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Dépenses Militaires, Gouvernance et Efficience Economique: le cas de l'Afrique sub-Saharienne

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par Thérèse Félicitée AZENG
Université de Yaoundé 2-SOA - DEA 2008
  

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b) Les conséquences sur l'emploi et l'investissement.

L'effet des dépenses militaires sur la croissance agrégée se fait aussi ressentir par l'intermédiaire de l'épargne et de l'investissement. Ce sont les ressources disponibles pour l'investissement, issues principalement de l'épargne, qui sont le plus touchées. Selon Berthelemy et al, trois composantes de l'épargne nationale sont alors susceptibles d'être affectées :

· Les déficits budgétaires se creusent et l'épargne publique est amputée.

· L'épargne étrangère est en partie affectée à l'importation d'armement au détriment des biens d'équipement.

· La propension du secteur privé à épargner est réduite à mesure que la consommation augmente pour compenser le désengagement de l'Etat en matière de social et d'économie.

Néanmoins, les dépenses militaires présentent l'avantage d'instaurer un climat de sécurité, condition sine qua non de l'investissement et de la croissance économique. La sécurité, en ce qu'elle inspire confiance aux investisseurs, est propice à l'augmentation de la productivité. De même, les dépenses militaires peuvent avoir des retombées positives sur l'investissement lorsqu'elles entraînent une amélioration des infrastructures et encouragent des activités de production qui ajoutent à l'activité économique civile (Bertelemy et al, 1994). Dans le même ordre d'idée, Hartley (2006) énumère quelques avantages économiques possibles des dépenses militaires, du fait notamment que :

o la défense fournit des technologies directes nouvelles et des avantages supplémentaires qui, appliqués au secteur civil, peuvent stimuler la croissance.

o dans les pays en voie de développement en particulier, les dépenses militaires peuvent encourager la croissance, à condition qu'une partie de ces dépenses soit utilisée pour fournir des infrastructures sociales (aéroports, voies de communication, routes, ponts...).

o les dépenses militaires garantissent la protection aux citoyens d'une nation où la sécurité, intérieure et extérieure, encourage les échanges commerciaux avec le reste du monde.

Toutefois comme le précise Hartley (2006), d'autres dépenses publiques et privées peuvent fournir ces mêmes avantages. En particulier, la R-D privée induit des technologies nouvelles et même des avantages supplémentaires (véhicule, pharmaceutiques...). En outre, les pays en voie de développement peuvent créer des infrastructures grâce aux dépenses publiques civiles. Enfin, les éléments de sûreté nationale et de maintien de la paix procurent la sécurité interne et externe requise pour le développement des échanges et du marché.

Smith (1980) réalise une étude sur les dépenses militaires et l'investissement dans 14 grandes nations de l'OCDE durant la période 1954-1973. Se servant de séries temporelles, de coupes croisées (cross section) et des données de panel, il trouve un effet négatif des dépenses militaires sur l'investissement, avec un coefficient des dépenses militaires différent de -1.31(*) Dans le même temps, Erdogdu (2006) se sert du modèle théorique développé par Blomberg (1996), l'applique à la Turquie, et aboutit au résultat selon lequel les dépenses militaires ont un impact positif sur les investissements privés, et donc sur la croissance économique du pays.

Il a été longtemps admis que les dépenses militaires contribuaient à stimuler l'activité économique, l'emploi et permettait d'augmenter la demande globale avec des retombées supplémentaires dans le secteur civil (Atesoglu and Mueller 1990; Benoit 1973; Ward et al. 1992), ou que l'argent dépensé dans le secteur militaire a les mêmes effets que s'il était dépensé ailleurs (Gold 1990; Seiglie 1996), surtout si l'on tient compte des facteurs politiques du pays considéré (Erdogdu, 2006).

Cependant, dans des études récentes, il a été démontré que les dépenses militaires ont un effet néfaste sur le développement économique des pays, notamment parce que les investissements militaires sont improductifs et que les ressources engagées pourraient être utilisées dans des activités civiles (Bjerkestrand 1997; Cappelen et al. 1984; Gleditsch et al. 1994; Knight et al. 1996; Landau 1996; Oden 1988). Ceci est particulièrement vrai pour les pays en développement où les ressources sont la plupart du temps rares (Adeola 1996; Berthelemy et al. 1995; Deger 1986; Deger and Smith 1983; Dunne and Mohammed 1995; Gyimah-Brempong 1989; Krause 1997).32(*)Pendant les périodes de fort chômage, un pays, quelque soit son niveau de développement, peut ressentir les effets stimulateurs des dépenses militaires, c'est-à-dire que les dépenses militaires ajoutent à la demande agrégée dans l'économie (Hartley, 2006). Dans les pays à faible capacité d'absorption, le facteur capital humain n'est pas à négliger. L'armée est parfois la seule orientation qui leur permette d'obtenir une formation, et dans une économie où le taux de chômage est élevé, l'armée peut remplir une fonction utile (Berthelemy et al. 1994).

Le développement et surtout la promotion du capital humain sont extrêmement importants dans les pays en developpement. Les forces armées nationales sont pourvues en nourriture, en éducation, en formation professionnelle et en discipline, et certains de ces avantages peuvent profiter à la force de travail du secteur civil. Toutefois, les programmes civils de dépenses publiques peuvent stimuler une économie de sous-emploi (construction de routes, ponts, chemin de fer) et d'autres types de dépenses publiques puissent tout aussi bien stimuler l'économie. Par ailleurs, les populations peuvent bien être éduquées et formées dans des institutions civiles, publiques ou privées (Hartley, 2006).

Oden (1988) affirme que les dépenses militaires impliquent des coûts significatifs en terme d'emploi parce que les dépenses militaires génèrent très peu d'emploi, comparativement à des dépenses dans d'autres secteurs publics, et de plus la plupart des investissements militaires sont employés pour le matériel militaire et non pas aux ressources humaines.

Certains économistes qui concèdent des effets positifs des dépenses militaires sur l'économie, se sont insurgés contre la réduction des dépenses militaires, affirmant qu'elle diminuerait le PIB et augmenterait le chômage. Intriligator (1996) rejette ces conclusions en montrant que les conséquences négatives d'une réduction des dépenses militaires ne valent que dans le court terme et sont d'ampleur assez limitée. Dans le long terme, la réduction des dépenses militaires montre des résultats largement positifs, tels que l'accroissement de l'épargne et l'investissement.33(*)

Bien que les opposants à la réduction des dépenses avancent que cela conduirait à augmenter le chômage, Dunne et Smith (1984) montrent qu'en utilisant moins de 1,5% du PIB dans la défense, et en maintenant constantes les dépenses publiques totales, le Royaume-Uni aurait pu s'accroître de 100.000 emplois. D'autres études ne trouvent aucun effet d'une réduction des dépenses militaires sur l'emploi. Cependant à long terme, les effets ne devraient pas être négatifs mais positives, lorsque les autres secteurs auraient absorbé la force de travail (Gleditsch et al. 1994). Pour le cas particulier des pays en développement, Cappelen et al. (1992) et Gleditsch et al. (1994) indiquent que l'intensité du travail dans le secteur militaire est plus faible que dans les autres secteurs publics. De là, la conversion des ressources de la défense vers l'éducation ou la santé, par exemple, devrait produire dans l'ensemble des effets positifs sur l'emploi.

* 31C'est-à-dire qu'une augmentation de la part des dépenses militaires dans le PIB induirait à une réduction de 1% de la part des investissements.

* 32 Même si ces études essayent toutes de mesurer les effets des dépenses militaires sur l'économie, les auteurs s'accordent généralement sur le fait que c'est une tâche assez difficile à cause de la complexité dans le calcul et la mesure de la croissance économique (Schjolden, 2000).

* 33 C'est le débat sur la conversion des dépenses militaires.

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