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Identité culturelle dans "Bleu Blanc Vert" de maissa bey

( Télécharger le fichier original )
par Souad et Amine Khaldoun
Centre Universitaire Moulay Tahar - Saida - Licence en langue française 2007
  

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I.2-Style d'écriture de Maissa Bey :

La narratrice se singularise par une écriture sobre, créative et aérée au rythme lent. Cette écriture qui entoure l'essentiel de ce qui doit être dit et le restitue en quelques mots prononcés avec un rythme poétique.

La narratrice traque les « non-dits », les contraintes et les hypocrisies pour entendre le cri de présence au monde. Elle appartient aux auteurs de la dernière génération de la littérature maghrébine d'expression française. Cette littérature se distinguait, selon Charles Bonn, par « un retour au référent » qui décrit la réalité algérienne et par l'aspect performatif dominant dans l'écriture de cette auteure, exprimée dans la formulation « l'urgence de dire ». C'est un texte publié sur le site de l'université d'AIX-MARSEILLE intitulé « dire », publier en 1998 et consacré à toutes les femmes de son pays que l'on veut réduire en silence.

L'auteure évoque, d'une voix personnelle puissante, le caractère double du langage en tant que discours de pouvoir et arme, bouclier dans une société qui veut confisquer la parole féminine :

« Ils dansent autour de moi une ronde infernale, tous ces noms que mon dictionnaire qualifie de communs courage, massacre, tuerie, boucherie, auxquels, comme pour creuser encore plus profond dans nos plaies, insoutenable, inhumain, et bien d'autres [...] »22(*)

Même si son entrée en écriture fut guidée par « l'urgence de porter la parole comme un flambeau contre la menace de sa confiscation », l'écrivaine ne témoigne pas mais crée. Elle accorde un avantage à l'esthétique et l'exercice de style à la reproduction.

En effet, Maissa Bey écrit dans l'urgence, met à nu l'histoire immédiate et révèle des événements parfois confus afin de briser le silence.

« Et plus la pression de la société est forte, plus l'oppression des personnages par cette société est grande, plus elle envahit l'oeuvre, au risque même de paraître délibérée, c'est cela la réalité algérienne aujourd'hui. Le critère de ces choix est clairement défi : l'écriture doit être une écriture « de l `urgence » 23(*)

Son intervention portera sur la difficulté de mettre en mots une scène qu'elle n'a pas vécue mais qui est fondamentale dans la mémoire et l'imaginaire. Ci-joint un passage de ce texte :

« J'ai longtemps, très longtemps hésité avant d'écrire, non pas sur la guerre, mais sur ce qui m'apparaît à moi comme un questionnement fondamental : le bouleversement profond, total, irrémédiable et irrémissible que représente une guerre dans la vie de ceux qui la font, qui la subissent (directement ou indirectement) et qui en portent à jamais les séquelles, séquelles qui ne s'effacent pas avec un cessez-le-feu ou des traités ou des accords de paix. J'ai longtemps hésité parce que je ne voulais pas, qu'à l'instar de beaucoup d'écrivains de mon pays ou d'ailleurs, mon travail d'écriture soit centré sur la déploration et/ou la célébration d'un passé forcément glorieux élevé au rang de mythe qui détermine tout le devenir des générations suivantes. Et c'est peut-être plus cela qui m'a poussée à revenir sur une part de mon histoire que le désir de ne plus différer le moment de la confrontation. Il y a aussi bien entendu un cheminement individuel, une quête qui ne peut aboutir que si l'on prend le temps de rassembler tous les fragments qui constituent notre propre histoire »

« Besoin de commémoration au sens de "se souvenir ensemble", d'associer le lecteur au souvenir besoin d'élucidation, d'évocation d'une histoire qui ne serait pas falsifiée ou déformée par la mémoire, par la mémoire des autres, par la mienne aussi. Parce que lorsqu'on veut convoquer les souvenirs, surtout lorsqu'il s'agit de souvenirs d'enfance, on s'aperçoit souvent qu'on a tendance à confondre ce que d'autres nous ont raconté avec ce que nous avons vraiment vécu. La prégnance des images surajoutées fait souvent obstacle à la restitution. Et c'est alors qu'intervient l'imaginaire. »24(*)

Ces passages concrétisent les évènements historiques évoqués dans le roman « Bleu Blanc Vert ». Ainsi, son écriture, porteuse de données universelles, demeure révélatrice de sens.

* 22 http://www.fabula.org/actualites/article15442.php

* 23 N12 et 13 de la revue Algérie Littérature/Action, page134

* 24 http://www.fabula.org/actualites/article15442.php

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