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Enjeux politiques et sociaux d'un changement spatial

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par Audrey LELONG
Université de Rouen - Master 2001
  

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4- Choix démocratique et concours d'architecte

Cette idée d'un concours d'architectes est abordée par la majorité de personnes dans les entretiens.

De plus en plus de ville y ont recours afin de donner le choix à la population de choisir parmi plusieurs projets pour la construction d'édifices publics. Un concours d'architecte avait eu lieu à Rouen pour le projet de l'Eglise Jeanne d'Arc : « L'Eglise Jeanne d'Arc est une réussite mais elle est le fruit d'un concours d'architecte. L'architecte avait pris en compte les avis d'associations comme les avis des « Monuments Rouennais », (Daniel, retraité, Président de l'association « p'tit pat Rouennais », entretien n°11).

En effet, on retrouve des matériaux de l'Eglise qui rappellent la Place du Marché comme le souhaitait la plupart des personnes consultées. Un apport de matériaux nobles dans une construction moderne pour y donner l'âme du lieu et ainsi faire une transition douce entre le bâtiment moderne et ses alentours de constructions anciennes, notamment, des immeubles à pans de bois.

Le concours d'architecte apparaît être un moyen démocratique de choisir un projet. La concertation de différents acteurs de la ville, dont les habitants, leur donne une légitimité dans leur rôle d'habitant.

Par le choix que la population fait parmi les différentes maquettes qui leur sont proposées, on observe la représentation qu'ils se font de leur ville. Par conséquent, les édifices publics construits dans leur registre symbolique et architectural incarnent les valeurs que la communauté juge juste de défendre. C'est pour cela que le projet Monet Cathédrale est assez mal accueilli par les habitants car ils pensent qu'il dénature les monuments environnants. Le seul fait de rajouter des matériaux nobles comme le bois et la pierre dans la construction aurait apaisé les réactions des Rouennais et le projet Monet Cathédrale aurait peut-être pu devenir un symbole de la ville au même titre que la Cathédrale ou le Gros Horloge : «  L'Eglise Jeanne d'Arc est maintenant présente sur de nombreuses cartes postales, alors qu'à l'époque, elle n'était pas souhaitée par la plupart des Rouennais », (Daniel, retraité, Président de l'association « p'tit pat Rouennais », entretien n°11). Cette réputation de l'Eglise Jeanne d'Arc peut être expliqué selon Laurent C. par « le fait que la célébrité de l'édifice ne provient pas seulement de la valeur esthétique de son architecture et de son décor mais aussi des multiples polémiques qu'il a suscitées »56(*). Si on prend l'idée de l'auteur, on peut alors s'attendre à de grandes surprises car les polémiques autour de l'espace Monet Cathédrale ont été très nombreuses. Alors pourquoi ne deviendrait-il pas le nouveau symbole de Rouen ?

La ville est un outil de travail.

Les villes ne remplissent plus normalement cette fonction.

Elles sont inefficaces : elles usent les corps, elles contrastent l'esprit.

Le désordre qui s'y multiplie est offensant : leur déchéance

blesse notre amour-propre et froisse notre dignité.

Elles ne sont pas dignes de nous.

Le Corbusier, 1925.

Tout au long de ce mémoire, j'ai analysé les processus de requalification du centre-ville à travers deux paramètres qui sont la patrimonialisation et la participation citoyenne au niveau local afin de déterminer les enjeux politiques et spatiaux d'un changement spatial, ce qui m'a amené à me poser deux questions qui ont bâti mon analyse : L'introduction d'une architecture moderne au sein du patrimoine historique de Rouen nuit-elle à l'identité de la ville ? et Les processus de consultations concernant l'aménagement sont-elles démocratiques ou apparaissent-elles comme une mesure technocratique ?

Ces questions ont été posées pour réfléchir sur la démolition du Palais des Congrès et la construction de l'espace Monet Cathédrale.

Afin de répondre correctement et le plus précisément possible à ces questions, j'ai choisi différentes méthodes et techniques de terrain, à savoir, la recherche de documents, l'entretien et le questionnaire.

Dans cette conclusion, je vais revenir sur certains aspects abordés dans les diverses parties.

J'ai affirmé dans ma première hypothèse que la stratégie de reconquête du centre-ville par la construction de formes urbaines modernes nuisait à l'identité de la ville et par conséquent à la mémoire urbaine qui se transmet d'une génération à une autre. Je n'ai pu affirmer ou infirmer l'hypothèse car je me suis retrouvée face à deux types d'acteurs : tout d'abord ceux qui restent attachés au patrimoine ancien et qui ont une réticence face à la modernisation des formes urbaines. Pour eux, le patrimoine et sa sauvegarde constitue une valeur fondamentale et risque d'être mis en péril par les évolutions urbaines.

Ensuite, il y a ceux qui pensent que la modernisation des formes urbaines est indispensable car elle va de pair avec l'évolution de la société. Ce n'est pas pour autant qu'ils souhaitent une modernisation totale du centre-ville car eux-mêmes sont très attachés au patrimoine ancien. L'importance du patrimoine Rouennais est immense pour une très grande majorité des Rouennais et il constitue une fierté. Mais une confrontation des différents styles architecturaux leur apparaît être une bonne manière de satisfaire tous les habitants et de laisser une place pour chaque époque.

Dans ma deuxième hypothèse, j'ai affirmé que les habitants avaient une place grandissante dans les processus de décisions des politiques locales au niveau des décisions urbanistiques. Lors de mon enquête, j'ai pu en effet voir que les politiques prônent cette participation citoyenne car elle semble être la seule solution pour produire efficacement la ville. Or, même si la participation est plus encouragée qu'auparavant, j'ai pu remarqué les obstacles à celle-ci : divergences des avis, l'impossibilité de faire ce que proposent les habitants... Par conséquent, les avis des habitants ne sont pas pris en compte pour faire évoluer les projets. Entre la réalité et la théorie, un écart se creuse. Même si les conseils de quartiers existent dans le but de faire une place aux citoyens, leurs avis et commentaires ne sont que consultatifs. A Rouen, les politiques font ce qui leur semble être le plus simple, c'est-à-dire décider avec les maîtres d'oeuvre et les architectes ce qui est bon pour la ville, surtout aux prémices des projets. En effet, l'intégration des habitants au projet est différente selon le stade d'avancée de celui-ci. J'ai remarqué que les habitants se sont sentis concernés seulement après la conception de la maquette mais ce n'est pas ce qu'ils souhaitent. Selon eux, si leur avis était pris en compte, les projets seraient mieux acceptés. Un gros effort reste donc à faire pour que les habitants se considèrent comme les acteurs de leur ville.

Ce mémoire a été pour moi une façon de me plonger dans la sociologie urbaine et je pense qu'il constituera une bonne base pour poursuivre en Master « Politique locale et développement ». Je voudrais durant mon stage de fin d'études reprendre certains aspects de mon enquête comme la patrimonialisation et la politique locale pour les développer.

* 56 Cité par Laurent C., « Quand Augute Perret définissait l'architecture moderne au XXe siècle », Revue de l'Art, n°121, 1998, p.61.

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