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e 104 à Paris en 2008: Un projet de transversalité artistique et sociale ?

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par Elsa Gobert
Université Paris III - Master 1 2007
  

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B : Un nouveau rêve artistique

a : L'institution

« Vous exigerez de chaque structure subventionnée qu'elle rende compte de son action et de la popularité de ses interventions, vous leur fixerez des obligations de résultats et vous empêcherez la reconduction automatique des aides et des subventions. »41(*) (Nicolas Sarkozy)

Le 104 est avant tout un lieu initié par la Ville de Paris et subventionné à 70% par elle. Frédéric Fisbach entend que la structure soit plus indépendante de la ville en augmentant les recettes propres et le mécénat. Il rappelle également, à raison, qu'il « y a une très grande volonté de la part de la mairie de Paris, un grand courage de créer un lieu comme ça dans un tel contexte politique ». Rappelons que les subventions accordées aux associations sont actuellement réévaluées par le ministère de la culture en fonction de leur productivité. Pour que le 104 parvienne à subvenir à ses 30% de recettes propres, des espaces seront loués à des entreprises dans un but essentiellement lucratif, les commerces installés dans le lieu payeront un loyer à la structure. La concession du restaurant et du commerce de proximité est accordée pour trois années minimum reconductible. On peut lire dans les conditions d'exploitation du commerce et du restaurant du site que :

« L'autorisation sera consentie moyennant le paiement par le preneur d'une redevance annuelle composée d'une part variable du chiffre d'affaires hors taxes, assortie d'un minimum garanti équivalant au montant du loyer. À cette redevance s'ajoutent les charges de bâtiment (évaluées à environ 10% du loyer annuel hors taxes) (...) Chaque preneur aura à s'acquitter de ses consommations individuelles d'énergies (eau, électricité, etc.). » 42(*)

Huit espaces seront également loués pour des entreprises. La location de ces espaces est à ajouter à la quête de mécénat culturel. Le mécénat culturel est un soutien financier, matériel ou humain apporter par une entreprise ou un particulier à un organisme d'intérêt général. C'est un don d'argent sans retour. Il ouvre le droit à des avantages fiscaux. Ce qui apporte aux entreprises qui font « ce don » une réduction de l'impôt sur les sociétés qui peut s'élever jusqu'à 60% de cet apport pour les organismes et pour les particuliers une réduction de l'impôt sur les revenus à hauteur de 66%.

Frédéric Fisbach entend augmenter les revenus propres du lieu afin d'être moins dépendant des subventions et du contrôle de la mairie.

On trouvera des complémentarités dans le sens où des salles de spectacle pourront être louées pour des événements artistiques. On peut aussi craindre des incohérences : locations pour des entreprises purement commerciales et défilées de modes pourraient donner un côté mercantile et populaire à l'art. La transversalité qui s'exerce entre la création et le monde économique devient alors dangereuse. Cependant, ce fonctionnement qui rend le 104 non entièrement dépendant de la mairie peut lui permettre tout de même une autonomie culturelle. Cent deux millions d'euros représente un budget très important pour un lieu culturel, surtout dans un contexte où les subventions culturelles diminuent et où le ministère commence à mesurer la qualité d'un spectacle par sa jauge. Ce qui s'institutionnalise a peut-être tendance à disparaître. Beaucoup de friches sont subventionnées par les DRAC (Entre-Peaux est subventionné par la Direction régionale des affaires culturelles du centre, Main d'Oeuvre par la région Ile de France...). Rappelons encore une fois que l'expertise menée par les DRAC juge parfois sur l'excellence artistique et le taux de remplissage des spectacles et non la qualité sociale des processus relationnels avec la population.

Marie-Madeleine Mervant-Roux rappelle pourtant que « l'événement décisif (du spectacle) n'est ni le taux de remplissage ou de satisfaction des salles, ni le degré d'activité visible de leurs occupants, mais la nature de la fonction octroyée au spectateur »43(*). De ce point de vue-là, le 104 est donc bienvenu dans le milieu culturel puisqu'il favorise dans son projet artistique le rapport au spectateur.

C'est malgré tout le budget culturel le plus important de la ville. Il sera donc signifiant d'évaluer les degrés de dépendance vis-à-vis des autorités. Quelles sont les formes réelles de contrôle et quel est le degré d'autonomie des directeurs dans la programmation artistique et dans la politique d'actions culturelles, c'est ce que je demande aux directeurs lors du deuxième rendez-vous. Ces derniers se posent question quant à l'intérêt pour la ville d'exercer une main mise sur le lieu. La question est détournée. Pourtant en décembre 2007, La Ville de Paris présente ses voeux aux Parisiens avec en fond d'affiche la photo du 104. C'est déjà un premier signe de la fierté de la Ville par rapport à cet équipement. Le 104 n'est pas une friche c'est un Etablissement Artistique de la Ville de Paris. Il n'appartient pas aux directeurs, ni au Ministère de la Culture. Financé par la mairie de Paris et ayant un objectif de recettes propres, il a un statut bien particulier : ni le statut d'un CDN (Centre Dramatique National) - bien qu'il ait des points communs dans son fonctionnement avec les contrats de décentralisation théâtrale (recettes propres, les directeurs ont signé avec la ville un contrat de trois ans renouvelable, obligation de création), ni celui d'un théâtre national - bien qu'il en ait la même structure EPIC (Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial). Cet établissement public est pour l'instant rattaché à une seule collectivité : La Ville de Paris.

Il n'est pas sous le régime de la loi de décentralisation théâtrale qui impose, certes, aux CDN des contraintes mais qui garantit également une obligation de création et une forme de liberté. Le 104 a son propre projet artistique, normalement garant de l'indépendance du lieu et de la création. Mais ce projet artistique est surveillé par la ville. Il faut donc faire attention avec ce lieu car la politique du lieu, pour l'instant assez ouverte, est totalement dépendante de la mairie de Paris. Un changement de politique pourrait entraîner un changement dans le projet artistique. Le 104 n'est pas à l'abri malgré sa ligne de création de devenir un lieu de pur production artistique.

* 41 Lettre de Mission de Nicolas Sarkozy, président de la république à Christine Albanel, ministre de la Culture et de la communication. Paris. 1er août 2007.

* 42 (Page consulté le 20 mai). Site du 104, adresse U.R.L : http://www.104.fr/#fr/Commerces/38-Restaurant

* 43 MERVANT-ROUX, Marie-Madeleine. op. cit. p. 201

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery