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Education des enfants et société:relations complémentaires ou conflictuelles. Interroger la conscience de l'éducateur face à la société

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par Anne-Carole Boquillon
Université de Tournai - Graduat éducateur spécialisé 2008
  

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3.2.1.2 LES ENFANTS TYRANS

Les différentes connaissances sur le développement et le psychisme des enfants nous ont menés à changer notre façon d'élever nos enfants. Nous prenons, à l'heure actuelle, beaucoup plus de temps pour prêter attention aux besoins de nos progénitures et à tenter d'éviter que celles-ci ne subissent les conséquences de nos problèmes sociétaires.

"Depuis cette fameuse phrase "l'enfant est une personne", [les parents] se sont mis à traiter l'enfant comme un adulte en lui demandant tout le temps ce qu'il veut, ce qu'il ne veut pas...oubliant que si l'enfant est bien une personne, il est une "petite personne" qui ne doit pas imposer son mode de vie à la famille !" Christiane Olivier, psychanalyste.13(*)

L'enfant a pris une place importante dans la famille. Dorénavant, nous pouvons choisir à quel moment et avec qui nous décideront d'avoir un enfant. Ces facilités nous permettent d'attendre que le bon moment soit venu (carrière professionnelle active, logement, partenaire idéal, etc.). Quand est venu le moment d'avoir ce bébé, nous mettons évidement tout en place pour que son existence soit aussi bonne que possible. Même des changements de cap, de carrière, ou de conjoint passeront après le bien-être de notre enfant.

De plus, il faut bien avouer qu'avec tout le modernisme qui nous entoure, de nombreuses tâches, auparavant difficiles et fatigantes, sont simplifiées. L'exemple le plus simple est l'apparition du micro-onde qui permet de préparer le biberon en moins de 30 secondes, et ainsi éviter que l'enfant ne doive attendre et pleurer. Tout le monde est gagnant.

Evidement, comme dans toute technologie, il y a un revers. Le bébé apprend, dès son plus jeune âge, que son biberon tant attendu est disponible dans un délai très court, juste après qu'il est manifesté sa faim. Le jour où ce merveilleux appareil tombe en panne, c'est la catastrophe, l'enfant ne sait pas attendre (il ne l'a jamais appris) et sa faim le torture comme jamais. Alors il hurle, et les parents ne savent pas que faire pour le soulager en attendant que le biberon chauffe classiquement au bain-marie. Ceci est un exemple qui me permet de démontrer que nous n'apprenons plus à nos enfants la patience, le délai raisonnable pour obtenir ce que l'on souhaite.

Cet exemple peut être relié, quelques mois plus tard, lorsque l'enfant demande un gâteau, que les parents lui donnent volontiers peu après sa demande. Mais lorsque le paquet est vide, le petit ne comprend pas pourquoi il ne reçoit pas immédiatement ce qu'il a demandé. Alors pour palier aux pleurs et à la détresse de leur enfant, qui semble si malheureux, les parents, de nouveau, mettront tout en oeuvre pour satisfaire l'enfant et retrouver ce beau sourire qui éclaire son visage lorsqu'il est comblé.

Pourtant, n'avons-nous pas eu connaissance du besoin de frustration de l'enfant ? Si, bien entendu, mais nous ne sommes plus dans une société de restriction, c'était à l'époque de la pédagogie noire que l'on frustrait l'enfant. Et puis, dans notre société actuelle, étant donné que de nombreuses choses sont disponibles et dont, en tant que parents, nous jouissons aisément, on pourrait se demander pourquoi frustrer cet enfant qui le sera bien assez lors de sa vie plus tard ?

Les parents capitulent et deviennent des "collaborateurs" croyant acheter ainsi une paix précaire au prix de renoncements successifs. Ils mettent en place des stratégies d'évitement et ne s'aventurent plus à demander quoique ce soit à leur enfant à moins d'être certain de la réponse. De l'enfant gâté à l'enfant roi, et de l'enfant roi à l'enfant tyran les étapes se franchissent très rapidement et chaque renonciation de la part des parents ne fait que préparer le terrain pour un nouvel abandon.

Tout l'art du tyran en herbe consiste à se présenter comme une victime, à provoquer les adultes et installer une ambiance pesante et stressante. L'enfant se sent le centre, tout vient pour lui et comme lui le désire. Les réprimandes verbales ne le touchent plus, il s'est habitué à les entendre mais également au fait qu'il obtient de toute façon ce qu'il désire. Face aux personnes extérieures à la famille, les parents cherchent à l'excuser en vantant la maturité de leur enfant et son tempérament bien trempé, un atout dans un monde qui ne fait pas de cadeau.

Le problème ne réside pas dans le comportement de l'enfant, mais dans l'absence de réactions des parents et leur tendance à "psychologiser". A trop vouloir trouver des explications à tout, le bon sens suffirait parfois à remettre les pendules à l'heure. Il s'agit de répondre de façon circonstanciée et sans attendre l'exaspération qui pourrait naître et s'exprimer dans la violence.

D'autres facteurs entrent en ligne de compte. L'enfant lui-même n'est pas une page blanche : son tempérament peut venir tempérer ou au contraire aggraver la tentation de la toute puissance. La société, elle aussi, joue un rôle néfaste, quand, au prétexte de lutter contre l'autoritarisme, elle invalide toute hiérarchie ou souveraineté des adultes sur les enfants. La tyrannie du pater familias ne doit pas être supplantée par la tyrannie de l'enfant roi. Quant à la psychologisation excessive du comportement de l'enfant, elle incite à tout expliciter et tout excuser et n'est pas non plus étrangère à cette dérive.

Face aux comportements de l'enfant de plus en plus dérangeants, certains parents sont susceptibles de consulter des spécialistes. Grâce au développement de l'information via les médias et internet, ils peuvent immédiatement faire un lien entre les faits et gestes de leur enfant et trouver une réponse appropriée à leurs questions : notre enfant ne serait-il pas victime de cette maladie que l'on appelle l'hyperactivité ? Quel soulagement, ceci est la preuve que ce n'est pas de sa faute s'il est comme ça !

* 13 Cité dans l'article « Enfants-tyrans : quand les parents capitulent ! » de Doctissimo

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry