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Education des enfants et société:relations complémentaires ou conflictuelles. Interroger la conscience de l'éducateur face à la société

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par Anne-Carole Boquillon
Université de Tournai - Graduat éducateur spécialisé 2008
  

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2 LA SOCIÉTÉ ET L'ÉDUCATION

Dans cette partie, je souhaiterais développer la rupture que l'on semble ressentir entre les générations de nos grands-parents et parents avec celle dont nous faisons partie. Ces ruptures se situent, essentiellement, dans la manière de faire autorité, et dans la représentation de la famille et de l'école.

Ces changements dans l'humanité sont une des raisons qui a amené un renforcement de l'assistance sociale, de la justice. Ces mesures ont été prises afin de protéger la population de ses propres défauts et de l'augmentation de la précarité et de l'exclusion. Pour satisfaire aux nouvelles exigences d'une société de plus en plus consciencieuse, des normes de « bien » ont été établies afin de pouvoir différencier le bon du mauvais plus facilement, et surtout, par la suite, de pouvoir prévenir les erreurs et délits. Tout cela grâce au modernisme, qui a permis de simplifier les procédures, la vie des individus et qui a également donné une place majeure au confort et à la sécurité.

2.1 LES GRANDS CHANGEMENTS DE LA SOCIÉTÉ

Si nous comparons la génération actuelle et celle de nos parents, et en tenant également compte de celle de nos grands-parents, on peut constater que de nombreuses choses ont évoluées. Certaines valeurs, certains principes prédominants autrefois ont parfois même disparus, ou sont en voie de disparition, de l'éducation moderne.

Je ne prendrais dans mon travail que deux exemples de modifications des valeurs, la dégradation de l'autorité et la famille se liant avec l'école. Ils sont évidement plus nombreux.

2.1.1 L'AUTORITÉ

Nous sommes face à la problématique de la perte de l'autorité. Elle se retrouve non seulement dans les rapports parents/enfants mais également dans les rapports société/sociétaire. Ce déclin de l'autorité s'est marqué dans le courant du XXème siècle, on peut ainsi penser qu'il s'agit là de l'effet de la modernisation et de la mondialisation. Les symptômes les plus visibles sont le déclin de l'éducation et de l'instruction. Ceci peut également être mis en lien avec la cessation des différents rites (dans nos sociétés civilisées) qui faisaient passer un adolescent dans le monde des adultes. Ces rites permettaient de marquer la différence entre les générations et donnaient les bases des valeurs dominantes de la société.

Pourtant, quand on examine le nombre de lois qui régissent notre vie en communauté, on peut avoir l'impression d'être continuellement sous le contrôle des autorités.

Un constat est fait par la société actuelle. Une grande partie des enfants n'obéissent plus à leurs parents. Nous en sommes au point de chercher à inventer de nouveaux rapports entre les enfants et les parents car ce n'est plus l'autorité qui compte. Mais quelles en sont les causes ? Est-ce parce que les enfants sont plus résistants aux ordres qu'autrefois ou est-ce que les parents sont moins enclin à se faire respecter pour ne pas rendre malheureux leurs enfants ?

L'enfant ne perçoit pas forcément l'ordre comme l'adulte. Quand il est petit, les quatre ou cinq premières années de sa vie, l'enfant est susceptible de demander certaines choses au moment où il y pense. Les parents, souvent attendris par la demande, exécute celle-ci en pensant faire plaisir à leur enfant. Mais nous pouvons constater que nombreux sont les enfants qui demandent quelque chose alors qu'ils sont déjà occupé avec une autre activité. Or si le parent le renvoi à sa première occupation, l'enfant oublie souvent sa demande.

Pendant le déroulement des années, les demandes circulent et ne nuisent en rien. Sauf que, quand l'enfant fera une vraie demande, réfléchie, mais inaccessible, il ne comprendra pas pourquoi on lui refuse. Alors que généralement il pouvait disposer de ce qu'il souhaitait, il se retrouve face à la difficulté de ses parents de le satisfaire, ses besoins matériels ayant grandi en même temps que lui. Il se retrouve confronté à un refus incompréhensible pour lui, ce qui est susceptible de le mener à une perte de son identité qu'il s'était construite dans la jouissance d'être écouté et de la satisfaction de ses désirs. En son for intérieur, l'amour donné par ses parents était lié à sa satisfaction inconditionnelle. Ce refus lui donnera le sentiment de ne pas connaître sa famille, de s'être trompé par rapport aux sentiments qu'il imaginait que ses parents ressentaient pour lui.

Alors que faire ? Faire tout ce qui est dans le domaine du possible pour satisfaire notre enfant, sachant que sa construction psychique est en jeu, et lui donner un maximum ? Ou le réprimer très jeune, en ne donnant pas aisément accès à la satisfaction, pour qu'il ne soit pas berné par une idéalisation de son environnement ?

À notre époque, on fait rimer l'autorité avec l'absence de liberté. Quelle est la nécessité de l'autorité dans le rapport parents/enfants ? Sommes-nous dans une société de « laisser-aller » ? N'y-a-t-il pas une crainte de sombrer dans la pédagogie noire ?

2.1.1.1 L'AUTORITÉ AU TEMPS DE LA PÉDAGOGIE NOIRE

La pédagogie noire a vu le jour aux 18ème et 19ème siècles, même si elle était lancinante auparavant. Elle fut dévoilée et dénoncée dans le courant du 20ème siècle, en particulier par Katharina Rutschky et Alice Miller, qui ont recueilli des textes sur ce mode d'éducation qui prévalait en Europe au début du 20ème siècle. Cette manière d'éduquer fut, en partie, portée responsable du comportement des allemands durant la 2nde guerre mondiale, mais également du comportement de nombreux citoyens durant cette destruction de la civilisation.

L'obéissance de l'enfant est la clé de voûte du système. De cette obéissance va dépendre l'ensemble des dispositions que les parents pourront prendre pour modeler la personnalité de l'enfant en fonction de leurs convenances personnelles. C'est pourquoi une soumission totale doit être obtenue très tôt par des moyens violents, si besoin, afin que la terreur intériorisée par l'enfant puisse être réactivée facilement chaque fois que le parent le désire. L'enfant vit continuellement dans la peur et sert de bouc émissaire à ses parents.

Les pédagogues de la pédagogie noire soulignent qu'il faut tuer le mal dès le plus jeune âge et c'est l'idéal de la société qui, par l'intermédiaire de l'éducation parentale, va s'en charger. L'adulte est le maître suprême qui use et abuse de son statut pour arriver à ses fins, il a toujours raison. L'enfant devra étouffer toute forme de créativité pour être conforme à ce qu'on attend de lui. L'enfant est conditionné dès sa naissance et toute son enfance. L'enfant n'a pas le droit à la parole, il ne doit exprimer aucun sentiment, aucune joie qui lui est propre. Il y a une distance physique de l'adulte dès la naissance. La tendresse est considérée comme inutile, mais peut être donnée à l'enfant quand il est « gentil » c'est-à-dire conforme à ce que les parents attendent de lui. Il faut également ôter toute volonté à l'enfant le plus tôt possible, celui-ci étant alors dans l'incapacité de s'apercevoir de la manipulation et ainsi incapable de réaliser la trahison de l'adulte, de se plaindre.

Le Dr Schreber, dont le cas du fils paranoïaque fut relaté par Freud, avait écrit plusieurs manuels d'éducation très populaires en Allemagne, au XIXème siècle, dans lesquels il répétait inlassablement qu'il fallait très tôt « libérer l'enfant des germes du Mal ».

Dans ses Pensées pour l'éducation des enfants (1752), J. G. Krüger écrit par exemple : « Si votre fils ne veut rien apprendre pour ne pas céder à ce que vous voudriez, s'il pleure intentionnellement pour vous braver, s'il fait du mal pour vous irriter, bref s'il fait sa petite tête : Battez-le, faites le crier: Non, non, papa, non, non! Car une telle désobéissance équivaut à une déclaration de guerre contre votre personne. » 1(*)

Cette éducation avait le mérite de « montrer » aux autres comment on avait bien élevé son enfant. Effectivement, quelle gloire pour un père de s'entendre dire : « qu'il est sage, comme une image ». Elle mettait l'éducateur en valeur, et démontrait l'importance d'une génération soumise, dévouée à sa famille. Le père était le maître incontesté, même par la mère ; tout le monde dans le foyer se pliait aux exigences paternelles. Lorsque le maître se fâchait, battait, c'était la punition idéale, normale, et personne n'aurait pu imaginer se mettre au travers de son chemin pour l'empêcher de nuire à l'enfant : ce dernier étant fautif de toute façon puisqu'il avait contrarié le représentant de l'autorité.

Ces méthodes sont apparues au grand jour, et étrangement, la société semble avoir été choquée par cette découverte. Pourtant de nombreuses personnes l'ont vécue cette pédagogie, et certains la vivent encore à l'heure actuelle. Le courant d'idée a changé, on prend maintenant en compte la psychologie de l'enfant, des lois ont été crées pour les protéger. On a souhaité faire disparaître la violence, tant physique que psychique. La société a réalisé qu'un enfant était un être humain à part entière, même s'il est de petite taille.

Et justement parce qu'il est de petite taille, innocent à la naissance, tellement mignon et charmant, on a souhaité l'inclure dans la société comme une personne identique à l'adulte. Aurions-nous pu simplement imaginer quels étaient les risques ? Aurions-nous pu penser que l'autorité risquait d'en perdre son pouvoir ?

* 1 Cité par Alice Miller - C'est pour ton bien, racines de la violence dans l'éducation de l'enfant- Page 28

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille