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Jésus-Christ, Résurrection et Vie pour le croyant Lobi en route pour l'au-delà. Lecture africaine de Jn 11,1-44.

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par Sansan Hervé POODA
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest (U.C.A.O.), Unité Universitaire d'Abidjan (U.U.A.) - Licence Canonique (Maîtrise académique) en Théologie Biblique 2007
  

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2. Portée christologique de Jn 11, 1-44

A côté de plusieurs titres christologiques comme le Christ, l'ami véritable pour le croyant confronté à la réalité de la souffrance, Jésus le Fils de Dieu, le Messie ou le Sauveur, nous avons dans notre texte la révélation du Christ comme notre vie et notre résurrection121.

2.1. Jésus, l'ami véritable

Le thème de l'amitié traverse tout le récit de la résurrection de Lazare. L'évangéliste insiste dès le début du récit sur ce thème. Les soeurs envoient dire à Jésus « celui que tu aimes (ipLXEL~ g) est malade » (v.3). A côté du thème de la fraternité très fortement marquée aussi, l'amitié de Jésus avec Lazare et avec ses soeurs est donnée comme paradigme de la relation du croyant avec le Christ. Jésus aime chacun de ses fidèles comme il aimait Lazare, Marthe et Marie (v.5). La réciprocité des sentiments est aussi avérée. Marie est celle qui versa du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux (v.2). Au-delà de la connotation que Jésus lui-même donne à ce geste, il faut y voir un signe de profonde amitié sinon un amour sublimé. Alain Marchadour l'interprète également dans ce sens122. C'est encore elle que nous voyons se jeter aux pieds de Jésus en pleurant (v.32) ce qui ne manqua pas d'émouvoir le Maître (v.35). Et aux réactions de Jésus devant cette souffrance morale de ses amis, les témoins juifs ne manquèrent pas de remarquer : « voyez comme il l'aimait ! » (v.36). Le thème de l'amitié chez Saint Jean est d'ailleurs récurrent123. Il suffit de penser au disciple que Jésus aimait (Jn 13, 23), à l'ami de l'époux qui se tient à ses côtés (Jn 3, 29) et au discours d'adieu affectueux que Jésus adressa à ceux qu'il appelle désormais ses amis (Jn 15, 14).

Dans le contexte de la résurrection de Lazare, Jésus est non seulement l'ami véritable de toute la famille de Lazare, mais aussi l'ami du malade, de l'éprouvé, de celui qui est sur le point de mourir : « Seigneur, ton ami est malade » (Jn 11,3). Jésus l'ami se révèle ainsi pleinement Homme et proche des hommes.

2.2. L'homme Jésus dans le récit

Le récit de Lazare est également de ceux qui expriment le mieux la pleine humanité du Fils du Dieu vivant. En effet, l'évangéliste se plaît à souligner à divers moments les

(P. POUCOUTA, op. cit., p. 168). Mais il est certain que symbole et histoire sont liés chez St Jean. Une histoire vraie peut-être plus simple a dû servir de support littéraire à la théologie johannique.

121 Cf. X. LEON-DUFOUR, op. cit., pp. 403-437.

122 Cf. A. MARCHADOUR, op. cit., note 26 de la page 125.

123 Cf. M. QUESNEL et P. GRUSON (sous la dir.), La Bible et sa culture. Jésus et le Nouveau Testament, Paris, Desclée de Brouwer, 2000, pp. 421-423.

sentiments de Jésus. Il insiste sur son affection pour Lazare et ses deux soeurs (v.5). Son trouble et ses pleurs montrent de manière particulière son humanité. Il se laisse émouvoir par les pleurs de ses amis. En communiant à la peine de ses amis, il verse des larmes. Il sait compatir à la souffrance des hommes. Il se trouble devant la mort de Lazare qui est en fait une préfiguration de sa propre mort (cf. Jn 12,27).

Il partage ainsi la fragilité humaine, particulièrement face à la douleur, face à la mort (vv. 33-35). Jésus pleure avec ceux qui pleurent. Il verse des larmes sincères pour manifester son amitié avec celui qui gît dans la mort124. Sa mort lui cause réellement de la peine. Mais, éclairée par la parole d'espérance dite à Marthe (vv. 25-26) et celle qui va sortir Lazare du tombeau (vv.43-44), la douleur de Jésus face à la mort cesse d'être accablement pour devenir un lieu d'espérance et de vie125.

De plus, comme homme, Jésus est le *-ctj3j3i, le maître, le ôiôct~cmctXog, l'enseignant dont la parole a autorité. Cette parole incarnée a toute la puissance divine car elle vient de Dieu.

2.3. Jésus le Seigneur, le Messie, le Fils de Dieu

Plusieurs fois dans notre texte, Jésus est désigné comme K~~piog, Seigneur (v. 3.12.21.27.32.34.39). Ce titre christologique, tout comme le o" xpL~t c o" uL"èc toi eEoc o" EL'c

pxóItETIoc du v.27, ne peut être qu'une confession de foi pascale. Marthe

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confesse la messianité de Jésus qui dépasse toute l'attente juive du fait du lien avec le Père explicitement souligné. Elle récapitule la conception juive du Messie et la compréhension chrétienne du Fils de Dieu. Elle voit en Jésus l'irruption eschatologique de Dieu dans l'histoire des hommes126.

Ces titres christologiques sont au service d'une eschatologie chrétienne puisqu'ils sont attribués à celui qui vient d'au-delà de ce monde127. Le Christ auquel les soeurs adresse leur prière de demande à peine clarifiée en faveur de leur frère malade, dès le début du récit déjà, est le Seigneur, l'Oint de Dieu, cet Envoyé de Dieu, le Fils de Dieu, Celui qui doit venir pour le salut de l'homme en difficulté. Ce Christ vient pour manifester la ôo~ct de Dieu, cette gloire qui est évoquée dans la prière de Jésus (v.41-42). Et Dieu exauce la prière de son Christ afin que le monde croie qu'il a été envoyé (v.42). C'est la révélation principale de l'évangéliste Jean qui centre son oeuvre sur la personne même du Christ, l'envoyé et l'exégète

124 Cf. F. LIBERMANN, Commentaire de Saint Jean, Paris, Nouvelle Cité, 1990, pp. 665-673.

125 Cf. P. POUCOUTA, op. cit., p. 169.

126 Cf. M. GOURGUES, op. cit., p. 120.

127 Cf. Idem.

du Père (cf. Jn 1, 1-18)128. Et le signe que Jésus opère nous montre bien qu'il vient de la sphère divine, qu'il est le sauveur, le libérateur de l'homme plongé dans les liens de la mort.

Jésus manifeste bien sa divinité par la prescience dont il fait montre dès le début du récit. C'est lui-même qui annonce la mort de Lazare. Le thème de la gloire de Dieu évoqué au début (v. 4) et à la fin du récit (v. 40) manifeste sa souveraineté. Le miracle qu'il accomplit avec autorité montre qu'il est l'envoyé de Dieu (vv. 27.42). Mais c'est en développant le thème de la foi que l'évangéliste révèle le caractère divin de Jésus. Le *Eyth EL'LL de révélation est à comprendre dans ce sens. Jésus se révèle comme celui qui donne la vie, mieux celui qui redonne vie à ce qui est mort. C'est lui la résurrection et la vie, qui ne peuvent être que des dons spécifiquement divins129. En cela, Jésus se révèle comme l'égal du Père qui ne lui refuse rien (v. 41). Mais par son humilité et sa prière toute orientée vers Dieu le transcendant, Jésus se présente comme modèle à imiter. C'est à sa suite que le disciple voit la gloire de Dieu qui est vie pour son peuple.

2.4. Jésus, notre Vie

Le signe de la résurrection de Lazare révèle surtout Jésus comme notre vie au-delà de la mort, celui qui ouvre nos tombeaux. Si le vocabulaire de la vie est dans le quatrième évangile aussi important que celui du royaume ou du règne de Dieu dans les synoptiques, c'est le signe de la résurrection de Lazare qui le montre le mieux130. Jésus lui-même se révèle explicitement comme la vie : ``Qui croit en moi, même s 'il meurt, vivra; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais'' (v. 26). On peut remarquer ici que dans la sentence, foi et vie sont étroitement reliées et elles prennent sens l'une par l'autre. La foi en Jésus y est présentée comme une adhésion qui triomphe de la mort de façon définitive, malgré les apparences. Les verbes mourir et vivre sont ambivalents et leur signification dépend du contexte et de l'instance du discours. La reconnaissance de Jésus et l'adhésion à son programme et, par delà, à son être même font passer des apparences (la mort physique) à la réalité (la vie de croyant).

Mais mort et vie dans leur sens biologique ne sont pas niées dans ce contexte. La mort est même incontournable, y compris pour ceux qui sont aimés de Jésus131. Marthe et Marie l'expriment d'ailleurs à leur façon : « si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort » (v.21.32). C 'est ce que soulignent les Juifs lorsqu'ils mettent en parallèle l'amour de Jésus

pour Lazare et son impuissance à l'arracher à la mort ; enfin c'est ce que traduit la propre détresse de Jésus en présence de la mort de son ami et du deuil de Marthe et Marie et de leurs amis. Cette mort physique n'est pas effacée par le discours de révélation. Elle garde sa puissance et Jésus lui-même doit subir sa loi : quand Lazare, son ami, tombe malade, Jésus est infiniment loin et, malgré son amour, il arrive trop tard, la mort est déjà consommée. Mais audelà de cette signification première, il y a la révélation décisive de Jésus sur la vraie vie. Malgré la mort physique (comme celle qui se manifeste en Lazare), le croyant en Jésus vivra car sa foi en lui constitue un antidote contre la mort. Ici se dévoile l'énigme fondamentale de l'homme mortel éclairée par la révélation du Prince de la vie132. Jésus est ce révélateur de la vraie vie qui est aussi résurrection pour ceux qui croient en lui.

2.5. Jésus, notre résurrection

Jésus ressuscite Lazare. Il donne la vie après la mort. Si Jésus peut nous sortir de nos tombeaux, s'il peut nous libérer de la mort, c'est qu'il est notre résurrection. La réalité de la résurrection s'est imposée peu à peu à l'expérience juive. La Bible a valorisé pendant longtemps la vie terrestre qui est don de Dieu et lieu du salut133. Dans la tradition juive ancienne, à la mort, l'homme disparaît au shéol, dans les profondeurs de la terre. Il y mène une vie réduite, incapable de penser, de vouloir, d'aimer et de louer Dieu (cf. Is 38, 18-20). Certes la vision des ossements desséchés d'Ezéchiel 37 ouvre une certaine perspective qui a dû marquer la relecture maccabéenne qui a aboutit à la foi en la résurrection chez les pharisiens du temps de Jésus134. C'est de cette espérance traditionnelle que témoigne Marthe dans le récit (v.24). Mais sa profession de foi est surtout chrétienne et post-pascale. Jésus est le gage de notre résurrection future. Et le quiproquo, le malentendu entre Jésus et Marthe (v.23-26), servira à la révélation de Jésus, non seulement le gage de notre résurrection à venir, mais aussi présente. Le jeu des temps du texte va dans le même sens. On passe du futur qui dit l'eschatologie à venir (vv.23-24) au présent qui renvoie à l'eschatologie réalisée (vv.25-26).

Les versets 25-26 peuvent être caractérisés comme « un condensé de la christologie et de la sotériologie johanniques, et Marthe devient ici, elle qui est une femme, la figure exemplaire du disciple, dont la foi est acquiescement au témoignage global de cet évangile »135. L'évangéliste exprime ainsi la tension entre le futur et le présent. La formule

solennelle du *Eyth EL'LL présente le Christ comme la résurrection et la vie dès aujourd'hui. Le croyant participe dès à présent à la vie éternelle de Dieu. Le dernier jour est déjà là. En ce sens, le chrétien est déjà ressuscité puisqu'il est habité par le Christ qui est la résurrection et la vie. En ce sens, la résurrection de Lazare annonce déjà celle du Christ136. Mais il existe des différences entre les deux, comme le suggère d'ailleurs certains détails symboliques. Lazare sort du tombeau pieds et mains liés. Il est encore retenu dans les liens de la mort. Lazare reste au tombeau jusqu'au quatrième jour, ce qui selon la tradition juive est preuve de décomposition du cadavre, sans espoir de retour à la vie. Le corps de Jésus lui ne connaîtra pas la corruption. Il sort du tombeau le troisième jour. Lazare revivifié retourne à la vie terrestre pour mourir de nouveau un jour. Jésus, lui, est ressuscité une fois pour toutes. Il est définitivement vainqueur de la mort. Avec lui, la résurrection n'est pas simple retour à la vie terrestre, mais vie pleine et définitive. C'est en cela qu'il est notre résurrection véritable. Lui seul accomplit notre aspiration à la pleine vie qui transcende la réalité concrète de la mort.

3. Portée sotériologique et dogmatique du texte

Le thème de la foi est sans conteste le thème dominant de l'épisode de la résurrection de Lazare. C'est le coeur du message théologique que voudrait faire passer l'évangéliste. On a souvent mis cette perspective en parallèle avec la finale même de l'évangile en Jn 20, 30-31. Le miracle a été opéré pour que nous croyions que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et qu'en croyant nous obtenions la vie en lui. Le salut est sous-entendu dans le don de la vie.

3.1. La foi comme reconnaissance de Jésus

Les récits de Jn 4,1-42 et de Jn 9,1-41 faisaient cas de cheminements vers la foi. La samaritaine comme l'aveugle-né cheminaient à partir de rien, en ce sens qu'ils ne connaissaient pas Jésus auparavant, vers l'adhésion entière à celui qui se révélait à eux. Cette perspective n'est pas totalement absente de notre récit de Jn 11, 1-44. Mais l'expérience que le récit met au premier plan est celle du cheminement, non pas tant vers la foi, mais surtout dans la foi. C'est « le passage d'une reconnaissance partielle à une reconnaissance plus approfondie de Jésus137 ». Les disciples de Jésus, en effet, tout comme les deux soeurs, progressent sur la base d'une reconnaissance déjà effectuée : « Je me réjouis, dit Jésus à ses disciples, de n'avoir pas été là, afin que vous croyiez » (Jn 11,15). Dès le premier signe opéré par Jésus à Cana en Jn 2,11, « il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui ». Le signe

de Béthanie les amènera donc à intégrer ou à approfondir une donnée qui manque à leur foi : Jésus est aussi maître de la mort et de la vie138.

Les deux soeurs feront la même expérience que les disciples car elles sont aussi des disciples du Christ. En effet, le message qu'elles font porter à Jésus, la façon dont ensuite elles l'abordent et surtout le dialogue de Marthe avec lui, témoignent, non seulement d'une relation d'amitié, mais d'une confiance qui a déjà le visage de la foi. Marthe affirme dès le départ sa connaissance de Jésus « Mais maintenant encore je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera » (Jn 11,22). Elle évolue dans son dialogue avec Jésus dans le sens de la connaissance des mystères de Dieu « Je sais, dit Marthe, qu'il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour » (Jn 11, 24). Et à la révélation de Jésus qui l'interpelle expressement sur sa foi personnelle (crois-tu cela ? v. 26), Marthe professe : Oui Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde » (Jn 11,27). « On a ici une formulation parfaite de la foi au Christ, l'une des plus riches que contienne le quatrième évangile. Cette formulation, avons-nous vu, s 'identifie déjà à celle des croyants d'après Pâques (Jn 20,31)139 ». C'est un article de foi ou le dogme de la communauté postpascale qui transparaît ici. Marthe a visiblement évolué de la connaissance première personnelle en passant par la connaissance traditionnelle sur la résurrection des morts à la reconnaissance de Jésus comme le Christ et le Fils de Dieu celui par qui l'au-delà est déjà là. Néanmoins la suite de ce récit manifeste que Marthe n'est pas encore parvenue à la pleine perception du sens de ce qu'elle proclame. Si l'on veut, sa foi possède un « contenu dogmatique » juste, dans lequel les croyants de tous les temps continuent de se reconnaître. Nous avons remarqué l'emploie du parfait E~y~~ 1TE1T~~OtEUKX littéralement « j 'ai cru et je continue de croire », à perspective dogmatique140. Mais son attitude devant le tombeau, sa résistance à son ouverture (Jn 11,39), montre que sa foi est toujours en devenir. Le signe de Béthanie l'amènera elle aussi à franchir un seuil décisif. Marthe représente chaque chrétien en cheminement de foi. On comprend pourquoi l'Eglise catholique fait méditer ce récit de Lazare dans le cadre du cheminement des candidats au baptême141. La foi véritable fait évoluer de la connaissance à la reconnaissance (cf. Jn 4, 1-42). Mais cette foi est aussi conquête sur le scepticisme raisonnable.

3.2. La foi comme conquête sur le scepticisme raisonnable

Le récit de Lazare s'attarde à souligner chez les témoins, tant chez les deux soeurs que chez les Juifs qui ne connaissent pas encore Jésus, la conscience du caractère pénible et irrévocable de la mort142.

La mort venue, il n'y a plus rien à faire, pensent les deux soeurs et les Juifs ; Jésus aurait peut-être pu faire quelque chose avant, mais maintenant il est trop tard (cf. Jn 11,21.32.37). Pour Marthe, la mort s'impose carrément comme un mur inexpugnable. Elle s'oppose à l'ouverture du tombeau (v. 39). Et face à ce seuil infranchissable, face à cette mort qui vient briser les relations les plus chères, que reste-t-il comme attitude humaine « naturelle », sinon celle de pleurer ? C'est ce que font les Juifs qui ne connaissent pas encore Jésus et les croyants eux-mêmes n'y échappent pas (v. 33). Et plus frappant encore, Jésus luimême va pleurer (v. 35) alors même qu'il a proclamé que « cette maladie n'est pas pour la mort » (v. 4).

Comme nous l'avons vu, le récit de Lazare ne nie pas la terrible réalité de la mort. Jésus éprouve des sentiments humains de lutte, de crainte, d'indignation mais aussi de compassion face à cette réalité de la mort. Alors, la foi en un au-delà dans ce contexte apparaît pour les croyants comme une véritable conquête sur le scepticisme raisonnable qui ramène toujours à l'évidence de la mort humaine. Comme pour dire avec Gabriel Marcel que « le croyant n 'est jamais tout à fait croyant, et il est impossible qu 'il ne connaisse pas des heures d'incertitude et d'angoisse, où il rejoint l 'incroyant, et inversement, celui-ci peut être animé par une croyance qu 'il porte en lui, qui le soutient, mais dont il est incapable de prendre pleinement conscience 143». Marthe est un paradigme du croyant chrétien dans ce sens144. Elle vacille entre la foi et la raison. Le combat pour la foi pleine n'est jamais gagné pour de bon. Cette foi est toujours en cheminement et en découverte. Elle est appelée à s'ouvrir toujours à l'inouï.

Conclusion au chapitre

Notre regard s'est porté dans ce chapitre sur le texte actuel de Jn 11, 1-44 pour en étudier le vocabulaire, le style, les formes verbales et autres artifices littéraires qui sont au service d'une logique narrative que nous y avons découverte. Le récit se prête bien à une

analyse narrative que nous avons menée à travers le commentaire exégétique de notre texte. Les éléments de rhétorique ou de sémiotique qui étaient intéressants pour la compréhension de notre texte ont été évoqués. Nous n'avons pas voulu à dessein nous lancer dans l'élaboration d'un carré sémiotique, l'analyse narrative nous ayant éclairé suffisamment sur la compréhension du texte. Toutes ces méthodes synchroniques nous aident à compléter notre maîtrise du texte que les techniques historico-critiques avaient bien situé en contexte. Les portées christologiques et théologiques qui se sont dégagées de cette analyse exégétique nous ont ramené à l'essentiel du message évangélique dans la lecture de la péricope johannique étudiée : croire en Jésus-Christ, maître de la mort et de la vie.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984