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La SNFAR du SENEGAL : Appui à la mise en oeuvre des Dispositifs de Formation des ruraux par la Demande

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par Abdourahmane FAYE
Université des Sciences Sociales de Toulouse 1 - Master 2 Pro Ingénierie de la Formation et des Systèmes d'Emplois 2008
  

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2 - 4 : La mise en oeuvre des formations dans les Centres Polyvalents :

Contrairement à l'idée répandue selon laquelle ces centres ne sont pas adaptés pour la formation des producteurs, des expériences concluantes ont été menées par le BFPA dans certains centres. Outre le fait que six des neuf centres livrés ont connu un démarrage effectif avec une centaine de formations conduites, les démarches pour les mettre en oeuvre l'ont été selon des processus systématiques de diagnostics partagés et de construction sociale des besoins.

A Kolda où l'appui du BFPA à démarré la première action lancée s'est déroulée comme suit (cf. récit page suivante).

Formation du groupement des femmes du village de Goundaga dans le département de Kolda.

Acte 0 : le déclencheur : le Chef du Centre d'Expansion Rurale Polyvalent de Kounkandé participe à la journée de lancement des activités du Centre Polyvalent de Formation de Producteurs de Kolda organisée par le staff, présidée par le préfet, président du Comité Départemental de Concertation, et animée par le BFPA. Pendant cette journée le Responsable de la Formation des Producteurs du BFPA a expliqué au public venu nombreux du département la genèse et l'évolution du Programme des Centres Polyvalents, sa philosophie d'intervention et ses modalités d'actions centrées sur le principe de la réponse à la demande concertée.

Acte 1 : le chef du Centre d'Expansion Rurale de Kounkandé (1er pôle du triangle) saisi par les femmes du village de Goundaga qu'il encadre, pour un problème de mortalité de plants de piments, a téléphoné à l'Administrateur Délégué du Centre Polyvalent de Kolda (2ème pôle) pour lui faire part de la préoccupation des femmes du groupement (3ème pôle du triangle) et solliciter une « formation sur les pesticides » pour le groupement.

Acte 2 : l'Administrateur du Centre Polyvalent, accompagné d'un agent du Service Départemental du Développement Rural ès qualité de prestataire, se rend directement au village pour prendre langue avec les femmes au sujet du problème. Il ressort des discussions menées sur les parcelles que le problème est lié à une pratique de maraîchage en vigueur dans le village qui favorise la dissémination de la maladie. Et que donc la solution n'était pas dans le traitement des plants et parcelles qu'elles sous-entendaient, mais dans le changement des façons culturales qui elles, étaient une résultante directe du mode de leur organisation. Un accord a été donc trouvé « sur le champ » pour une formation portant non pas sur les pesticides, mais sur l'impact des pratiques sur l'état des cultures et sur les rendements.

Acte 3 : Puis l'Administrateur Délégué rencontre à nouveau le chef du Centre d'Expansion Rurale pour lui exposer sa lecture de la situation-problème et recentrer la demande sur  « la gestion des parcelles et des facteurs de rendements des plants de piments ».

Acte 4 : Enfin l'Administrateur Délégué, le chef du Centre d'Expansion Rurale et le prestataire retournent au village pour formaliser le thème de formation. Le Centre Polyvalent finance la restauration, les femmes préparent les repas, le Centre d'Expansion Rurale héberge les formateurs. La session de formation a duré 4 jours et s'est déroulée au village.

*Source : Document de base du P/CPFP. BFPA, 2005

Le processus a permis de passer d'un souhait (issu d'un diagnostic interne) de se former sur les pesticides à une formation sur « les pratiques culturales et les rendements », résultant d'un diagnostic externe. Ce processus aura permis aux femmes de se construire une nouvelle demande de formation, sociale celle-là.

Le processus a aussi abouti à une décision prise par le groupement de rencontrer leur Conseil Rural et le Conseil Régional pour demander un aménagement de la vallée qui ceinture le village, afin de maîtriser l'eau et réaliser les potentiels de rendements démontrés au cours de la formation. L'argumentaire est surtout construit autour de la situation des jeunes du village réduits au désoeuvrement et contraint à l'aventure de la migration. Alors que les perspectives économiques énoncées de l'activité maraîchère au village, pronostiquent des niveaux d'emplois et de revenus insoupçonnés, à condition simplement de maîtriser la ressource eau. Les démarches immédiatement entreprises par les femmes du village les ont amenées à utiliser fréquemment les services du Centre Polyvalent pour mener leurs activités de relations (réunions, conseils, accueil, courriers, etc.) et de découvrir sa dimension de centre de ressources pour les acteurs locaux. En recherchant d'autres soutiens à son projet, le groupement a été amené à satisfaire une conditionnalité en adhérant à la fédération nationale des groupements de promotion féminine du Sénégal qui a fait d'elle son antenne locale.

Cet exemple conforte également la thèse de la méconnaissance de la démarche de rénovation des dispositifs par la demande. Car dés que les acteurs la découvrent ils y collent et la préfèrent aux anciennes méthodes. C'est une démarche participative d'identification des problèmes rencontrés, de diagnostic externe avec la présence d'un technicien, puis de diagnostic interne par dialogue entre producteurs avec le technicien. Ce récit démontre que :

· les producteurs, même confrontés à un problème bien identifié, peuvent certes le transcrire en « demande de formation », mais que cette demande ne correspond pas à la réalité du problème posé. On peut être confronté à un problème, l'identifier, et être incapable de le transcrire en « écart de compétence », ou se tromper dans l'écart.

· l'analyse de l'écart exige tout à la fois la présence d'un technicien qui analyse plus à fond le problème, mais qu'il exige certainement aussi, le débat et la contradiction avec les producteurs.

· Il y a une différence entre un processus de construction par la demande qui est plus apparent dans le cas de Caritas et un processus de construction sociale du besoin de formation dont il est plus question dans ce cas spécifique de Goundaga.

Mais dans les 2 cas (Kaolack et Kolda) le retrait de l'expertise externe entraîne l'arrêt des initiatives de rénovation et le retour aux anciennes pratiques. Qu'est qui est à l'origine de cette fragilité ? S'agit-il de la complexité de la démarche ? S'agit-il d'un retrait prématuré de l'appui technique ? S'agit-il de l'arrêt des financements externes qui est généralement concomitant (ou explique même) au départ de l'expertise extérieure ?

Ce questionnement introduit la double problématique du financement des processus de rénovation et de l'expertise extérieure qui sera développée dans cette troisième partie.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery