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Conséquence de l'évolution du lien substantiel entre Etat du pavillon et navire au sein de la marine marchande Fr. et des équipages

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par Yann Collin
ESC Bretgane Brest - Master 2008
  

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D. L'exemple particulier du Capitaine' un statut d'exception

Membre de l'équipage à part entière, le Capitaine est néanmoins un statut d'exception à bord du navire. Représentant de l'armateur, responsable de l'exploitation commerciale comme de la bonne marche du navire et de son équipage, parfois actionnaire ou armateur lui-même, le Capitaine au long cours possède un certain nombre de prérogatives issues de l'évolution de la marine à travers le temps comme des relations avec les armements et les conditions d'exploitation des navires.

Si le droit français reconnaît encore dans le Capitaine un officier d'état civil, apte à marier, à rédiger les certificats de décès et de naissance, force est de constater que, à l'instar des paragraphes précédents, son rôle s'est de plus en pus réduit vers celui d'un chef des marins.

1. Les fonctions du Capitaine, une évolution marquée

De nos jours, la conception légale du rôle du Commandant se rapporte davantage à ses attributions techniques plutôt qu'à son rôle de représentant de l'armateur et ses prérogatives dans le domaine commercial. Le Commandant est reconnu en tant que Chef de la navigation et n'est qu'accessoirement le mandataire de l'armateur, le représentant en tant que défenseur des intérêts supérieurs de l'outil navire devant un affréteur. Le développement des moyens de communication, des systèmes de liaison satellite et du mail a permis le recul de cette fonction au profit de services spécialisés à terre.

a. La réglementation relative aux conditions de travail et de vie à bord.

Le Capitaine doit prendre toutes les mesures voulues afin d'assurer de manière permanente la sécurité du bâtiment et des vies humaines qui sont à bord. Il est responsable de son équipage. Il doit veiller non seulement au respect des règles de sécurité mais également aux conditions de travail et de vie de ses marins.

Seul le Capitaine a un pouvoir de décision exclusif tant sur l'équipage que sur les décisions intéressant la navigation. Cela n'a pas toujours été le cas, le Capitaine a dû pendant longtemps demander l'accord puis simplement l'avis à plusieurs personnes (à l'équipage) avant de prendre des décisions, notamment dans le cas de dépenses ou sacrifices relatifs à la

marchandise ou au navire. Aujourd'hui, le Capitaine, maître de la navigation prend ses décisions, en principe, seul. Il décide de la route à suivre, des escales à faire... Dans la théorie, la pratique nous force à constater l'absence de « contrôle » du Capitaine tant sur les escales que sur les routes à suivre.

Ainsi, l'intérêt d'une escale peut-il être défini par le taux de fret du navire et par là par le taux de rentabilité, justifiant l'intervention de l'armement dans le choix des escales ? De la même manière, les grandes compagnies maritimes encouragent l'utilisation par le Capitaine des systèmes de routage météo, définissant pour eux la meilleure route à suivre. Une décision contraire au routage demandera une justification auprès de l'armement (en particulier si avarie). Enfin, le prix du baril de fuel augmentant, les armements sont de plus en plus attentifs tant à la vitesse du navire qu'au choix de la route (une mer moins formée requiert moins de puissance pour une vitesse identique, soit une moindre consommation). En la matière, la responsabilité et l'exercice de sa responsabilité ne concerne plus pour le Capitaine que la gestion de la crise dans sa première phase. (La gestion de crise exige, selon la procédure ISM (International System Management), une mise en relation avec l'armement en charge des négociations relatives à la gestion de la crise : cas particulier du remorquage).

Les fonctions du Capitaine débordent l'ordre technique et commercial, il est en effet un représentant de l'État, ce qui le rend légataire de plusieurs obligations. Il est officier d'État Civil pour les naissances et les décès survenus à bord, il authentifie les testaments reçus à bord et joue le rôle de notaire (sous réserve d'une confirmation par un notaire à terre). Mais il détient également des pouvoirs de discipline et de réquisition. Le Capitaine est en effet le garant du maintien de l'ordre à bord, condition sine qua non de la sécurité du bord. Il exerce ses pouvoirs sur toutes les choses et toutes les personnes présentes à bord. « L'identité des besoins ne permet pas de distinguer suivant les titres auxquels les individus sont à bord du navire » écrivent justement R. Rodière et E. du Pontavice 42 . A situation exceptionnelle, moyens exceptionnels. Les exigences de la sécurité et l'isolement de la société du bord impliquent que l'autorité du Capitaine s'exerce pleinement. L'arbitraire est néanmoins sanctionné.

Le Capitaine a, en premier lieu, l'obligation de rédiger deux séries de documents qui revêtent
une valeur juridique importante: le journal de mer et le rapport de mer. Ces documents

42 R.RODIERE et E. du PONTAVICE, Droit Maritime, Précis Dalloz Ed. n°12, n°221.

révèlent la collaboration et le contrôle de l'État sur les activités du Capitaine de navire. Ces documents sont effectivement visés par les affaires maritimes : en France par les Affaires maritimes, à l'étranger par le Consul de France.

Il a, en deuxième lieu et en sa qualité de chef de la société du bord, le devoir de tenir un livre de discipline (article 43 du Code Disciplinaire et Pénal de la Marine Marchande). Il ne suffit pas de sanctionner les infractions de droit commun survenues à bord, il faut également, compte tenu des risques encourus, que le Capitaine sanctionne les fautes contre la discipline. La société à bord d'un navire est strictement hiérarchisée et l'ensemble de la discipline du bord relève de la compétence du Capitaine. Il a ainsi en charge la surveillance et l'encadrement de son équipage.

Ainsi que je l'ai expliqué précédemment, le Capitaine n'est plus, loin s'en faut, responsable ou même partie prenante dans le recrutement des membres d'équipage. Le recours aux marchands d'hommes, quasi systématique de la part des armements, a rangé ce rôle aux oubliettes et compliqué grandement la fonction disciplinaire du Commandant. Comment le Capitaine, responsable de son navire comme de son équipage, peut-il remplir correctement son rôle quand 7 nationalités différentes et autant de langues se côtoient à bord ? L'anglais, langue internationale, n'est souvent pas maîtrisé convenablement. Les différences de cultures, les problèmes de racismes sont autant de facteurs aggravant une situation par ailleurs déjà bien tendue.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry