![]() |
Constance et évolution du système americain de défense au regard des mutations du systeme international( Télécharger le fichier original )par Roland Kayembe mungedi Université de Kinshasa - Licence 2005 |
§2. Programmes de défense stratégique, nucléaires et spatiauxPour prévenir la menace que l'URSS fait peser sur leur sécurité, les Etats-Unis et leurs alliés comptaient beaucoup sur la qualité de leurs moyens pour contrebalancer le volume considérable des armements adverses. Selon eux, il sera primordial pour la défense du monde occidental que les pays le constituant disposent des programmes de défense stratégique, nucléaires et spatiaux et d'un potentiel industriel capable de produire des systèmes d'armes sophistiqués. En outre, conscients de la compétitivité technologique en matière d'armements, les USA fournissaient un gros effort en recherche et développement afin de maintenir un potentiel industriel puissant et compétitif, parallèlement à une politique de sécurité technologique active. A. Programmes de défense stratégique et nucléaire55(*)Lors de la création de l'OTAN, en 1949, les Etats-Unis ne possédaient que 50 bombes A. Mais le premier essai de la bombe A soviétique en août de la même année et le déclenchement de la guerre de Coré en 1985 accélérèrent considérablement leurs programmes stratégiques et nucléaires, ainsi que le développement de têtes nucléaires plus légères. Les premières, destinées aux missiles sol-sol corporal et Hornest John, ainsi qu'aux mines terrestres (ADM), furent opérationnelles en 1953, et celles des mortiers de 180mm en 1957. A la suite du lancement, la même année, du satellite soviétique Spoutnik, la priorité fut donnée aux têtes pour missiles balistiques à moyenne et longue portée. Furent ainsi opérationnelles en 1958 : la tête W5 (50 KT) pour les MRBM Thor et Jupiter ; en 1960 la W35 (1MT) et la W47 (800KT), destinées respectivement aux missiles Titan et Polaris. Par ailleurs, la quantité des têtes stratégiques augmenta également rapidement : 6.000 en 1957, 16.000 en 1960, 32.000 (54 modèles différents) en 1967, pour être plafonnée à partir de 1980 à 25.000 têtes, en application du traité américano-soviétique Salt II et 1979. B. Programme spatialLes Etats-Unis, au cours de cette période, ont utilisé des systèmes spatiaux pour le soutien de leurs opérations militaires tant au niveau tactique qu'à l'échelle stratégique. Les moyens spatiaux militaires américains, d'après Dick Cheney, alors Secrétaire à la défense en 1989, furent suffisants en temps de paix ou de crise à court terme, mais furent inadaptés aux besoins des forces combattantes en cas de conflit entre l'OTAN et les pays du Pacte de Varsovie56(*). Il convient de signaler qu'à cette période, il existait une dissymétrie considérable entre l'infrastructure spatiale militaire des Etats-Unis et celle de l'URSS. L'organisation spatiale américaine et son infrastructure ont évolué suivant une orientation du temps de paix. Par ailleurs, l'Union soviétique avait l'avantage sur les Etats-Unis grâce à son système anti-satellite ASAT, unique en son genre, et à sa puissante infrastructure de soutien spatial. Les systèmes américains sur orbite ont des capacités supérieures pour les opérations du temps de paix. Toutefois, pour s'assurer la possibilité de conserver leur efficacité opérationnelle dans un conflit, les américains devraient continuer à rechercher une capacité anti-satellite opérationnelle, à mieux à même de reconstituer leurs systèmes spatiaux, et à disposer d'une infrastructure de soutien spatial ayant de meilleures chances de survie. Raison pour laquelle le Président Reagan annonça en 1983 des études intensives pour définir la menace que constituent les missiles stratégiques (NSSD 6-83 National Security Study Directive). Les études concluaient qu'une protection totale n'était pas possible (dommages catastrophiques causés par quelques missiles, car le système défensif situé dans l'espace était très vulnérable57(*). Ainsi, aussitôt annoncée, l'initiative de défense stratégique (SDI) connue sous la dénomination de « la guerre des étoiles » se verra contester et le programme va susciter des critiques. La plupart des experts doutaient qu'un tel bouclier puisse exister et être fiable et robuste pour annihiler une attaque nucléaire massive, d'autant que le système ne pourrait être testé et devrait être opérationnel d'emblée. Si l'on en croit Maurice VAISSE, ce programme suscitait trop des remous, car les économistes estimaient que l'économie américaine, gravement endettée, puisse faire face au coût prohibitif de cette nouvelle initiative de défense. Par contre, d'autres remarquaient que le projet violait les accords SALT I sur les ABM, l'URSS de Gorbatchev exigeait d'ailleurs des Etats-Unis par la suite une limitation de l'IDS comme préalable à toute négociation sur la limitation des armements58(*). Voila autant des raisons parmi tant d'autres ayant concouru à la non mise sur pied de ce programme. Mais, grâce à la réélection de Reagan en 1984, la demande initiale de 26 milliards de dollars sur cinq ans a été obtenue et un bureau de l'IDS fut crée au Pentagone. Donc l'administration républicaine réussit à maintenir à flot le projet avec un budget de quatre milliards de dollars par an jusqu'en 1990 puis trois milliards. * 55 De Montbrial, T., et Klein, J., Dictionnaire de stratégie, PUF, Paris, 2000, p.54. * 56 Soviet Military Power, Bilan 1989, p.88. * 57 Fremy, M., op.cit, p.1882. * 58 Vaisse, M., et alii, op.cit, p.117. |
|