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Jésus-Christ, Résurrection et Vie pour le croyant Lobi en route pour l'au-delà. Lecture africaine de Jn 11,1-44.

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par Sansan Hervé POODA
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest (U.C.A.O.), Unité Universitaire d'Abidjan (U.U.A.) - Licence Canonique (Maîtrise académique) en Théologie Biblique 2007
  

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1.3.2. La famille lobi et ses diverses ramifications claniques

La famille chez les Lobi peut désigner la cellule familiale ou cù*r, le matriclan ou caar comme le patriclan ou kù*n.

Le cù*r ou maison, en contexte lobi, ne désigne donc pas seulement la forteresse en banco dans laquelle vivent les gens, mais surtout l'unité de production et de consommation, où l'autorité du paterfamilias, ou c*daarkuun, fait loi171. Elle comprend le chef de la maisonnée, ses diverses épouses et leurs enfants, tous placés sous la protection des mêmes entités spirituelles ou Th<la, que l'on peut apercevoir à l'entrée de la maison, sur la terrasse ou dans le

sanctuaire domestique contigu à la chambre de la première épouse (la c*daarkh$r)'72.

Au delà de la cellule familiale, le matriclan d'ego ou caar revêt une grande importance pour le Lobi. Il comprend un très grand nombre de personnes, réunies par le lien du sang et par leur commune descendance d'un ancêtre féminin. Il y a quatre matriclans majeurs en milieu lobi qui constituent des matronymes avec de multiples subdivisions internes : Kambiré/Kambou, Hien, Da et Palé173. Chaque matriclan a ses interdits et son entité spirituelle ou Wath<l. Ces matriclans sont alliés deux à deux. Les Kambiré sont alliés aux Hien et les Da aux Palé. Des relations culturelles et sociales les lient fermement.

Le patriclan ou Kù*n est capital pour le Lobi. Celui-ci est intégré dans son clan qu'il découvre à l'initiation septennale du J*r*. C'est à l'occasion de cette longue marche ou Hù* q<<r<, qui le conduit en pèlerinage initiatique et culturel aux bords de la Volta que traversèrent ses premiers ancêtres, que le Lobi découvrira les interdits, les coutumes et les secrets liés au culte de son patriclan (Kù*n) dont l'entité spirituelle est le th<lkhaa. Ce culte patriclanique est central dans la vie religieuse des Lobi.

2. Contexte religieux des Lobi

Les Lobi croient en l'existence d'un seul Dieu, créateur des êtres invisibles et des choses visibles. Dieu est toute Providence mais, il n'intervient pas directement dans la vie des hommes, depuis son éloignement de la terre. Une multitude d'êtres invisibles assurent la médiation entre Lui et l'Homme lobi.

2.1. Un monothéisme médiatisé

Au sommet de la pyramide religieuse des Lobi se trouve le Dieu suprême, appelé

Thâgba. La voûte céleste symbolise son lieu de repos. C'est lui le créateur et l'ordonnateur de toute chose dans le cosmos. Transcendant et inaccessible des hommes, Thâgba le Dieu Providence n'est jamais objet de culte précis en milieu lobi.

Un mythe explique d'ailleurs l'éloignement de Dieu des affaires des hommes. Comme chez de nombreux peuples, les Lobi attribuent à une femme la faute originelle : « ``Dabuole,'' en ce temps-là dit le conteur, il y avait une grande famine sur la terre, les femmes qui accouchaient nouvellement en souffraient plus que tout le monde ; le ciel était très bas, à hauteur d'homme, les femmes alors s 'entendirent un jour et toutes ensemble se

mirent à crier et à frapper les nuages avec leurs mains en disant : ``Thffgba, taa si, kamfren-

kw ser'', c 'est-à -dire, Dieu, sauve-nous, la faim nous tue ! Le Dieu les exauça en leur disant ``Désormais toute femme qui vient d'accoucher prendra un canari (poterie traditionnelle) qu 'elle posera sur le feu, y mettra de l 'eau, prendra ensuite un couteau, sortira et coupera les nuages ; elle les mettra dans le canari et posera dessus un couvercle. Elle n 'ouvrira pour en manger que lorsque les vapeurs en sortiront en quantité et qu 'elle entendra l 'eau bouillir avec grand bruit. Toutes firent comme le Dieu l 'avait ordonné, mais un jour, l 'une d'elles était tellement affamée qu 'elle ouvrit le canari avant ébullition. Qu 'arriva-t-il ? Les nuages qui étaient dans le canari s 'échappèrent avec fracas et emportèrent ainsi le firmament loin de la terre. Tout le monde, hommes et femmes, s 'en prirent à cette dernière en disant ``Tu ne reconnais pas la bonté même, ton ingratitude devient une punition pour tous les hommes.'' C 'est ainsi que d 'une façon banale le ciel s 'éloigna de la terre ».174 Le ciel désigne ici la manne céleste. La faute originelle fut avant tout une ingratitude humaine. Mais pour les Lobi, l'éloignement de Dieu n'a pas mis fin à sa générosité ontologique. Il continue d'abreuver la terre par la pluie et de combler les hommes de toutes ses largesses. J.A. Kambou

174 Nous avons opté de respecter la transcription française faite par notre aîné J.A. Kambou depuis 1972. Cf. J.A. KAMBOU, Le Dyoro ou Initiation sociale au Sud de la Haute-Volta, Paris, C.R.C., 1972, pp. 38-39.

trouve dans l'étymologie même de Thâgba cette notion de générosité175 : Tâg/T<</Terre et G ba/Prends (Que la terre recueille touj ours !). Dieu a préposé comme gardiennes de ses créatures dans l'univers, une multitude d'entités spirituelles ou êtres supérieurs que le Lobi appelle Thila. Et c'est par leur truchement que l'homme passe pour prier désormais son Dieu. C'est à Thâgba Dieu que sont destinées donc toutes les prières des Lobi en dernier ressort, par la médiation de ces nombreuses entités spirituelles appelées Thtla'76.

C'est pourquoi nous reconnaissons à cette société un monothéisme sans ambiguïté mais un monothéisme avec de nombreuses médiations assurées par des entités spirituelles diverses (Thila), un monothéisme fortement médiatisé donc177.

2.2. Les Thila ou entités spirituelles des Lobi

Les Th<la sont des forces surnaturelles que Dieu Thâgba donna dit-on aux Lobi. Ces entités spirituelles sont objet de culte et sont représentées par des autels multiples. Les Th<la

les plus fréquents en milieu lobi sont Thãgba-foudre178, le d<th<l ou culte de la terre villageoise, le Wath<l qui est l'esprit tutélaire du matriclan (caar) et le Th<lkhaa qui est l'esprit tutélaire du patriclan lobi (Kù*n). D'innombrables Th<la des cours d'eau ou poo, des cavernes

ou Kaar, des montagnes ou Kuri, des marchés, de la brousse, de la chasse, de la fécondité, de la richesse etc., sont objet de culte. « Ils révèlent leurs volontés aux humains directement ou par l'intermédiaire du devin (bù*rdaar). Ils peuvent récompenser ou châtier. 179» Leur place centrale dans le système religieux lobi développe un animisme très fort et beaucoup superstitieux. A l'entrée des villages ou des maisons des Lobi, les nombreux autels de ces entités spirituelles ne passent jamais inaperçus. Nous avons dénombré devant une concession de Moulera au Burkina Faso, une vingtaine de ces autels faits sous forme de cônes ou de

175 J.A. KAMBOU, op. cit., p. 39.

176 Toutes les invocations avant les sacrifices rituels commencent par le nom de Dieu Thâgba ! Voir J. A. KAMBOU, op. cit., pp.157-164 et M. PERE, op.cit., 169-172.

177 Mais « c'est bien lui [Dieu] l'ultime destinataire des sacrifices et des offrandes, même si les adorateurs n'en sont pas toujours conscients » remarque E. J. PENOUKOU, Foi chrétienne et compréhension africaine. Pour une herméneutique mina de la mort et de la résurrection à partir d'une analyse critique de 1Co 15, tome 1, Institut Catholique de Paris, 1979, p. 12. De même écrit J. M. ELA, dans Ma foi d'africain, Paris, Ed. Karthala, 1985, p. 46 « c'est là un trait important de la mentalité africaine qui se manifeste dans les plus petites choses : si l'on doit transmettre un message, on ne s'adresse pas directement à la personne concernée, mais à un tiers, même en sa présence ».

178Cf. M. PERE, op. cit., p. 203-229. Madeleine Père explique clairement que la foudre considérée comme une émanation de Thâgba-Dieu est objet de culte particulier. Elle n'est jamais confondue avec le Créateur. Elle est souvent représentée par une latte de bois surmontée d'une poignée de tiges sèches. Elle protège les champs et les récoltes des vols à cause de ses sanctions mortelles en cas de pluie.

179 M. KAMBOU, op. cit., p. 23.

monticules en terre ou en pierre. Sur la terrasse de la maison, une dizaine de Thila tiennent la garde de la maison et de ses environs. A l'intérieur de la grande forteresse lobi, une chambre sanctuaire est réservée aux multiples entités spirituelles. Le Lobi vit souvent au milieu d'une véritable horde de ``dominations'' spirituelles.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius