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Les obstacles à la bonne qualité de l'eau dans les rivières péri-urbaines. L'exemple du bassin versant de l'Azergues (Rhône)

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par Nicolas Talaska
Université Lumière Lyon 2 - Maîtirise de géographie 2007
  

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2. La Haute-Azergues, les Monts du Beaujolais forestier et faiblement peuplés

Constituant la bordure orientale du Massif Central, les moyennes montagnes du Beaujolais, (900 mètres en moyenne), forment une barrière aux formes trapues orientée nord sud sur près de 90 kilomètres de long depuis les confins du Mâconnais, au nord, jusqu'au Massif du Pilat au sud. La ligne de crête de ces montagnes constitue la ligne de partage des eaux entre les bassins ligérien et rhodanien. Le haut bassin de l'Azergues fait partie de la montagne Beaujolaise à dominante cristalline. L'altitude moyenne est de 700 m et la particularité du relief réside dans l'opposition entre les formes sommitales adoucies et les entailles du réseau hydrographique. L'Azergues s'encaisse ici dans la masse rocheuse et sa vallée se réduit à un étroit sillon. La multitude de ruisseaux affluents, aux régimes torrentiels, forme autant de valons qui dissèquent le relief perpendiculairement à l'exutoire.

2.1 De la polyculture élevage à la sylviculture : les conséquences sociales et environnementales du passage d'une agriculture de subsistance à une culture à forte rentabilité économique

Le haut bassin de l'Azergues ainsi que la partie amont du bassin du Soanan sont marqués par l'importance du couvert forestier. Dans le cadre du Pays Beaujolais, ce secteur du bassin fait partie de l'appellation touristique « Beaujolais Vert ». Couleur donnée pour l'omniprésence de la forêt mais aussi des prairies. Le taux de boisement dépasse parfois 60 % de la surface communale (Claveisolles, Saint-Nizier-d'Azergues, Valsonne) et s'élève à 51 % pour les 10 communes du canton de Lamure-sur-Azergues. Les surfaces non boisées sont des prairies servant de pâtures aux troupeaux de bovins, ovins et caprins. Elles occupent de manière privilégiée les fonds de vallées humides. Quelques surfaces cultivées assurent essentiellement du fourrage pour le bétail.

La forêt majoritairement privée est une source d'activité économique industrielle et agricole (exploitation forestière, sciage et transformations du bois). On peut citer, à titre d'exemple, la société Provvedi dont le siège se situe à Saint-Nizier-d'Azergues. Cette société emploi 79 salariés au sein de 5 sociétés dont l'ensemble constitue une filière bois intégré verticalement allant de la préparation des sols forestiers à la vente de maisons en bois. La société possède 2 scieries parmi les 15 réparties dans la haute vallée de l'Azergues49(*).

La sylviculture n'a pas toujours été un marqueur du paysage comme elle l'est aujourd'hui. Les surfaces boisées ont pris de l'importance au fur et à mesure de l'exode rural qui a fortement touché les monts du Beaujolais. La sylviculture a peu a peu remplacée un système de polyculture-élevage voué à une agriculture de subsistance. Le Douglas est l'essence majoritaire des plantations. Importé d'Amérique au milieu du XIXème siècle, le Douglas trouve dans les petites montagnes Beaujolaise des conditions écologiques idéales. Cette essence à la croissance rapide est bien adaptée à l'exploitation forestière. L'arbre fournit des fûts exploitables en 60 ans. La production de bois ne cesse de gagner en surfaces plantées et les essences résineuses composent les ¾ des surfaces boisées aujourd'hui. Ces changements de boisements reflètent la forte rentabilité de la filière bois au détriment des chênaies mixtes et hêtraies autrefois intégrées aux terroirs agricoles des sociétés locales.

Le passage d'une agriculture de subsistance à la domination d'une culture à forte rentabilité économique illustre la mutation des territoires des montagnes Beaujolaise. Dans une monographie géo-historique de la commune de Valsonne, l'auteur50(*) décrit avec une certaine amertume la mutation, au cours du XXème siècle, des sociétés rurales traditionnelles fortement attachées à leur territoire. L'essor de la sylviculture est tout autant la cause que la conséquence des ces changements. En 80 ans les surfaces boisées ont triplé, passant de 20 % de la surface communale au début du XXème siècle à 65 % au milieu des années 1980. L'essor des boisements de résineux fait non seulement disparaître les espaces agricoles qui faisaient vivre les familles au prix d'un travail ardu de la terre, mais il modifie aussi profondément la structure de la propriété foncière. Alors que les espaces agricoles `traditionnels' appartenaient aux familles du village, aujourd'hui 60 % des propriétaires forestiers sont extérieurs à la commune. Le Douglas incarne cette mutation des territoires. Cette critique de la sylviculture se retrouve dans le discours d'un homme de 80 ans lors d'une discussion sur la qualité de l'eau de l'Azergues. Pour lui le débit de la rivière est un facteur important de la bonne qualité de l'eau. Or, aujourd'hui, le débit lui semble moindre et il l'explique en partie à cause de la culture du Douglas. Pour lui, cette essence assèche les sources dans les montagnes. « Le Douglas pompe l'eau des sources ». Par ailleurs le remplacement des boisements de feuillus par les résineux a réduit les possibilités de cueillette de champignons. Le débit des rivières et les possibilités de pêche ainsi que l'abondance de champignons dans les forêts sont des indicateurs de la qualité environnementale plusieurs fois cités lors de discussions avec des personnes de plus de 60 ans.

Enfin la sylviculture est identifiée comme une source de « pression importante » dans l'état des lieux des milieux aquatiques du bassin Rhône Méditerranée Corse (RMC)51(*). La sylviculture est considérée comme une espèce invasive au même titre que la Renouée du Japon. L'extension sylvicole est également considérée comme un facteur de « fermeture du paysage » dans l'étude des milieux terrestres du contrat de rivière52(*).

Malgré l'omniprésence de la sylviculture, l'élevage reste important. Il représente un cheptel de 18 000 têtes soit 80 % du cheptel total du bassin versant. Les bovins sont les plus nombreux avec 9 500 têtes devant les ovins, 6 000 têtes, et les caprins, 2 500 têtes. Dans toutes les communes de la Haute-Azergues l'élevage est l'orientation technico-économique dominante53(*).

* 49 Société Provvedi. (Page consultée le 20 février 2007). François Provvedi : scierie Douglas, [En ligne]. Adresse URL : http://www.provvedi.fr

* 50 RENDU (G.), 1987, Valsonne en 80 ans ou la grande mutation du 20ème siècle à l'échelon d'un village des Monts du Beaujolais, 286 p.

* 51 Agence de l'Eau Rhône Méditerranée Corse, 2005, Etat des lieux : Bassin du Rhône et des cours d'eau côtiers méditerranéens, caractérisation du district et registre des zones protégées, annexe géographique, territoire Bourgogne et Beaujolais.

* 52 ACER CAMPESTRE, 2001, expertise et propositions relatives aux milieux naturels terrestres, Etude volet B contrat de rivière Azergues.

* 53 AGRESTE, Recensement Agricole 2000.

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