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e 104 à Paris en 2008: Un projet de transversalité artistique et sociale ?

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par Elsa Gobert
Université Paris III - Master 1 2007
  

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b/ Fabrique d'un besoin

Le « 104 » semble vouloir détourner la question de la production pour rester dans celle de la création. Voir l'art en train de se faire par les artistes, sans penser toujours à la finalité.

La programmation du 104 par ses fondateurs qui va vers le collectif, les équipements

dont il dispose, le nombreux personnel administratif et de régie technique, visent à en faire un outil original, performant, exemplaire. Mais justement, l'importance de l'équipement et des moyens, paradoxalement, ne va-t-elle pas en contre avec ce qui fait la force créative des friches : la nécessité de s'organiser, l'état d'urgence, de précarité, l'absence de normes de sécurité, la légèreté financière ?

Le « 104 » correspond à un nouveau rêve qui découlerait du mouvement des débuts de la performance et des squats artistiques et d'une inclusion totale du public dans l'art. Le mouvement de mai 68 et de l'avant-garde américaine ont laissé dans les esprits cette image du « vivre ensemble », d'une vision plus communautaire et d'un art qui peut se faire à partir de n'importe quelle matière. Réduire la distance spectateur-acteur et inciter la rencontre collective tels sont les objectifs communs de l'art depuis la fin des années 1950 et tels sont les objectifs du « 104 ». Sortir des lieux conventionnels, à l'image ennuyante pour le public comme les théâtres et les musées, pour se promener et vivre un événement dans un espace total. C'est, je pense le nouveau rêve artistique du 21ème siècle dans lequel s'inscrit ce lieu.

Les squats artistiques naissent généralement des besoins d'un artiste de s'approprier un espace qui favorise son art. Il va contre les valeurs traditionnelles de l'institution. Au 104, l'institution cède le lieu à l' artiste, ce n'est plus lui qui s'en empare, ce qui correspondait déjà au début de l'acte artistique. Avec cette organisation, la notion de spontanéité de l'occupation du lieu disparaît. Le 104 est un projet initié en 2005 et qui verra le jour en octobre 2008, soit après trois ans de travaux, de préparation, et déjà de sensibilisation. La notion d'urgence qui apparaît dans les friches qui répondent à des besoins d'acuité, au moment, disparaît alors pour laisser la place à l'anticipation. Les artistes qui veulent être en résidence au 104 déposent des dossiers, passent en études, il n'y a plus cette notion de spontanéité de l'acte, bien qu'elle existe toujours pour le public qui voit l'art en train de se faire. C'est peut-être là que le 104 se distingue en premier de la friche. Il ne naît pas dans le danger, et les artistes qui y seront pourront travailler dans la sécurité. C'est bien d'actualité que de faire un lieu « sécurisé ». À la question « pensez-vous qu'on peut parler de friche institutionnelle ? » Frédéric Fisbach fait remarquer que c'est un paradoxe que de dire « friche institutionnelle ». Il est vrai que la friche relève de ce qui est abandonné et délaissé, alors que l'institution, c'est ce qui est reconnu. Malgré ses ressemblances extérieures, ses influences artistiques, évoqués et sa volonté sociale de s'inscrire dans un espace de la vie, le 104 ne peut pas être, par sa nature, considéré comme une friche. Le geste créatif qui se fait dans la liberté absolue au sein d'une friche est ici commandé et anticipé.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille