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L'implication de la communauté internationale dans les processus de démocratisation en Afrique. Le cas du Cameroun

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par Jean Marcel ILUNGA KATAMBA
Université de Kinshasa - Graduat 2004
  

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§2. L'IMPLICATION DIRECTE DE LA FRANCE ET DES ETATS-UNIS PORTEUSE D'APPROCHES DIFFERENTES

Les deux puissances n'interviennent pas que par le rouage des acteurs officiels, mais aussi par celui des acteurs non officiels : les groupes de pression, les partis politiques, l'opinion publique, la presse privée,... Sur ce, on peut relever une congruence entre l'action des acteurs publics et celle des acteurs privés pour le cas américain et une certaine ambiguïté dans l'action française.

Il conviendra aussi de souligner la réponse réservée à cette implication par les acteurs du commerce politique camerounais.

A. L'implication des Etats-Unis en faveur de la démocratie au Cameroun : la congruence entre l'action officielle et l'activisme des acteurs privés

Trois faits importants prouvent le caractère non-équivoque de l'action américaine en faveur du changement démocratique au Cameroun :

· D'abord, les communiqués de presse et/ou les déclarations du Département d'Etat sur le processus de démocratisation camerounais. Ce sont en fait en même temps des leviers par excellence de la pression américaine sur le pouvoir et constituent un soutien psychologique indéniable aux organisations partisanes oppositionnelles et/ou à la société civile, forces qui soutiennent le changement démocratique;

· Ensuite, l'évaluation annuelle du degré de protection des droits de l'homme au Cameroun faite par le département d'Etat. Le contenu de ces rapports a désormais un impact sur la politique étrangère des Etats-Unis depuis la fin de la guerre froide.

· Enfin, parallèlement à ces actions visant à infléchir la position du pouvoir, existe un Fonds pour la démocratie et les droits de l'homme destiné à soutenir la société civile et les institutions démocratiques((*)179).

Cet enthousiasme des milieux officiels en faveur de la démocratie est partagé par les acteurs privés. « Principal bastion du monde libre », la société américaine a secrété des acteurs sociaux collectifs et individuels qui, avec ou sans l'aval du pouvoir, se donnent pour mission l'enracinement des valeurs libérales dans le monde libre : les personnalités du monde des affaires, l'intelligentsia, le lobby noir, etc..((*)180).

Parmi les organisations les plus actives sur le sol africain, mentionnons le centre CARTER ( créé par Jimmy Carter en 1982), l'African American Institute (AAI) et le National Democratic Institute for International Affairs, créé en 1983 et ayant pour mission de promouvoir, maintenir et renforcer les institutions démocratiques dans les nouvelles démocraties et celles naissantes.

S'agissant particulièrement du NDI, le rapport établi par ses observateurs lors de l'élection présidentielle du 11 octobre 1992 avait fait écho des médias étrangers (VOA, BBC, RFI, DW) et fut déterminant dans la perception que la société américaine et la communauté internationale auront par la suite du pouvoir camerounais. Les orientations du département d'Etat à l'endroit du Cameroun en furent marquées.

Comme réponse à cette action des Etats-Unis, les acteurs officiels du système politique camerounais ont toujours dénoncé ce qu'ils considèrent comme étant une violation de la souveraineté et de l'indépendance nationale du Cameroun. C'est en tout cas la lecture qui avait été faite par les autorités camerounaises du rapport du NDI sur la dynamique des élections présidentielles du 11 octobre 1992 ou encore des nombreux communiqués de presse diffusés par les services d'informations de l'Ambassade américaine à Yaoundé((*)181). C'est aussi la lecture qui a toujours été faite par Yaoundé des différents rapports du Département d'Etat américain sur les droits de l'homme au Cameroun. Le rapport pour l'année 2003 avait même provoqué la colère des autorités camerounaises qui y répondirent par un contre-rapport.

Il va sans dire que l'attitude du pouvoir en place à Yaoundé à l'égard de l'action américaine s'explique en partie par le fait que Yaoundé entend piloter le processus démocratique dans une direction qui ne coïncide pas avec la formule proposée par les Américains.

Mais à l'opposé, les acteurs non officiels du commerce politique camerounais - principalement les associations et partis politiques de l'opposition radicale ainsi qu'une partie de la presse privée - ont toujours cautionné l'action américaine d'autant plus que leur activisme pour le changement démocratique coïncide avec ladite action. Le voyage en 1993 du « Chairman » de l'opposition radicale camerounaise, John FRU NDI, l'activisme de l'ambassadeur américain Madame Frances COOK lors de la campagne présidentielle de ce dernier  ainsi que les divers titres paraissant dans la presse privée et se montrant compréhensif en ce qui concerne l'action américaine sont autant d'indices qui appuient ce constat((*)182).

Autant la pression américaine apparaît avec plus de netteté, autant il semble difficile de spécifier l'action française.

* (179) M.D. EBOLO, op.cit, p.28.

* (180) Idem, p.28 et 29.

* (181) Pour plus de détails, voir M.D.Ebolo, « Nationalisme gouvernemental et pressions extérieures dans le contexte de démocratisation : le cas camerounais », in Polis/RCSP, Volume 1 numéro spécial février 1996, pp. 5-7.

* (182) Voir M.D.Ebolo, « L'implication des puissances.... », op.cit, pp.37-38. Voir aussi le même auteur dans « Nationalisme gouvernemental », op.cit, pp.10-12.

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