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Crises financières : Cas de la crise des subprimes 2007

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par Tayeb BENDJEDI et Mohammed GHILES
Université de Toulouse 1 - Master 1 Finance 2009
  

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Section 3. Le dilemme des paradis fiscaux

La crise financière commencée aux États-Unis résulte tout à la fois d'un manque de transparence dans les produits financiers mis sur le marché, de l'absence d'une quelconque régulation efficace de la

37 Michel Aglietta - Colloque "Agences de notation" Paris 12 décembre 2007)

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38 À propos des pertes, Ca lomi ris (2008) observe que les agences de notation ont formulé des hypothèses excessivement basses concernant les pertes attendues sur les titres adossés à des créances hypothécaires subprimes (MBS) avant la crise surviennent.

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finance internationale, et de l'existence de masses financières énormes qui ont pu jouer de cette situation au travers d'instruments financiers complexes.

Au sens strict, la notion de paradis fiscal se différencie à la fois des zones offshore et des paradis bancaires ou judiciaires. Dans le langage courant, toutefois, on désigne sous cette appellation tous les « territoires non coopératifs » sur les plans fiscaux, prudentiels ou du blanchiment.

Les paradis fiscaux sont donc des Etats souverains ou des dépendances autonomes d'autres pays (Jersey, îles Caïman...) offrant un abri à des non résidents souhaitant échapper à l'impôt. Ces territoires de taille réduite, en imposant très faiblement de nombreuses grosses fortunes, en tirent des ressources très élevées relativement à leur taille. Ils sont à distinguer des zones offshores, qui hébergent des banques, compagnies d'assurance et gestionnaires de fonds, mais ne disposent pas d'une véritable régulation. Ce régime administratif de faveur s'applique à l'activité économique produite depuis ce territoire. Il peut suffire à l'entreprise de disposer d'une adresse sur le territoire. Les centres financiers offshores sont la plupart du temps aussi des paradis fiscaux mais la réciproque n'est pas forcément vraie. Ils ne doivent pas être confondus, même s'il peut exister des recoupements. Les pays caractérisés par un fort secret bancaire sont appelés paradis bancaires (ou financiers).

Malgré leur hétérogénéité, les paradis fiscaux et bancaires, ou territoires non coopératifs, répondent à ces caractéristiques définies par l'OCDE :

· le secret bancaire y est strictement appliqué ;

· les taxes sur les revenus, les bénéfices ou les patrimoines, sont faibles ou nulles, particulièrement pour les non-résidents ;

· les conditions d'installation de sociétés et d'ouverture de comptes sont peu contraignantes ;

· la coopération judiciaire et fiscale avec les autres Etats est faible ou inexistante.

Par ailleurs ces pays doivent être stables sur les plans économiques et politiques, pour rassurer les investisseurs. Le secteur financier y est surdéveloppé par rapport à la taille du pays et à la dimension de son économie. Environ 50 territoires répondent à ces critères, dont la moitié en Europe.

Les paradis fiscaux et judiciaires (PFJ) sont un instrument déterminant dans l'opacité des systèmes financiers internationaux, laquelle a joué et continue de jouer, un rôle déterminant dans l'extension des doutes et des incertitudes des acteurs bancaires et financiers et de nombre d'investisseurs ou de

détenteurs de capitaux. Leur législation commerciale permet très souvent la création de sociétés dont les donneurs d'ordre véritables comme les bénéficiaires resteront dissimulés (trusts, fiducies, etc.). Ce n'est pas un hasard si 80 % des fonds d'investissements spéculatifs (Hedge funds) sont localisés dans les PFJ, dont un grand nombre aux îles Caïmans ; ils ont été très souvent acheteurs des titres émis par les organismes de crédits hypothécaires américains.

Le secret bancaire pratiqué par les paradis fiscaux de façon plus ou moins absolue, en rendant très difficile, voire impossible, une enquête judiciaire, se surajoute pour mettre de l'opacité dans les transactions faisant intervenir des contractants localisés dans des paradis fiscaux.

En outre, les paradis fiscaux, pour être attractifs à l'égard des capitaux mobiles, leur offrent également une réglementation particulièrement laxiste et non contraignante. L'existence de tels territoires « sans lois » vient peser sur l'ensemble des réglementations qui pourraient être prises par les autres États. Dès lors que les PFJ voient transiter plus de 50 % des transactions financières internationales, il est évident que la moindre réglementation ou régulation qui pourrait être prise par un État ou par un groupe d'États à l'égard des secteurs bancaires et financiers serait de fait rapidement rendue en grande partie, Ainsi, par exemple, depuis les accords de Bâle (1996, puis Bâle II, 2004), les banques sont soumises à une réglementation prudentielle qui les contraint à réserver un volume minimal de capitaux propres égal à 8 % du total de leurs actifs risqués (portefeuilles de titres et encours de crédits).

Et avec la primauté de la totale liberté de circulation des capitaux par-delà des frontières étatiques, les PFJ provoquent une concurrence à la baisse entre les différents systèmes de régulation nationaux. En effet, en voulant attirer sur leur territoire une partie des capitaux mobiles, les États sont amenés à réduire eux-mêmes certaines de leurs réglementations prudentielles. La dérégulation de certains secteurs plus particuliers est engagée par certains gouvernements qui arguent de l'existence des territoires qui échappent à toute réglementation.

Par ailleurs, le partage inégalitaire des richesses est largement antérieur à l'existence des paradis fiscaux, mais la prolifération, depuis une trentaine d'années, de tels territoires « sans lois », a bien un lien avec l'accroissement énorme des inégalités constaté à l'intérieur des États, au Nord comme au Sud, et entre les États.

L'existence des PFJ rend encore plus facile la fraude fiscale de grande ampleur pour les multinationales et les particuliers riches qui vont pouvoir échapper à tout ou partie des impôts établis par les États dont

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ils sont originaires ou dont ils ont la nationalité. En facilitant le développement de la fraude fiscale de haut niveau, en étant des havres de tranquillité pour les profits qui résultent des trafics en tous genres et de la corruption de haut vol, les PFJ sont bien un outil qui favorise l'accentuation des inégalités et la concentration de masses financières énormes, de toutes origines (légales parfois, très souvent illégales et criminelles).

L'existence de masses financières énormes provenant des profits accumulés par une toute petite minorité de la population, et conséquence d'un partage toujours plus inégalitaire des richesses, devient une véritable machine à fabriquer « des bulles », d'autant plus que ces capitaux « sans lois », grâce aux PFJ, peuvent prendre plus de risques : le trop-plein de disponibilités financières ne se fixe pas dans les investissements directement productifs mais peut aller vers des marchés très divers (oeuvres d'art, immobilier, activités de l'internet, etc.), en y faisant naître pendant un certain temps une forte demande qui tire ces marchés à la hausse, invitant d'autres capitaux à venir participer à la spéculation en s'engouffrant dans le « filon », jusqu'au moment où tout ceci éclate.

En ajoutant beaucoup d'opacité dans les relations financières, en offrant aux capitaux des réglementations a minima, en concourant à une baisse générale des législations et des réglementations, en participant à la création et à la concentration de masses financières énormes et de toutes origines, en donnant à ces capitaux un environnement ouvert vers la spéculation, les paradis fiscaux et judiciaires sont certainement le coeur de ce qui conduit à l'instabilité financière actuelle.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand