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Education des enfants et société:relations complémentaires ou conflictuelles. Interroger la conscience de l'éducateur face à la société

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par Anne-Carole Boquillon
Université de Tournai - Graduat éducateur spécialisé 2008
  

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2.2.2 LES RISQUES DE L'ASSISTANCE

De part les différentes théories sur le développement de l'enfant, nous savons actuellement que la construction psychique de celui-ci se déroule notamment les deux premières années. Or, quand un risque pour le jeune enfant est décelé par des professionnels, si les preuves physiquement visibles sont manquantes, ce risque est parfois mal estimé par la justice. L'enfant ne sait pas encore s'exprimer clairement, ni expliquer ce qu'il subit autant psychiquement que physiquement. Dans la plupart des cas, ces risques sont des carences affectives, nuisibles au développement de l'enfant. Mais celles-ci ne sont évidement pas observables ni mesurables, mis à part le fait que l'enfant pourrait vraisemblablement montrer un déficit moteur ou intellectuel par rapport aux autres enfants de son âge. Mais, sachant qu'un enfant n'est pas comme un autre et que chacun se développe à un rythme personnalisé, ces signes ne sont pas forcément révélateurs de carences graves.

Quand un enfant subit de telles difficultés, les conséquences ne se révèlent que quelques années plus tard, notamment au travers de son comportement. Celui-ci peut être devenu violent, présenter une déficience intellectuelle, des troubles psychiatriques graves, et peut surtout présenter une inaptitude à établir une relation stable avec les autres.

« Les adolescents pris en charge dans les différentes structures de la protection de l'enfance présentent une souffrance psychique supérieure aux autres. Ils font l'objet soit d'une mesure de placement hors du milieu familial, soit de mesure d'action éducative tout en continuant à vivre dans leur famille.

Les observations faites par la DASES de Paris, en 2003, sur des adolescents de 14-15 ans placés en établissements ou en familles d'accueil mettent douloureusement en lumière la souffrance psychique de ces adolescents qui éprouvent un mal-être et des troubles psychologiques « avec une fréquence supérieure à celle observée dans les populations standards de leur âge : instabilité constatée par les adultes les ayant en charge pour 31 % d'entre eux et agressivité pour 40 %. Plus de 30 % sont en difficulté scolaire dont 10 % en très grande difficulté. Presque la moitié bénéficie d'un suivi psychologique ».6(*)

Quand un jeune est placé dans une institution, il est mis dans une situation de dépendance totale. Les décisions sont prises, on le pousse vers un bonheur et un avenir prédéfinis et il est pris en charge à chacun de ses pas. Ce qui risque de lui faire perdre toute autonomie. Lorsqu'il sera majeur et réellement dans le monde des adultes, il devra confronter sa vie à son passé sans personne pour diriger sa vie, et il devra trouver en lui l'envie de vivre, d'avancer dans ce monde qui n'a pas été tendre avec lui.

L'institution peut représenter un ensemble (éducateurs, psychologues, administration, etc.) qui, aux yeux d'un enfant, peut prendre la place d'un couple parental, ce qui peut donner au bénéficiaire l'occasion de faire se reproduire certains événements. Soit l'enfant demande à ses « parents de remplacements » de l'aider, soit il peut chercher à leur lancer des défis. Les intervenants de l'aide deviennent alors des jouets de l'enfant, celui-ci faisant un transfert sur son éducateur, son psychologue ou sur une autre personne de son univers proche dans l'institution. Un enfant mal dans sa peau, peut, par exemple, chercher à énerver son éducateur jusqu'à ce que celui-ci le maltraite, afin que l'intervenant prenne la place du bourreau.

Nous pouvons également nous demander si toutes ces aides sont réellement appropriées. En effet, serions-nous en mesure d'affirmer qu'une personne accompagnée, suivie depuis son plus jeune âge, sera un jour capable de se prendre en charge seule ?

Lors de mes différents stages pendant mes trois années d'études, j'ai pu constater que les aides apportées semblaient toujours passer de génération en génération. Par exemple, dans l'institution spécialisée, les enfants scolarisés avaient régulièrement un lien avec l'école avant même leur naissance. Leurs parents (ou l'un d'eux) avaient effectués eux-aussi leur scolarité dans l'institution. Une éducatrice travaillant là depuis de nombreuses années m'avait confirmé qu'elle retrouvait régulièrement en rendez-vous (pour le suivi scolaire des enfants), des personnes devenues adultes mais ayant fréquentées l'institut plusieurs années auparavant.

Nous pouvons constater régulièrement que les personnes assistées gardaient ce statut pendant plusieurs années. Ce qui me pousse à me poser certaines questions. Y-a-t-il réellement une fin à une procédure d'assistance ? Est-ce que les aides apportées, de part leur effet bénéfique pour la personne, ne poussent-elles pas « l'assisté » à ne pas se battre pour s'en sortir ?

Ces personnes, en difficultés (même temporaires), font une demande d'aide aux services approprié. De part cette démarche, elles vont pouvoir recevoir un accompagnement nécessaire à leur quotidien, et celui-ci va influencer leur rythme de vie. Elles ne seront enfin plus seules pour faire face aux différentes difficultés de la vie, quel soulagement. Si un nouveau problème les contraints, elles seront de toute façon protégées (en théorie) par les aides sociales.

Mais, dans ce genre de situation, la personne ne cherche plus forcément à se battre pour s'en sortir. Ces démarches passées étant souvent resté vaines, d'où sa demande d'aide, notre personne assistée se retrouve découragée. Or lorsque les aides lui parviennent, tout est simplifié. De plus en plus de personnes se retrouvent dans ce genre de situation, qui apparait comme un sauvetage. Malheureusement ces personnes se retrouvent régulièrement dans l'engrenage de l'assistance, même si ceci n'en est pas le but. D'un côté, elles se retrouvent cataloguées comme « personne assistée » et de l'autre, elles se renferment dans l'aide reçue, ce qui leur permet de ne pas devoir elles-mêmes combattre les difficultés de la vie.

En tant que « personne assistée », la société vous a catalogué. J'entends par là que si vous recherchez un travail, un logement pour vous permettre de vous en sortir, vous serez confrontés au stéréotype de ce statut. Peu de propriétaires de logement vous feront confiance lors de votre demande. Pourquoi ? Simplement parce que vous êtes « assistés », qu'il n'est pas réellement possible d'avoir des garanties locatives, parce que votre situation financière est considérée comme décadente (même si elle ne l'est pas), et que la société tout entière semble penser que vous ne pouvez pas être une personne contentieuse, honnête. Dans le domaine du travail, nous pouvons retrouver le même type de préjugés. Si vous êtes assisté, c'est « évidement » parce que vous n'êtes pas capable de vous débrouiller par vous-même ! « Merci les idées reçues « semble la dernière chose à dire dans ce cas-là.

Face à ces difficultés, certaines personnes ont la faculté de se demander pourquoi une personne assistée n'a plus la force et la volonté de se battre pour vivre ou simplement pour s'en sortir. Évidement que dans de telles situations, vous devriez avoir une grande force de caractère pour surmonter ces épreuves. Mais la vie vous a déjà tellement humiliée, perdue. Peut-on estimer de manière inéluctable que cette personne, ayant subi tellement d'échecs, aura la force de retrouver sa voie, sa vie, et sa destinée ? Est-ce que le fait d'être continuellement assisté permettra de s'en sortir ? Malheureusement, tout n'est pas rose et la société nous le prouve tous les jours, malgré toutes les mesures qu'elle peut mettre en place pour nous aider.

Cet engrenage, qui s'abat sur une personne ou un couple, a également des répercussions sur la vie de famille. Parfois, les difficultés étant si importantes et déstabilisantes, il est nécessaire de s'occuper également des enfants, en prenant le risque de la séparation des parents et des enfants. Ce qui, bien sûr, ne va pas améliorer l'estime de soi et ses ressentis pour la vie moderne.

* 6 La Défenseure des enfants - Rapport thématique 2007 : "Adolescents en souffrance : plaidoyer pour une véritable prise en charge"

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