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Le lexique alimentaire dans Le ventre de Paris D'Emile Zola: Réalisme et métaphore

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par Fethi Esdiri
Institut de langue de Gabes, Tunisie - Maîtrise 2006
  

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CONCLUSION

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Conclusion

On arrive, de file en aiguille, au terme de cette étude. Dans notre analyse du lexique alimentaire dans Le Ventre Paris, on a opté, dans une première partie, pour une classification, un dénombrement des différents types de nourritures repérés dans l'oeuvre. Ce travail de taxinomie fait l'objet de notre première sous partie qui, comme son nom l'indique, vise à mettre en exergue la variété des aliments.

Dans la deuxième sous partie, on a essayé de mettre l'accent sur l'abondance des aliments. On a étudié la tendance de Zola au grossissement de la nourriture tout en soulignant la parenté de son style avec celui de Rabelais d'où le foisonnement des énumérations et des accumulations. Dans la troisième sous partie, on a vu que le symbolisme des aliments tourne autour des valeurs : politique, religieuse, socio- économique et philosophique. Tout ce travail s'inscrit sous le titre de la première partie de notre étude.

Dans la deuxième partie, on essayé d'étudier à la description des aliments dans le roman. On a d'abord essayé de traiter le rapport entre l'acte de décrire et celui de peindre visant ainsi la mise en valeur de la dimension artistique de l'oeuvre. Puis on a mis l'accent sur l'écriture zolienne, une écriture qualifiée d'artiste, marquée par les jeux de lumière et de couleurs. Le résultat de notre réflexion sur le style de Zola aboutit à la possibilité d'un rapprochement avec le style impressionniste des peintres du "Salon" et avec l'écriture « artiste » des Goncourt. On a de mrme conclu qu'il est possible de parler d'une écriture suivant l'Ut pictura poesis.

Dans notre troisième, et dernière partie, on a voulu mettre l'accent sur la dimension poétique de l'oeuvre. On a essayé de montrer pourquoi nous pouvons aller jusqu'à dire que, dans Le Ventre de Paris, il est question d'un poème de la nourriture. On a, de mrme, essayé d'rtre sensible à la musicalité dans l'oeuvre autant au niveau de la construction du roman qu'au niveau de la description des aliments. On a, par la suite, essayé d'analyser le style imagé de Zola. On a voulu être attentifs, à cet égard, au foisonnement des images métaphoriques, métaphores : « Halles/ventre », « Halles/machine », « Halles/table gigantesque » etc. Toutes ces images se conjuguent avec les jeux de lumière et d'ombre pour créer une atmosphère fantastique et mythique et plonger le lecteur dans un univers onirique.

Dans la troisième, et dernière sous partie, on a essayé de montrer en quoi cette oeuvre de Zola représente les traits d'un récit poétique. Le thème le plus marquant dans

l'oeuvre est celui de la fusion, du brouillage. Zola efface les frontières entre l'acte de décrire et celui de peindre, entre la poésie et la prose, entre les différents aspects de son oeuvre : documentaire, réaliste, mythologique et symbolique.

Zola n'est pas le seul à exploiter ce thème de la fusion. Il s'agit de toute une tendance qui a marqué la fin du XIXè et le début du XXè siècle : abolition des limites entre les genres littéraires et mise en premier plan de la matérialité de l'oeuvre, autrement dit de sa littérarité qui ne réside plus dans le sens qu'elle recèle mais plutôt dans sa valeur poétique. D'ailleurs, J-K Huysmans affirme :

[...] après ce styliste prestigieux, Gautier, nôtre maître à tous, au point de vue de la forme, il était difficile de donner une note nouvelle, une note bien à soi dans la description purement plastique. Zola l'a fait. Il a une manière personnelle, neuve, un procédé qui lui appartient en propre pour brosser de gigantesques toiles74.

Cependant, si splendide et artiste qu'il soit, le style de ce dernier n'est pas dénué de quelques irrégularités. Maints critiques accusent le style de Zola d'rtre trop énergique parfois jusqu'à la brutalité et d'rtre marqué par un manque de raffinement et de délicatesse. On lui reproche aussi ses descriptions amplifiées et l'encombrement de détails qui ne sont pas sans rendre son style monotone. D'autres pensent que son infériorité est remarquable dès qu'il s'agit de traduire les réalités morales. On lui reproche de les transposer en images matérielles qui les alourdissent et les déforment.

Comparé avec Flaubert, J-Huysmans lui reproche, quand même, quelques lacunes :

Comme cuisine littéraire, comme maniement d'outils, Flaubert possède une énergique concision, le mot qui dit plus qu'une ligne et donne à la phrase une intensité vraiment admirable, les Goncourt s'attaquent avec leur style orfèvre aux sensations les plus fugitives et les plus ténues, Zola est moins soigné qu'eux, il a des répétitions inutiles des adjectifs qui reviennent trop vite, il est moins ciseleur, moins joaillier75.

Par ailleurs, au moment où il désire, dans sa doctrine naturaliste, appliquer la méthode scientifique basée sur l'observation exacte, Zola se laisse aller parfois à sa fantaisie. Son instinct de poète l'emporte sur celui du naturaliste. D'une part, il affirme que la vérité seule peut produire des oeuvres d'art et qu'il ne faut donc pas imaginer ; il faut juste observer et décrire minutieusement. D'autre part, il définit son naturalisme comme "

74 J-Huysmans, Émile Zola et l'Assommoir, ` Cité dans' Le Ventre de Paris, 1877, préface, p. 49.

75 Ibid.

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la nature vue à travers un tempérament". Ceci paraît contradictoire et son style ampoulé d'images métaphoriques, de mythes, met en question le positivisme de sa doctrine. Certes, la dimension artistique de ses oeuvres fait de lui un peintre, mais elle met en branle l'image équilibrée qu'il donne du roman naturaliste en tant que réconciliation entre la science, jugée comme trop sèche voire épineuse, et la littérature, considérée comme trop spirituelle voire inutile.

De toute façon, Zola « possède une envergure, une ampleur de style, une magnificence d'image qui demeure sans égale »76. Sous sa plume, Le Ventre de Paris devient une grande fresque dans le goût impressionniste représentant le lever de soleil sur les Halles. À sa manière, Zola peint le grand marché de Paris comme une créature fantastique qui apparaît sous plusieurs formes. Les Halles sont un marché, un ventre de métal, un lieu fantastique, un Eden qui rassemble tous les biens terrestres, un véritable Eldorado de nourritures.

76 J-Husmans, Op. cit. p. 49.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery