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Assurer un accès à l'eau et à l'assainissement par la coopération décentralisée, le cas de Villa El Salvador et Rezé

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par Claire Gaillardou
Sciences Po Bordeaux - DESS Coopération Internationale et Développement 2005
  

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Conclusion : Bilan des apports de la coopération : quels gains de réciprocité pour les deux communes ?

Au cours de notre recherche pour parvenir à la rédaction de ce mini-mémoire, il a souvent été question par des témoignages ou des articles, d'une réciprocité de coopération entre Villa El Salvador et Rezé. Nous avons donc souhaité en guise de conclusion de cette étude de cas concret, faire le bilan des apports de la coopération entre les deux villes en termes de réciprocité.

Cependant, au terme de cette étude, il apparaît difficile de parler de réciprocité dans le seul cadre du développement de l'accès à l'eau ou à l'assainissement. En effet, aucune action visant le développement de l'accès à l'eau ou à l'assainissement n'a été à l'ordre du jour pour la seule commune de Rezé ou même pour Nantes Métropole. Les échanges ont existé certes en termes d'apport pour les deux communes mais pas sur la thématique propre que nous avions initialement choisie pour l'élaboration de ce mini-mémoire. Ainsi, en termes de bilan, les rapports de coopération se sont à la fois consolidés et diversifiés entre Rezé et Villa El Salvador. Comme nous l'avons vu, il s'agit d'une coopération technique et financière au départ classique, où cependant la ville de Rezé n'est pas l'acteur principal mais assume un rôle de bailleur de fonds et d'accompagnateur.

Cette coopération a évolué pour répondre de plus en plus à des préoccupations sociales. Les projets sont le fruit d'une longue concertation et d'une préparation très poussée. Ils émanent d'une demande locale bien précise et sont conçus pour permettre aux acteurs locaux de devenir autonomes.

Le besoin de suivi, mal soupesé au départ, tout comme une contractualisation formelle des liens, est néanmoins fortement ressenti pour garantir la réussite des projets. La présence d'un coopérant français permet d'assurer un lien plus suivi malgré la distance. Celle-ci est en effet un handicap dans la coopération avec l'Amérique latine car elle engendre un coût important et un problème de communication.

Comme nous l'avons compris, notamment par les témoignages des autorités de Villa El Salvador, c'est par ailleurs une coopération délicate dans le contexte politique péruvien des années 1980 et 1990, entre la violence du Sentier lumineux et l'autoritarisme d'un gouvernement soucieux de privatiser chaque maillon de l'économie, tolérant mal les initiatives populaires et associatives.

Le comité VES54(*) de Rezé a été de plus en plus impliqué dans le projet, établissant des liens moins formels, basés sur la confiance et l'amitié, entre les deux populations. Les contacts se font au travers du journal municipal, de fêtes, d'échanges scolaires, et des liens se créent de personne à personne.

Mais cependant l'international n'est guère au coeur des préoccupations majeures des habitants, même si au travers de ces courts échanges, il y a une plus grande ouverture sur d'autres cultures et d'autres modes de vie. Le dernier projet55(*), par exemple, était plus facilement abordable car les problèmes rencontrés par les jeunes Péruviens sont proches de ceux des jeunes Français (drogue, scolarité, emploi...). Néanmoins en ce qui concerne l'accès à l'eau et à l'assainissement, il est clairement difficile de mettre sur un pied d'égalité deux métropoles du Sud et du Nord et impossible de corréler leurs besoins actuels respectifs.

Ainsi, ce qu'on reçoit n'est pas de même nature que ce que l'on apporte. Les liens créés entre les deux populations contribuent à nourrir le tissu social de Rezé, et le dynamisme des habitants de Villa El Salvador offre un exemple idéal de mobilisation et de solidarité pouvant inspirer le développement local en France; exemple cependant difficilement reproductible à Rezé, où les services ont une longue existence56(*). Il est intéressant de noter les effets de cette élaboration des services à Villa El Salvador qui, au fur et à mesure qu'ils se mettent en place, peuvent en venir à démobiliser une population qui se replie sur elle-même. D'un autre côté, l'absence de suivi et de professionnalisme techniques rigoureux dans le premier projet en a limité le succès. Cette recherche d'un équilibre de part et d'autre constitue peut-être bien un enjeu commun.

Le cas extrêmement positif de la coopération décentralisée initiée entre Villa El Salvador et Rezé n'est pas une exception mais pourtant des actions comme celle la sont encore trop peu valorisées.

Atteindre les objectifs du millénaire sur l'eau, nécessiterait un investissement de 180 milliards de dollars par an. La coopération décentralisée peut-elle changer la donne ? Non, au regard des faibles budgets mobilisés aujourd'hui par les collectivités locales. Oui, pourtant, au regard de leurs compétences techniques et administratives. Fortes de leurs bilans, elles font pression sur les Etats du Nord pour qu'ils mettent la main au portefeuille. Sans grand succès jusqu'à présent. Mais au moins, lors du Forum mondial de l'eau, à Mexico57(*), les villes et gouvernements locaux se sont-ils vu reconnaître par les gouvernements centraux comme des acteurs incontournables.

De même, la loi Thiollière de 2007, qui conforte et élargit la loi de 1992, a fait de l'action internationale une compétence à part entière des collectivités territoriales et permet une grande liberté d'initiative, y compris dans les cas d'urgence.

Comme le souligne Miguel Azcueta : « Le développement intégral passe par la solidarité, par le lien entre les différentes sphères de développement58(*) », accepter de confier le développement à des acteurs diversifiés qui font gage comme Rezé de compétences techniques et financières de plus en plus assuré n'est donc aujourd'hui plus un acte anecdotique d'échange culturel mais bien une coopération décentralisée efficiente.

Plus qu'un espoir, en 2008, l'ancien Secrétaire général des Nations Unies, M. Koffi Annan, soulignait, auprès d'une délégation d'élus de Cités et Gouvernements locaux unis, que la réussite des OMD dépendrait pour 70 % des collectivités territoriales.

* 54 Le comité VES est le comité propre à la coopération de Rezé avec Villa El Salvador.

* 55 Cf. première partie, le dernier projet social est celui de la Casa Alternativa Joven.

* 56 Il serait aujourd'hui intéressant de mesurer les apports de réciprocité en termes d'enjeux sociaux et notamment de transfert de mécanismes de démocratie participative.

* 57 Le 4ème forum mondial de l'eau, organisé tous les 3 ans par le Conseil mondial de l'eau, réunit l'ensemble des acteurs impliqués dans le domaine de l'eau et de l'assainissement. Il constitue l'occasion unique de partager expériences et réflexions afin d'influencer les politiques de l'eau. Il s'est tenu en 2006 à Mexico.

* 58 FRECHETTE Lucie, 2001, Quand la jeunesse est conviée à venir bâtir la cité, entrevue avec Michel Azcueta, NPS volume 14, numéro 2.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery