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L'aide alimentaire monétisée quel impact sur le développement social et économique : Le cas du Niger

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par Aymar Michael MBENZE NZICOUD
Institut Universitaire de Technologie de Bordeaux 3 - DUT en Gestion du Développement et l'Action Humanitaire 2007
  

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II-la place de l'aide alimentaire dans la politique de sécurité alimentaire au Niger

Dans la notion de l'aide il y a deux parties en présence, le donateur et le bénéficiaire, ce qui permet d'identifier et de nommer les parties c'est leurs statuts, car, la façon dont l'aide est octroyée et utilisée en dépend. Il y a donc l'aide alimentaire octroyée de gouvernement à gouvernement (l'aide bilatérale) ; et, l'aide alimentaire dont la charge revient aux organes subsidiaires de l'ONU que sont : la FAO, le PAM, UNICEF, etc ...

L'aide alimentaire est définie par la FAO comme « un transfert de produits d'un pays donateur à un pays bénéficiaire à titre de don pur et simple ou à des conditions de faveur exceptionnelle ».

Au Niger les regains d'excédents enregistrés en 1992, soit « un total de 183. 747 tonnes »7(*) ombrageaient une réalité plutôt difficile pour des villages totalisant 1.800.000 habitants dont le degré de déficit céréalier restait figé à 50% et ayant un besoin complémentaire de 200.000 tonnes. Autrement dit, il y avait malgré tout, des zones du pays où l'insécurité alimentaire restait irrésolue. Cela explique en partie la raison pour laquelle le pays demande de l'aide alimentaire tous les ans depuis les deux grandes crises alimentaires de 1973 et 1984 jusqu'aujourd'hui, puis certaines région du pays reste constamment en situation déficitaire.

Comme nous l'avant évoqué plus haut, les conditions d'une agriculture prospère s'étant détériorées avec les problèmes de climat, du désert, de la démographie, de la pauvreté, ect..., avec pour conséquences les difficultés à rééquilibrer une production agricole de plus en plus régressive, la dernière crise alimentaire de 2005 a fait du Niger le terrain d'expérimentation de l'efficacité de l'aide dans une situation d'urgence et/ou la capacité des pays donateurs à réagir dans les conditions d'extrême urgence.

En somme, nous avons retenu qu'il y a au Niger deux principales formes d'aide alimentaire : des programmes d'aide alimentaire octroyés au pays par des états donateurs tout au long de l'année ; puis, il y a l'aide apportée au pays en situation d'urgence causée par la crise alimentaire dont les manifestations sont souvent désastreuses au sein de la population (famines ; malnutrition...).

1-l'aide alimentaire programmes (ou continue)

Il faut tout d'abord remarquer que l'aide alimentaire apportée au Niger n'est pas automatique, elle n'est pas préétablie quantitativement ni octroyée de façon systématique, même si l'expérience nous montre que les besoins des populations au fil des années dépassent souvent la production locale attendue pour satisfaire lesdits besoins.

L'aide alimentaire internationale est de ce fait l'aboutissement d'un processus préalable d'identification et d'estimation des besoins alimentaires locaux.

En effet, chaque année le Ministère de l'agriculture dresse un bilan qui permet l'évaluation de la compagne alimentaire de l'année en cours afin de parer à tout éventualité lors de la période de soudure. Ce bilan prend en compte les « stocks et réserves des paysans, les stocks de l'Office des Produits Vivriers du Niger (l'OPVN), les importations commerciales programmées, mais aussi des rendements supposés de la compagne de culture contre saison »8(*).

L'estimation des besoins compte à elle se fait selon les bases suivantes (bases propres au Niger) :

Base : Mil et Sorgo

Population

Nomade/ Urbaine

200 kg/ habitant

Sédentaire

250 kg/ habitant

C'est donc après ce processus de bilan et d'estimation de besoins que l'appel à l'aide peut ou ne pas être lancé.

Notons cependant qu'il est souvent arrivé que le pays sollicite l'aide en période d'abondance pour des raisons de sécurité à long terme et de stabilité des prix. Ainsi de façon plus constante, il y est établi un programme d'aide sur l'année dont le but serait de soutenir la balance des paiements de l'Etat.

a/ Mise en oeuvre de l'aide programme (ou la monétisation)

L'aide programme est une aide qui transite par le marché international dans des conditions dites exceptionnelles. Cette pratique trouve un grand soutien juridique dans la convention relative à l'aide alimentaire de 1999, notamment dans son article 9 qui précise que :

« L'aide alimentaire en vertu de la présente Convention peut être fournie de l'une des façons : ...ventes de produits alimentaires contre monnaie du pays bénéficiaire, qui n'est ni transférable ni convertible en devises ou en marchandises et services susceptibles d'être utilisés par le membre donateur... ventes de produits alimentaires à crédit, le paiement devant être effectué par annuités raisonnables échelonnées sur vingt ans ou plus, moyennant un taux d'intérêt inférieur aux taux commerciaux en vigueur sur les marchés mondiaux... ».

Au niveau local, l'aide est commercialisée aux populations, souvent dans les conditions autres de celles du marché, conditions dont les autorités politiques ont un contrôle relatif. Là encore, cette pratique est tout à fait légale lorsqu'elle s'effectue selon les conditions posées par la convention CEE/ ACP 9(*) (les accords de Lomé) dont l'article 35 du Titre I définit les conditions d'octroie de cette aide :

« Le produit doit être vendu à un prix qui ne doit pas concurrencer la production locale, les fonds doivent servir à financer des projets de développement, l'aide distribuée gratuitement doit aller aux groupes vulnérables, l'aide doit s'insérer dans un programme de développement national, les produits doivent être adaptés aux besoins des pays bénéficiaires... ».

C'est ainsi que l'aide accordée au Niger est vendue sur les marchés locaux, les dividendes obtenues sont, en principe, utilisées pour le financement des projets de développement. Pour se faire un compte commun est crée aux noms des deux parties (donateur et bénéficiaire, souvent dans un cadre de relation bilatérale) pour constituer le fond de contrepartie. C'est ce que nous appellerons ici la monétisation de l'aide alimentaire.

Là encore le principal acteur de la mise en oeuvre de l'aide alimentaire programme au Niger c'est l'OPVN qui officie à coté de l'UNCC (l'Union Nationale de Crédits et de Coopération). Une partie des fonds obtenus par la monétisation est utilisée par l'OPVN pour constituer des stocks d'aliments susceptibles de servir en période de vache maigre. L'UNCC en collaboration avec les chefs traditionnels des villages achètent le mil et le sorgho aux producteurs locaux et aux villageois pour le compte de l'OPVN qui ramasse ensuite la production dans les centres de collecte, de Décembre à Mars.

Les coopératives elles, achètent aux paysans leurs productions au nom de l'Etat, elles sont officiellement investies de ce rôle par les autorités.

Entre tous ces intermédiaires, il est tout à fais prévisible que des dérives puissent échappent à l'ordre établi : « il n'est un secret pour personne que les autorités traditionnelles et les dirigeants des coopératives contraignent les paysans à commercialiser leurs produits par le biais des circuits officiels »10(*). Aussi faut-il craindre des détournements ?

Dans les périodes de soudure, lorsque la famine commence à se faire ressentir et que les prix de céréales sur les marchés sont élevés, l'OPVN organise des centres de distributions gratuites pour les populations les plus démunies et les ventes pour ceux qui peuvent, sans jamais dépasser les 10 kg par jours. De ce qui ressort des enquêtes rapportées par Olivier Meunier dans son ouvrage « Education, diversité culturelles et stratégies politiques en Afrique subsaharienne », il y auraient des limites considérables en ce qui concerne la distribution des vivres en période de soudure : « D'un coté, il y a le tapage médiatique sur l'importance du volume d'aide alimentaire octroyé par les ONG, Institutions internationales et pays amis, de l'autre, les quantités dérisoires, voire ridicules, qui parviennent effectivement sur le terrain ».

Les limites de ce système stockage-vente-distribution révèlent aussi les limites du système d'aide alimentaire monétisée. Le constat qu'en fait Olivier meunier est encore plus poignant lorsqu'il dit : « La vente des produits aux populations nécessiteuses dans les centres ruraux s'effectue exclusivement pendant la période de soudure entre Avril et Août. Mais dans les gros centres urbains comme Niamey, la vente s'effectue toute l'année afin d'assurer l'approvisionnement permanent des services administratifs, les services privés, les établissements publics de l'Etat, de l'armée et des corps paramilitaires...l'essentiel des activités et des interventions de l'OPVN s'effectue au bénéfice des centres urbains...la ville de Niamey absorbe à elle seule les 9/10eme des stocks régionaux...le ravitaillement des centres urbains au détriment des populations rurales est l'un des effets pervers de l'aide alimentaire... ».

A cela s'ajoute la dilapidation des fonds, la disparition des stocks et une mauvaise gestion de ceux-ci, selon ce dernier.

L'aide alimentaire programme du Niger, c'est aussi tous les objectifs sanitaires poursuivis par les organisations internationales comme l'UNICEF dans le cadre des programmes de lutte contre la malnutrition infantile, le PNUD dans le cadre des programmes de développement rural, la FAO dans le cadre des programmes d'aide alimentaire dans les cantines d'école, l'OMS à travers ses programmes de soutien à la santé et aux populations vulnérables. Dans la majorité des cas cette aide alimentaire (multilatérale) est distribuée de façon gratuite.

Tout au long de nos recherches, il nous ait apparu clairement que l'aide alimentaire monétisée faisait l'objet de controverses à la fois d'ordre idéologique et pratique.

* 7 Niger évaluation de la compagne agropastorale 1992, p.12

* 8 Bulletin de SAP du 26 février 1996

* 9 CEE : Communauté Economique Européenne

ACP: Afrique Caraïbe Pacifique

* 10 Educations, diversité culturelles et stratégies politiques en Afrique subsaharienne, p. 234

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