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Etude socioéconomique du système de commercialisation des amandes de mangues sauvages (irvingia spp) dans l'arrondissement de Ngoulemakong (Sud cameroun)

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par Grégoire Tsafack Ninglepong
Université de Dschang, Cameroun - Ingénieur agroéconomiste 2004
  

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2.2- Revue de la littérature

Plusieurs études ont été menées ces dernières décennies tant au Cameroun, en Afrique que dans le reste du monde sur la domestication des arbres fruitiers locaux et médicinaux, les produits forestiers non-ligneux et leur importance, la distribution et les utilisations de Irvingia, la commercialisation des PFNL et enfin sur l'organisation des filières et les stratégies commerciales.

2.2.1- ICRAF et la domestication des arbres fruitiers locaux et médicinaux

L'ICRAF devenu « World Agroforestry Centre » depuis 2002 est un organisme autonome à but non lucratif fondé en 1977 et dont le siège est à Nairobi (Kenya). L'ICRAF travaille entre autres dans la zone des tropiques humides d'Afrique Centrale et de l'Ouest. Cet organisme est représenté au Cameroun par le projet IRAD/ICRAF, fruit de la coopération avec le gouvernement camerounais. Depuis sa mise sur pied en 1987, le projet IRAD/ICRAF a développé jusqu'à ce jour deux thèmes de recherche. Le premier thème était le développement des jachères améliorées entre 1987 et 1998. Le deuxième thème encore d'actualité qui est la domestication des arbres fruitiers et médicinaux locaux, a été développé depuis 1997. Cette domestication englobe les cinq axes de recherche suivants : l'amélioration du germoplasme ; le développement des agroforêts ; le marketing ; l'extension des techniques de domestication et enfin la formation et le renforcement des capacités.

La domestication des arbres fruitiers locaux et leur intégration dans les divers agroforêts sont des éléments importants de la stratégie d'amélioration de la terre en Afrique (Sanchez et Leakey, 1997). Elle consiste en une production à grande échelle des espèces agroforestières par une transformation génétique de la plante sauvage compte tenu des besoins et des désirs du paysan ainsi que des forces du marché.

La gestion durable des ressources forestières doit être liée à leur domestication. Dans la zone forestière de basses terres humides d'Afrique centrale et de l'ouest, la recherche participative sur la domestication des arbres fruitiers locaux utiles à l'homme et menacés de disparition suivi par ICRAF est un processus qui s'est déroulé jusqu'ici en cinq (5) étapes pour son introduction en milieu paysan (Tchoundjeu et al., 1997).

- La première étape était l'identification et la prioritisation des espèces pour la domestication. Il s'agissait dans cette étape, de sélectionner avec les paysans, certaines espèces dans le but de satisfaire les besoins et les attentes de ces derniers (Franzel et al., 1996). Quelques espèces identifiées à ce jour par ordre de priorité décroissant sont: Irvingia gabonensis (Andok); Dacryodes edulis (safou); Chrysophyllum albidum (star apple); Ricinodendron heudelotii (Njansang) et Garcinia kola (Bitter cola).

- La deuxième étape était concentrée autour de la collecte du matériel végétal et la multiplication des espèces sélectionnées à grande échelle.

- La troisième étape était l'évaluation des clones en milieu paysan; le but visé ici étant de détecter des gènes ou des qualités supérieures pouvant constituer des variations génétiques en plus ou en moins entre les individus.

- La quatrième étape était concentrée sur le transfert des génotypes supérieurs aux paysans.

- La cinquième étape a consisté à évaluer et à adapter des techniques de propagation avec les paysans

2.2.2- Les Produits Forestiers Non-Ligneux et leur importance

Selon Chabot (1997), Tchatat et al., (1999), le terme `'Produits Forestiers Non Ligneux'' (PFNL) englobe les biens et les services commerciaux ou de subsistance destinés à la consommation humaine et industrielle et provenant de ressources renouvelables et de la biomasse de la forêt. Ces PFNL sont sensés permettre une augmentation des revenus réels et des emplois aux ménages ruraux. Il peut s'agir d'aliments d'origine végétale ou animale, de combustibles, de médicaments, des produits issus d'animaux qui peuvent être utiles comme les plumes, les fourrures, le miel, la résine ou encore le latex, mais aussi des services de conservation et de loisir fournis par les arbres (Chabot, 1997 : 2).

La récolte des PFNL fait partie intégrante de la vie de plusieurs centaines de millions de personnes vivant sous le couvert ou à proximité des forêts tropicales. Ces forêts tropicales couvrent 20% des terres de la planète et fournissent beaucoup de PFNL (Simons, 1996). L'économie rurale repose en partie sur la vente de ces ressources forestières. Chabot (1997) précise que ces produits forestiers non ligneux sont générateurs d'emplois et de revenus pour les familles souvent démunies.

Les PFNL sont importants pour la sécurité alimentaire et sont commercialisés sur les marchés nationaux et internationaux, permettant de soutenir des zones rurales (Chabot, 1997 : 16). Dans ces zones rurales comme l'a noté Aube (1996), les femmes semblent être plus impliquées que les hommes dans les activités relatives aux PFNL et il est toujours difficile de quantifier le marché des PFNL qui sont généralement peu organisés et dont la commercialisation est peu ou pas contrôlée.

2.2.3- Distribution et utilisations de Irvingia

Plusieurs espèces d'Irvingia existent dans la zone des tropiques humides d'Afrique (Vivien et Faure, 1985, 1996). Irvingia gabonensis est l'espèce la plus répandue dans la zone forestière humide du Cameroun (c'est-à-dire dans les forêts sempervirentes, semi-caduques et de transition). Irvingia se distribue de la Casamance (Sénégal) en Angola (Vivien et Faure, 1985, 1996 ; Ayuk et al., 1999). Elle est présente dans les forêts humides et chaudes des vallées d'Afrique de l'ouest et d'Afrique centrale. En Afrique centrale, elle pousse au Cameroun (sauf en forêt de montagne), au Gabon, en République Centrafricaine et au Congo (Brazzaville). D'après FAO (1982), cette espèce semble ne pas avoir d'exigences édaphiques particulières, pour autant qu'il ne s'agisse pas de fonds humides ou de terrains marécageux.

Irvingia spp, communément appelé manguier sauvage, appartient à la famille des Irvingiaceae. C'est un grand arbre pouvant atteindre et dépasser 40 mètres de haut pour un diamètre allant jusqu'à 1,2 mètres (Ayuk et al., 1999 ; Vivien et Faure, 1985 ; FAO,1982). Sa cime est très développée; les branches sont très ramifiées; le couvert est épais. La période de fructification de l'espèce I. gabonensis va de Février en Mars et celle de production est pendant la saison des pluies, entre Juillet et Septembre (Ainge et Brown, 1998). Son fruit ressemble à une petite mangue «domestiquée», d'abord vert puis jaune à maturité. Le fruit mur de l'arbre Irvingia comme le présente la photo 1 a une pulpe charnue très fibreuse. Il est jaune et pèse en moyenne 200g. Il contient un noyau aplati, couvert de fibrilles et contenant une graine jaune ou rouge. Le poids moyen du noyau sec est de 15g (Vivien et Faure, 1996). On consomme la pulpe fibreuse du fruit frais et on brise la noix pour en extraire l'amande. Cette amande peut facilement être séparée en deux parties.

Photo 1 : Fruits mûrs d'Irvingia (Photo ICRAF, 2004)

En 2000, Ndoye et al. ont relevé que Irvingia est le PFNL commercialisé par le plus grand nombre de négociants. L'amande est la partie la plus prisée de l'arbre et elle est très oléagineuse. Les amandes fraîches d'Irvingia sont riches en lipides, en protides, en glucides et contiennent de la vitamine A et C comme le présente le tableau 1.

Tableau 1: Composition approximative (%) des amandes fraîches d'Irvingia

Humidité

Lipides

Hydrates de carbone

Cendres

Protéines

Fibres

Vit. C mg/100 g

Vit. A mg/100 g

11,9

51,32

26,02

2,46

7,42

0,86

9,24

0,63

Source: Ntam, 2000 :26

L'amande de Irvingia est un condiment très savoureux utilisé dans les soupes (Ayuk et al., 1999 ; Chabot, 1997). Elle constitue une importante source de revenus pour les agriculteurs de la zone de forêt humide (ZFH) du Cameroun. Les amandes d'Irvingia peuvent être concassées et utilisées pour remplacer ou compléter l'arachide dans l'alimentation des habitants des forêts. Elles sont utilisées comme épaississant dans les soupes ou comme additif alimentaire et constituent largement le produit forestier le plus vendu en Guinée équatoriale (Terry et Obama, 2000). Elles forment également la base de sauces pouvant être conservées de 3 à 4 jours en dehors d'un réfrigérateur. L'amande de Irvingia peut également être broyée et utilisée dans la fabrication d'une pâte appelée «dika bread» au Gabon. Les amandes également peuvent être utilisées comme source d'huile pour fabriquer le savon (Ayuk et al., 1999 ; Atangana et al., 2001). Pour le bétail, d'après FAO (1982) le tourteau a une valeur alimentaire sensiblement égale à celle du tourteau de cocotier.

Selon Djomo (2001), l'arbre Irvingia peut être aussi utilisé à des fins médicinales. L'écorce par exemple est utilisée pour soigner la hernie, les diarrhées, la fièvre jaune et la dysenterie.

2.2.4- La commercialisation des PFNL

2.2.4.1- Définition du système de commercialisation

Le système de commercialisation des produits alimentaires est le mécanisme primaire de coordination des activités de production, de distribution et de consommation dans la chaîne alimentaire. Dans ce contexte, le marketing inclut les activités d'échange associées au transfert du droit de propriété sur les produits, les arrangements institutionnels pour faciliter ces activités (Cadilhon et al., 2002).

D'après Foundjem Tita (2000), le marketing des produits agricoles est défini comme un pont entre les producteurs et les consommateurs ; encore plus comme une distribution physique et économique mise en place pour faciliter le mouvement et l'échange des denrées des champs vers le marché. Le système de marketing pratiqué dans différentes zones de production favorise l'atomisation des prix de vente, provoquant ainsi une variation des prix dans les marchés urbains. Selon Tollens (1997), la variation des prix dans les marchés urbains peut être réduite en établissant des marchés de gros ou de collecte. Dans l'analyse de ce type de marchés dans les villes africaines, il a été établi que le rôle et l'avantage de ces marchés de gros sont qu'ils regroupent en un point déterminé l'entière demande et offre d'une production donnée (Tollens, 1997). Ceci permet l'obtention d'un prix unique d'équilibre fixé dans les conditions de transparence du marché, d'où une réduction des coûts de transactions.

2.2.4.2- Les contraintes liées à la commercialisation

Les problèmes rencontrés par les producteurs et les commerçants d'un produit dans un système donné peuvent être en partie dus à eux-mêmes. En effet, Nyongou (1992) dans l'analyse de la variation des prix de plantains à Douala a montré que cette situation non favorable du marché émane de la désorganisation des producteurs et des vendeurs. Les commerçants des produits agricoles sont peu spécialisés comme le démontre Epouhe (1990). En raison de la saisonnalité des productions, les vendeurs sont obligés de vendre plusieurs produits (Engola Oyep, 1997). Ce n'est qu'avec l'expérience que ces derniers déterminent le produit le plus recommandable en considérant les conditions de l'offre, de demande et de conservation.

2.2.4.3- Le commerce des amandes de Irvingia

Le développement de l'exploitation commerciale des PFNL est actuellement considéré par un certain nombre de chercheurs aussi bien comme un moyen pour améliorer les conditions de vie des populations rurales que comme une approche appropriée pour la conservation des forêts (Zeh Ondo, 1998). En Afrique centrale et de l'ouest, la plupart des produits forestiers non ligneux sont commercialisés et vendus de manière informelle dans les marchés, souvent en bordure des forêts ou dans le marché du village. Les produits forestiers dont la demande est importante comme les amandes d'Irvingia sont achetés par des grossistes dans les marchés de village, où ils sont nettoyés, emballés et acheminés vers les marchés urbains (Ladipo, 2000).

Pour les amandes sèches d'Irvingia telles que présentées à la photo 2, certaines caractéristiques générales de qualité communes aux consommateurs et aux commerçants, peuvent être prises en compte. Parmi ces caractéristiques, la taille de l'amande, son épaisseur, sa couleur, sa maturité, ainsi que la présence de tâches ou son état abîmé influencent la préférence des consommateurs (Ladipo, 2000).

Photo 2 : Amandes sèches d'Irvingia (Photo Tsafack, sept. 2004)

Le commerce international des amandes d'Irvingia du Cameroun en 1995 et 1996 pour le Gabon, la Guinée équatoriale, le Nigéria et la République centrafricaine a été évalué par Ndoye et al. (2000) à plusieurs millions de francs CFA. Les quantités commercialisées dans la ZFH du Cameroun sont importantes comme le présente le tableau 2.

Tableau 2: Volume et valeur d'Irvingia commercialisé au Cameroun en 1995 et 1996.

Année

Vente sur l'échantillon interviewé

Quantité (Kg)

Valeur (F CFA)

1995

36.390

43.000.000

1996

34.400

47.534.600

Source : Ndoye et al., 2000 : 221

2.2.5- L'organisation des filières et les stratégies commerciales

2.2.5.1- Filière et organisation des marchés

Moustier et Leplaideur (1999) présentent la filière comme une succession des opérations qui, partant en amont d'un produit, aboutit en aval, après plusieurs stades de transfert dans le temps, l'espace et la forme, à un produit fini au niveau du consommateur. La filière se définie aussi comme l'ensemble des agents économiques qui contribuent directement à la production puis à la transformation et à l'acheminement jusqu'au marché de réalisation d'un même produit. L'organisation est nécessaire à la commercialisation des produits comme le note Moustier (1998) dans une étude sur la filière des produits vivriers et organisation des échanges. L'organisation ici est définie comme la coordination des activités de production, de commerce, de consommation et de l'ensemble des services nécessaires à l'échange (transport, transformation, stockage, tri, crédit, etc.). Il s'agit d'une coordination dans l'espace des zones de production, de collecte, de distribution et de consommation. Il s'agit d'une coordination de l'enchaînement des fonctions d'intermédiation, également de la coordination socio-économique des décisions des différents acteurs des filières dont les intérêts, parfois contradictoires, sont toujours interdépendants. L'organisation permet de sécuriser l'accès à l'ensemble des ressources nécessaires à l'échange, notamment l'information, le pouvoir de négociation, le crédit.

Les initiatives d'organisation des producteurs pour la commercialisation d'un produit sont souvent motivées par un certain nombre de faits à savoir sortir de l'enclavement ; se soustraire à l'emprise des commerçants ; améliorer le revenu des producteurs et enfin exploiter le potentiel collectif rassemblé au sein des groupements (Inter-Réseaux, 1998).

L'organisation fait appel à la concertation des acteurs pour la commercialisation. La concertation est un processus d'échange en vue d'instaurer un dialogue entre les acteurs qui doit permettre la résolution collective d'un problème et améliorer l'efficacité d'une filière (Inter-Réseaux, 1998). Il fait appel aux notions de complémentarité et de gestion des intérêts. En matière de commercialisation, la concertation doit pouvoir contribuer à la diminution des risques encourus aux différents maillons de la chaîne.

Selon Moustier (1998), on peut distinguer les organisations assurant la coordination verticale entre les différentes fonctions en aval de la production. C'est l'exemple des organisations entre producteurs et commerçants. On peut aussi distinguer les organisations assurant la coordination horizontale entre acteurs d'une même fonction, c'est le cas d'organisations de producteurs, de commerçants. Toutefois la coordination horizontale et la coordination verticale sont liées.

2.2.5.2- Les stratégies de commercialisation des produits agricoles et forestiers non ligneux

Les organisations de producteurs ou de commerçants permettent à ces derniers de faire face aux problèmes qu'ils rencontrent dans la commercialisation. Temple et Dury (2003) montrent que pour maîtriser l'instabilité et les fluctuations de prix des produits vivriers dans les marchés au Cameroun, les grossistes passent des accords avec les opérateurs. De manière dominante, ces accords sont d'abord passés avec les paysans, les collecteurs ruraux. Ils portent principalement sur la vente à crédit puis sur le prix de réalisation de la transaction.

Une autre stratégie consiste pour les grossistes à se coordonner entre eux. Par des accords sur les prix d'achat (les grossistes dans une même zone s'entendent pour ne pas acheter en dessus d'un certain prix), sur les prix de vente auprès des détaillants, sur la location en commun de camions, ou sur la participation à des tontines (Temple et Dury, 2003).

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams