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Crises financières : Cas de la crise des subprimes 2007

( Télécharger le fichier original )
par Tayeb BENDJEDI et Mohammed GHILES
Université de Toulouse 1 - Master 1 Finance 2009
  

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Section 3. Typologies de crises financières

Les crises financières sont très diverses selon qu'elle touche les marchés financiers ou les institutions financières. Cette dernière section de présentation empirique ne traite pas de toutes les crises financières. Elle fournit une analyse typologique succincte des crises financières, en l'occurrence: les crises de change, les crises bancaires et les crises jumelles.

Sachant que seules les crises bancaires, les crises de change (figure 4) et les crises jumelles ont fait l'objet de recensement systématique et d'analyses statistiques et économétriques macro-financières nombreuses (Bordo et al. 2001), Les crises boursières, depuis le déclenchement de la crise actuelle, commencent seulement à être étudiées avec ces méthodes quantitatives. Mais ces trois types de crises apportent déjà beaucoup d'informations sur les faits stylisés des crises récentes13 . Elles sont en outre les plus fréquentes.

Paul Krugman 14, en proposant une typologie des crises financières internationales note qu'une connaissance typologique rudimentaire qui distingue un type de crise d'un autre est nécessaire pour deux raisons principales : tout d'abord, la manière dont une crise dépend joue sur les acteurs du marché, et ces acteurs sont très différents lorsque l'accent est mis sur les marchés de change ou sur la balance des paiements ou sur les marchés boursiers. Deuxièmement, les effets réels d'une crise financière dépend de son type, une crise qui commence par un run bancaire sur le dollar américain n'aura pas les mêmes effets que celle qui commence avec un run bancaire sur le marché boursier japonais.

13 Par ailleurs, les autres crises qui ne sont pas prises en compte en tant que telles dans cette section peuvent leur être facilement rattachées (par exemple les crises immobilières et les crises bancaires ; les crises de la dette souveraine et les crises de change, puis les crises bancaires ; les crises industrielles et les crises boursières)

14 The Ri sk of Fi nancial Crisis, 1984

1. Les crises bancaires :

En identifiant les quatre périodes de comparaison internationale des crises financières, Bordo et al. (2000, 2001), définissent une crise bancaire comme étant une détresse financière qui est suffisamment grave pour entraîner l'érosion de la plupart ou de la totalité du capital dans le système bancaire15. Leur importance se manifeste dans la détérioration souvent latente de la structure de bilan ou encore la concentration des risques. Une brutale prise de conscience des risques encourus se traduit tant par la montée des crédits impayés bien au-delà des provisionnements antérieurs que par la révision des procédures d'octroi des nouveaux prêts (Boyer et al. 2004).

Les crises bancaires étaient peu fréquentes sur la période 1880-1913 (figure 4), elles se sont multipliées pendant l'entre deux guerres et après une éclipse totale.

Figure 4. Fréquence des crises
(Probabilité annuelle en %)

Source : Bordo et al. (2001)

15 C'est aussi le critère utilisé par Caprio et Klingebiel (1996, 1999) pour identifier les risques bancaires systémiques

24

Figure 5. La proportion des pays en crises bancaires, 1900-2008
Pondérée par leur part de revenu

Source : Bordo et al. (2001)

Pendant la période de Brettons Woods, elles ont réapparu au début des années soixante dix et, depuis, leur fréquence n'a cessé de s'élever16 . (Figure 4 et 5)

Caprio et Klingebiel (2003), en montrant l'ampleur du phénomène de crise bancaire et son universalité, recensent 117 crises bancaires depuis 1970 dites à caractère systémique qu'ils définissent empiriquement comme une crise ayant exigé une recapitalisation quasi générale des banques. Ces crises ont frappé 93 pays. On peut ajouter à ces crises de grande ampleur des crises bancaires moins profondes que Bordo et al. appellent border line and smaller ou non systémiques, et dont le nombre s'élève sur la même période à 51 et qui ont frappé 45 pays. En Asie, toutes les crises des pays dits émergents ayant subi la crise de 1997-1998 sont comptées dans la catégorie des grandes crises;

Cinq pays ont subi une crise profonde (Finlande, Suède, Norvège, Espagne et Japon depuis 1991), onze pays, parmi lesquels la France (1994-1995), les États-Unis (1984-1991), ont subi une crise de plus faible intensité. Cette mise en perspective historique soulève évidemment la question du lien entre crise bancaire et libéralisation. Elle suggère que cette longue pandémie de crises bancaires, parallèle à la libéralisation financière, en est, partiellement au moins, la conséquence. 17 L'analyse statistique des crises bancaires apporte un élément d'appréciation supplémentaire très important : toutes les crises bancaires ne sont pas identiques, car les banques sont des institutions qui varient selon les pays et qui

16 Bordo et al. (2000), ont découvert dans un échantillon de 21 pays que la fréquence des crises bancaires a doublé depuis 1973, alors qu'elle a augmenté de 50 pour cent dans 56 pays.

17 Boyer et al. Ibid.

sont placées dans des contextes réglementaires et prudentiels différents. Les crises bancaires ont de ce fait une importante composante idiosyncrasique. Elle montre aussi que les crises bancaires diffèrent fortement les unes des autres, à cause du rôle que peut y jouer la spéculation. Les banques qui sont les premières touchées par une crise sont celles dont, paradoxalement, la rentabilité avant la crise était la plus élevée parce que le niveau de risque des prêts qu'elles consentaient était très élevé, leurs capitaux propres plus faibles, et que leur profit était davantage tiré des activités de marché.

2. Les crises de change

Les crises de change se produisent lorsque les investisseurs perdent confiance dans la monnaie d'un pays particulier, et cherchent à échapper à la fois des actifs libellés dans cette monnaie et d'autres actifs dont les revenus pourraient être affectés par le contrôle des changes. Il y a eu quelques crises de change entre les pays avancés dans période l'après-guerre. L'attaque contre le dollar qui a détruit le système de smithsonien en 1973, est admissible, de même que l'attaque de la livre sterling, en 1975, et l'attaque contre le franc en 1982. Les crises de change ont été fréquentes dans les pays en développement depuis 1982, la plupart des pays d'Amérique latine et un certain nombre d'autres pays ont souffert aussi de ce que peut être décrite comme une crise monétaire coordonnée. Les crises de change ont été l'objet d'un enseignement théorique et une analyse empirique, parce que l'interaction entre les banques centrales et les investisseurs privés, constitue une facilité de jeu pour que le modèle type de l'irrationalité amorphe qui sous-tend la description des autres types de crises financières (Krugman)18 Il est donc utile de revoir les concepts de cette littérature brièvement.

Krugman note qu'il est nécessaire de distinguer au minimum entre deux types de crise financière internationale. Le premier type implique une perte de confiance par les spéculateurs en devises du pays, provoquant la fuite des capitaux. Ainsi, les crises de change conduisent souvent à imposer des contrôles de capitaux qui interfèrent avec le service de la dette en devises, une perte de confiance dans la monnaie d'un pays est ainsi souvent accompagnée par un effondrement des devises libellées en prêt. C'est le type de crise qui a frappé l'Amérique latine en 1982. L'autre type de crise ne concerne pas la perte de confiance dans une monnaie, mais une perte de confiance dans les actifs. Krugman montre aussi que le processus par lequel les chocs nationaux deviennent mondiaux porte le nom de contagion. La contagion des crises ne touche pas seulement par définition un ou plusieurs pays.

18 O p.c i t.

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Il existe d'importantes différences entre l'étude de la monnaie et de la contagion des crises. Les crises de change implique inévitablement la banque centrale du pays en crise, la contagion des crises, quant à elle, implique habituellement des actes de la commission ou au moins une omission de la part des banques centrales; mais le rôle de celle-ci n'est pas essentiel dans cette contagion

Enfin, la macroéconomie des crises monétaires et de la contagion des crises sont très différentes, alors que les deux peuvent mener à la récession, les crises de change sont habituellement associées à l'inflation qui en est la victime, alors que la contagion des crises dans le monde est liée à la déflation.

Dans une approche strictement empirique, Dehove (2004), définit trois types d'indicateurs utilisés pour les crises de change (et les crises bancaires) qui peuvent être regroupé dans deux grandes catégories à savoir les indicateurs de « crise effective » et les indicateurs de « pression spéculative »

Trois conclusions principales peuvent être tirées de l'analyse statistique détaillée de la fréquence des crises au cours des trente dernières années. D'abord, on remarque que globalement, crises de change et crises bancaires confondues, les crises financières ne sont pas massivement plus fréquentes depuis le début des années 1990. Sur l'ensemble des 49 pays étudiés par Stone et Weeks, le nombre de crises financières bancaires et de change ne s'est pas notablement élevé depuis l'éclatement du système de Bretton Woods. Une économie avait, sur la période 92-99, une probabilité de connaître une année une crise financière de 11,5 %, dix ans plus tôt, cette probabilité était de 12 %.

3. Les crises jumelles

L'aspect jumelle des crises est nouveau des crises financières récentes et un facteur majeur de leur gravité (Boyer et al. 2004). En se combinant aux crises bancaires renaissantes, les crises ont engendré un type de crise financière nouvelle pour la période d'après-guerre : les crises jumelles. Ces crises jumelles se manifestent par la combinaison d'une spéculation intense contre la monnaie nationale et une vague de défaillances bancaires. Elles associent une méfiance à l'égard de la stabilité du taux de change, et une méfiance à l'égard de la liquidité ou de la solvabilité des intermédiaires bancaires, qui rétroagissent l'une sur l'autre en se renforçant mutuellement.

Ces crises jumelles qui étaient quasi inexistantes sur la période de Bretton Woods, ont désormais une fréquence supérieure à celle enregistrée pendant la période précédent la Première Guerre mondiale, même si cette fréquence demeure inférieure à celle de l'entre-deux-guerres. Dans l'étude qu'elles leur consacrent, Reinhart et al. (2008) 19 en comptent dix-huit sur la période 1980-1995, antérieure à la crise asiatique, sur un total de soixante treize

Ces crises repérées sur un échantillon de vingt pays. Au cours de la période précédente, 1970-1979, elles n'en recensent qu'une seule sur un total de vingt-neuf crises. Pour leur part, Stone et Weeks (2001) en recensent six sur la période 1992-1999 sur un échantillon de quarante-neuf pays. Effet, pendant l'épisode 1977-1998 : Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Corée, ont eu à affronter simultanément une crise de change et une crise bancaire. A priori, en avenir certain, il est possible selon Boyer de développer trois hypothèses alternatives simples concernant cette simultanéité :

· selon une première conception, les crises de change et les crises bancaires ont les mêmes causes. Cette approche a été particulièrement utilisée dans le cadre de l'analyse des échecs répétés dans les pays en développement des plans de stabilisation de l'inflation par l'appréciation du change. Ces plans, parce qu'ils suscitent un boom lié à l'afflux de capitaux étrangers et une appréciation cumulative du change réel liée au délai de convergence de l'inflation domestique sur l'inflation mondiale, créent un déficit courant croissant qui jette un doute sur la soutenabilité de la politique économique et déclenche une attaque spéculative. Celle-ci, alimentant une fuite brutale des capitaux et une dépréciation des actifs, déclenche une crise bancaire

· dans un deuxième modèle, la crise bancaire entraîne la crise de change (voir Velasco, 1987)20 par l'intermédiaire de l'émission de monnaie domestique excessive provoquée par le secours exceptionnel en liquidité que la Banque centrale apporte au système bancaire pour le stabiliser;

· dans un troisième modèle, Les crises de change entraînent les crises bancaires, un déséquilibre du change (en change fixe) à la suite par exemple d'un choc extérieur entraîne une perte de réserves. Non stérilisée, elle entraîne une contraction du crédit bancaire et des faillites des entreprises qui se répercutent sur la solvabilité du système bancaire (voir Stoker, 1994) 21 . Si le déséquilibre de change se traduit par une dévaluation, celle-ci peut entraîner dans un secteur

19 Voir tableau 1

20 Figure 6

21 Figure 7

bancaire exposé au risque de change, des pertes de change assez considérables pour provoquer des faillites bancaires.

Figure 6. Le mole de Valesco (1987) : les crises bancaires entrainant les crises de

Figure 7 Le modèe de Valesco (1987) : les crises bancaires entranent les crises de change

28

Source : Boyer et al. (2004)

Figure 7. Le modèle de Stoker (1994) : les crises de change entraînent les crises
bancaires

Source : Boyer et al. (2004)

Tableau 1. Les crises jumelles

Source : Dehove (2003)

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore