WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Evaluation des Effets de la Formation : entre ambition et pratiques

( Télécharger le fichier original )
par Mariem RAHALI et Amal HANCHI
Institut Supérieur de Gestion Tunis - Maitrise 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 2: Difficultés et intérêts de l'évaluation

Une revue de la littérature nous a avancé que la mise en place d'une démarche évaluation de la formation demeure une question délicate, souvent difficile et coûteuse.

Il s'agit d'une problématique qui interpelle tant les chercheurs que les praticiens et les académiques, ce qui nous mène à dresser l'inventaire des « freins et moteurs » à l'évaluation de la formation (Jouvenel et Masingue, 1995).

En effet, la pratique de l'évaluation de la formation au sein des entreprises se heurte à la fois à des difficultés et des résistances qui freinent sa mise en application. Pourtant, on ne peut guère nier son importance et l'intérêt qu'elle revêt grâce aux finalités qu'elle vise.

D'ailleurs, Jouvenel et Masingue (1995) traitent bien la question des intérêts et des difficultés de l'évaluation et leurs travaux nous ont servi de base pour les développements qui vont suivre.

1. Les difficultés de l'évaluation :

Les difficultés que rencontre la mise en place de la démarche évaluation de la formation sont d'ordre culturel, stratégique et technique.

2.1. Les difficultés culturelles :

La crainte d'être jugé ainsi que la confusion entre évaluation et sanction inhibent la mise en application de l'évaluation. Cette confusion dans l'esprit des formés a comme source l'héritage scolaire où l'apprentissage est couronné par un succès ou par un échec. Cet héritage freine la compréhension de l'objectif réel visé par la démarche évaluation et empêche son avancement.

Du coté des formateurs, le fait de se métamorphoser en une personne évaluée après avoir jouer longtemps le rôle d'un évaluateur, complique la situation. En effet, les formateurs n'apprécient pas cette sorte « d'effet balancier » qui transfère l'acte d'évaluer le maître (formateur) à ses élèves (les formés).

Chez les responsables de formation, évaluer une action de formation peut engendrer un fardeau qui naît suite à l'émergence d'écart entre les objectifs visés et les résultats obtenus. Ce fardeau est une responsabilité redoutée par les responsables de formation qui craignent de porter seul toute cette charge.

Outre les résistances individuelles, il sera intéressant de souligner les résistances d'ordre collectif qui se résument en une prise de position contre le changement, dans la mesure où évaluer c'est juger, corriger pour faire mieux et changer.

Ainsi, «  l'action entreprise pour changer, pour stabiliser, ou pour ne rien faire est principalement tributaire de la perception des acteurs, de leur manière de penser la réalité vécue, d'interpréter et de définir leurs intérêts » (Chiha Gaha, 2003).

2.2. Les difficultés stratégiques :

L'évaluation de la formation peut induire des divergences lors de l'interprétation des écarts et leurs raisons. Comme elle peut semer la zizanie lorsque certaines conclusions mettent en cause les différents acteurs. Autre difficulté stratégique réside dans le fait que si le responsable de formation est la seule personne capable de maîtriser les méthodes d'évaluation, il risque d'être amener à jouer un rôle dévolu à l'encadrement ce qui constitue une source de confusion dans les rôles, une incompréhension de frontière qui aboutissent à l'apparition des contentieux.

2.3. Les difficultés techniques :

En quête d'un modèle d'évaluation scientifique, précis et totalement fiable, l'entreprise risque de mettre en application un système lourd et complexe où on cherche à tout mesurer, ce qui est bien ambitieux mais il s'agit souvent d'un risque qui coûte plus cher que l'objet à évaluer.

Savoir mesurer le retour sur investissement est une ambition qui est bien difficile à réaliser dans les domaines de communication, de recherche et développement et de la formation, plus précisément dans les domaines où il s'agit de ce que Pierre Caspar (cité par Jouvenel et Masingue, 1995) a appelé «l'investissement intellectuel ».

A l'inverse, les démarches qualifiées de pragmatisme se révèlent trop simplistes. Par exemple, l'interprétation abusive d'un questionnaire peut donner lieu à des explications incomplètes voire même erronées. Les résultats obtenus, suite à ce genre d'évaluation, peuvent être contestés et au bout du chemin chacun se prévaut de son droit d'évaluer à sa manière les actions de formation. Outre les difficultés énoncées par Jouvenel et Masingue, Pain.A (1992) a présenté, de son coté, les blocages possibles venant des partenaires de la formation dans le tableau suivant.

Les blocages possibles venant des partenaires de la formation

(Pain Abraham, 1992)

Formé

Crainte d'être jugé

Crainte des éventuelles conséquences sur son emploi.

Formateur

Mise en cause de sa compétence

Retombées sur sa carrière et de son emploi.

Responsable de formation

Mise en cause de ses décisions en ce qui concerne le formateur, le programme, l'organisme...

Hiérarchie

Mise en cause de fonctionnement du service ; mise en évidence de style de management et des relations avec les subordonnés.

Direction générale

Demandes des formés pour des retombées de la formation sur la promotion et les rémunérations

2. Les Intérêts :

Nul ne peut douter de l'importance du rôle de l'évaluation dans le développement de l'efficacité des actions de formation.

A fin de réduire l'ampleur des difficultés précitées, ces mêmes auteurs (Jouvenel et Masingue, 1995) soulignent les raisons pour lesquelles évaluer une action de formation paraît très utile voire même indispensable. Ces raisons sont d'ordre économique, politique, stratégique, pédagogique et de qualité.

2.1 Intérêts économiques :

Dans une perspective où la formation est considérée comme un investissement, l'évaluation permet d'observer des résultats. C'est une exigence de bonne gestion. De même, et à l'instar de toute politique, la formation est soumise à la pression de l'efficacité où l'évaluation permet d'apprécier les retombées de cet investissement.

Dés lors, l'évaluation de la formation permet une meilleure utilisation des moyens engagés dans l'action entreprise en temps et en argent.

2.2 Intérêts politiques :

L'évaluation est un moyen d'aide à la décision dans la mesure où elle favorise la réflexion et nourrit le débat et permet de clarifier et repérer les problèmes.

De plus, l'évaluation de la formation constitue un facteur de changement en favorisant l'installation d'une culture de résultat au fur et à mesure du temps, elle consolide la démarche par objectif plutôt que le seul contrôle de moyens.

Considérée comme un outil de dialogue, l'évaluation favorise l'apprentissage. C'est un instrument de communication entre les acteurs concernés par la formation (participants, formateur, commanditaires, responsables de formation et hiérarchie).

En permettant le compte rendu et le feed back, elle est un moyen qui renforce le dialogue social.

2.3 Intérêts stratégiques :

En apportant une preuve tangible de résultats, l'évaluation légitime la fonction et l'action des services formation, en crédibilisant ses responsables.

La démarche appelle la responsabilisation de tous les acteurs concernés par la formation notamment l'encadrement et les directions en les impliquant dans la détermination des objectifs à atteindre, dans l'observation des résultats réalisés ou non et dans l'analyse de pertinence des moyens mobilisés.

2.4 Intérêts pédagogiques :

Vue sous l'angle d'un acte d'apprentissage, l'évaluation est un moyen qui renforce les acquisitions et leur pronostic de transfert.

2.5 Intérêts de « qualité » :

Ayant fait l'objet d'une exigence, la qualité est une notion qui dévaste pratiquement tous les domaines. A ce titre, l'évaluation contribue à améliorer d'une manière importante la conception et la mise en oeuvre d'une action de formation et ceci à travers :

- l'obtention d'une meilleure précision des objectifs de l'action mise en application.

- l'accroissement du réalisme des ambitions initialement affichées en les rendant quelque fois modestes et alors plus opérationnelles et utiles.

- une meilleure gestion du temps et des moyens de formation en faisant en sorte qu'ils soient pertinents par rapport aux objectifs.

A côté des travaux de Jouvenel et Masingue (1995) d'autres auteurs se sont posés la question pourquoi évaluer  afin de dégager les raisons qui justifient l'évaluation.

Parmi ceux, Phillips (1997) (cité par Dunberry.A et Péchard.C, 2007) qui énonce dix raisons pour évaluer :

1) déterminer l'atteinte des objectifs de formation

2) identifier les forces et faiblesses du processus de développement des ressources humaines

3) comparer les coûts et bénéfices d'un programme

4) décider qui devrait participer dans les prochains programmes

5) tester la clarté et la validité de certains tests, études de cas ou exercices

6) identifier quels participants ont le mieux réussi le programme

7) rappeler aux participants certains contenus du programme jugés importants

8) recueillir des données en vue de la mise en marche de futurs programmes

9) déterminer si le programme offrait une solution adéquate au besoin identifié

10) constituer une base de données en appui à la prise de décision par les gestionnaires.

Kirkpatrick.D (1998) (cité par Dunberry.A et Péchard.C, 2007), à son tour, propose trois raisons :

1) justifier l'existence du département de formation en démontrant sa contribution aux objectifs de l'entreprise

2) décider si l'on doit poursuivre ou arrêter les programmes de formation

3) obtenir de l'information sur comment améliorer les futurs programmes de formation.

Russ-Eft et Preskill (2001) (cités par Dunberry.A et Péchard.C, 2007) considèrent que les raisons de l'évaluation se présument comme suit :

1) l'évaluation peut contribuer à l'amélioration de la qualité ou la confirmer

2) elle peut contribuer à accroître les connaissances des membres de l'organisation, soit en comprenant mieux ce qui est évalué, soit en apprenant à bien évaluer

3) elle peut aider à déterminer les priorités, compte tenu de l'ampleur des besoins et des ressources limitées

4) l'évaluation, utilisée comme outil diagnostic, peut contribuer à la planification et la livraison de nouvelles activités au sein de l'organisation

5) elle peut aider à démontrer la valeur ajoutée des efforts de formation

6) les résultats d'évaluation peuvent aider à documenter et appuyer certaines demandes de ressources additionnelles

7) l'expérience en évaluation devient de plus en plus recherchée.

Enfin, Pain.A (1992) trace les intérêts de l'évaluation dans la mesure où elle permet :

1) la correction en améliorant les actions de formation 

2) la vérification grâce à la mesure de l'atteinte des objectifs 

3) la formation puisque l'évaluation est considérée comme une occasion d'apprentissage pour ceux qui y participent 

4) la mesure de la rentabilité économique de l'action

5) la mesure des changements produits dans l'environnement.

Ainsi, il sera important de savoir pourquoi évaluer c'est-à-dire les raisons qui nous mènent à penser à l'évaluation. Il serait également en vain d'ignorer les difficultés que rencontre la démarche de l'évaluation de la formation. Il faut les prendre en compte pour en faire des contraintes et essayer de les surmonter surtout que la revue de littérature nous a dévoiler qu'il existe une l'étroite relation entre la décision de former et l'évaluation qui sera élucidée dans la section suivante.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle