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La cooperation decentralisee entre la region de saint louis (Sénégal) et la region nord pas de calais (France): Structuration et Mise en oeuvre

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par Dianko Mballo
Université Gaston Berger - Maitrise 2007
  

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PARAGRAPHE 2éme : Les Difficultés d'ordre pratiques

Les institutions, comme on l'a vu précédemment, jouent un rôle extrêmement important dans la gestion et dans la mise en oeuvre de la coopération. C'est pourquoi, leurs absences ou bien leurs rapports de force peuvent influencer considérable sur la conduite, voire sur l'exécution des projets ou programmes retenus dans le cadre de ce partenariat. Mais, aussi la non implication des populations dans la gestion de la coopération risque également d'influer négativement sur la mise en oeuvre.

Les conséquences l`inexistence au sein du Conseil Régional de Saint Louis d'une structure qui se charge de la coopération décentralisée sont visibles à un double niveau :

D'une part, on note la non maîtrise par la Région de Saint Louis de la conduite et de la gestion de ses relations extérieures notamment en matière de coopération décentralisée. En effet, l'absence de cette structure fait que la région de Saint Louis ne maîtrise pas les tenants et les aboutissements de « sa coopération décentralisée » .En effet d'après un des conseillers régionaux sous couvert de l'anonymat qui a eu à participer à toutes les réunions relatives aux questions de coopération décentralisée depuis 2001, disait : « l'absence d'organe chargé des questions de coopération décentralisée nous coûte cher parce que la plupart d'entre nous ne se reconnaissent pas dans ce domaine, ni ces enjeux. Nos partenaires, après la signature des conventions, préfèrent s'adresser directement à l'A.R.D, au Partenariat ou autres opérateurs pour la mise en oeuvre sans demander notre avis. Nous pensons que tous ces problèmes soulevés pourront être réglés, si toute fois, on mettait en place cette structure dont je vous ai parlé ci-dessus...  Sans oublier cette absence pose des problèmes d'archivage (les documents sont le plus souvent dispersés) »58(*). Si on analyse les propos du conseiller régional, on retient d'une part que le conseil régional de Saint Louis ne conduit pas concrètement sa « coopération décentralisée ».En fait, il n'est associé réellement que dans la phase de négociation et de signature.

D'autre part, la région Nord Pas de Calais constitue le moteur de cette coopération. En effet, c'est elle qui finance 90%59(*) des projets ou programmes de cette coopération. C'est ce qui pousse certains à dire que la coopération se fait en sens unique avec un « donneur » (la région du Nord Pas de Calais) et un « receveur » (la région de Saint Louis).

L'inconvénient d'une telle situation est qu'en général le Conseil Régional Nord Pas de Calais, à force de financer le développement de son partenaire sans recevoir en retour, risque de se lasser. Cette prééminence de la région Nord Pas de Calais produit forcement des effets dans la conduite de la coopération. Ainsi, l'orientation de la coopération dépend-elle, en principe, de la volonté de la région Nord Pas de Calais. Cette mainmise de la région Nord Pas de Calais se manifeste et est perceptible dans le choix des domaines devant faire l'objet de coopération, de leur mise en oeuvre mais surtout du choix des opérateurs qui se chargeront de leur exécution. Ainsi, il revient à la région Nord Pas de Calais de choisir le périmètre de coopération, des axes qui seront mis en oeuvre et des modalités de financement. A titre d'exemple, dans le cadre des appuis budgétaires directs que la région Nord Pas de Calais donne au Conseil régional de Saint Louis, on note que le financement s'effectue par tranches et en fonction de l'avancement de l'exécution. La région Nord Pas de Calais privilégie souvent les opérateurs de nationalité française (Partenariat,A.F.V.P...) que les opérateurs de nationalité sénégalaise ne s'occupent, en fait, de la sous traitance.

Toujours sur le plan institutionnel, on constate que, contrairement aux autres collectivités locales partenaires de la région de Saint Louis, la région Nord Pas de Calais ne dispose pas d'une structure permanente à Saint Louis à l'image de la région Rhône Alpes (France), la Wallonie (Belgique).Ces représentations permettent de gérer au quotidien la coopération grâce à la collaboration directe avec les opérateurs mobilisés dans l'exécution et des autorités du Conseil Régional. Elles facilitent les descentes sur le terrain, le suivi, collaboration plus directe avec les populations bénéficiaires et les élus locaux etc.

L 'autre problème majeur de cette coopération, qui mérite d'être souligné, reste les nombreuses actions menées sans au préalable informer ou demander l'autorisation de la région de Saint Louis alors que celles sont comptabilisées au titre de cette coopération. Cette situation conduit souvent à des mésententes, à de blocage dans la mise en oeuvre. En effet, il existe, aujourd'hui, de nombreuses O.N.G d'origine française, qu'on retrouve dans les limites territoriales de la région de Saint Louis sans que celle-ci ne soit au courant de leurs agissements qui entrent le cadre de cette coopération. Dans ce même ordre d'idées, le comportement du Partenariat soulève aussi des interrogations. En effet, partant des enquêtes qu'on a eu à réaliser auprès des populations de Aéré Lao60(*), à Goxumbacc61(*), Hôpital Régional de Saint Louis, il ressort qu'aux yeux de celles-ci que c'est le Partenariat qui investit ses propres ressources (financières, matérielles et humaines) dans l'amélioration de leurs conditions d'existence. Alors que la réalité est tout autre. Car, il est clair dans l'esprit des différents acteurs qui concourent à la réalisation, à l'effectivité de cette coopération que le Partenariat bénéficie, certes, d'une position privilégiée dans l'exécution de celle-ci, mais il n'en demeure pas moins que sa mission se limite là. C'est pourquoi, la région Nord Pas de Calais et la région de Saint Louis, et sur demande de cette dernière ont projeté actuellement de redéfinir la place de l'ensemble opérateurs général et celle du Partenariat en particulier dans cette coopération. Désormais, tous les opérateurs devant intervenir dans le cadre de cette coopération sont tenus obligatoirement de se présenter devant les autorités régionales de Saint Louis avec leur cahier de charges. Selon, les autorités régionales, cette nouvelle démarche qu'ils proposent au Conseil régional Nord Pas de Calais consiste à ce que tous les opérateurs (détenteurs de fonds entrant dans ce partenariat entre les deux collectivités locales) passent obligatoirement dans ses services avant d'entamer quoique que ce soit sur le territoire régional.

Par ailleurs, d'autres obstacles peuvent être relevé dans l'exécution de la coopération. Ces obstacles sont de divers ordres. Cependant, nous en retiendrons essentiellement que deux. Il s'agit, d'une part le non respect de tous les engagements contenus dans les conventionnes opérationnelles, et d'autre part, la non implication effective des populations dans cette coopération.

S'agissant du contenu des conventions opérationnelles, force est de souligner qu'il fait état de la définition ou du choix du domaine à mettre en oeuvre, des moyens (financiers, matériels et humains) devant être mobilisés, les stratégies, les priorités et la durée du projet et de son exécution. Cependant, dans la pratique, on remarquera que toutes ces considérations ne sont pas complètement prises en compte par les parties signataires notamment par la région Nord Pas de Calais. C'est dire alors que les conventionnelles opérationnelles ne sont pas effectives comme cela se doit. C'est ce qui entraîne, dés lors, des dysfonctionnements dans l'exécution des projets ou programmes. Ces dysfonctionnements se traduisent un déficit soit financier, soit matériel. A titre d'illustration, prenons le domaine de la santé. Ici, la quasi-totalité des engagements pris par les deux collectivités locales partenaires et plus précisément ceux de la région Nord Pas de Calais n'ont pas été respectés. En effet, hormis les quelques gestes de dons de matériel offert à l'Hôpital Régional de Saint Louis, de réhabilitation, de construction de case de santé, les autres engagements les plus importants et plus durables attendent toujours d'être exécutés. Ainsi, quatre après de la signature de la convention opérationnelle sur la santé, les parties signataire n'ont pas pu respecter certains de leurs engagements conséquents pour une bonne politique sanitaire. Ces engagements sont relatifs à :

-la mise à disposition du personnel sanitaire de Saint Louis d'une expertise par le biais de missions, de stages à l'étranger (Nord Pas de Calais) ;

-la mobilisation des financements consistants (sous réserve d'acceptation des assemblées délibérantes) ;

-l'octroi de facilités administratives que devront bénéficier les opérateurs pressentis pour la réalisation de programmes sanitaires.

Concernant les mécanismes de suivi et d'évaluation des programmes et des projets, le constat est que rien n'a été fait à ce niveau. Leur absence est totale. Les deux collectivités locales se contentent uniquement des différents rapports d'activités qui leur sont fournis par les opérateurs à la fin de l'exécution de chaque projet ou programme. La convention opérationnelle sur l'éducation présente également des limites. A l'instar de la convention opérationnelle sur la santé, ces manquements sont encore plus aigus. En effet, le renforcement des capacités des corps émergents et l'initiation à l'informatique des élèves et des enseignants se font toujours attendre malgré les déclarations de bonnes intentions.

S'agissant, enfin, de l'implication des populations dans l'exécution de cette coopération, il est à souligner qu'elles ne sont nullement associées dans la conduite de cette coopération. Il n'existe qu'un semblant de consultations des populations. Ainsi, on constate que tout le processus de mise en oeuvre de la coopération reste l'affaire d'une certaine « élite ».C'est pourquoi, l'exécution de certains projets rencontre, quelquefois, des réticences de la part des populations auxquelles elles sont destinées. Combien de fois selon un agent du Partenariat « les populations ( Association de Parents d'Elèves par exemple) n'ont pas répondu à nos séances d'information ou ont refusé de contribuer soit en espèce, soit en nature modestement à nos sollicitations » dans le cadre de l'exécution d'un projet. Ces comportements s'analysent en grande partie par le fait qu'elles ne se sentent pas impliquées dans la conceptualisation, la gestion et enfin dans la réalisation des projets. Dans la plupart du temps, elles sont invitées à prendre langue dés lors qu'il s'agit de présenter des projets ou programmes. Au-delà de celle-ci, elles ne sont impliquées en rien. Les populations interrogées, à Ndiawdoune, disent ouvertement leur souhait d'être associées dans la coopération décentralisée. Car, les apports de la coopération décentralisée peuvent être ,aujourd'hui,une source de financement de micro crédit, de création de petites et moyennes entreprises, de formation professionnelle aux jeunes etc.

LES PERSPECTIVES DE LA COOPERATION

Au terme de notre stage nous pensons qu'il serait intéressant d'approfondir la coopération en investissant d'autres domaines de coopération .Et ce qu'ont compris les deux collectivités locales partenaires en décidant et concluant deux nouvelles conventions opérationnelles (la formation continue et la réciprocité et à l'éducation à la citoyenneté internationale).Mais au delà du renforcement de cette coopération, il est aussi nécessaire aujourd'hui d'apporter des réformes au plan institutionnel et d'impliquer davantage les populations dans la conduite de la dite coopération.

1- le renforcement de la coopération

Celui-ci se manifestera par la signature de deux conventions opérationnelles. L'une est relative à la formation continue et l'autre à la réciprocité et à l'éducation à la citoyenneté internationale.

La convention opérationnelle sur la formation continue vient en fait compléter la convention opérationnelle déjà exécutée et relative à l'Education .Cette convention sur formation continue s'inscrit dans la droite ligne du Programme Décennal pour l'Education et la Formation (PDEF)62(*) adopté par le gouvernement du Sénégal depuis les années 90 .Ce programme se structure autour de trois axes qui sont : la formation, la qualité et l'accès des filles à l'école. Ainsi cette convention opérationnelle qui sera fonctionnelle début septembre 2007.En effet, une telle convention viendra en appoint les autorités académiques de la région de Saint Louis dans la mise en oeuvre de ce programme. Mais à regarder de près, cette convention va au-delà des objectifs fixés par le PDEF. Cette convention sur la formation continue comprend deux volets majeurs.Il s'agit d'abord un volet échange et ensuite un autre volet relatif à l'appui à l'éducation.

S'agissant du volet échange, on retiendra que les deux collectivités locales partenaires par l'entremise du Partenariat en tant qu'opérateur principal chargé de l'exécution de cette convention souhaitent la mise sur pied d'une coopération inter professorale c'est-à-dire entre professeurs de la région Nord Pas de Calais et de la région de Saint Louis d'une part et entre les élèves des deux régions. La mise en oeuvre de ce volet se traduira par des échanges entre les professeurs des deux collectivités locales partenaires dans plusieurs domaines entrant dans le cadre du renforcement de capacités du corps enseignant. Cette convention qui sera finalisée en septembre 2007, prévoit des voyages d'études du corps enseignant de Saint Louis et de la région Nord Pas de  Calais vis versa. L'objectif recherché ici selon l'inspecteur d'académie de la région de saint louis est de « permettre aux professeurs du nord (France) et du sud (Sénégal) en général de pouvoir échanger sur beaucoup de domaines notamment en matière de méthode, de pédagogie d'enseignement mais aussi de se compléter mutuellement. Car « personne n'a le monopole du savoir » Cet échange permettra ainsi et surtout par le biais des NTIC63(*) aux enseignants d'horizon divers de pouvoir se découvrir et de se compléter car chaque système d'enseignement a ses propres limites. Mais le mérite de cette future collaboration entre professeurs sénégalais et français, c'est qu'on reconnaît ici la proximité qui existe entre les deux systèmes d'enseignement. Ce qui constitue un avantage, un outil fort intéressant dans une logique d'échange et de coopération. C'est dans ce cadre qu'il est prévu au delà des sessions de formation, de renforcement des capacités animées par des formateurs sénégalais de Saint Louis et français de la région Nord Pas de Calais à Saint Louis une année et l'autre année suivante, au Nord Pas de Calais, mais il y a aussi l'animation de cours par des professeurs venant du Nord Pas de Calais à Saint Louis. Ceci permettra ainsi aux élèves de bénéficier de l'expertise de personnes étrangères .Ces dernières en retour bénéficieront des autres.

Concernant le volet appui à l'éducation, on note que dans la première mouture qui sera finalisée d'ici fin juin de la convention opérationnelle sur la formation continue, il est prévu que la région Nord Pas de Calais renforcera son appui en termes de matériel scolaire. Ainsi, l'apport de la région Nord Pas de Calais sur ce plan, permettra une amélioration des cadres d'étude des élèves et des professeurs mais aussi au renforcement de la qualité de l'enseignement.

En plus, il est prévu toujours dans le cadre de la formation continue d'appuyer les autorités académiques régionales en matière de formation et de renforcement des capacités à l'égard des corps émergents (vacataires et volontaires) dans l'enseignement primaire et secondaire au Sénégal. Car en principe, ces derniers ne reçoivent qu'une formation de courte durée n'ayant aucune incidence réelle sur leur capacité à tenir une classe. Peut-on mesurer dés lors, les risques d'une telle formation sur la qualité de l'enseignement que les élèves vont recevoir. C'est pourquoi les autorités académiques au niveau régional attendent beaucoup de la mise en oeuvre de cette convention opérationnelle.

En marge de cette formation continue, il est aussi envisagé l'organisation de séances de renforcement de capacités en direction des conseillers régionaux municipaux et ruraux de la région de Saint Louis. Mais la spécificité, cette fois , c'est que ces séances de formation seront faites de façon périodique car l'expérience a démontré que c'est grâce à la multiplication des séances en leur faveur qu'ils parviendront à fixer les connaissances nécessaires et les aptitudes pouvant leur permettre de s'acquitter correctement leurs t?ches. Toujours dans ce cadre et sous un autre angle, il y a le souhait émis par le partenaire du Nord Pas de Calais d'assurer une formation en informatique aux employés du conseil régional de Saint Louis afin de renforcer leur capacités à ce niveau (et une initiation pour ceux qui ne peuvent pas encore manipuler cet outil moderne est aussi envisager) et de même que pour les élus locaux après.

Rappelons que déjà le Partenariat a été choisi comme l'opérateur devant mettre en exécution cette convention opérationnelle.

Quant à la convention opérationnelle sur la réciprocité et à l'éducation à la citoyenneté internationale, elle comprend deux parties. Une partie relative à la réciprocité et une autre portant sur l'éducation à la citoyenneté internationale.

Sur la première, les deux collectivités partenaires veulent enfin mettre fin à cette assistance sur tous les plans qui ne dit pas son nom. En effet, jusqu'à présent, toutes les actions qui sont menées dans le cadre de cette coopération résulte de la région Nord Pas de Calais. Cette assistance est à la fois technique, financière etc. Ainsi, c'est dans une logique de jeter les jalons d'une vraie coopération et de corriger sa configuration actuelle que la convention opérationnelle relative à « la réciprocité » est conclue. Car, même si l'on reconnaît que la plupart des ressources mobilisées dans le cadre de cette coopération proviennent de la région Nord Pas de Calais et ses partenaires, il n'en demeure pas moins que la région de Saint Louis peut apporter quelques chose à sa partenaire. C'est de façon globale la substance de la convention opérationnelle relative à la réciprocité. Il revient ainsi aux deux collectivités locales de mettre en oeuvre ce principe de la réciprocité afin de mettre fin à cette coopération à sens unique. Et comme le disait Christophe Cadrey64(*) « Nous comprenons que nous devons être le moteur de ce partenariat mais il faut en retour que Saint-Louis s'ouvre à nous et que nos concitoyens puissent bénéficier de notre coopération avec la région de Saint Louis ».

Comme la plupart des conventions opérationnelles, la mise en oeuvre de la convention opérationnelle relative à la réciprocité est confiée au Partenariat. Ainsi, c'est sous sa responsabilité que les différentes actions seront exécutées. Ainsi, le Partenariat se chargera d'informer par exemple les investisseurs du Nord Pas de Calais des opportunités et des potentialités qu'offre la région de Saint Louis en matière d'investissement. Au Nord Pas de Calais, le Partenariat s'évertuera à faciliter la tache aux opérateurs économiques, aux industriels, aux artisans ou autres venant de la région de Saint Louis pour qu'ils puissent trouver eux aussi des opportunités.

Ce qu'on peut retenir en l'espèce c'est que la réciprocité a un caractère beaucoup plus économique mais il ne faut oublier qu'elle a aussi une autre dimension. Sur le plan culturel, elle permet aussi et surtout aux populations des deux régions d'échanger par l'envoi de part et d'autre d'artistes dans le cadre du festival de jazz à Saint Louis et des manifestations de fin d'année au Nord Pas de Calais.

S'agissant enfin de la seconde partie de la convention opérationnelle c'est-à-dire le programme relatif à l'éducation à la citoyenneté internationale, trois objectifs sont visés. Il concerne ce  programme plus les populations du Nord Pas de Calais notamment les jeunes que ceux de Saint Louis.

Les objectifs sont les suivants :

Premièrement, un objectif relatif à la connaissance, à l'ouverture vers l'autre : connaître et comprendre les réalités de vie dans les pays du sud (Sénégal- Saint Louis) et du nord (France - Nord Pas de Calais).C'est à dire en d'autres termes : «  favoriser une ouverture sur le monde, favoriser une meilleure compréhension de l'autre (que ce soit par exemple le voisin de classe ou le Sénégalais vivant en Afrique) ».

Deuxièmement, un objectif relatif à l'attitude : Celui-ci consiste à favoriser un état d'esprit de tolérance, de respect, de refus du racisme, en clair « stimuler un comportement plus citoyen, de respect et de tolérance envers les populations du sud et les immigrés vivant en France ».

Troisièmement, un objectif ayant trait au comportement : Ce troisième point vise à encourager des pratiques d'échanges entre les acteurs socio -économiques, éducatifs de la région Nord Pas de Calais et la région de Saint Louis, de solidarité et d'intégration.

Pour sa mise en oeuvre, des projets pédagogiques sont animés dans les établissements scolaires, au sein les foyers des jeunes ... du nord pas de calais sur des thèmes portant sur l'immigration, l'intégration, l'antiracisme et le développement. Le public visé ici est principalement les jeunes. En effet, ceci s'explique par le fait que ce sont plus les jeunes issus de l'immigration d'origine Saint Louisienne qui restent à la fois les auteurs et les victimes de tous les problèmes relatifs à la violence, au racisme, à l'emploi...

En plus, il existe également des objectifs intermédiaires. Ils découlent des trois objectifs généraux et se déclinent comme suit :

-corriger les idées reçues et les images négatives, transmises par les medias ;

-donner une idée objective de la situation des pays du sud notamment du Sénégal et de leurs populations ;

-sensibiliser sur la différence culturelle, valoriser la richesse culturelle, sociale et historique des pays du sud, participer à la lutte contre le racisme ;

- développer l'esprit critique des enfants et des adultes face aux déséquilibres à l'échelle de la planète ;

- susciter des rencontres et des échanges interculturels entre populations du nord et du sud ;

-renforcer les correspondances entre les élèves, les professeurs,...des deux collectivités locales partenaires.

Il faut rappeler également comme pour la première convention opérationnelle sur la formation continue, celle-ci relative à l'éducation au développement reste également confiée au Partenariat pour son exécution.

Pour terminer nous proposerons un certain nombre d'orientations au terme desquelles nous pensons que la coopération entre la région de Saint Louis et la région Nord Pas de Calais pourra s'améliorer mais aussi atteindre son objectif principal c'est à dire contribuer au développement local notamment celui de la région de Saint Louis.

2-les réformes nécessaires pour une bonne mise en oeuvre de la coopération

Ces réformes que nous proposons concernent essentiellement les rectifications devant être apportées d'une part au niveau institutionnel mais aussi la nécessaire implication des populations dans la mise en oeuvre de cette coopération.

La nécessité d'apporter des corrections d'ordre institutionnel entre dans un souci de réaliser les attentes en matière de développement local. Ainsi les correctifs que nous proposons s'articulent autour de trois points :

D'abord, aujourd'hui tous les acteurs de cette coopération sont unanimes à reconnaître la nécessité de créer au sein du conseil de Saint Louis un organe chargé exclusivement de la gestion au quotidien des relations extérieures de la région de Saint Louis .L'inexistence de cette structure coûte extrêmement chère à la région de Saint Louis. Car la conséquence immédiate de son absence reste que le Conseil Régional de Saint Louis ne maîtrise pas comme ce doit ses relations extérieures. La gestion de celles-ci se fait à la limite, de façon informelle frôlant ainsi l'amateurisme. Mais, autre conséquence de l'inexistence de cette structure demeure être que la région de Saint Louis ne sera pas en même de tirer le maximum de profits. Car, en principe il devait revenir de droit à cette structure de concevoir et de dégager les grandes orientations du partenariat d'une part et d'accompagner la mise en oeuvre et assurer le suivi de la coopération d'autre part. Au regard donc de toutes ces considérations, nous pensons qu'il est plus que jamais indispensable de mettre en place cette structure et d'affecter en son sein des spécialistes en Coopération Décentralisée. Car c'est seulement cela qui permettra à la région de maîtriser ses relations extérieures et de pouvoir financer son développement local.

Ensuite, la position du Partenariat dans le cadre de cette coopération mérite aussi d'être révisée. Car aux yeux des populations bénéficiaires des actions de cette coopération, en tout cas dans leur majorité, « l'amélioration de leurs conditions d'existence et de vie résulte de l'activisme du Partenariat ».Ce point de vue découle d'une certaine « politique menée par certains agents du Partenariat ».En effet, ces derniers, d'après les population interrogée( agents de l'Hôpital Régional de Saint Louis) au cours de nos enquêtes sur le terrain, leur font croire que le conseil régional n'y ait pour rien de l'amélioration de leur plateau médical. Or tous reconnaissent que le Partenariat n'est qu'un opérateur au même titre que les autres opérateurs. C'est même contraire à la législation française en matière de coopération décentralisée qu'une collectivité territoriale entretienne des relations extérieures autres que des collectivités locales. C'est pourquoi, la place du Partenariat doit être éclaircie par rapport aux autres acteurs de la coopération pour que des confusions de ce genre ne puissent prospérer dans l'avenir.

Enfin et dernière recommandation, nous pensons que la région Nord Pas de Calais à l'instar de ses quatre autres partenaires extérieurs, doit disposer d'une structure «  relais » à Saint louis. En effet, cette représentation permettra ainsi à la région Nord Pas de Calais de pouvoir coordonner ses actions de coopération à partir de la base c'est-à-dire à Saint Louis et d'en assurer convenablement le suivi. Avec cette représentation certaines pratiques (détournement d'objectifs et de fonds etc.) contraires à l'esprit de ce partenariat seront évitées .Ainsi, les réalisations seront faites sur la base des prioritaires retenues dans les conventions opérationnelles que sur des critères définis par les «  politiciens » soucieux beaucoup plus de satisfaire leurs intérêts que ceux des populations les mieux indiquées.

La nécessité d'une participation plus considérable des populations reste aussi plus que jamais indispensable. Il est constaté que cette coopération se présente beaucoup plus sous l'angle institutionnel que sous l'angle du développement local. En effet, jusqu'à présent, seules les autorités régionales surtout celles de Saint Louis restent ménagées dans cette coopération. Les populations ne font que réceptionner les ouvrages ou actions de solidarités. Une telle situation les met dans une position de « réceptionnistes » ou d « assistées ».C'est le constat majeur qu'on a eu à faire au cours de notre séjour dans l'hôtel de la région de Saint Louis et dans certaine localités telles que Gaé et Ndiakhaye .En effet, elles (les populations) ne sont pas impliquées dans les différentes étapes de la mise en oeuvre de cette coopération allant de la conception à l'exécution proprement dite en passant par le choix des domaines de coopération. Ce qu'on retient dés lors c'est que les populations de la région de  Saint Louis principalement sont en fait exclues dans tout le processus de cette coopération. Or que toutes les actions qui seront menées sur le terrain les concernent directement.

Au regard de tout ce qui précède nous préconisons une participation plus importante des populations à tous les niveaux de cette Coopération Décentralisée d'autant plus qu'elle a pour objectif de permettre à ces dernières d'être au coeur de leur propre développement. En effet, l'une des conditions du développement local est une participation sans faille des populations. Car, « en aucun moment elles ne doivent se sentir écartées des politiques de développement les intéressant » .Mais aussi les acteurs de ce partenariat doivent faire en sorte que la participation des populations ne soit pas être dénaturée. En effet, il arrive souvent dans cette zone qu'une certaine élite locale (marabouts, politiciens, chefs coutumiers...) dénature l'implication des populations dans la gestion de la coopération en s'interposant entre les populations et les autorités locales de la région de Saint Louis et du Partenariat .Ces actes restent fréquents au Sénégal et particulièrement dans notre zone d'étude (la région de Saint Louis) où certains « notables » s'arrogent le titre sans en avoir le droit , de « représentants légitimes » de la masse laborieuse. En fait, il ne s'agit pas de se retrouver avec ces soi-disant « représentants de la masse laborieuse », soucieux beaucoup plus de leurs intérêts personnels que ceux de la majorité pour parler d'une réelle implication des populations. C'est pourquoi nous pensons que le Conseil Régional de Saint Louis soutenu en cela par le Partenariat, et ce, en dépit des efforts fait en ce sens vont devoir comprendre que « la participation des citoyens est une condition indispensable de l'existence et de la réussite d'une véritable politique de développement, surtout dans un cadre local »65(*).

Par ailleurs, au delà de ces suggestions que nous venons de dégager pour une bonne politique développement local, nous pensons aussi qu'il semble important de faire adhérer les populations lors des conférences relatives à l'élaboration des PLD66(*).Sans oublier également qu'elles doivent être conviées à participer aux journées d'étude sur la « décentralisation », la « coopération décentralisée », la « planification locale », la démocratie locale » etc. En effet, ces journées présentent des avantages majeurs pour tous les acteurs de la décentralisation et du développement local. Or , le constat est qu'au lieu qu'elles servent de cadre d'échange et de dialogue entre acteurs du développement local et de décentralisation, elles constituent au contraire le plus souvent des lieux de rencontre entre élites et autorités locales décentralisées et déconcentrées: les experts en décentralisation et les acteurs du développement local, les ONG67(*), collectivités locales partenaires, élus locaux, autorités étatiques, etc. Mais jamais les populations bénéficiaires ne sont conviées à ces débats. Et Selon M. Diagne de rajouter que ces « rencontres se font entre personnalités qui logent dans des hôtels et se tiennent le plus souvent dans des locaux administratifs provocant ainsi une certaine méfiance de la part des populations »68(*).Au terme de ces propos il ressort tout l'intérêt qu'il y a à faire ménager les populations bénéficiaires des actions de la coopération décentralisée au processus de celle-ci.

Enfin, cette coopération se doit aussi d'élargir son périmètre d'intervention. En effet, jusqu'à présent, seules les zones urbaines et périurbaines restent les seules bénéficiaires des retombées de cette coopération. Les zones rurales restant les plus démunies, ne bénéficient pas concrètement des actions de ce partenariat. Ainsi pour corriger cet état de fait, il nous semble nécessaire de redéployer les interventions de ce partenariat dans ces zones.

En somme, quels que soit les moyens déployés, la réussite de cette coopération passe nécessairement par une forte implication des populations locales dans sa mise en oeuvre. En plus, les populations rurales mériteraient un peu plus de soutien de la part de ce partenariat.

* 58 -propos recueillis auprès d'un conseiller régional sous couvert de l'anonymat

* 59 Source www.npc.fr

* 60-cf. annexe

* 61 Quartier de saint louis commune

* 62Plan décennal pour l'éducation et la formation

* 63 Nouvelles technologies de l'information et de la communication

* 64-chargé de mission à la direction de la coopération décentralisée, conseil régional nord pas de calais

* 65- Pierre Teisserenc « les politiques de développement local » économisa, 1994, page 159

* 66 -plan local de développement

* 67 -précitée

* 68 -interviewé par l'auteur du mémoire

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams