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La SNFAR du SENEGAL : Appui à la mise en oeuvre des Dispositifs de Formation des ruraux par la Demande

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par Abdourahmane FAYE
Université des Sciences Sociales de Toulouse 1 - Master 2 Pro Ingénierie de la Formation et des Systèmes d'Emplois 2008
  

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Conclusion et Recommandations :

La démarche de construction des dispositifs de formation rurale par la demande est un puissant levier de création de dynamiques favorables au développement des communautés et des collectivités, ainsi qu'à celui de la nation. Les exemples des Centres de Formation Agricole de Caritas de Kaolack et du Centre Polyvalent de Formation de Producteurs de Kolda le démontrent clairement.

Depuis 1999, le Sénégal a remis en cause son système de formation agricole en vigueur depuis l'indépendance en 1960 et fondé sur une logique d'offre et une approche programme, pour le substituer à un système construit à partir de la demande des ruraux. L'option est consacrée dans un document consensuel validé techniquement et politiquement sous la dénomination de Stratégie Nationale de Formation Agricole et Rurale.

Le travail de rénovation des dispositifs de formation rurale à partir de la demande entamé depuis 1999 sous la houlette du Bureau d'Appui à la coopération sénégalo-suisse, rejoint en cela (puis relayé progressivement) par le Bureau de la Formation Professionnelle Agricole depuis 2004, a révélé les limites objectives à la mise en oeuvre de la SNFAR. Ce mémoire en a identifié deux qui ont fait l'objet d'approfondissements. Il s'agit :

1. D'une méconnaissance, par les acteurs de la FAR, de la démarche d'analyse et de construction des dispositifs de formation par la demande.

2. D'un environnement économique, politique, institutionnel et même culturel, non propice à l'expression de la demande et peu favorable à la mise en oeuvre de l'approche par la demande.

L'étude a démontré que l'incompréhension porte sur le « concept de demande », et ses applications dans les processus de gestion des demandes de formation des acteurs du monde rural. D'autre part elle provient aussi de la confusion entre la « construction des dispositifs par la demande de formation » et la « construction sociale des besoins de formation ». Une autre distinction difficile à faire est celle entre « demande de formation » et demande sur des dispositifs de formation » des producteurs et ruraux à la base.

Cette méconnaissance s'explique par la complexité qui caractérise les situations dans lesquelles se déroulent les processus de gestion de la demande à savoir les organisations de formation concrètes. Elle est aussi liée à l'irruption récente d'une notion nouvelle importée d'une autre (et vieille) culture, et imposée comme remède à une situation de crise qui a secoué les bases de notre économie, de notre société et de notre jeune nation. Cependant en comparant avec les USA où le concept ne s'est généralisé que dans les années 60 (après 2 siècles d'indépendance) et suite à une volonté politique forte, on est fondé à espérer que cette méconnaissance s'explique par la jeunesse de notre pays, et les difficultés ou erreurs de mise en oeuvre de l'approche par la demande sont inhérentes à la période de transition. Et celle-ci durera encore.

Cette méconnaissance touche les acteurs de la FAR aux niveaux où ils sont impliqués.

· Au niveau local, les dispositifs de formation, soit sont restés sur les logiques d'antan (pour le public) soit limités à l'aspect qualitatif de l'analyse de la demande (pour le secteur associatif) tandis que le secteur privé formel est réduit aux nombreux cabinets de consultants, induits par la libéralisation, mais sans spécialisation précise en formation. 

· Au niveau régional où s'élaborent les politiques territoriales, les acteurs ne réussissent pas à gérer collectivement la demande de formation, par une mobilisation effective et équitable (régulation participative) des dispositifs existants, pour les faire converger dans le sens des orientations et objectifs définis (pilotage concerté).

· Au niveau national où se décident les orientations politiques majeures, l'état n'a pas défini des politiques claires et partagées de développement rural, susceptibles de valoriser une stratégie nationale de formation par la demande. Le BFPA, animateur de la SNFAR, est reconnu dans son rôle de co-régulateur par les partenaires (Organisations de Producteurs, collectivités territoriales, ONG, privés, projets, bailleurs, etc.) mais n'est pas soutenu politiquement par son ministère de tutelle. Ce dernier semble même ignorer (ou douter de) l'utilité des démarches de construction des dispositifs de formation par la demande sur lesquelles travaillent le Bureau. Ce même Bureau, probablement découragé par ce déficit de soutien moral de la tutelle, n'a pas réussi à activer le Comité National de Planification Stratégique de la FAR dont la léthargie est à l'origine du pilotage national déficient, voire inexistant, de la SNFAR.

Malgré le doute profond né des premiers résultats globaux très mitigés à décevants, l'option SNFAR est irréversible et les acteurs n'ont d'autre choix que s'y faire. Le faible engagement de l'Etat est le talon d'Achille du processus de mise en oeuvre de la SNFAR. Le nouvel engagement pris par les pouvoirs publics à travers la LOASP, qui intègre harmonieusement les principes et démarches de la SNFAR, permet d'espérer des changements positifs à ce niveau. En même temps les lenteurs constatées dans l'application de la Loi, et les discours officiels sur le développement rural encore marqué par l'Etat développeur, incite à la prudence. Mais tôt ou tard il va falloir revenir aux principes fondateurs de la SNFAR pour donner de l'efficacité aux politiques publiques. Notre mémoire s'inscrit dans cette temporalité élastique, même si nous ne nous résignons pas au dicton « mieux vaut tard que jamais »

L'Etude a ainsi préconisé des mesures visant à atténuer la méconnaissance de cette notion d'approche par la demande par les acteurs de la FAR, à les faire évoluer dans leurs attitudes et à améliorer l'efficacité des cadres de promotion des démarches de réponse à la demande de compétences des ruraux.

A l'échelle des organisations de formation concrètes :

Ø Pour le dispositif public :

· Appuyer in situ des sessions de formation de formateurs sur l'approche par la demande de formation et les démarches d'analyse de la demande des producteurs ruraux.

· Réformer les organes de pilotage des dispositifs en vue d'y rendre dominante et influente la représentation des producteurs et des collectivités locales utilisatrices.

· Encourager une participation financière des bénéficiaires à la prise en charge des coûts des dispositifs.

· Soutenir sur demande des écoles, des exercices de diagnostics participatifs visant à comprendre les enjeux et cerner les problématiques de développement des terroirs.

· Appuyer des initiatives et activités concourant à l'animation de la vie de relations des établissements (voyages, parrainages, expérimentations, groupe de réflexion, etc.)

La méthode consiste à soutenir et accompagner des initiatives de projet d'établissement. Ce sont des processus initiés par l'établissement, portés par les directions, animés par les formateurs, incluant les acteurs du milieu, notamment les producteurs et les élus locaux, et prenant en compte leurs avis, etc. L'objectif visé est une relecture des méthodes et contenus de formation à partir des éléments nouveaux d'environnement, pour une rénovation/adaptation de l'offre pédagogique.

Ø Pour le dispositif associatif et privé :

· Généraliser la « concession du service public22(*) » de la formation sur la base de projets d'établissements aux normes, pour mieux encadrer et influencer les approches et démarches.

· Impliquer ces établissements dans les activités de diagnostics en région.

Au niveau régional :

· Appuyer le fonctionnement des Comités et Réseaux régionaux de FAR en veillant à la séparation et l'articulation entre les fonctions pilotage concertée (par les politiques et identités territoriales) et régulation participative (par les fonds de formation et les Centre de Ressources).

· Généraliser l'utilisation des mandataires pour accompagner les Comités et Réseaux régionaux dans leurs missions et les établissements de formation dans leurs mutations vers une ouverture aux milieux et à la demande.

· Encourager et appuyer les exécutifs locaux à définir des politiques et identités de territoires claires et formelles capables de valoriser une politique de formation.

· Réactualiser régulièrement le processus de 1999 afin d'inclure les nouveaux acteurs, en le décentralisant (le nombre de plateformes paysannes est passé de 1 en 1999 à 7 en 2007).

Au niveau national :

· Animer le Comité National de Planification Stratégique de la FAR en organisant ses processus de concertation et décisions.

· Travailler au sein du ministère à faire évoluer les positions et perceptions des pouvoirs publics au sujet de la SNFAR.

Je termine ce mémoire en ayant le sentiment que mes propositions ne résoudront pas demain les difficultés de mise en oeuvre de l'orientation 2 de la SNFAR, et que le questionnement de départ reste entier. En même temps j'ai la satisfaction intime d'avoir poser les bons termes du débat, et contribué à cerner la complexité des situations qui explique ces difficultés qui elles-mêmes sont à l'origine du malaise du monde rural. Leurs résolutions demandent des hommes et des femmes formés et expérimentés, motivés et mobilisés, pour travailler et réussir ensemble en situations complexes. Cela prendra du temps et beaucoup plus de temps qu'il ne m'en reste au BFPA. Et on vient à peine de démarrer. Ceci explique le choix fait dans ce travail de chercher à indiquer des voies et définir des principes qui se traduiront différemment dans les comportements et attitudes des acteurs. J'ai l'intime conviction (et aussi les preuves) que c'était préférable à un exercice de précision qui me procurerait certes une satisfaction intellectuelle (et peut-être académique), mais sans correspondre à la réalité de la situation dans laquelle j'ai travaillé, et où j'ai retiré l'enseignement principal que tout ce qui y est évident, ou pris comme tel, est faux.

A présent donc je suis habité par un goût d'inachevé mais en même je me sens amélioré dans ma perception des notions d'approche par la demande, confiant dans les démarches à entreprendre ultérieurement avec les acteurs des processus de rénovation des dispositifs par la demande. Aussi mes apports dans les 3 groupes d'expertise sur la Formation et la Prospective Agricole, dans lesquels je milite, seront améliorés, et ces cadres me serviront de lieux de poursuite, d'approfondissement et d'élargissement de cette réflexion.

* 22 Une école ; un projet ; un contrat avec l'Etat ou le Comité Régional FAR ; un budget.

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