomération de France joue un rôle important dans les dynamiques qui affectent le sud du Beaujolais.

1. Le bassin versant de l'Azergues un territoire contrasté sous l'influence de l'agglomération lyonnaise.

L'Azergues et ses affluents constituent un territoire à la cohérence naturelle qui sert d'espace d'intervention pour la gestion de l'eau dans le cadre d'un contrat de rivière. Ce territoire cohérent par son fonctionnement hydrologique se montre très contrasté dans son organisation socio spatiale. L'influence des dynamiques périurbaines émises par la deuxième agglomération de France est le principal facteur de cette distinction.

L'observation de quelques indicateurs socio-économiques (tableau 1) révèle une différenciation spatiale plus ou moins importante du bassin versant de l'Azergues. La croissance démographique par apport migratoire est plus importante de l'amont vers l'aval, les populations sont plus âgées de l'amont vers l'aval, elles sont aussi plus riches à l'aval qu'à l'amont, et la Basse-Azergues concentre 65 % des établissements économiques du bassin versant. A cela s'ajoute la spécialisation agricole de chaque secteur (carte de l'annexe 3). Le décalage temporel et spatial de la dynamique périurbaine est à l'origine de la différenciation socio-spatiale du bassin versant

 
 
 
 

Tableau 1. Exemples des contrastes socio-démographiques des territoires du bassin versant de l'Azergues. Source : Insee RGP 1999, Géoclip. Auteur : N. Talaska, 2007. (La distinction du BV par secteurs est présentée dans la figure 20)

Depuis le début des années 1970, la population du bassin versant connaît un très fort accroissement démographique. La population a doublé en 40 ans, passant de 32 000 habitants en 1962 à plus de 63 600 en 1999. Ce constat général est très contrasté en fonction de chaque secteur. Alors que la Basse-Azergues a connu une explosion démographique dès la fin des années 1960, la Haute-Azergues a continué de perdre des habitants jusqu'au début des années 1980. La Moyenne-Azergues se place en position intermédiaire avec un gain démographique constant depuis 1962 mais inférieur à celui de la Basse-Azergues. On observe ainsi un gradient d'accroissement démographique aval-amont. Mais la tendance la plus singulière est la diffusion de cet accroissement depuis l'aval vers l'amont.

La figure 4, montre bien une concentration spatiale de `l'explosion démographique' dans la Basse-Azergues au cours de la période 1962-1999. On voit aussi nettement l'opposition entre l'amont qui perd des habitants et l'aval qui en gagne beaucoup. Mais la tendance récente (1990-1999) met en lumière une baisse relative de l'accroissement démographique dans la Basse-Azergues au profit de la Moyenne-Azergues et secondairement de la Haute-Azergues. Cette diffusion démographique vers l'amont du bassin versant est le résultat de la constitution d'une deuxième couronne périurbaine autour de l'agglomération lyonnaise (Charmes, 2007).

Les grandes métropoles françaises sont entourées d'une couronne périurbaine non homogène dans leurs dynamiques d'urbanisation. Les espaces ruraux les plus proches de l'agglomération ont accueilli les premières grandes vagues d'urbanisation périurbaine. L'important mouvement de construction résidentielle génère, à un moment donné, une dénaturation du cadre de vie rural que recherchaient les populations qui s'y sont installées. Ces nouvelles populations s'intègrent petit à petit dans la vie locale et prennent une place de plus en plus importante dans les conseils municipaux. Elles font alors prévaloir leurs attentes et notamment celles ayant trait à la conservation de leur cadre de vie qu'ils voient menacé par l'urbanisation croissante. Les volontés de restreindre l'urbanisation se traduisent alors dans les Plan Locaux d'Urbanisme (PLU) et, à une échelle plus large, dans les Schémas de Cohérence Territorial (SCOT). Ce « malthusianisme foncier » contraint donc la construction résidentielle dans ces espaces alors que les désirs d'habitat à la campagne proche de la ville ne diminuent pas. Le résultat est un report de la périurbanisation dans des espaces de plus en plus éloignés de la ville : c'est la deuxième couronne périurbaine45(*).

La diffusion de l'urbanisation de l'aval vers l'amont du bassin versant de l'Azergues peut être interprétée selon ce schéma. A l'échelle de l'aire urbaine de Lyon (figure 5), et en ne considérant que l'ouest lyonnais, on remarque que pour la période 1962-1999, les communes qui ont enregistré les taux d'évolution annuel moyen les plus forts forment un arc proche de Lyon d'une dizaine de kilomètres de large allant des communes de la Basse-Azergues au sud de Vienne. Sur la période 1990-1999, cet arc est encore perceptible mais il a sensiblement changé de forme. Il s'est écarté de Lyon et sa partie nord présente une excroissance orientée vers l'ouest. Cette excroissance concerne amplement les communes de la Moyenne-Azergues. On voit donc bien que la diffusion démographique, et donc de l'urbanisation, de l'aval vers l'amont du bassin versant de l'Azergues est liée à la dynamique périurbaine de l'agglomération lyonnaise d'une part, et probablement liée au « malthusianisme foncier » des communes de l'ouest lyonnais46(*) qui génère un transfert de l'urbanisation dans la Moyenne-Azergues, d'autre part.

Figure 4. Evolution de la population des communes du bassin versant de l'Azergues

Figure 5. Evolution de la population des communes de l'aire urbaine de Lyon

Donc on retrouve dans le bassin versant de l'Azergues une distinction démographique et urbaine entre trois secteurs sous le contrôle de la dynamique périurbaine de l'agglomération lyonnaise. La Basse-Azergues a très tôt enregistré les fortes évolutions démographiques dues aux premières grandes vagues de périurbanisation au début des années 1970. Le mouvement de périurbanisation continuant, et sous l'effet d'une saturation foncière, les nouvelles populations s'installent dans la Moyenne-Azergues et secondairement dans la Haute-Azergues. Il y a donc dans le bassin versant de l'Azergues un décalage spatial et temporel du mouvement de périurbanisation. Ce décalage explique la différenciation socio-spatiale du bassin versant. Cette distinction se retrouve assez bien dans les récents regroupements intercommunaux. La Communauté de Communes de la Haute Vallée de d'Azergues regroupe une bonne partie des communes du secteur de la Haute-Azergues. La Communauté de Communes des Pays du Bois d'Oingt regroupe presque toutes les communes de la Moyenne-Azergues. Le secteur de la Basse-Azergues est concerné par la Communauté de Communes du Beaujolais Saône Pierres Dorées et une autre comprend trois communes autour de Lozanne (annexe n°4).

Ces dynamiques démographiques et urbaines contribuent à l'intégration de certains territoires du bassin versant de l'Azergues à l'agglomération lyonnaise. Ainsi, selon la classification de l'Insee, plus des trois quarts des communes du bassin versant font partie de l'aire urbaine de Lyon. Celle-ci regroupe l'unité urbaine lyonnaise et sa couronne périurbaine47(*). Toutes les communes de la Basse-Azergues font partie de l'unité urbaine de Lyon et les autres communes de la Moyenne-Azergues font partie de la couronne périurbaine. Les communes de la Haute-Azergues restent des communes rurales. En terme de politique d'aménagement du territoire toute la Basse-Azergues et une partie de la Moyenne-Azergues sont concernées par la Directive Territoriale d'Aménagement (DTA) de l'aire métropolitaine lyonnaise. Enfin un débat illustre bien l'intégration progressive de la Basse-Azergues à l'agglomération Lyonnaise. Lors d'un entretien dans la presse régionale avec Dominique Perben (ancien ministre des transports, vice président du Conseil Général du Rhône et candidat aux élections municipale de Lyon) un journaliste l'interrogeait ainsi : « Vous êtes candidat à la mairie de Lyon (en 2008), en cas de victoire quelle sera votre attitude par rapport au Beaujolais ? La plaine des Chères va-t-elle conserver son rôle de "zone  tampon" ? Ou bien, l'incorporation au Grand Lyon du sud Beaujolais est-elle inéluctable comme pour Givors ? »48(*). Et celui-ci de répondre : « Ce débat est largement aujourd'hui dans les mains des élus du sud Beaujolais qui doivent l'aborder clairement avec les populations qu'ils représentent, s'ils le souhaitent ». A travers cette question resurgit un débat récurrent : celui du désajustement entre les territoires institutionnels de l'agglomération Lyonnaise et les espaces fonctionnels dépendant de l'agglomération mais dépassant largement ses cadres administratifs. En clair, les dynamiques démographiques, urbaines et économiques du sud du Beaujolais sont largement liées à l'agglomération lyonnaise, mais ces territoires restent gérés selon des logiques institutionnelles `Beaujolaises' et non Lyonnaises.

Figure 6. Le bassin versant de l'Azergues dans l'aire urbaine de Lyon

* 45 CHARMES (E.), 2007, « Le malthusianisme foncier », Etudes foncières, n°125, pp. 12-16

* 46 « Le Scot Ouest Beaujolais prévoit de maintenir une bande non construite d'au moins 600 mètres entre chaque commune. De même, il affirme la nécessité de préserver l'activité agricole afin de dresser un obstacle supplémentaire à l'encontre de l'urbanisation ». CHARMES (E.), ibid.

* 47 L'aire urbaine comprend le pôle urbain de Lyon (unité urbaine de plus de 5 000 emplois) et les communes de la couronne périurbaine (40% des actifs travaillent dans le pôle urbain contiguë à la couronne périurbaine).

* 48 Le patriote Beaujolais. (Page consultée le 10 février 2007). Projets autoroutiers : le Beaujolais ne veut pas être une voie de secours, [En ligne]. Adresse URL : http://www.lepatriote.com

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