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Problématique de la performance financière des institutions de micro finance: Cas de l'Agence PAPME au Bénin

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par Alassane OSSENI INOUSSA
Fondation Universitaire Mercure, Belgique - Master en gestion des projets 2009
  

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CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE

Ce chapitre est consacré à la problématique, aux objectifs et hypothèses de recherche puis à la revue de littérature et à l'approche méthodologique adoptée.

C- Section 1 : Problématique, Intérêt, Objectifs et Hypothèses de recherche

Dans cette section, il s'agira de développer la problématique, de fixer les objectifs poursuivis, de poser les hypothèses de travail et de dégager l'intérêt de la recherche.

Paragraphe 1 : Problématique et intérêt de la recherche

A- Problématique de La recherche

A chaque stade de développement ou de l'évolution de l'économie de tout pays, le financement de la production, gage de création de richesses et d'emplois, est réalisé par des institutions et des mécanismes mettant en oeuvre des techniques financières de plus en plus élaborées. La plupart de ces institutions ont pour activité principale l'intermédiation financière qui constitue la base des investissements.

Ainsi, le passage de l'économie d'endettement à l'économie de marché des capitaux a été concrétisé dans la plupart des pays industrialisés par le développement et le perfectionnement du système de financement de l'économie qui n'est pas sans risque, comme l'indique la crise financière qui secoue actuellement le monde entier et qui est devenue pour toutes les grandes puissances mondiales et même pour ceux en voie de développement un sujet majeur de préoccupations du fait de la mondialisation de l'économie.

Les crises économiques, le poids de l'endettement et les problèmes de gouvernance ont rendu très précaires les conditions de vie de la majeure partie des populations des pays en voie de développement. Dans ces pays où cohabitent les secteurs d'activité formel et informel, les micro entreprises n'ont pas toujours accès au financement bancaire classique pour suppléer l'Etat dans la création de la richesse et d'emplois.

Or, la création et la mise en oeuvre de projets susceptibles d'induire la création de richesse et d'emplois sont l'émanation du secteur privé, l'Etat créant le cadre et l'environnement adéquats à travers la mise en oeuvre de ses fonctions régaliennes.

Le choix politique est forcément un déterminant de l'économie. Ainsi, depuis l'avènement de la démocratie pluraliste au Bénin en 1990, les décideurs ont opté pour le libéralisme économique. Or, une économie de marché ne peut se développer, effectivement, que dans la mesure où, le financement des activités est réalisé par des institutions efficaces, viables et pérennes. En effet, l'émergence d'un secteur privé dynamique capable de soutenir la relance de l'économie béninoise a amené les autorités monétaires à favoriser la mise en place des institutions de micro finance évoluant aux côtés du système bancaire classique.

Un système financier adéquat s'avère donc impérieux pour la relance des activités de toute la nation. C'est dans ces conditions qu'est né au début des années 80 le concept de micro finance au Bengladesh en Asie. Il avait pour objectif d'offrir aux personnes ne pouvant pas accéder au crédit bancaire (faute de garanties nécessaires ou parfois à cause de leur idéologie culturelle et sociologique, de l'éloignement, de l'analphabétisme et autres barrières) les services financiers d'épargne et de crédit pour juguler, à l'époque, la crise des systèmes financiers.

Au Bénin, le dynamisme du secteur de la micro finance s'explique par le souci de réduire au maximum les effets néfastes engendrés par la banqueroute connue dans les années 80 qui a aggravé la situation des entreprises qui, du coup, ont donc recours aux usuriers pour le financement de leurs activités. C'est en juillet 1993, après la réhabilitation de l'ancienne Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) qu'a vu le jour la première véritable institution de micro finance dénommée la Fédération des Caisses d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuelle (FECECAM). Au cours de la même année sont crées les projets PAPME et PADME (devenus associations depuis 1999) pour amortir les effets sociaux du Programme d'Ajustement Structurel (PAS) imposé par les institutions telles que la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International à travers la mise en place des financements et d'appui conseil.

Très tôt, la micro finance en tant qu'instrument de développement s'est révélé très efficace au service des populations exclues des systèmes classiques de financement faute de pouvoir remplir les conditions exigées par ces derniers. Elle offre ainsi de très petits crédits (micro crédits) à des individus pauvres mais économiquement actifs pour les aider à mener des activités génératrices de revenus leur permettant de développer leur micro entreprise. Il participe pour beaucoup dans la lutte contre la pauvreté et en constitue, de plus en plus, un des outils privilégiés.

Selon Christiane OMICHESSAN TABELE et Consorts « la micro finance à travers les micro crédits permet à 98% de bénéficiaires de se soigner mieux et à plus de 83% des ménages d'envoyer à l'école leurs enfants en âge de scolarisation ».

Dans le rapport de Consortium Alafia sur la pérennité financière des IMF en 2005, on estime à plus de sept cents (700) le nombre d'institutions toutes catégories confondues exerçant dans la petite et même grande finance sur toute l'étendue du territoire béninois avec la concentration du marché sur une douzaine d'IMF qui contrôlent plus de 90% du secteur. La masse critique de clients actifs est d'environ 683 634 au titre de l'an 2005 mais à majorité urbaine. Le volume d'opérations liées aux activités qui se sont développées considérablement est estimé à environ 82 milliards de FCFA au cours de la même année pour plus de 1250 emplois directs.

Ce rapport indique également que 45% d'IMF n'arrivent pas à rentabiliser leurs fonds hors exploitation. Les quelques unes qui ont atteint la pérennité financière dont l'Agence PAPME connaissent actuellement une régression alarmante due, non pas, à la baisse des produits mais à une augmentation des charges non décaissables que constituent les pertes sur créances et les dotations aux provisions, conséquences des impayés.

Cet état de choses suppose que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les problèmes qui ont conduit à la banqueroute des années 80 sont entrain de faire leur retour. En effet, une présentation des différentes phases d'évolution de l'Agence PAPME permet d'appréhender aisément les difficultés auxquelles cette institution est confrontée.

v La croissance de PAPME

Cette phase est caractérisée par la réalisation de marges d'intérêt en progression régulière, l'augmentation de l'encours de crédits, de même que celui du résultat d'une année à une autre.

C'est la période de l'expansion économique. C'est la phase pendant laquelle PAPME a fait connaître ses produits qui connaissent de véritables succès auprès de la clientèle et elle occupe tout l'espace médiatique.

Cette période a duré jusqu'en 2004 et s'est traduite par une bonne santé économique et financière de l'institution avec les résultats comparés de 2001 à 2004 qui affichent :

Tableau N° 5 : Evolution des indicateurs / Phase de croissance

Eléments

2001

2002

2003

2004

Encours de crédit

6 807 622 524

10 503 178 759

15 134 430 677

18 704 489 150

Nombre de clients

2 991

7 605

11 233

12 794

Taux de remboursement

94%

93%

95%

91,81%

Résultat net d'exploitation

752 444 911

1 514 694 328

1 272 652 318

1 042 774 405

Source : Rapport d'activités PAPME

v La maturité et le déclin de PAPME

Ces deux phases sont couplées, en raison, de leur survenance précipitée. Elles sont caractérisées par une évolution plus lente de la croissance de l'Agence PAPME jusqu'à la stagnation. Les signaux forts étaient, déjà, perceptibles dès 2003, à travers la baisse considérable des résultats malgré la croissance du portefeuille de crédits. Ces phases coïncident avec le besoin de diversification des activités, l'exploration de nouveaux marchés. C'est ce qui a amené PAPME à réaliser des opérations de crédit-bail et à investir dans l'immobilier.

Aussi, au cours de la période 2004 - 2005, l'encours de crédits a augmenté passant ainsi de FCFA 18 704 489 150 à FCFA 21 156 372  138, soit une augmentation de FCFA 2 451 882 988 par rapport à 2004 donc un taux de croissance de 13,11%.

On note en 2005 une baisse nette du résultat de 92,13% par rapport à 2004 ; en effet, PAPME a généré un résultat de FCFA 1 042 774 405 en 2004 contre FCFA 82 028 691 en 2005.

Entre 2005 et 2006, l'encours de crédits a chuté. Il est passé à FCFA 16 418 229 022 en 2006 contre 21 156 372 138 en 2005.Soit une diminution de FCFA 4 738 143 116 pour un taux de baisse de 22,40%.

Le résultat dégagé au cours de la même période est passé de FCFA 82 028 691 en 2005 à un résultat déficitaire de FCFA 3 144 587 439. Soit un taux de baisse se situant à 3933,52%.

L'encours de crédits est en baisse à partir de 2006 ; cela traduit en fait un ralentissement des activités de l'Agence. Ce qui s'est poursuivi jusqu'en 2007, exercice au cours duquel les résultats affichent un déficit de FCFA 3 354 829 576.

Tableau N° 6 : Evolution des indicateurs/Phase de maturité et début de déclin

Eléments

2005

2006

2007

Encours de crédit

21 156 372 138

16 418 229 022

9 826 431 770

Nombre de clients

15 602

14 458

12 213

Taux de remboursement

77,97%

80,19%

42,32%

Résultat net d'exploitation

82 028 691

-3 144 587 439

-3 354 829 576

Source : Rapport d'activités PAPME

De plus en plus, on assiste à des prises de décisions et à des comportements aussi bien de la part du personnel que de la clientèle qui dénotent de l'ampleur des difficultés auxquelles l'institution est confrontée.

Or, pour assurer, de façon durable, leur mission les institutions de micro finance doivent fournir des services financiers rentables. Selon FOSSOU K. Francis, « des différents produits proposés, le crédit en est l'outil de production car bien géré, il produit pour la plupart des IMF opérant en Afrique entre 80 et 100% des produits financiers ». La fonction crédit se présente donc comme la plus essentielle et se trouve, de ce fait, au coeur du développement de toute IMF oeuvrant dans une optique professionnelle et visant la pérennité de l'offre de ses services à ses groupes cibles. Cependant, la gestion du crédit constitue la source majeure du risque d'exploitation des IMF.

Les données des tableaux ci-dessus pourraient s'expliquer par un certain nombre de problèmes, notamment :

§ Des choix stratégiques inadaptés comme la suppression des Directions régionales dont les responsables ont commencé par faire ombrage aux responsables de la Direction Générale incapables de maîtriser la délégation du pouvoir ;

§ La révision intempestive des procédures d'octroi de crédit occasionnant des abus de la part de certains agents, d'une part, et la perte d'une certaine clientèle, d'autre part ;

§ La non exploitation des rapports de contrôle et de supervision (suivi inefficace de la défaillance) rendant du coup inefficace le système de contrôle interne et même externe ;

§ L'accroissement des problèmes de gouvernance qui impliquent la pollution de l'atmosphère de travail au sein du personnel ;

§ L'insécurité de l'emploi occasionnant le stress permanent des agents et par conséquent des vagues de démissions ;

§ La perte de crédibilité de l'institution vis-à-vis de ses partenaires aussi bien financiers que la clientèle ;

§ L'amorce d'un processus de redressement de l'institution, en pleine crise, à partir de novembre 2007 au terme de l'élaboration et de la validation d'un plan de redressement.

Ces problèmes constituent une préoccupation alarmante pour tous les acteurs du secteur vue l'importance du rôle capital que cette structure joue dans le développement socio-économique du Bénin. Si rien n'est fait, cette situation due à la dégradation des indicateurs de performance de l'institution risque de la conduire sous peu vers le gouffre qu'est la cessation de paiement et des activités.

C'est ce qui justifie le choix de notre thème intitulé : « Problématique de la performance financière des IMF : Cas de l'Agence PAPME ». Il s'agira d'identifier les véritables causes qui engendrent cette situation de déconfiture de l'Agence PAPME dont le principal actif demeure l'activité crédit qui génère des revenus (intérêts et autres commissions) et de proposer des solutions pour son amélioration.

Au vu de ces faits inquiétants et de tous ces problèmes spécifiques soulevés ci-dessus, le constat est que la viabilité et partant la pérennité de l'Agence PAPME est menacée, donc le risque de ne pouvoir assurer de façon durable sa mission est perceptible. Dès lors, il y a lieu de s'interroger. Quelles sont les raisons de la forte dégradation des indicateurs de performances de l'Agence PAPME ? Comment l'Agence PAPME peut-elle gérer au mieux le risque de crédit ? L'Agence PAPME peut-elle baser sa pérennité sur la seule activité de crédit ? Les projets de diversification des activités sont ils bien entreprise pour permettre leur réussite ? La gouvernance de l'Agence PAPME induit-elle la mobilisation du personnel, dans son ensemble, en vue de l'atteinte de objectif global de l'institution ?

B- Intérêt de la recherche

La question de la dégradation des indicateurs de performance abordée dans cette étude est d'une importance capitale car l'épineuse question de la pérennité à laquelle est confrontée la plupart des IMF découle de la gestion stratégique et opérationnelle opérée par les différents acteurs aussi bien internes, qu'externes.

La baisse inquiétante des résultats de l'institution comme en témoignent les tableaux ci-dessus, en raison des créances en souffrance et des pertes sur crédits dénote de l'importance du problème qui s'observe à travers la détérioration du crédit (énormité des impayés). Ainsi la perte que subit l'institution en cas de non paiement des échéances en retard par rapport aux encours globaux (le taux de portefeuille à risque) est en forte progression.

Généralement, au sein des IMF, les recherches des causes de la dégradation du portefeuille de crédit sont faites du point de vue de la gestion des impayés. Ces causes sont liées à plusieurs facteurs internes (institution, clientèle) et externes (environnement opérationnel et institutionnel). Les derniers rapports d'activité (2007) de l'Agence PAPME indiquent que la baisse de sa performance financière est liée entre autres à :

§ La mauvaise foi des clients ;

§ La conjoncture économique peu favorable au développement des affaires ;

§ La persistance des crises politico-économiques dans certains pays limitrophes comme le Togo ;

§ La limitation de la réexportation de certains produits vers le Nigeria ;

§ Les problèmes de la filière coton ;

§ Le non règlement (non paiement) des marchés exécutés au profit de l'Etat.

Une part prépondérante est de ce fait attribuée à la clientèle et à l'environnement extérieur sans pour autant prendre des dispositions appropriées pour réduire leur impact sur les activités, malgré leur caractère répétitif.

Dans un tel contexte, la question de la performance de l'institution ne peut se faire qu'en fonction des causes externes à l'IMF. Or les causes internes sont d'importance capitale. Notre étude trouve donc son intérêt dans ce constat. Elle abordera la question sous l'angle des déterminants contrôlables et internes à l'IMF au travers de ses politiques et procédures de gestion de ses activités avec la prise en compte de la réglementation en vigueur dans le secteur de la micro finance.

Le livre Bleu des Nations Unies (2006, Page 54) « Construire des secteurs financiers accessibles à tous » ne fait que conforter l'intérêt du sujet en affirmant que « l'un des premiers constats effectués en matière de micro crédit est que les pauvres remboursent leurs prêts et sont des clients solvables (Christen, 1997, Pages 16-17). Les stratégies d'atténuation du risque adoptées par les micro prêteurs ont démontré que le remboursement dépendait essentiellement de facteurs situés sous le contrôle de l'institution ». Autrement dit il n'y a pas de mauvais clients mais il y a de mauvais prêts.

Donc l'IMF se doit de prendre toutes les mesures appropriées afin d'éliminer tous les problèmes de son ressort susceptibles de créer des impayés et anticiper sur l'influence externe. Le risque n'existant pas l'IMF devra éviter son enlisement dans la dégradation de son portefeuille tout en diversifiant ses activités.

Il s'agira pour nous de contribuer à l'amélioration de la viabilité de l'Agence PAPME pour une pérennité certaine à travers l'atteinte des objectifs poursuivis dans le cadre de la présente étude.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984