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La participation de la femme à la vie politique au Tchad:1933-2003

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par Eugène Le-yotha Ngartebaye
Université Catholique d'Afrique Centrale - Maîtrise en Sciences Sociales option Sciences Juridiques et Politiques 2003
  

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TITRE I : LA VIE POLITIQUE ET LES CONDITIONS DE PARTICIPATION

La vie politique est d'après BRAUD la scène organisée et organisatrice sur laquelle « opèrent des acteurs, des dirigeants et militants groupes de pression mus par l'ambition d'exercer ou d'influencer le pouvoir d'Etat (et ses substituts) »21(*)

Ainsi définie, la vie politique est une structure organisatrice dans laquelle les acteurs cherchent à maximiser leurs intérêts au détriment des autres. Cette situation est un obstacle pour la femme qui, traditionnellement, est sous-estimée. Ces obstacles peuvent être d'ordre institutionnel. Cependant, il faut reconnaître qu'il existe des facteurs susceptibles de faciliter l'émergence politique de la femme. Dès lors, une lecture de la vie politique tchadienne s'impose (Chapitre 1), ce chapitre premier se plongera dans l'histoire politique ; avant de procéder aux conditions de participation (Chapitre 2)

CHAP I. UN BREF APERÇU HISTORIQUE DE LA VIE POLITIQUE AU TCHAD.

L'appréhension de la vie politique tchadienne nous conduit à avoir une vue synoptique de la scène politique dans le temps, c'est-à-dire à plancher sur l'ambiance politique qui prévalait au Tchad de la période coloniale à l'indépendance (section I) puis de la période de 1975 - 90 à l'amorce du retour du multipartisme (Section II).

S I. DE LA PÉRIODE COLONIALE A L'INDEPENDANCE

Il s'agit de la vie politique qui avait cours au Tchad pendant la période coloniale (paragraphe1) pour aboutir à l'indépendance (paragraphe 2) que nous tenterons d'évoquer dans le développement qui suivra

§1 : La période coloniale.

Le Tchad est une création coloniale et vouloir appréhender l'activité politique sous le prisme historique, c'est la situer dans l'organisation administrative (A) afin de mieux élucider l'apparition des premiers partis politiques (B) dans le contexte colonial

A-L'organisation administrative

Comme la plupart des pays africains, le Tchad est une création coloniale. C'est par un décret du 5 septembre 1900 signé par le Président français de l'époque, Emile Loubet, et contresigné par le ministre des colonies Albert Decrais qu'est créée dans les territoires du Congo français une circonscription spéciale dénommée « Territoire militaire des pays et protectorats du Tchad »22(*)

Le bloc Congo français, était constitué du Gabon le Moyen-Congo, l'Oubangui-Chari et le Tchad. Ce bloc prit le nom d'Afrique Equatoriale Française en abrégé AEF en 1910 par un décret du 15 janvier 1910, publié au Journal officiel de l'AEF (JOAEF) du 1er mars 1910 23(*)

Le statut administratif du Tchad connut diverses modifications : direction politique et financière confiée à un civil portant le titre d'administrateur par le décret du 5 juillet 1902 ; puis placé sous l'autorité de l'officier commandant les troupes qui prit le titre de Commandant du territoire délégué du Commissaire Général par le décret du 29 décembre 1903 ; ensuite un territoire militaire par le décret du 11 février 1906 qui l'incluait dans la colonie de l'Oubangui-chari. Ce caractère de territoire militaire resta en vigueur pendant dix ans jusqu'à ce que le décret du 14 mai 1915 le supprima. Mais le Tchad ne dépendra directement de l'AEF qu'à partir du décret du 12 avril 1916. Le décret du 17 mars 1920 l'érigea en colonie, et son administration fut confiée à un gouverneur civil portant le titre de Lieutenant-Gouverneur, assisté d'un Conseil d'administration.

Ce statut fut lui aussi remis en cause par la grande réorganisation administrative dite « réforme Reinard » du nom du gouverneur de l'AEF qui transforma l'AEF en colonie unitaire afin de réduire les dépenses du personnel. Le Tchad fut de nouveau rattaché à l'Oubangui-chari avec un délégué du gouverneur général pour l'Oubangui-Chari Tchad résidant à Bangui. Le système de centralisation était si excessif qu'il ne dura pas. Le décret du 31 décembre 1937 libéra le Tchad de toute allégeance à l'égard de Bangui et lui conféra le rang de territoire dirigé par un commandant de territoire, assisté d'un Conseil des intérêts locaux. Le décret du 27 septembre 1938 rétablissait l'égalité entre les colonies. Notons que dans ce contexte de fluctuations administratives, l'exercice des libertés publiques n'est pas aisé d'où l'apparition tardive des partis politiques dans les colonies et plus particulièrement au Tchad par rapport aux colonies anglo-saxonnes.

B- Les premiers partis politiques au tchad.

Jusqu'en 1945, le Tchad était soumis en matière de libertés publiques à un régime très restreint24(*). Il n'y avait pas de libertés d'association ni de réunion. Avant la fin de la seconde guerre mondiale, un mouvement de réforme libéral s'annonça et s'amplifia à partir de 1945; La législation en vigueur au Tchad en matière de libertés publiques fut très proche de celle de la métropole. 25(*) Dans certains domaines, il est vrai, l'entrée en vigueur effective de ces nouvelles lois prit du temps.

Aux termes de la loi de 1901, les partis politiques étaient considérés comme des associations. Et jusqu'en 1945, cette liberté d'association était très limitée en AEF, donc au Tchad ; la loi de 1901 n'était pas applicable.

L'allégement de la tutelle vient d'un décret du 20 avril 1943 pris à Londres par le Général de Gaulle. Le régime d'exception qui régna jusque là prit fin en 1946 grâce à 2 textes :

Ø Le décret 46. 432 du 13 mars 1946 qui rendit applicable à l'AEF les Titre I et II de la loi du 1er juillet 1901, modifiée par les décrets-lois des 23 octobre et 12 avril 1939.

Ø Le décret 46. 740 du 16 avril 1946 qui rendit applicable à l'AEF le titre Ier du décret du 16 août 1901, pris pour l'exécution de la loi du Ier juillet 1901.

Notons que pour la loi française, un parti politique est d'abord une association sans but lucratif, régie par la loi de 1901.

Au Ier janvier 1946, date d'application de ces deux décrets, le régime des associations, des partis politiques, devenait le même en AEF, et par conséquent au Tchad, qu'en France métropolitaine.

Si la vie politique au Tchad commença avec les élections à la 1 ère Assemblée Constituante d'octobre 1945, c'est à partir de 1946, à l'occasion des élections législatives, que l'on assista à l'apparition des premières formations des partis politiques26(*).

Ainsi, on assista au Tchad à une floraison des partis politiques. Dès le 16 décembre 1946, Gabriel Lisette, administrateur d'origine antillaise fonda le parti progressiste tchadien, une section du Rassemblement Démocratique Africain créé en octobre 1946 lors du congrès de Bamako d'où le sigle PPT - RDA.

Le PPT-RDA avait pour Secrétaire Général Gabriel Lisette ; Secrétaire Général Délégué Toura Gaba ; Secrétaire à la propagande, Souleymane Naye ; Secrétaire Trésorier, Sekou Diarra et deux sections locales : celle de Fort-Archambault avec un grand nombre de militants à la tête desquels figuraient François Tombalbaye et Joseph Moalboum, et celle d'Abéché. En effet tenant compte de l'activisme politique féminin qui avait cours au sein du PPT-RDA, Lisette convoqua un congrès et émit le voeu de la création de la section féminine. Un Comité directeur chargé de l'organisation du congrès était constitué du Comité politique des représentants des régions. On nota la présence de trois (3) femmes dans la région de Fort-Archambault, et une seule, Mme Fatimé Monique, de la région de Koumra.

La section féminine fut constituée et placée sous la présidence de Madame Yeyon Lisette avec deux Vice-Présidentes : Hadje Halimé pour la zone du nord et Kaltouma Guelmbang pour la zone du sud27(*)

Ensuite vient l'Union Démocratique Tchadien (UDT), fondée le 10 février 1947 avec un bureau provisoire composé d'Ibrahim Babikir désigne président, assisté de deux Vice-Présidents Djama Babikir et Ka-Amadou ; de trois délégués Ahmed Koulamallah, Amadou Diallo et Eitel Prizot, de 2 secrétaires Boubakar Sissoko, Abdoulaye Touré et d'un Trésorier en la personne de Mohamed Abali.

Le 21 septembre 1950, le Parti Social Indépendant du Tchad (PSIT) vit le jour avec les transfuges du PPT-RDA et du L'UDT. Le Comité Directeur était présidé par Ahmed Koulamallah , Adoum Aganaye son Vice-Président et par d'autres membres qui étaient : Mohamed Akouna, Gabriel Yakité et Mohamed Talba ; Sekou Diarra étant Trésorier

L'union Démocratique des Indépendants du Tchad (UDIT) naquit le 3 novembre 1954 dirigé par Jean Baptiste, président, Rogue, vice président, et deux autres membres Béchir Sow et Sou IV. Le nombre des partis s'accroîtra avec la création de l'Union Démocratique et Socialiste de la résistance (UDSR) de Maurice Bets et Ahmed KOTOKO , du Mouvement Socialiste Africain (MSA) et du Groupement des Indépendants ruraux du Tchad (GIRT), etc.28(*)

Cette période fut très riche en activités politiques car on assista à plusieurs élections : le référendum de 1945, les élections au suffrage universel de 1946, 1948, 1951, les élections locales de 1952, du 2 juin 1956, le référendum de 1958. Cette pluralité de consultations symbolisa la densité de vie politique au Tchad avec la création et la dissolution des partis politiques, les alliances et mésalliances au sein de l'arène politique entre les protagonistes. En 1956, la loi cadre - Gaston Deferre - vint créer des conditions propices à l'activité politique. A partir de 1957, le PPT - RDA obtint avec quelques autres partis, une majorité écrasante à l'Assemblée Territoriale. Cette coalition qui intervint dans le cadre des institutions de la loi-Cadre, constitua un gouvernement qui sera dirigé par l'homme fort du PPT - RDA, Gabriel lisette.

Cette loi Cadre prévoyait des Conseillers de gouvernement qui administreraient les territoires aux côtés des gouverneurs nommés par la France métropolitaine. Cependant, avec le gouvernement Lisette, débutera une série de gouvernements provisoires dirigés par Sahoulba (un mois) Koullamallah (onze jours), puis Tombalbaye qui conduira le Tchad à l'indépendance

* 21 BRAUD (P.) : La vie politique, Paris, PUF ,1985 P.7

* 22.LANNE B. : Histoire politique du Tchad de 1945 à 1958, Paris, Karthala, 1998, p. 9

* 23 .LANNE Ibidem

* 24 Ceci était vrai pour toute l'AEF, la législation étant, sauf rares exceptions, la même dans les 4 territoires .LANNE, Op. Cit. p. 21.

* 25 .LANNE, Ibidem.

* 26 DIGUIBAYE G. LANGUE R., L'Essor du Tchad, Paris, PUF, 1969, p. 3

* 27 LANNE B., Op. Cit. P.136.

* 28 Pour plus d'informations voir HUGOT P, Le Tchad, Paris, Nouvelles Editions Latines, 1965, 155 pages.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote