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Paule Bellonie du Chaillu

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par Simplice OKOYE ELINGOU
Université Omar Bongo du Gabon - Maîtrise 2007
  

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Section 2. Habitat et environnement

Le village Issala chez les Massango est l'endroit où résident plusieurs familles dont la majorité se réclame d'un même clan. La construction d'habitation dans nos sociétés traditionnelles se faisait essentiellement avec des matériaux issus de la forêt. Des espèces d'arbres et de plantes sont utilisées selon leur solidité et leur résistance aux termites, selon d'autres attributs recherchés pour construire des murs, des lames de toit. De nombreuses espèces ligneuses (bois) et non ligneuses (fruits, feuilles, lianes) sont exploités pour la réfection des cases. Les écorces des grands arbres faisaient office des murs, la paille et les feuilles pour les toits.

Le lieutenant Maignan19 disant à son temps que, le village avait une forme type à peu près immuable. Il se composait de deux rangés, des cases accolées, laissant entre les allées une rue de longueur variable. Au milieu de cette rue, de distance en distance, sont

18 Poison d'épreuve faite à la base de l'arbre monaï

19 Lieutenant Maignan, « Le pays Pahouin », in Revue des Troupes coloniales,1912, extrait reproduit de Histoire militaire de l'A.E.F. (Afrique Equatoriale Française), imprimerie nationale 1931, et repris par Minko Mvé dans Gabon entre Tradition et Post-modernité. (Dynamique des structures d'Acceuil fang), éd. L'Harmattan, paris 2003, p. 107.

échelonnées des cases isolés au corps de garde. Par contre, les latrines sont toujours à une distance plus ou moins éloignée derrière la cuisine. Les déchets ménagers sont jetés dans un trou creusé à cet effet. Le village, en réalité porte toujours un nom simple ou composé. Un grand nombre dérive de plantes d'un cours d'eau ou d'arbres caractéristiques du voisinage. On trouve aussi des noms provenant d'animaux, d'objets, de situations, de traits de caractères des habitants, etc. Pour notre part, notre village, Issala renvoie au choix (sal') ou (ùsal '), c'est selon en Massango. Ce qui veut dire choisir. Autrement dit, ce nom est révélateur du choix porté sur lui pour y regrouper plusieurs autres. Ainsi, un nom est donc toujours évocateur. Il n'est pas neutre, il fait toujours référence à quelque chose de plus ou moins mystique.

Fig. 2 - Type de village ancien traversé par du Chaillu en 1865 (village Moukabou,
Ngounié)

Source : L'Afrique sauvage

Cette image d'un village ancien illustré par du Chaillu ne diffère pas, en général, de la configuration actuelle. Car, de nos jours, les cases ont des portes, des fenêtres, murs, toit, mobilier et vaisselle... de type moderne ; les lits sont tous garnis de matelas. On ne couche plus sur les nattes ou le compos, comme au XIXe siècle.

Photo 5 - Le village Idoumi traversé par du Chaillu (Douya Onoye près de Mouila)

Cliché de Okoy Elingou 27/12/2006

La photo du village Idoumi met en relief la typologie des villages du Gabon. Il est vrai que ce village ne fait pas parti de notre zone d'étude, mais nous avons voulu étendre nos recherches au nord de la province. Ce village s'est donc révélé notre point de chute au regard des orientations collectées à Mouila. En fait, notre ambition était de vérifier si la structure des villages, ainsi que les réalités sociales que connaissent les populations de Issala sont de mises ailleurs, c'est-à-dire dans les zones explorées par du Chaillu. Idoumi est donc le village à notre avis, le mieux adapté à cet effet dans la mesure où ce dernier fait partie des villages traversés par du Chaillu lors de son voyage en pays punu, vugu et tsogho. Dans cette parti de la province, il découvrit : Idoumi (regroupement actuel), Mouendi, Dilolo, Mokaba, Igombi, Yengué et Mokenga avant d'atteindre Niembou à l'ouest.

Ce village a donc gardé la structure des anciens villages dont du Chaillu en fait la description. Par contre la cours commune dans le village ancien s'est considérablement rétrécie pour faire place aux routes qui traversent le village et le divisant en deux. C'est un regroupement de villages comme c'est le cas de Issala. Sur cette photo nous observons les cases alignées le long de la rue conduisant à Mouila. En arrière plan, nous percevons deux femmes qui se dirigent vers nous. Elles se rendaient au domicile du chef où nous nous trouvions. Ce dernier en avait convoqué une réunion dont l'objet portait sur le débrois sage du village.

Photo 6 - Le village Issala sens (Mbingou-Lébamba)

Cliché Simplice Ockoy Elingou, samedi 0 1/04/2006

Cette photo nous présente l'axe routier Mbigou-Lébamba créé dans les années 1950 en vue du désenclavement des populations de l'arrière pays. D'autre part, elle montre de façon plus explicite le côté abritant la majorité des maisons dudit village. Au premier plan, nous avons la maison de notre informateur n°2. C'est dans cette maison que nous nous sommes retrouvé avec tous nos informateurs pour un entretien collectif comme l'avait souhaité le chef de regroupement. La maison que nous apercevons en troisième position est celle du chef dans laquelle nous avons passé la nuit. Un corps de garde est contigu à cette case dont la toiture est visible. En face, nous avons le mat du drapeau qui nous a servi de repère dès notre arrivée dans le village. Précisons que le drapeau avait déjà été descendu au moment où nous avons pris la photo. Au milieu de la route nous voyons un villageois qui tient une bouteille de vin de palme dans sa main gauche. Accompagnée de son ami que nous apercevons plus loin, il venait de le récolter sur ce palmier en face du corps de garde.

Par ailleurs, le premier phénomène qui s'impose à la vue dans cette région est la végétation. Sous ce mot très général, on désigne l'ensemble des plantes qui croissent en un lieu donné. Par extension spatiale, on parle de la végétation d'une région comme c'est le cas ici. Cette forêt des montagnes décrite par du Chaillu est restée à écart des grandes exploitations à cause des difficultés de pénétration (très peu de pistes praticables et relief

montagneux). « Le pays continuait d'être montagneux, et nous eûmes à faire des détours pour éviter des pentes trop roides »20.

Photo 7 - Relief décrit par du Chaillu en 1885 (le Biroughou-Bouangue, Marémbo)

Cliché de pris par Clotaire Moukegni Sika le vendredi 15 decenbre-2006

Photo 8 - Un palmier à huile Village Marémbo

Cliché de Simplice Ockoy Elingou le vendredi 15 décenbre 2006

Le palmier à huile est très cultivé et exploité par les populations pour la fabrication du vin de palme. En arrière plan le relief juxtaposant le mont Biroghou dont du Chaillu en

20 Paul du Chaillu, L'Afrique Sauvage, Libreville, Luto, 2002, p. 270.

avait fait la description. Le palmier est un arbre cultivé au village Issala en raison de son caractère multi-fonctionnel. Si les femmes attachent du prix à cette plante pour la production de l'huile de palme servant à la cuisson des aliments ou parfois utilisée comme crème de beauté en milieu rural. Avec les noix, on peut aussi faire une sauce appelée nyèmbuè. Les hommes par contre l'utilisent pour la fabrication du vin de palme. Cette boisson est très prisée par les populations aussi bien villageoises qu'urbaines. Il se cultive de deux façons. Soit en abattant complètement le palmier ou en extrayant le vin depuis le haut dont la récolte se fait deux fois par jour. Cette dernière semble être la meilleure boisson selon les témoignages des consommateurs du vin de palme. « Je les ais souvent monter aux arbres dès le matin, et puiser à long trait dans les calebasses qui y étaient accrochées »21. En arrière plan, nous avons la végétation décrite par du chaillu en son temps. Ce relief très accidenté est situé dans la région de Niémbou. Nous pouvons apercevoir le mont Biroughou en dépit du brouillard qui affecte sans cesse cette région.

Un autre fait que nous pouvons souligner c'est le caractère sédentaire des Massango. Si dans le passé, du Chaillu en avait fait la description des peuples rencontrés dans la région en l'ocrurrence les Massangou, il nous importe de souligner que ce peuple est resté attaché à son environnement, disons à leur région, bien qu'étant déplacés.

Récit 12 - Joseph Madouma, agriculteur (ignore sa date de naissance ; village d'origine : Impungu ; clan : Sima-Mupigha ; clan du père : Sima-Maduma). Notre entretien a porté sur les anciens villages, ainsi que les raisons qui les poussent à les fréquenter jusqu'à présent.

1. gha irughe nami ghu mussiru i ghu labe re ghuyi mbili bambari, mimangue n' batsafu. gha dipule va inangu mossi iruguss va r' di nde va dibughe : dimbu di kale.

1. Si tu viens avec moi lorsqu'on se rend souvent en brousse, tu pourras constater qu'à certains endroit il y à la présence des palmiers, manguiers, atangatiers et d'autres arbres fruitiers ; Ces endroits marquent la présence des anciens villages.

2. va bibambe ba va r' ghukmanu dilabe yere

2. Lorsqu'on nous a demandé de venir ici, on s'est

badumbe yetu mimbe metu. nde mu dio di na

senti comme privé de nos zones de prédilections. Si

gnale ghune va di na ronde. di va re di yende

bien que nous sommes obligés de repartir de temps en

ghu mabughu.

temps dans ses zones pour multiples activités.

3. mussangu utsimbu ma bughe mandi nde time

3. Par ailleurs un musangu qui ignore ses origines est

ivassi. di sake bendze tsimbu ussendi.

un idiot. Même si nous n'avons pas des papiers comme

nes 'usaghe yetu n' bapepi gha yenu bibambu, di

vous les blancs, nous faisons un effort de le dire à nos

na yembili bane betu mambu motso ma kale ma

enfants. Et notre culture se transmet de génération en

siss bivunde. n' mugni bane botso ba ronde koke

génération. C'est dommages que tous les enfants

tsoghle ghu pungu. va bele ma, usende mutu u

veulent maintenant vivres en ville. Si bien que lorsque

vindze me ghu mussiru. batsafu bots ba buguene

je tombe malade, il n'y a plus personne pour se rendre

21 Paul du Chaillu, L'Afrique sauvage, p. 215.

k' buguene

en brousse d'où le gaspillage des fruits comme les atangas.

4. bibambe ba ma baghe biotse mu maghatsi, di

4. Concernant le mode de vie à Issala , nous faisons

na va koke gha batu botsu ; di sale badola, mu

comme tous les autres c'est-à-dire que nous cherchons

yende ghu bibambe ghu ye sumbe bighuyi mu

de l'argent puis nous nous rendons à Lébamba pour

maghatsi. bemine-r' y bene na do mandaghu,

toute sorte de provision. Constate toi même les toits

motsu ma koke matolu ye. va bilegue va kale

des maisons tout est en tôles. Est ce qu'au temps de nos

diyabgue matolua ? ghu maghatsi ghu koke

aïeux ont connaissait se que c'est la tôle ? Dans les

badendu n' bakoku n' sali, di s' yabe ghu boke

boutiques ce sont les dindons et poulets dont la date de

bo. matsule r' ghu koke ibelsu ghi baghodzu n'

leur abattage nous est inconnu. Il parait qu'il y a déjà

bakoku. ak' di vaghanu nde tseni ? bine biotsu

une maladie des poules, alors que faire ? tout ça c'est

k' yenu bibambu.

vous les blancs.

Le récit de papa joseph comporte quatre séquences. Les deux premiers traitent du concept de vieux village dont il en fait l'historique. La troisième séquence affirme la force de la tradition orale dans le monde moderne ; en ce sens qu'elle continue à se perpétuer de génération en génération. Tandis que la quatrième séquence aborde la question du mode de vie et les changements relatifs, à cet effet.

De ce récit, retenons que les changements culturels sont de mise et sont très apparents dans les villages ce malgré quelques résistances.

Photo 9 - La bretelle de gauche du village (Lébamba-Mbingou)

Cliché de Simplice Ockoy Olinda Simplice, samedi 01/04/2006

Cette photo nous présente la bretelle gauche du village Issala. Les maisons que nous voyons traduisent la dynamique des changements dont nous parlons dans ce travail. Dans la mesure où elles sont multiformes, c'est-à-dire qu'elles sont bâties aussi bien en terre battue (1ère maison de gauche) comme nous l'avons souligné dans le commentaire de

photo n°2 ; en briques de terre (1ère maison à droite) ; mais aussi en briques de terre cuite (maison en face) qu'en dure (voir maison jouxtant celle que nous venons de présenter).

Le couple qui se tient débout devant la maison et dont la femme porte un bébé sont des habitants de celui-ci qui nous observe en train de prendre l'image. Cette bretelle mène au domicile de notre informateur n°4. Dans ce village les populations, à l'instar des autres villages du Gabon, élèvent les animaux domestiques constitués de poules et de moutons visibles sur cette photo. Au premier plan, une branche de palme est attachée à un poteau, et cela sur tout le long du village au moment de notre séjour. Elle est explicative de la cérémonie de retrait de deuil qui à lieu le jour même (samedi 1er mars 2006)

Récit 13 - Lévoga Jean Gabriel : chef de regroupement du village Marembo. Avec lui, nous nous sommes entretenu sur l'implantation des Nzèbi à Lébamba, Issala, et Marembo.

1 - Selon les histoires que les grands parents nous ont racontées, les nzèbi ont toujours été les plus nombreux que les Massango et les Mitsogo. Je ne parle que de ces deux ethnies parce que ce sont les principales ethnies qui étaient implantées le long de la Wano, avant que l 'Etat ne nous oblige à nous regrouper.

2 - Ici à Marembo, comme à Issala c'est un regroupement des villages que du Chaillu a connu, puisque tu me parles de lui. Mais les principaux villages sont tous à Issala. D'ailleurs, regarde là-bas, c'est le mont Mouawou. Toute cette zone appartient aux Massango et donc tous les villages regroupés ici à Marembo ou à Issala sont des villages massango. Les nzèbi sont arrivés juste après. À l'époque même, une guerre avait éclaté entre les Massango du clan boukomb' et les nzèbi de Ndènguè. Elle s'est poursuivie à Idèmbè, puis à Dioukou. Toujours les Massango du clan boukomb' et les nzèbi issus dipeyi, c'est-à-dire les arrivistes. Quand ils arrivaient à prendre le dessus sur les Massango, ils annexaient le village et s'installaient.

3 - Après Dioukou, l'armée continuait la route vers Lébamba où étaient implantés les Massango du clan Mululu. Ils traversaient la Wano à l'aide des radeaux qu'ils fabriquaient et s'installaient à Lébamba en l'absence de toute riposte ni opposition. Ils étaient redoutés. D'où le terme dibamb' di bakègni (Lébamba des guerriers). Ce n'est que par la suite que certains sont venus s'établir à Issala et Marembu, par le biais des rapports matrimoniaux. Le tout premier commerçant gabonais à s'installer à Lébamba c'est Mathias. Ce sont les Myènè qui le ravitaillait en denrées alimentaires. Ces derniers prenaient les villageois et les envoyaient à Etéké pour l'extraction de l'or. Mais le premier commerçant de Lébamba était un commerçant portugais nommé Férao.

Récit 14 - Boussiengui, 56 ans ; village d'origine : Ipungu ; clan : Sima Mupigha ; clan du père : Sima Maduma. Récit collecté à Libreville le 10 mai 2007. Avec lui, nous nous sommes entretenus sur l'implantation du village Issala ainsi que de la praticabilité des anciens villages.

1 - Je suis originaire de Ipungu. Je vis à Libreville depuis 12 ans pour des raisons professionnelles. Historiquement, il est rapporté que nos villages étaient situés dans la zone de Mubana où je suis allé à plusieurs reprises pour des activités agricole, de pêche et même de chasse. C'est dans ces villages que nous avons des campements non loin de la rivière Wano. Ces implantations étaient stratégiquement établies à cause des activités villageoises, essentiellement la chasse, la pêche et la cueillette.

2 - Un Musangu qui a grandi aux abords de la Wano et qui ne sait pas placer les filets n'est pas digne
de lui. Pendant la saison sèche, je me souviens que lorsque j'avais fin, il me suffisait simplement de
me rendre à la Wano pour pouvoir obtenir un bon kilogramme de poisson. Aujourd'hui, je suis sûr

que ce n'est plus pareil au village, à cause de la paresse et le manque de savoir faire qui animent les jeunes. À cela s'ajoute l'éloignement des villages, car il faut parcourir 15 à 20 kilomètres pour atteindre la Wano. Tu vois, mon petit que cela est difficile.

3 - Pour ce qui est des activités socioculturelles, ici en ville cela n'existe presque pas. Mais au village, il se pratique toujours, même si les modifications ne manquent pas. Du moins, jusqu'à ce que je ne quitte le village, les initiations au nyèmbè et au bwiti, deux rites traditionnels, se faisaient toujours. Les périodes les plus propices c'est la saison sèche, car c'est au cours de laquelle plusieurs enfants regagnent le village, au terme de leur année scolaire. Nous profitions donc de cette période pour inculquer aux enfants les notions de base et l'amour pour le village.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein