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L'ONU et la démocratie

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par Salwa HAMROUNI
Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis - D.E.A. de droit public et financier 1996
  

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PARAGRAPHE DEUXIÈME

L'ACTION DE L'O.N.U.
EN VUE DE RÉTABLIR LA DÉMOCRATIE EN HAÏTI

Les développements antérieurs nous ont permis de relever que l'O.N.U. a fortement condamné le coup d'État qui a rompu le processus démocratique en Haïti. Au début, cette condamnation a surtout émané de l'organe plénier de l'O.N.U. A ce stade, l'engagement de l'Organisation mondiale afin de rétablir la démocratie n'a pas eu d'implications concrètes. Ce n'est qu'avec l'intervention du Conseil de Sécurité que cette action a acquis une dimension contraignante.

L'organe restreint de l'O.N.U., chargé d'écarter toute menace à la paix et à la sécurité internationales, s'est basé sur la logique de l'accord pour pouvoir mener une action contraignante contre un État (A). Suite au manquement des autorités de fait à leurs engagements, le Conseil de Sécurité a constaté une menace à la paix et à la sécurité internationales et a utilisé les prérogatives qui lui sont reconnues par la Charte pour mettre en oeuvre les accords conclus (B).

A. Une action autorisée par les autorités légales d'Haïti

La première action concrète menée par l'O.N.U. en Haïti était pacifique. En décembre 1992, l'envoyé spécial du Secrétaire Général de l'O.N.U. a mené une série de négociations avec le Président Aristide exilé à Washington, avec les coordonnateurs et les membres de la Commission présidentielle, avec le Général Raoul Cédras, avec le Premier Ministre du gouvernement de facto M. Marc Bazin et avec les présidents des deux chambres de l'Assemblée Nationale d'Haïti.

Suite à ces négociations, le Président renversé a adressé une lettre au Secrétaire Général de l'O.N.U. en date du 8 janvier 1993 dans laquelle il a présenté certaines demandes. Il a souhaité notamment que l'O.N.U. et l'O.E.A. créent une mission civile internationale chargée de veiller au respect des droits de l'Homme et l'élimination de toute forme de violence

en Haïti. Par la même lettre, le Président Aristide a demandé à ces deux organisations l'instauration d'un processus de dialogue entre les parties haïtiennes sous les auspices de l'envoyé spécial, en vue de parvenir à des accords sur le règlement de la crise politique, à la désignation par le Président d'un Premier Ministre qui dirigerait un gouvernement de concorde nationale ayant pour mandat d'assurer le rétablissement complet de l'ordre démocratique en Haïti, à des accords pour la réhabilitation des institutions haïtiennes, y compris la réforme du système judiciaire, la professionnalisation des forces armées et la séparation de la police et des forces armées, une assistance technique internationale à la reconstruction nationale et un système de garanties propre à assurer une solution durable200.

Les revendications du Président Aristide ont donc concerné des questions qui touchent directement aux prérogatives de tout État souverain. Seulement, empêché d'exercer les pouvoirs qui lui sont légalement reconnus, le Président renversé a trouvé en l'O.N.U. un véritable refuge.

Après avoir acquis l'accord du Général Raoul Cédras, l'envoyé spécial a discuté avec les Secrétaires Généraux de l'O.N.U. et de l'O.E.A. des modalités du fonctionnement de la mission civile.

Jusque là, l'O.N.U. a procédé par le moyen de l'accord entre les parties concernées. Cet accord a déterminé les fonctions de la mission civile dans tous ses détails. Parmi ces tâches, la mission devait assurer le respect des droits de l'Homme reconnus par la constitution haïtienne et par les instruments internationaux auxquels Haïti est partie, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention américaine relative aux droits de l'Homme

Ce n'est qu'après la recommandation faite par le S.G. à l'A.G. que cette dernière a adopté la résolution 47/20 B du 20 avril 1993. Dans cette résolution, adoptée sans vote, l'A.G. de l'O.N.U.

200 Voir COICAUD (J-M), "La communauté internationale et la reprise du processus démocratique", Le trimestre du monde, Premier trimestre 1995, pp. 98-99, Voir également Les Nations Unies et la situation en Haïti, op. cit., p. 3.

"Déplorant que malgré les efforts de la communauté internationale, le gouvernement légitime du Président Jean-Bertrand Aristide n'ait pas été rétabli et que la violence continue de triompher des droits de l'Homme et des libertés civiles et politiques en Haïti,

Rappelant que le but de la communauté internationale demeure le prompt rétablissement de la démocratie en Haïti et le retour du Président Aristide, le respect intégral des droits de l'Homme et des libertés fondamentales et la promotion du développement social et économique en Haïti,

(..) Accueillant avec satisfaction l'accord qui a permis le déploiement de la Mission Civile Internationale en Haïti...

Convaincue que l'oeuvre accomplie par la Mission peut contribuer au respect intégral des droits de l'Homme et créer un climat propice à la restauration de l'autorité constitutionnelle.

(..) - 1 - Approuve le rapport du Secrétaire Général et les recommandations qui y figurent, tendant à ce que l'Organisation des Nations Unies participe avec

l'Organisation des États Américains à la Mission Civile Internationale en Haïti, qui aura pour tâche initiale de vérifier le respect des obligations internationales d'Haïti en matière des droits de l'Homme, en vue de faire des recommandations à ce sujet, pour aider à l'instauration d'un climat de liberté et de tolérance propice au rétablissement de la démocratie en Haïti,

- 2 - Décide d'autoriser la participation effective et immédiate de l'Organisation des Nations Unies à la Mission Civile Internationale en Haïti et prie le Secrétaire général de prendre les mesures nécessaires pour assurer et renforcer la présence de la Mission en Haïti,

- 4 - Répète qu'il faut que le Président Aristide regagne sans retard Haïti pour y prendre ses fonctions constitutionnelles de Président, ce qui est le moyen de réactiver sans plus de délai le processus démocratique en

Haïte,201.

201 Les Nations Unies et la situation en Haïti, op. cit., p. 51.

Le 3 juin 1993, la Mission Civile Internationale en Haïti a présenté son premier rapport dans lequel elle a constaté les atteintes continues au droit à l'intégrité et à la sécurité des personnes. Suite à ce rapport, le représentant permanent d'Haïti auprès de l'O.N.U. a demandé au Conseil de Sécurité d'universaliser les sanctions adoptées par l'O.E.A. à l'encontre des autorités de fait en Haïti.

C'est dans ce contexte que le Conseil de Sécurité de l'O.N.U., deux ans après le coup d'État, a utilisé les prérogatives qui lui sont reconnues par la Charte pour appliquer les accords relatifs au rétablissement de la démocratie.

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