WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Faute et Châtiment. Essai sur le fondement du Droit pénal chez Friedrich Nietzsche

( Télécharger le fichier original )
par Rodrigue Ntungu Bamenga
Faculté de Philosophie saint Pierre Canisius Kimwenza, RDCongo - Bacchalauréat en Philosophie 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CONCLUSION

Pour tout dire, les pages précédentes ont voulu dialoguer avec le juridique, à partir de la conception nietzschéenne du châtiment. Il est évident que le judiciaire ne châtie qu'une faute révélant suffisamment une intention criminelle (anima nocendi). Nietzsche situe l'origine de cette faute dans la notion matérielle de dette, qui cimente la relation créancier et débiteur, maître et esclave. D'où les liens historiques difficiles entre Aristocrates et populace, Allemands et Juifs, Rome et Judée, semblent prolonger ce rapport de maître à esclave, fondé sur la gravité et l'atrocité. Bref, sur la volonté consciente de faire mal.

Puisque la faute commise lèse à la fois la victime et la société, le criminel mérite un châtiment, parce qu'il aurait pu agir autrement. Châtiment, puisque son action mauvaise est signe d'ingratitude envers la société qui lui assure protection. Mais aussi parce que le sujet accuse ainsi un écart lamentable de conduite par rapport aux normes du groupe. Nietzsche ne soutient nullement l'impunité. Au contraire, la société doit sanctionner tout délit, pour se faire rétribuer ses droits violés par le malfaiteur (rétribution), pour mettre de dernier hors d'état de nuire (prévention individuelle), pour décourager toute velléité du groupe à imiter son exemple (intimidation collective), ou pour éliminer un élément dégénéré du groupe (élimination). En ce sens, le châtiment est un bien pour le coupable et pour la société.

Mais dans cette affirmation s'affichent des controverses. Comment justifier le retour constant du mal dans l'agir du malfaiteur purifié au châtiment ? C'est que la répression, de quelque ampleur soit-elle, n'est pas un instrument propice à rendre l'individu définitivement bon. En effet, les philosophies du Droit ont jusqu'ici reconnu les succès du châtiment dans la résolution des différends. Mais Nietzsche voit dans tout acte punisseur un versant mauvais : si l'individu vit dans le mensonge et avoue difficilement ses fautes, n'est-ce pas par crainte du châtiment qu'il encourt ? Encore faut-il relever que la plupart de lois n'apprennent à l'homme que des interdits, sous peine d'une sanction. En cela, elles le maintiennent dans une crainte permanente et détournent la transparence de son agir.

L'on perçoit donc que le fondement du Droit pénal réside définitivement dans la notion de châtiment, qui découle d'une faute ayant suscité la colère des membres du groupe. Chez Nietzsche, cette faute est symbolisée par l'image d'une dette impayée, de sorte que commettre un délit - ce qu'atteste le Droit pénal, c'est contracter une dette envers la société. Cette dette se paie par le châtiment. Le coupable est alors mis hors la loi et châtié comme un véritable ennemi du groupe. On comprend pourquoi le droit revient à l'Etat (et non à la personne lésée) d'exercer le châtiment,  par l'autorité judiciaire, qui vise ainsi à empêcher la victime elle-même d'exercer une vengeance privée. D'où l'Etat seul a le droit de venger la faute commise à un sujet et de maltraiter le coupable, par des sanctions pénales, au nom de la victime.

Finalement, aussi plausible que soit sa conception du châtiment, Nietzsche n'a pas le dernier mot de la vérité. Il est vrai que l'individu doit se libérer de l'esprit de vengeance pour accéder à l'espérance. Nous croyons également en l'Eternel Retour du Même, qui nous fait découvrir que toutes les tendances modernes (mondialisation, développement durable, démocratie, etc.) ne sont pas nouvelles. Mais, si Nietzsche ne comprend tous les rapports intersubjectifs que dans la relation de maître à esclave, du puissant au faible, du créancier au débiteur ou de Rome à Judée, bref dans une relation de domination, il n'y a donc aucune place pour l'amitié entre les hommes, malgré leurs différences. Par conséquent, tous les principes d'égalité (de chances, en droits, devant la justice, etc.) entre les individus se trouvent nécessairement limités. Le Christ n'aura donc rien apporté au monde. Quoiqu'il en soit, nous voudrions être de ceux qui croient au bien-fondé de tout châtiment juste, puisque mille générations d'hommes y ont recouru pour réduire la criminalité. A bien saisir cette vérité, le plus infaillible des hommes devrait être une divinité.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein