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science humaine science exacte les normes de la pensée sociale

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par Robert Michit
laboratoire européen de la décision Grenoble - Doctorat en psychologie sociale 1995
  

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    Centre de recherche et de formation en ressources humaines

    CEFERH

    Laboratoire européen de la décision

    7 place André Malraux38000 GrenobleTel/Fax : 0476129617E-Mail : labo-decision@9business.fr

    Thierry COMON -Robert MICHIT

    Science humaine science exacte :Les normes de la pensée sociale

    Mots clés : Weber, science, connaissance, subjectivité, objectivité, lois,

    Résumé

    L'étude de phénomènes particulièrement gênants dans le management utilisant le débat comme mode de créativité et de prise de décisions, nous ont conduit à interroger la certitude que « toute connaissance humaine dépend du point de vue de son auteur ». En effet, sur cette affirmation reposent toutes les justifications de l'utilisation des échanges d'opinions et de points de vue pour prétendre à une plus grande objectivité. Cet essai met en évidence la contradiction interne de cette conjecture. La démonstration conduit à ébranler des croyances fortement ancrées dans les sciences humaines. Le but est d'ouvrir à d'autres pratiques de communication en identifiant des lois de communication non assujetties à la subjectivité des communicants.

    AbstractThestudyofphenomenaparticularlyhandicappinginthemanagementusingthediscussionasmodeofcreativityandmakingdecision,haveconductedustointerrogateafundamental:thehumanknowledgearewithingviewofhisproduct.Thistrialputsinobviousnessthecontradictionwhofoundbeliefsbeinganintegralpartofhumanknowledgeandthecommonpractisesofcommunication.Thedemonstrationconductstodetermineanotherscientificframepermittingtoidentifylawsofcommunicationnofixedtothesubjectivityofpersonwhocommunicate.

    Introduction : Une vieille question trop vite enterrée.

    Les limites du système de connaissance wéberien au regard du statut de la connaissance en science humaine

    1. Le passage de la notion de connexion causale à la notion de point de vue

    2 La subjectivité de la connaissance : une évidence a priori.

    3. La contradiction aporétique de la conjecture de Weber.

    Le rapport subjectivité / objectivité en science humaine

    1. L'objectivité d'une connaissance dépend des conditions de sa construction :

    2. De l'objectivation de l'objet d'études

    Les humains sont prévisibles de par les lois qui les structurent.

    1 Résolution de problème et lois de communication

    2 Seul Quatre objectifs régissent les univers de relations

    3 La loi d'action

    4. Les méthodes d'investigation et les modèles théoriques ne sont pas adaptés à l'objet d'étude

    Conclusion : L'affirmation d'un aléatoire imprévisible en sciences humaines est une croyance

    Science humaine : science exacte

    «Ladéfinitionminimaledelasciencesupposel'existencedeloisgénérales,unchampd'expérimentationoud'observationetenfinl'effacementdudiscoursabstraitdevantl'applicationpratique»BronislawMALINOSWSKI,1944.

    Introduction : Une vieille question trop vite enterrée.

    En s'appuyant sur le postulat aujourd'hui peu discuté selon lequel les actions humaines échapperaient à des lois régulières, il semble acquis (au moins depuis Max WEBER) la nécessité d'abandonner le projet durkheimien visant à édifier l'explication de la société à partir d'un système complet de lois sociales (Aron, 1967). Les démarches convoquées (même celles relevant de la méthode expérimentale) pour rendre compte des conduites humaines n'accorderaient pas aux sciences humaines le même statut scientifique reconnu aux sciences de la nature. Il serait désormais illusoire de penser que le monde social connaîtrait des lois structurantes et déterminantes au même titre que celles qui régissent le monde physique et biologique. Un retour critique sur les Essais sur la théorie de la science de Max Weber1 devrait nous autoriser pourtant, d'une part à questionner le postulat, et d'autre part, à expliquer les conditions épistémologiques nécessaires pour établir une connaissance précise des systèmes de lois gouvernant l'humanité sociale.

    Lorsque Max Weber étudie les conditions de production de connaissances objectives dans les sciences et la politique (Weber, 1904), ses observations sur les régularités des « connexions causales » sont indiscutables relativement aux théories de l'action. Il est vrai que les situations des personnes physiques ou morales sont la conséquence d'une multiplicité de facteurs. Dans la continuité de ces observations, Janis (1972) en particulier montre que les décisions institutionnelles sont la conséquence d'un engrenage de plusieurs types de facteurs, tout comme Bresson (1972) le constate pour les décisions individuelles. De façon synthétique et générale, ces facteurs relèvent à la fois des déterminants sociaux (Durkheim, 1930, Ansart,1990), idéologiques -systèmes de valeurs et représentations sociales (Jodelet, 1989, Abric, 1984, 1994)-, des facultés cognitives avec leurs biais (Simon, 1947 , Brandsford 1979, Caverni 1993), et des compétences d'actions (Aristote, Erikson 1963, Guindon 1976, Mendel,1998).

    Avant les travaux sur l'identité psychosociale et ses effets sur la prise de décisions, l'influence de ces quatre familles de facteurs avait été mise en évidence de multiples manières de façon catégorielle, en fonction des visées spécifiques des différentes disciplines des sciences sociales :

    La sociologie est centrée sur les déterminants sociaux.

    La psychologie sociale étudie l'interaction de la position sociale et du système de représentation sociale sur l'action.

    La philosophie de la connaissance (Trotignon 1986), la psychologie cognitive (Bresson 1972, Brandsford, 1979) s'intéressent à la nature de la connaissance et à la raison comme moyen d'intelligence du réel.

    Enfin la philosophie de l'action ( Bergson, 1941 Blondel, 1893, 1966, Mendel, 1998), la psychologie du développement (Wallon, 1945, Erikson 1963, Piaget 1976, Feuerstein 1983) et la psychologie de la décision (Guindon, 1976) présentent une formalisation des facteurs spécifiques de la mise en acte en tant que telle.

    1 Le lecteur trouvera en Annexe l'extrait du texte ici analysé.

    Dans le cadre de la modélisation sur laquelle nous nous appuyons, les études concernant les situations d'individus et de groupes en action, prennent en compte tous ces déterminants en fonction d'interdépendances présentées dans un référentiel où ils sont organisés selon une cohérence structurelle2. En particulier, l'analyse des objectifs de relation fondamentaux poursuivis par des agents dans une multitude de situations a permis à la fois de distinguer leur nature, leur nombre limité3 et de mettre en exergue un principe d'incertitude spécifique aux sciences humaines : principe lié au fait qu'on ne peut anticiper à l'avance lequel de ces objectifs fondamentaux va être mis en avant. Les résultats de ces études démontrent la possibilité d'une distinction objective de la causalité des actions humaines ; causalité provenant de l'interdépendance structurelle (lois de cohérence) des divers facteurs de l'identité psychosociale et de la prise en compte du principe d'incertitude.4

    Par notre essai, nous espérons montrer, que la proposition de Max Weber "Une étude « objective » des événements culturels, dans le sens où le but du travail scientifique devrait consister en une réduction de la réalité empirique à des lois, n'a aucun sens parce qu'il n'est pas possible de concevoir une connaissance des événements culturels autrement qu'en se fondant sur la signification que la réalité de la vie, toujours structuré de façon singulière, possède à nos yeux dans certaines relations singulières »(Weber, 1904). n'est vérifiée que pour un observateur ou un professionnel ne possédant pas la connaissance des lois de cohérence et du principe d'incertitude.

    La première étape de l'exposé consiste à présenter que la conjecture résumé de son propos: «Toute connaissance de la réalité culturelle est toujours une connaissance à partir de point de vue spécifiquement particulier »(Weber 1094), se présente comme une loi générale, ensuite d'appliquer sa logique à elle-même et de conclure que ce fondement des sciences humaines fonctionne comme une aporie, autrement dit qu'elle contredit son universalité. Nous faisons alors l'hypothèse que cette conjecture a été possible parce que le référentiel de connaissances était limité. Ce qui nous conduit dans la deuxième étape à dévoiler le référentiel théorique qui permet de sortir du paradoxe d'une science qui ne pourrait établir que des corrélations statistiques.

    2 Par exemple, Festinger, L et Aronson, E. (1978) mettent en évidence un exemple de cohérence interne entre position sociale, représentations sociales et connaissances individuelles. 3 Ces objectifs sont repérés par ailleurs sous une autre forme dans la littérature sociologique contemporaine sous le concept de Cités, théorisé par Boltanski et Thévenot (1991). 4 L'organisation structurelle des facteurs de l'identité psychosociale définit des conditions initiales cohérentes qui sont à l'origine d'attitudes, de comportements et de situations prédéterminées. En sciences physiques, on a pu rendre compte de l'apparition apparemment aléatoire de phénomènes. En fait, selon la théorie de la relativité l'apparition est anticipée à l'aide du principe d'incertitude d'Heisenberg, et selon la théorie du chaos l'apparition est déterminée par les conditions d'origine de ces phénomènes.

    Les limites du système de connaissance et de raisonnement wéberien au regard du statut de la connaissance en sciences humaines

    1. Le passage de la notion de connexion causale à la notion de point de vue

    Lorsque Weber analyse les comportements humains, il observe qu'ils sont la conséquence d'une « connexion de causalité ».

    En suivant pas à pas le récit de Weber, on observe qu'il passe subrepticement du constat de la « connexion causale à multiples facteurs » à l'idée selon laquelle le chercheur ou l'observateur est déterminé par un « point de vue ». Le seul élément de lien qu'on peut retenir dans le passage de la notion causale à la notion de point de vue, semble relever d'une logique analogique autorisé par un glissement répété de l'adjectif « multiples », associé une première fois aux liens de causalité, puis sans lien logique explicite, dans la conclusion de la démonstration, aux points de vue des chercheurs

    Le lien logique de ce passage n'étant pas explicite, seule une croyance a priori en la subjectivité des connaissances en sciences humaines peut autoriser un tel saut et déduire qu'il ne peut pas y avoir d'observation en dehors d'un « point de vue » a priori. En effet, s'il existe plusieurs causes, qu'est-ce qui empêche le chercheur de combiner les observations réalisées sous les différents angles pour en abstraire une représentation indépendante de ses a priori.5 C'est le propre de la pensée logique, tel que le montre Piaget (1923).

    Par effet de circularité, la notion de « point de vue » s'articulant à celle de subjectivité vient donner à la subjectivité de la connaissance une forme d'évidence pragmatique. Si bien que pour Weber l'évidence était telle qu'il pensait impossible d'en montrer son inexactitude. Pour lui, « tenter d'en montrer les limites serait la conséquence d'une illusion naïve du savant qui ne se rendrait pas compte de ses déterminants de valeurs qui seuls lui importent inconsciemment ».

    Afin d'éprouver cette affirmation, nous avons d'abord évalué son impact auprès de nos contemporains avant d'en démontrer les incohérences.

    2 La subjectivité de la connaissance : une évidence a priori.

    Dans ce but, nous avons proposé à 325 sujets (étudiants en école de commerce bac+4 et des managers en entreprise) l'énoncé du résumé de la conjecture de Weber. On leur demande de porter un jugement concernant son exactitude

    Les sujets sont dans la même situation cognitive à la première lecture : tous l'évaluent comme exacte.

    La découverte des lois régissant la lumière (présentant des phénomènes propres aux caractéristiques des particules, telle que la réflexion, et des phénomènes spécifiques aux caractéristiques ondulatoires tels que diffraction et réfraction) est un exemple de prise en compte de deux points de vue en les associant. Les deux types de phénomènes s'excluaient, tant que les chercheurs pensaient que leur point de vue était l'unique valable. C'est par la mise en place d'un autre référentiel de connaissances (la théorie quantique de la lumière, dont l'un des intérêts renvoie à l'articulation de la théorie ondulatoire et de la théorie des particules) que Planck peut rendre compte des différents phénomènes.

    Après la mise en évidence de la contradiction inhérente à la conjecture (ci-dessous énoncée), 174 acceptent la démonstration du caractère aporétique et 151 ne perçoivent toujours pas la contradiction intrinsèque et restent avec leur croyance.

    Nous validions ainsi les deux hypothèses suivantes :

    1 « La connaissance humaine est subjective » est une représentation communément partagée en occident.

    2 Tout sujet, activant cette représentation, est incapable, en première lecture, de percevoir le problème logique de la conjecture de Weber.

    3 La représentation sociale résiste à la démonstration jusqu'à l'accusation d'imposture.

    3. La contradiction aporétique de la conjecture de Weber

    La conjecture de Weber se heurte à un problème logique insurmontable.

    D'une part « Toute connaissance de la réalité culturelle est toujours une connaissance à partir de point de vue spécifiquement particulier » est une assertion universelle inconditionnelle. En effet par l'adverbe « toute » aucune connaissance de la réalité culturelle n'échappe à la subjectivité des points de vue. L'adverbe « toujours » renforce cette universalité quantitative par une universalité temporelle.

    D'autre part appliquons cette assertion à elle-même.

    Cet énoncé est une connaissance humaine. Cette connaissance est donc émise à partir d'un point de vue particulier. Elle n'est donc pas universelle.

    En conséquence cette affirmation universelle n'est pas universelle.

    On peut en conclure en toute logique que la conjecture de Weber n'est donc qu'une vision de la connaissance à partir d'un point de vue. Cependant à partir de l'expérience ci-dessus décrite, un tel défaut de logique n'est pas perçu par les sujets. La croyance fait donc partie d'une représentation sociale et renvoie à un jugement d'évidence concernant un très grand nombre d'énoncés de connaissance qui ne sont que des avis concernant un événement ou un objet. C'est le propre des débats où s'échangent des opinions dans l'espérance qu'un croisement d'opinons apporte une objectivité plus grande.

    L'énoncé logique qui rendrait compte de la réalité serait le suivant : la grande majorité des connaissances dépendent du point de vue de leur auteur. Autrement dit : il est possible de trouver en sciences humaines, au moins une connaissance qui ne dépende pas du point de vue de son auteur.

    Le rapport subjectivité / objectivité en sciences humaines

    Approfondir la question concernant le rapport dialectique subjectivité/objectivité de la connaissance en sciences humaines, importe non seulement au regard du statut à accorder aux travaux de ces sciences, mais aussi parce que la réponse à cette question détermine de nombreux rapports sociaux et la résolution de problèmes importants, économiques, sociaux et politiques6.

    6 Nous retrouvons l'a priori de subjectivité d'une part chez les auteurs qui affirment l'impossibilité structurelle à l'acte de connaissance de se dégager de ses représentations pour accéder à l'objet sans le biaiser, d'autre part chez les auteurs qui pensent que la complexité de l'objet dépasse la puissance de la connaissance, et enfin chez les auteurs qui pensent que l'acte de connaître transforme l'objet.

    La position anti-positiviste s'exprime de la façon suivante : « toute description du monde étant toujours issue de la projection des subjectivités de ses auteurs, il est impossible d'atteindre à l'objectivité sans être régi par un désir de toute puissance »(Dosse, 1995).

    Les adjectifs « toute » et « impossible », tout comme l'adverbe « toujours », tendent à faire de cet énoncé une loi universelle. Ils libèrent l'énoncé du point de vue de son auteur. En toute logique, si on applique l'affirmation de Fr. Dosse à son énoncé, l'énoncé est impossible car il porte la marque de la certitude universelle et donc de l'objectivité. Si on applique la logique à l'auteur, il révèlerait explicitement son désir de toute puissance, ce que nous nous refusons à croire.

    1. L'objectivité d'une connaissance dépend des conditions de sa construction

    Comment un tel énoncé est-il possible ? A part l'assujettissement à une croyance, l'hypothèse la plus plausible serait que le cheminement de la connaissance objective n'est pas connu. Ce cheminement consisterait, contrairement aux productions spontanées de la pensée sociale, dans le contrôle de l'émission d'une connaissance. Ce contrôle aurait la fonction d'éliminer la subjectivité en recherchant une adéquation entre ce qu'elle observe et ce qu'elle décrit, dans le seul but de connaître et non de dominer. Au moyen de tout un ensemble de méthodes possédant leur propre système de contrôle ayant pour objectif d'éliminer la subjectivité (méthode d'observation instrumentée, calculs statistiques, lectures critiques et croisées par des experts possédant d'autres méthodes d'observation), la connaissance se définit comme la création de modélisations7 de la réalité : création qui permet de décrire cette réalité avec exactitude, et de l'expliquer en établissant ses lois de fonctionnement. C'est l'accomplissement de ces deux fonctions qui rend alors possible l'anticipation8 des événements et des attitudes possibles. A la différence de Weber et de Dosse l'objectif n'est donc pas de décrire les phénomènes du monde mais de découvrir les lois qui le régissent.

    En tant que chercheur, nous avons voulu sortir de l'interdit posé par Weber, pour tenter de montrer à quelles conditions une connaissance objective est possible9 en sciences humaines.

    Condition 1 : l'utilisation de la raison et de la méthode expérimentale.

    7

    Ce ne sont pas les opérations d'abstraction soi, de modélisation, transformant une réalité objectale en une réalité nominale, qui par essence ôtent l'objectivité à la connaissance ainsi produite. Ce sont les erreurs de des opérations d'abstraction (ensemble d'opérations d'observation, de description et d'opérations logiques) qui biaisent la représentation et la subjectivisent. L'objectivité n'est pas seulement le fait de la raison (comme le pensent les rationalistes et leurs opposants), mais aussi le produit des opérations d'observation et de description des lois. Afin d'approfondir ces notions on peut approfondir lls oeuvres de. Chalmers, 1988, Beauvois, 1990, Dosse, 1995, Matalon, 1996, Michit 1998).

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    La force d'anticipation d'un énoncé et donc son utilité sociale n'est pas la caractéristique première d'une connaissance objective. Une anticipation d'événements peut provenir d'énoncés faux ou de représentations inexactes (Beauvois,1990). « Le soleil tourne autour de la terre » anticipe le fait qu'il se lèvera toujours demain à l'orient. « Il fera beau demain parce que les hirondelles volent au ras de la surface de l'étang ». Il est possible que demain il fasse beau. 9 Nous tenons encore à préciser qu'il ne faut pas confondre «Objectivité d'une connaissance» et «Déterminisme»

    ou «Objectivisme». Le principe d'incertitude, permettant d'anticiper les formes de la créativité comportementale et réduisant le champ des possibles (objectivité), signifie un choix de décision pour tout acteur entre un nombre fini de possibles (non déterminisme).

    Weber et ceux qui sur ce point sont en accord avec sa conjecture, pensent que le point de vue agit sur le chercheur de façon inconsciente et structure une mentalité qui donne du sens et produit dés lors un incontournable biais subjectif.

    Le phénomène n'est pas méconnu en sciences de la nature. En effet, les biais cognitifs liés aux représentations sociales ont pu être constatés tout au long de leur histoire. Ces biais apparaissent toujours lorsque les phénomènes sont observés et décrits mais que la découverte de la loi qui les régit n'est pas finalisée.

    Mais l'histoire nous enseigne comment, à l'aide de l'accroissement des connaissances, de la méthode expérimentale et des outils mathématiques, la formalisation de la loi apparaissant, les scientifiques se dégagent de la pression des croyances pour approcher de l'objectivité : En astronomie on peut citer Copernic, Kepler, Galilée, en sciences physiques Galilée, Newton, Planck, Einstein, en chimie Mendeleïev en biologie, en médecine Pasteur, Flemming, en Science du langage, Brandsford etc. Il apparaît alors que le lieu de l'objectivité se trouve dans la découverte et la formalisation de lois universelles à l'aide de la raison et de son principe de contradiction (Descartes).

    Condition 2 : La connaissance du principe directeur a priori d'une connaissance (le point de vue) peut corriger la subjectivité des énoncés du chercheur.

    Cette deuxième condition met en évidence qu'il est possible de se dégager de l'emprise d'une représentation sociale dans une démarche scientifique (première condition) lorsque le chercheur connaît la structure de son système de pensée sociale.

    Le premier travail pour un chercheur consiste donc à mettre en évidence les éléments de ses propres représentation sociales : croyances, systèmes de valeurs et système de représentation a priori (même ceux qui sont à prétention scientifique).

    Ce travail est possible car tout un ensemble de recherches montre que les systèmes de valeurs ou de croyances sont des représentations sociales analysables à l'aide de plusieurs modèles structurels. Le plus répandu stipule que toute représentation sociale est organisée autour d'un noyau central donnant le sens à tous les concepts périphériques de la représentation (Flament, 1989). Il est associé à toute une batterie de méthodes permettant d'en connaître les éléments (Moliner, 1994).

    Les travaux sur les idéologies (Deconchy, 1989,) montrent les mécanismes de production de ces formes particulières de représentations sociales. En particulier le modèle des a priori fondamentaux à l'origine de toutes les représentations sociales (Michit, Comon 1999) expose comment toute idéologie ou système de croyances résulte au moins de la combinaison de cinq a priori fondamentaux qui ne peuvent prendre chacun que trois positions logiques. Ces fondements a priori à toute connaissance fonctionnent selon les lois de la rationalité (logicomathématique ou modale), l'identification de leur contribution à toute production de connaissance permet de se libérer de leurs biais présent dans l'interprétation des observations.

    Ces deux conditions fondent l'hypothèse selon laquelle la conjecture de Weber marque une carence de son référentiel scientifique. Cependant un nouvel obstacle s'élève pour s'opposer à l'objectivité des sciences humaines. Il s'agit du statut même de l'objet de ces sciences qui interdirait l'atteinte de l'objectivité. Ainsi nombre d'auteurs (Gibbens,1994, Boutinet, 1996, Enriquez1998, Dejours 1998, Paturet,1998,) formule cette hypothèse de façon différente en précisant qu' «atteindre l'objectivité en sciences humaines est impossible de par la nature de son objet d'étude » et non à cause du fonctionnement de la connaissance (présupposé de Weber).

    2. De l'objectivation de l'objet d'étude.

    Poser que l'humain dans ses relations avec les autres et son environnement est objectivable et prévisible, rencontre une réaction de rejet. Cependant mettre par exemple un groupe de personnes en situation de résolution de problèmes fait apparaître immanquablement les mêmes phénomènes de communications spontanées sans aucune exception : appropriation par les sujets, interprétations, pré-jugements évaluatifs et conseils de résolution et de bonnes pratiques avant même d'avoir pris connaissance avec précision de la teneur du problème exposé.

    A ce titre donc, tout sujet est soumis a minima aux lois de la communication spontanée (Michit, 2001), elles-mêmes régies par la logique naturelle et les phénomènes de la pensée sociale (Moscovici, 1961, Guimelli, 1999). Les connaître permet d'anticiper les comportements des personnes avec certitude, tout en gardant intact la force d'émerveillement du chercheur admirant à chaque fois la régularité d'apparition de ces attitudes. Les expériences de conduite de groupes composés de différents sujets l'attestent.

    La différence principale entre les sciences de la nature et les sciences humaines réside donc dans la caractéristique de leur objet l'une s'occuperait d'un objet indépendant de conscience et de décision, alors que la seconde s'intéresse à un objet doté de liberté qui transcenderait toute loi. Supposant que la liberté serait de ce fait imprévisible, il est important d'éprouver cet a priori et de se poser la question : «En quoi la connaissance en sciences humaines serait-elle différente de la connaissance en sciences de la nature?»10 .

    Or, comme pour les phénomènes de la lumière (ondulatoire/corpusculaire) -qui ont longtemps mis en échec les théories physiques -on se retrouve en science des hommes et des organisations en présence de deux ensembles de phénomènes difficilement conciliables.

    On constate aussi bien des phénomènes dans lesquels les humains sont agis par des conditions externes à leur volonté que des phénomènes dans lesquels la créativité étonne et déjoue les prédictions.

    La différence structurelle de ces deux ensembles de phénomènes conduit à concevoir deux objets d'étude dont les caractéristiques sont radicalement contradictoires. Ces deux objets séparent les chercheurs en deux grands courants relatifs à l'étude du sujet humain social.

    Les premiers le considèrent comme un sujet social agi par son environnement et son histoire (Marx, Durkheim, Crozier, Bourdieu...),

    Les travaux mettant en évidence les déterminants psychosociologiques des comportements humains sont menés du point de vue de la pathologie, de l'apprentissage, de la cognition et de la mémoire, et du point de vue de la dynamique des comportements en société et de la pensée sociale. Cet ensemble de travaux montre que le sujet humain est un sujet agi11 qui se croit acteur et qui s'en persuade comme le montrent notamment les études

    10 In «Une théorie scientifique de la culture», Bronislaw MALINOWSKI, 1968, Paris, Maspéro, p.12. La question est d'autant plus légitime que les questions que posent les phénomènes de la physiques des particules divisent la communauté scientifique sur les caractéristiques de l'objet « matière ». 11 La notion d'agi ne renvoie pas à la notion de victime, mais bien à celle d'être dirigé pas des forces ou soumis à des lois incontournables.

    sur la norme d'internalité (Beauvois et Joule ? 1981). L'approche Freudienne articule la créativité imprévisible à l'émergence incontrôlable des pulsions ou de l'inconscient qui sont conçues comme des déterminations psychique et/ou sociale.

    Cependant, aux courants admettant une détermination s'opposent ceux qui perçoivent dans l'humain un irréductible imprévisible. Ces courants peuvent se rassembler sous les fondements de la théorie la liberté et de l'action (Descartes1637, Ficthe (1798), Rousseau(1762), Blondel (1893), Mendel,(1998) Comme sujet acteur libre, l'humain est imprévisible à cause de la créativité inhérente à son intelligence qui le rend stratège et inventif ou à l'émergence de son désir qui s'explicite dans toutes les formes de l'art.

    Pour ces courants, essentiellement philosophique, il est impossible d'anticiper les comportements de l'humain qui viendrait toujours surprendre les compréhensions et les anticipations projetées à l'aide des déterminants individuels et sociaux. Il est à noter qu'aucune expérience systématique n'a été conduite pour démontrer cette caractéristique. La théorie des jeux et ses développements l'admet implicitement.

    La défense de cette caractéristique irréductible reste donc basée sur des constations empiriques et sur la nécessité a priori de ne pas réduire les personnes à des objets dans un projet social ou politique.

    Toutefois, à considérer les procédures expérimentales ou les études réalisées en sciences de l'homme et des organisations, toutes utilisent les statistiques pour valider leurs résultats. Que nous enseigne cette méthode commune d'analyse des données observées ? En plus de nous assurer que les découvertes des interrelations entre les phénomènes et variables manipulées ne sont que des corrélations, cette méthode élimine l'analyse des phénomènes résiduels. Si ces phénomènes ne sont pas pris en compte sont-ils la conséquence de lois non identifiées ou pas prises en compte par l'expérience ou bien sont-ils l'expression de la liberté irréductible de l'humain. Nous aurions là les bribes de la manifestation de l'irréductible humain sortant du champ de l'observation scientifique.

    L'incertitude de l'attribution causale des phénomènes résiduels rend impossible la réduction de la tension entre les deux caractéristiques du sujet humain (déterminé et libre). La théorique de la complexité tente une percée (Morin 1984). Cependant une autre voie semble possible, celle de la découverte de lois structurelles traversant tous les phénomènes de l'humain individuel et social.

    Les humains sont prévisibles de par les lois qui les structurent.

    Pour trouver la cause des phénomènes résiduels présents dans la multitude des expériences ou études à propos des phénomènes étudiés par les méthodes statistiques, nous avons formulé l'hypothèse suivante :

    Les actes humains sont prévisibles non du fait de leurs déterminations culturelles et de leurs environnements mais à cause des lois les structurant.

    . Les expériences réalisées pour l'éprouver ont révélé la présence de lois universelles gouvernant ces phénomènes.

    Résolution de problème et lois de communication

    Le premier ensemble d'expériences consiste, chez des individus réunis dans un groupe, à activer leur système de traitement rationnel pour comprendre une situation afin d'apporter des modifications susceptibles d'en réduire les dysfonctionnements.

    Les expériences se sont déroulées aussi bien dans le cadre de formations continues que dans l'aide immédiate à la résolution de problèmes en entreprise

    Quels que soit les sujets de l'expérience et les lieux, la consigne invite à résoudre des problèmes réels.

    Les résultats de cette première partie de l'expériences, stimulant le traitement rationnel créatif (brainstorming par exemple) devaient manifester, selon toute probabilité, une activité d'innovation. En fait dans toutes les situations de problèmes impliquant des relations entre acteurs, les sujets ne mettent jamais en oeuvre de façon spontanée les fonctions cognitives qui leur permettraient d'être créateurs imprévisibles : ils pensent et agissent selon les lois de la communication spontanée. Ils s'approprient, en fonction de leur expérience, les éléments de la situation étudiée, ils les interprètent en se positionnant en centre de vérité.

    La poursuite de l'expérience, consiste à dégager les sujets de l'emprise des lois de la communication spontanée par l'activation des lois de la communication productive. Pour atteindre cet objectif le premier temps consiste à mettre en évidence les lois qui les ont dirigé dans les interrelations communicationnelles. Puis, il s'agit de doter les sujets des méthodes (l'explicitation des processus décisionnels) respectant les lois de la construction d'un message et de son décodage par l'émetteur. Enfin, il s'agit de les doter des techniques d'analyse de situations et de décryptage des lois d'une situation en caractérisant les relations entre les éléments simples déterminés par les statuts de chaque élément simple au regard des autres. (Michit, 2001).

    Les résultats montrent que si le groupe utilise les lois de la communication spontanée, pour résoudre des problèmes où des acteurs sont en cause alors, il produit toujours de la soumission à un compromis par les phénomènes de polarisation. Ces phénomènes ne se produisent pas dans le cas de résolution de problèmes déterminés uniquement par des lois de la nature (création d'un objet ou découverte d'un système de régulation ou d'une loi de la nature).

    Si le groupe utilise les lois de la communication productive, alors il se trouve nécessairement en situation de collaboration et trouve une solution innovante sans soumission à un compromis polarisé et porté par une partie du groupe.

    Seul Quatre objectifs régissent les univers de relations

    La seconde expérience consiste -en situation de formation comme en situation de gestion de conflits -de prévoir toutes les actions-réactions que les individus peuvent activer. Les résultats (relatifs à 100 situations observées) mettent en évidence que seules quatre réactions sont possibles: la mise en situation de production, la recherche du maximum d'intérêt (en particulier les manifestations de défense d'identité), la recherche d'échange d'être et la protection des autres.

    De cet observation, il est possible d'identifier la loi des univers de relation de la façon suivante : seuls quatre objectifs de relation peuvent être choisis par les personnes humaines quels que soient leur culture et leur statut.

    L'analyse des caractéristiques des conditions pour respecter chacun de ces objectifs (règles de communication et prise en compte de l'autre) conduit à tirer une autre loi corollaire : il est impossible qu'un humain puisse être à la fois dans deux univers différents. Il peut cependant passer de l'un à l'autre rapidement.

    Si on prend en compte que le partenaire d'une relation ne révèle pas nécessairement avec précision son objectif de relation, alors on est conduit à établir le principe d'incertitude des relations humaines. Ce principe stipule qu'il est impossible de connaître avec certitude et l'objectif de relation et la stabilité de la dynamique du système des quatre objectifs présents en chaque individu.

    Ce principe réduit l'incertitude des actions humaines à quatre réactions. De ce fait, la gestion des relations des relations à quatre types de stratégies correspondantes au respect des règles propres à chaque univers définis par les objectifs de relation.

    Caractériser un principe d'incertitude propre aux actions humaines est capital car cela permet de construire les sciences humaines comme les sciences de la nature lorsqu'elles rendent compte et maîtrisent les phénomènes de l'infiniment petit déterminés par l'incertitude énoncée par Heisenberg.

    La loi d'action

    La troisième expérience met en évidence que quelle que soit l'action qu'un individu active au près d'un autre partenaire en relation à un même objet alors obligatoirement il en active dans le même temps cinq autres au minimum. Soit deux professionnels dont le but est de réaliser un produit, lorsque le premier interpelle le deuxième. Ce faisant, il utilise un moyen (interpeller est un choix de moyen) et l'interpelle dans un but particulier (la décision de but est multiple). S'il l'interpelle c'est à propos d'un objet et dans le but de mieux le réaliser ou d'établir une relation la mieux appropriée (décision de perfection). Le moyen de cette réussite passe par une évaluation de l'état d'avancée de l'objet (il réalise une évaluation/observation). En réalisant tout cela, dans le même temps, il poursuit un objectif pour lui-même et pour atteindre cet objectif le concernant, il met en oeuvre un moyen (ce but et ce moyen sont spécifique à l'acteur).

    Afin d'éprouver la loi d'actions, il a été conduit des entretiens d'explicitation des actions de professionnels en situation de collaboration auprès de collaborateurs en situation de parité et auprès de professionnels en position hiérarchique différente (manager/collaborateur/équipe). Aucune situation analysée ne présente un écart avec cette loi d'actions. On constate que la condition « 6 actions concomitantes » est rare. On observe généralement aux moins huit actions concomitantes. En effet, les situations professionnelles présentent généralement des actions vis à vis de l'équipe de travail et des actions relatives à l'outil de travail en plus.

    Ces trois expériences montrent que le sujet humain n'est pas imprévisible. Il est soumis à des lois universelles qui permettent de prévoir ses réactions. La nature de l'objet d'étude (l'homme créatif, désirant, passionné et intelligent) ne constitue donc pas une spécificité suffisante pour établir une différence de nature entre les sciences de la nature et les sciences humaines. Il nous faut interroger les méthodes d'investigations pour découvrir o se loge la différence s'il en existe.

    Les méthodes d'investigation et les modèles théoriques ne sont pas adaptés à l'objet d'étude

    Au regard de l'histoire des sciences, nous formulons l'hypothèse que « l'imprévisibilité des actions humaines » relève d'une carence des méthodes d'analyse aussi bien des techniques d'intervention sur l'objet à connaître que des modèles théoriques spécifiques aux sciences de l'homme et des organisations.

    L'histoire des sciences de la nature montre que les avancées scientifiques se réalisent par des changements tant au niveau des méthodes d'observation qu'au niveau des modèles de représentation.

    Les ruptures opérées par Kepler, Copernic, Galilée, Newton, Einstein, Heisenberg, Planck pour n'en citer que quelques unes s'appuient sur ces deux modes de connaissances (le concept et les techniques d'expérimentation). La science accède à une connaissance plus proche du réel par des outils d'observation adaptés à l'objet que le chercheur observe. C'est ainsi que la connaissance parvient à se dégager des apparences et des représentations sociales en place en utilisant des référents théoriques, des modèles de représentations et des outils d'observation adaptés à la structure de l'objet. Les sciences de la nature sont passées d'une soumission au bon vouloir imprédictible de variables cachées (Dieu, Eléménts, Ether...) à une compréhension des lois structurant la matière et la vie. C'est la découverte des lois qui permet les anticipations précises même des phénomènes perçus comme aléatoires (interférence lumineuses, dynamique des fluides et des gaz, électromagnétique et réaction nucléaire).

    Ce parcours de la connaissance en science de la matière nous conduit à poser l'hypothèse selon laquelle les conjectures d'imprévisibilité en sciences humaines relèvent du même mouvement. Autrement dit, si les maîtres des sciences humaines trouvent que leurs productions sont assujetties à leur subjectivité (Weber) ou à la subjectivité de l'objet d'étude ( Morin et la théorie de la complexité), alors leurs théories et leurs outils d'observation sont inappropriés.

    Pour éprouver cette hypothèse et démontrer que les conclusions de ces maîtres -stipulant que la connaissance des phénomènes humains ne peut être que singulière et que des lois générales en ce domaine ne peuvent être qu'abstraites-sont exactes uniquement dans un environnement cognitif particulier, nous a conduit à construire une méthodologie d'analyse et une modélisation.12

    Procédure expérimentale

    Afin de valider ce corpus méthodologique et théorique, nous avons conduit des expériences dans lesquelles les comportements humains en situation d'activités sociales en milieu naturel (relations interindividuelles ou intergroupes) étaient anticipés, décrits avec précision et consignés par écrit.

    Sujets et composition des groupes

    Ces expériences mettaient en jeu deux groupes de sujets : des animateurs de réunion auxquels on donnait les éléments théoriques et méthodologiques permettant d'analyser les conditions initiales d'une situation donnée et dont ils devaient prédire les événements qui

    Développer un corpus de connaissances qui rendait caduque les fondements théoriques et les méthodes d'analyse classiques en sciences humaines est une tentative qui a déjà été jugée de scientiste par certains mais sans qu'en soit apportée une réfutation rationnelle détachée de l'a priori fondateur. L'argumentation identique à toute argumentation idéologique est la suivante : comme l'humain est libre et sujet de désirs imprévisibles, il est donc imprévisible. C'est la remise en cause la plus radicale de ce qui est une fonction première de l'homo sapiens (celle de connaître) comme de celle de l'homo habilis (celle d'être capable de construit des outils au service de sa connaissance ou de ses besoins). Ici le besoin serait de connaître les comportements futurs d'un individu ou d'un groupe. On voit par l'interdit de cette connaissance, un interdit antique concernant l'interdit de dominer son prochain. Mais il ne faudrait pas confondre l'aspect éthique de la connaissance acquise avec la capacité à connaître. Ce n'est pas parce qu'une connaissance est dangereuse et inductrice de manipulations moralement dommageables que sa possibilité n'existe pas.

    allaient se produire et conduire les événements en fonction de leur prédiction. Ces sujets recevaient ces éléments au cours d'une formation de 36h.

    L'autre groupe de sujets agissait dans des situations similaires sans avoir reçu les apports théoriques et méthodologiques.

    .Dans chacun des groupes étudiés la composition des participants était la suivante :

    Un animateur formé versus un animateur non formé

    Des participants en accord avec l'objectif de production.

    Des participants en maximum d'intérêt remettant en cause soit l'objectif de la réunion, soit l'intégrité des intentions de l'animateur.

    Types de situation

    Deux ensembles de phénomènes ont fait l'objet d'observations : d'une part les situations de groupes de résolution de problèmes dans le monde professionnels, d'autre part les situations d'enseignant face à une classe difficile : soit en tout 230 situations

    Résultats

    Les résultats de ces expériences montrent que les sujets formés ont anticipé l'atteinte de leur objectif à 98% avec l'identification des stratégies à mettre en oeuvre pour arriver à leur fin. Les écarts avec les prévisions des sujets (4,35% = 5 situations sur les 115) sont survenus lorsque les sujets avaient omis de suivre la procédure d'anticipation avec rigueur.

    Les sujets ne possédant pas ces apports théorique et méthodologique ont anticipé les événements pouvant survenir à 74,78% (86 situations sur les 115). A la différence des premiers, sur ces prédictions justes, 50% se déroulaient avec la certitude que les acteurs n'atteindraient pas les objectifs fixés par la situation de travail. Autrement dit dans 43 situations les acteurs n'étaient pas les animateurs de leur réunion, ils étaient submergé par les éléments parasites. 50% des prévisions étaient exprimées avec une espérance forte d'atteindre leur objectif mais sans savoir avec certitude sur la manière dont le travail de groupe allait se dérouler. Ces acteurs se trouvaient dans une situation d'incertitude face aux événements à venir, déterminés à leurs yeux par des événements extérieurs imprévisibles et donc pour eux non maîtrisable. Si on ajoute les 29 erreurs de prévisions aux 43 incertitudes on se retrouve avec 72 situations sans anticipation sûre soit 62,6% d'incertitude.

    Exemples de situation expérimentale

    Exemple 1.

    Un chef de service rassemble ses 7 chefs d'équipe concernant la réorganisation du service pour une opération de maintenance impliquant une totale disponibilité des employés avec une impossibilité de réalisé des remplacements générant des heures supplémentaires impliquant un coût très élevé pour l'entreprise. Donc cet interdit de remplacement pour la période induit une perte pour les salariés.

    Dans le groupe, le Chef de service est formé, un participant est en rejet de la proposition et accuse d'intention cachée et malveillante l'animateur, un est en situation de protection du chef, cinq sont en production. Résultat l'ensemble du groupe bascule en production et trouve une solution efficace.

    Exemple 2

    Une équipe de cadre de direction veut faire travailler leurs chefs d'équipe au sujet de la question de l'évaluation de leur compétence. Une réunion est organisée.

    L'animateur de réunion ne maîtrise pas les éléments théorique et méthodologique.

    Les présents à la réunion : 7 chefs d'équipe dont deux sont en rejet de la proposition et cinq sans avis. Le groupe se retrouver à rejeter en bloc la proposition.

    Eléments théoriques proposés

    Chaque acteur est organisé dans son identité psychosociale selon quatre dimensions définissant sa compétence d'interaction (les facteurs de position sociale, de système de valeurs, de système de connaissance et de Potentiel d'action)

    Toutes les interactions sont déterminées par les 4 objectifs de relation possibles : Production, Echange d'identité, Protection,Maximum d'intérêt. Les objectifs de relation structurels sont déterminés par les statuts des personnes. Cependant les acteurs par décision peuvent mettre en oeuvre un autre objectif de relation que celui-ci.

    Il existe donc un principe d'incertitude stipulant qu'il est impossible de connaître a priori sans explicitation, l'objectif de relation d'un acteur.

    Le modèle de l'identité psychosociale

    Position sociale Système de valeurs


    · Statut
    · Les cinq a priori fondamentaux

    Rôle


    · Les idéologies


    · Groupe d'appartenance


    · Les représentations sociales d'objets

    Sociaux

    Univers de relation

    Ressources

    Place dans l'espace et le temps

    Système de connaissances

    Potentiel d'action

    Trois espaces de décisions en acte :


    · L'identification stable des "objets"

    Récupération d'énergie/ production/acceptation


    · Puissance d'abstraction de l'altérité

    Pour chacun une compétence en fonction de la


    · Les logiques de raisonnement

    force du processus décisionnel déterminé par 6 maîtrisés et leurs représentations.

    Les outils de représentations

    facteurs (perception/discernement des importants/hiérarchisation/choix de moyens ajustés/ mise dans le temps/ dépassement des obstacle et capacité d'apprentissage

    Eléments méthodologiques proposés.

    Première méthode : explicitation des récits et des processus décisionnels

    Tout récit énoncé entre des participants à un groupe de travail est à interroger au niveau de sa construction en demandant une explicitation s'appuyant sur un exemple concret, suivi si nécessaire d'une explicitation des actions et décisions mises en oeuvre par la personne dans l'exemple concret qu'elle énonce.

    Deuxième méthode : la schématisation en triades

    Lors d'une résolution, tout problème sera schématisé par un ensemble de triades composées de trois éléments simples (acteurs, objets, outils). Ces éléments simples sont reliés chacun par deux relations structurelles. Les relations structurelles sont déterminées par le statut de ces éléments simples. Les écarts entre les relations structurelles et les relations réelles (relations mises en oeuvre concrètement dans la situation exposée) constituent les lieux problématiques. La causalité se découvre par l'analyse de l'identité psychosociale des éléments.

    Cette première schématisation permet d'identifier l'état initial du système. La vérification des états initiaux des acteurs se vérifie lors des premières itérations communicationnelles.

    Conclusion :

    L'affirmation d'un aléatoire imprévisible en sciences humaines est une croyance fondée d'une part sur l'a priori du sujet acteur transcendantal libre de toute loi imposant une impossibilité au chercheur de se libérer de son point de vue, d'autre part sur l'utilisation de méthodes et de modèles d'analyse insuffisamment appropriés à l'objet d'étude.

    Or le modèle de l'identité psychosociale, celui des lois des univers de relation, le principe d'incertitude associé aux deux méthodologies : l'explicitation des processus décisionnels et la schématisation en triades donnent la possibilité de conclure que :

    1 Dans un système d'acteurs en interaction, les objectifs de relation sont définis dans l'état initial.

    2 L'évolution du système se déroule selon l'objectif de relation initial si l'animateur du système connaît les lois des systèmes humains et possède les compétences pour les utiliser.

    3 L'évolution du système se déroule de façon aléatoire avec une tendance à la recherche du Maximum d'intérêt des participants si l'animateur ne connaît pas les lois et ne sait pas les utiliser.

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    Annexe :

    Weber Max (1904),

    L'objectivité de la connaissance dans les sciences et la politique sociales,

    Traduction française, Freund J. (1965)In Essais sur la théorie de la science, Paris , Plon,Extrait de la page 179.

    Dans les cas des phénomènes complexes de l'économie, "toutes les "lois dites économiques" y étant comprises sans exception, il ne s'agit jamais de relations "légales au sens étroit des sciences exactes de la nature, mais de connexions causales adéquates exprimées dans des règles, donc de l'application de la catégorie de "possibilité objective".

    Quant à savoir si cela a un sens de mettre sous forme de "loi" une régularité familière de connexions causales observées dans la vie quotidienne, c'est une question d'opportunité dans chaque cas particulier. Pour les sciences exactes de la nature, les lois sont d'autant plus importantes et précieuses qu'elles ont une validité plus générale, tandis que pour la connaissance des conditions concrètes de phénomènes historiques les lois les plus générales sont régulièrement celles qui ont le moins de valeur parce qu'elles sont le plus vides en contenu (inhaltleersten).

    En effet , plus la validité, c'est-à-dire l'extension d'un concept générique, est large, plus aussi il nous éloigne de la richesse de la réalité, puisque pour embrasser ce qu'il y a de commun au plus grand nombre de phénomènes, il doit être le plus abstrait possible, donc pauvre en contenu. Dans les science de la culture, la connaissance du général n'a jamais de prix pour elle-même.

    La conclusion découlant de ces explications est la suivante : une étude "objective" des événements culturels, dans le sens où le but idéal du travail scientifique devrait consister en une réduction de la réalité empirique à des lois, n'a aucun sens. Elle n'en a pas [...] parce qu'il [...] n'est pas possible de concevoir une connaissance des événements culturels autrement qu'en se fondant sur la signification que la réalité de la vie possède à nos yeux dans certaines relations singulières.

    Aucune loi ne nous révèle en quels sens et dans quelles conditions il en est ainsi, puisque cela se décide en vertu des idées de valeurs sous lesquelles nous considérons chaque fois la "culture" dans les cas particuliers.

    Il en résulte que toute connaissance de la réalité culturelle est toujours une connaissance à partir de points de vue spécifiquement particuliers.






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