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Contribution aux stratégies de communication pour l'éradication de l'infanticide rituel en milieu Baatonu de Bori, commune de N'Dali

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par Y. Vitalien Raoul ADOUKONOU
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Maîtrise 2007
  

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IV-3 Les causes liées à la persistance de la pratique.

Malgré les actions des personnes et structures pour éradiquer le rejet et l'élimination des enfants nés en contradiction avec les normes sociales, la crainte des enfants sorciers persiste à Bori et reste vivace dans les mentalités. Elle se manifeste aussi dans la vie quotidienne des populations.

La recherche sur le terrain et l'analyse des actions des ONG qui luttent contre la pratique nous ont permis d'identifier les principales causes liées à la persistance de la croyance.

Pour nombre de personnes, c'est l'analphabétisme qui est la principale cause de la persistance de la pratique avec ses corollaires de croyance aveugle en la tradition et d'attachement obstiné à la coutume.

Les principales causes révélées par l'étude sur le terrain sont les suivantes :

- fort taux d'analphabétisme ;

- croyance en des forces surnaturelles ;

- non urbanisation de la localité ;

- pratique fortement ancrée dans les mentalités ;

- méconnaissance d'autres réalités par les populations ;

- ignorance ;

- incapacité d'expliquer des phénomènes extraordinaires ;

- pression sociale sur les jeunes couples ;

- indiscrétion des couples ;

- Les populations n'ont pas la preuve de l'invulnérabilité des enfants sorciers.

A ces causes s'ajoutent les faiblesses décelées dans les actions des structures :

- les ONG ne sont pas décentralisées ;

- les cibles ne sont pas clairement définies ;

- les actions sont globalisantes ;

- aucune action directe n'est faite vers les jeunes notamment les élèves ;

- les enseignants ne sont pas impliqués dans la lutte ;

- les canaux traditionnels de communication ne sont pas exploités dans la lutte contre la pratique ;

- l'inexistence de partenariat avec les autres structures qui interviennent à Bori ;

- les actions de sensibilisation sont sporadiques ;

- l'insuffisance des moyens financiers, matériels et humains ;

- les messages ne sont pas concrets ;

- l'inexistence de matériels éducatifs pour la sensibilisation ;

- la non utilisation des supports matériels au cours des séances de sensibilisation.

IV- 4- Fondement de la pratique

L'homme est sûr de l'avènement d'un fait dans sa vie : sa mort. Cette évidence est ce qui lui fait le plus peur et son attente crée une profonde anxiété. Paradoxalement à l'évidence de la mort, la chose à laquelle l'être humain tient le plus est sa vie. Pour la préserver, il est capable de tout. S'il lui était possible de la prolonger, sans aucune hésitation il le ferait. Aussi, est-il capable, pour préserver sa vie, d'arracher celle de son semblable si la vie de ce dernier menace la sienne. Les juristes parlent de légitime défense.

C'est pareil en milieu baatonu. L'infanticide rituel est perçu comme de la légitime défense. C'est en termes clairs, une élimination préventive. En effet, la plupart des personnes interrogées, mêmes celles qui luttent contre la pratique, affirment que c'est dans le souci de préserver des vies innocentes que les enfants sorciers sont éliminés ou rejetés. Les tenants de cette pratique croient être en face d'un dilemme : soit c'est l'enfant dit sorcier qui passe, soit c'est eux. Le choix est donc très facile à faire. Cette réflexion du vieux Doko Boumba Kora, l'une des premières personnes à commencer la lutte à N'DALI est plus qu'édifiante :

« Quand l'on vous assure que le bébé qui est né avec les caractéristiques d'un enfant sorcier porte toujours malheur, est-ce que vous avez le choix ? Dans la famille, vous êtes 20 par exemple. Quand le bébé sorcier naît, on vous assure que, si vous le laissez en vie sans rien faire, il est capable de tuer 10 membres de la famille. Si ce `'mangeur d'homme'' tue 10 des vôtres et vous mettez encore un autre enfant sorcier au monde et qu'il mange le reste, qu'est-ce qui restera de votre famille ? Est-ce que vous allez attendre d'avoir la preuve que cet enfant est sorcier avant d'agir ? Et s'il commençait par vous ? »

Pour la quiétude du clan, il ne faut pas se poser de questions. Puisque rien ne rassure les membres de la communauté du caractère inoffensif du bébé, ils se rassurent en procédant soit à son élimination physique, soit à son rejet, en l'abandonnant loin du clan. Ainsi tout le monde retrouve la paix de l'âme. Par ailleurs, les hommes ont plusieurs femmes et plusieurs enfants. Un de plus ou un de moins, cela ne semble pas avoir vraiment d'importance. L'essentiel c'est que le clan vive en paix.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo