WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Paule Bellonie du Chaillu

( Télécharger le fichier original )
par Simplice OKOYE ELINGOU
Université Omar Bongo du Gabon - Maîtrise 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre 6. Rupture ou continuité

Section 1. Typologie des changements

A ce niveau de notre réflexion, nous voulons aborder dans un premier temps la question de la langue afin de mettre en relief la perte de l'identité culturel ; car la langue est le véritable véhicule culturel. En effet la pratique de la langue vernaculaire dans nos villages en général et en particulier le Massango à Issala tend à disparaître au profit du français (langue du colonisateur).cette situation, loin d'être l'apanage du seul groupe ethnique massango est plutôt inhérent à toute la société gabonaise. Les explications relatives à cette situation varient selon les sociétés.

Dans le cas présent cet état résulterait d'une part des effets induits de la colonisation, à savoir, l'école actuelle qui ne crée ni le savoir ni le savoir faire, mais plutôt d'assumer uniquement les carrières, car, organisé selon le modèle français. Dès lors, le savoir traditionnel est relégué au second plan. Dans cette optique, Franck Idiata pense que

« lorsqu'on esquisse une comparaison des modes de vie traditionnelle et celui développé aujourd'hui dans les villes, on se rend compte que l'école crée le savoir, c'et certain, mais pas le savoir-faire ni le savoir-être. .En effet, alors que l'éducation traditionnelle formait les individus à vivre en harmonie avec leur espace socioculturel (...) L'école a formé des êtres totalement étrangers à leur propre environnement »29. De ce

fait, il est donc nécessaire de réorganiser l'école gabonaise par l'introduction des langues

dans le système éducatif. « Le premier intérêt de la prise en compte des langues vernaculaires dans l'éducation scolaire est d'adapter l'école à l'environnement socioculturel de l'enfant. »30

Par ailleurs, cet état résulterait des rapports matrimoniaux qui existent entre deux groupes ethniques (Massango-Tsogho) ou (Massango Nzèbi) c'est selon. A Issala, les Massango et les Nzèbi cohabitent depuis des décennies, nonobstant le fait que les premiers restent les autochtones du dit village. Si du chaillu à son temps évoquait déjà le recul des Akélé et les Evaïa, il y a 150 ans31, force est de constater que la langue isango connaît sensiblement les même problèmes .c'est-à-dire reculent considérablement par rapport au Nzèbi (très parlé dans ce village. En effet, le récit de l'informateur 10 mas sango donne les pistes de réflexions sur l'une des causes de ce recule et sur l'expansion de la langue nzèbi. En fait c'est la langue nzèbi qui connaît une expansion favorisée par les mariages inter-

29 Daniel Franck Idiata, Francophonie et politique linguistique en Afrique Noire : Essai sur le projet d'intégration des langues nationales dans le système scolaire au Gabon, Libreville, La Maison gabonaise du livre, 2005, p. 82.

30 Idem, p. 84.

31 Jean-Pierre Gautier (1) Raymond Mayer (2) « Sur les traces de Du Chaillu », Rapport Général des missions effectuées au Gabon en 2004 :(1) 17 juillet-9 août au sud (2) 15-19 octobre au Nord.

ethniques Il ressort selon les témoignages de notre informateur que les autres ethnies aimaient prendre femme chez les Nzèbi notamment les Mas sango, alors que l'inverse était peu fréquent. Les zèbi aimaient toujours se lier entre eux d'où l'expansion. Il est vrai que dans nos sociétés traditionnelles lorsqu'une femme est donnée en mariage, elle ne fait plus parti de la famille nucléaire mais d'adoption c'est-à-dire de son mari. Donc devrait logiquement assimiler le Massango.

Le problème ne se situe pas à ce niveau mais plutôt au niveau de la transmission de la langue et le parler. En effet tout ce passe au niveau de la cellule familiale. Le récit de vit de Mbaghou Adolphe et l'observation de la transmission des langues dans les généalogies d'enfants nés d'un couple massango-nzèbi montre que c'est généralement la langue de la mère donc le Nzèbi qui est transmise aux enfants. Ces derniers apprennent et parlent plus facilement la langue de la mère que celle du père. Dans tous les cas, l'une et l'autre sont reléguées au second plan de nos jours car les enfants s'expriment plus aisément en français qu'en langue.

Récit XX - Mbaghou Adolphe, (ignore sa date de naissance ; village d'origine : Mughiba ; clan : Mutuka ; clan du père : Bougoundou). Le récit portait sur la question de la transmission des langues et de leur parlé.

« Le problème que les enfants d'aujourd'hui ne parlent plus nos langues est difficile à comprendre. Et pourtant, nous faisons ce que nos grands parents faisaient. À l'époque ancienne, le français n'existait pas. C'est toujours le Massango que l'on parlait aux enfants. C'est ce que je fais aujourd'hui. Il est vrai que j'ai fais l'école, j'ai fréquenté jusqu'au CE1 fort, mais je ne parle jamais à mes enfants le français. Mon maître c'était un blanc. Mais c'était d'abord un prêtre qui nous parlait en français quand je rentrais faire la pénitence pour être baptisé. Mais ça se récent

Les Massango n'ont jamais été nombreux. Regardes, là où tu es là, tu es quoi ? Quelle est ton ethnie ? Obamba, répondis-je. Alors, si tu épouse une femme punu ou fang, tu quoi que les enfants vont parler quelle langue ? Les deux, répondions-nous. Aou ! C'est faux ! Les femmes apprennent toujours aux enfants leur langue. Ce sont les mauvaises, les hommes que tu vois-là (entendons femmes).

Regarde, mon grand-père avait trois femmes dont deux nzèbi et une mitsogho. Ils ont fait beaucoup d'enfants : quatre pour la première, sept pour la deuxième et cinq pour la troisième, dont deux décédés. Après sa mort, chacune d'elle a été prise en mariage par d'autres hommes non massango. Tu crois que ces enfants pouvaient parler quelle langue ? Ce n'est pas le mitsogho et le nzèbi ? Si je parle Massango aujourd'hui, c'est parce que ma mère a été épousée par un massango. Donc, le fait que les massango ne sont pas nombreux au Gabon, c'est peut-être dû au fait qu'ils aimaient

prendre femmes ailleurs. Le reste je ne sais pas, c'est vous-mêmes qui faites l'école. Les enfants même au village ne parlent que le français. Qu'est ce que tu veux que je te dise ? »

A travers ce récit, papa Mbaghou s'interroge également sur le phénomène observé de nos jours dans nos sociétés. Autrement dit, les enfants ne parlent plus ou ne savent plus parler leur langue. Cette situation est véritablement révélatrice de la grande perte de notre identité culturelle dans un monde en pleine mutation. Par la suite, il pointe du doigt l'Occident avec l'arrivée de l'ère coloniale par l'entremise des missionnaires catholiques et protestants qui, au travers de la religion, imposaient leur culture. Il n'oublie pas de souligner le problème de la transmission des langues dans la cellule familiale. Les tentatives d'explication de cette situation se focalisent autour des types des rapports matrimoniaux que les Massango entretenaient avec d'autres ethnies. Dans tous les cas, il ressort que les Massango ont toujours été minoritaires par rapport aux Nzèbi avec lesquels ils cohabitent depuis des décennies à Issala.

Précisons néanmoins que le problème de revendication de l'appartenance au clan de l'un ou de l'autre ne se pose pas dans la mesure où les Massango tout comme les Nzèbi sont matrilinéaires. Dès lors, il ne reste pour l'homme massango que le système de filiation et éventuellement certaines pratiques sociales comme l'initiation (mwiri, nièmbè ou la circoncision).

Cette dernière est l'opération par laquelle le prépuce, une partie de la peau qui couvre le pénis est amputé. Chez les Massango, cette opération est emprunte d'un symbolisme particulier : celui d'assurer socialement le passage de l'homme de l'état d'enfance (ou de femme) à l'état d'adulte (où d'homme). Le rite de la circoncision constitue une épreuve importante chez les Massango. Jadis, on la subissait très tard. De nos jours, la circoncision se pratique relativement tôt sans nécessiter une quelque conque cérémonie.

Récit 6 - Sébastien Nzenguet Loundou, menuisier charpentier, (ignore sa date de naissance ; village d'origine : Mughiba ; clan : Mutuka ; clan du père : Bugundu). Avec lui, nous nous sommes entretenus sur la perte des valeurs culturelles par les enfants, les différents clans des habitants de ce village, les raisons de leur regroupement puis la séparation des villages masango dont une partie est dans le regroupement de Mayani.

1. va kale batu ba s' tsaghle masus. dimbu di bunde ke n' mutu (kumu dimbu). nane mimbu ma bass ke n' kinde, miongue n' bibamdu ; saghe batu basuss. mute gha ronde yonga a yongue ghu dimbu

1. À l'ancienne époque, l'implantation des populations ne se faisait pas de façon anarchique. La création d'un village était généralement l'oeuvre d'une personne qui s'installait avec sa famille. Le

di suss ; batu ba putghne ghu ghare mimbu.

village se remplissait au moyen des relations

matrimoniales.

2. n' mugni n' dipande dienu di na pandne k pandne. di sagho do wabe bibandu n' mimbu menu. di na yongue koke ghiéghu ghiéghu. ilab' mughiétu n' mapape yère do ma madile, n' yanguegue minu;. nési ma ghossu di sa bo rine. ke time tsoni laverté.

2. Avec votre indépendance aujourd'hui, vous ne savez plus rien; continuez à nager aveuglément. Vous êtes sans repère puisque vous ignorez mêmes vos origines, vos clans et lignages. A peine vous rencontrez une femme, aussitôt vous vous « mangez les bouches » : embrassez, sans même connaître son clan. Ce qui était formellement interdit. Quelle honte !

3. itse tombe dimbu diame, nde mughame, dimbu di bakaghe bami. ibandu ghiame nde mutuke, betsi ma mayambile-yu dio. mimbe metu ma s' bil'gue gha vave di yendegue ghu mbughe bambetsi; yawu koke barughegue ghu mbughe etu.

3. Revenons à ton affaire, tu m'as posé une question. Mon village est Moughiama, c'est celui de mes ancêtres. Mon clan est Mutuka. Je croix te l'avoir déjà dit. Nos villages n'étaient pas vraiment trop distants les uns des autres. Si bien que les gens se fréquentaient.

4. va yambile bibanbu r' mimbe motso ma ke putghne koke putghne, vane va rughe yetu ghughe. kaghu, nde mu dio y na labe r' vave v' k bibandu bio n 'bio.

4. Quand les Blancs nous ont demandé de venir ici à proximité des routes, nous nous sommes vus obligés de nous regrouper par affinité. Tu vas peut-être le constater dans tes papiers, à Issala ce sont presque les mêmes clans.

 

5. gha ina ronde ma gnighule-yu ghuyi: sime-
irugui, sime-madume, sime-mupighe, sime-

mbaghu, mutuke, bukombe, bugundu, djobu. ghotsu ma tse tsimbu. i mossi, beyi saghe mbili; ma yatsi r' ma koke inunu.

5. Si tu veux que j'énumère : il y a Sime-Irugui, Sime-Madume, Sime-Mupighe, Sime-Mbaghù, Mutuke, Bukombe, Bugundu, Djobù. Si j'ai oublié certains en tout cas pas plus de deux, bien que je sois vieux.

Ce texte de cinq séquences nous permet de comprendre la prédominance de certains clans dans un village. La première séquence retrace la façon dont le village a été crée, son peuplement. Dans la seconde, notre informateur éprouve un regret face à la perte des valeurs traditionnelles par nos enfants. Tandis que dans les séquences trois et quatre, il donne les raisons de leur jumelage ainsi que les différents clans regroupés dans ce village. C'est dans la dernière séquence qu'il en fait une énumération.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault