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Le cinéma d'horreur en France : entre culture et consommation de masse

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par Laure HEMMER
EAC Paris - Master 1 Management de projets culturels 2007
  

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1.2. Projeter des films : pour qui et pour quoi ?

1.2.1. Les soirées ponctuelles

Dans la continuité des pratiques amateurs, des passionnés organisent des soirées de visionnage dans des bars ou dans des petits cinémas de quartier. Ces séances s'élaborent souvent entre amis, avec la complicité des responsables des lieux prêtés pour les projections, qui peuvent partager leur passion ou espèrent en tirer un bénéfice commercial (augmentation des consommations, évènementialisation apportant une meilleure visibilité au lieu,...) ou symbolique (image jeune, ouverture d'esprit,...). Les organisateurs ne sont pas des professionnels et cela peut également causer quelques désagréments, comme en témoigne l'expérience de Cyril Despontin de Zone Bis, qui a commencé à organiser des projections à Lyon : « D'abord ce fut dans un café, avec cinq sessions où nous projetions des copies vidéo de Mario Bava, Dario Argento ou encore Dan o'Bannon. (...) Puis nous avons pu bénéficier de la salle de projection du Ciné Club de l'INSA, une des écoles d'ingénieries lyonnaises, où nous avons organisé quelques soirées bis, allant des films de la Troma à ceux de Jean-Marie Pallardy1. » Cependant, à la suite de ces projections, ce dernier, réalisateur de films érotiques et bis, ayant appris que des individus passaient ses films sans autorisation, il prit contact avec les intéressés. Nullement décidé à réprimander ces « bisseux » pour ces projections sans autorisation ni paiement de droits, Jean-Marie Pallardy était simplement à la recherche de copies 35mm de ses films. Cette rencontre inattendue signa cependant le début d'une collaboration amicale. Le visionnage de classiques, en tant qu'événement pouvant être facilement partagé en commun, accessible à tout le monde, mélangé avec des réalisations plus confidentielles ou parfois des courts-métrages d'amis. A la manière des soirées thématiques musicales (autour d'une époque, d'un style, d'un groupe), l'esprit de communion autour d'un même thème, réduit quelque peu le clivage entre anciens et nouveaux arrivants dans la communauté des fans. Ouverts au public, ces séances sont souvent organisées par un groupe d'amis qui veulent partager leur passion ensemble. Elles sont l'occasion d'attirer une nouvelle catégorie d`amateurs, plus jeune ou des nostalgiques qui souhaitent sentir à nouveau, le temps d'une soirée, le plaisir de revoir des films qu'ils avaient pu voir auparavant.

1 idem

Cette dimension est également celle des séances organisées dans des cinémas indépendants, comme l'Absurde Séance, qui se tient régulièrement à Nantes depuis octobre 2000 au cinéma Le Katorza, grâce à la persévérance de Jean-Maurice. Cette volonté de faire « revivre » aux jeunes générations ou à ceux qui étaient de jeunes adultes dans les années 1980 des films qui ont marqué leurs organisateurs est un des leitmotivs de ce genre d'évènements, qu'ils soient de dimension purement locale et volontariste ou prises en charge par des amateurs initiés dans le domaine professionnel, comme en témoigne Jean-Maurice : « je choisis les films en fonction de mes goûts personnels, je veux montrer à la génération actuelle les films avec lesquels j'ai grandi ». Dans chaque ville, il y eut ou il y a encore de tels évènements, mais ils tendent à diminuer. En effet, l'illégalité des projections vidéo en public (et donc la difficulté de faire de la publicité pour ce genre d'évènements, qui les exposerait pénalement) ainsi que la difficulté de trouver des salles et d'y projeter des films tendent à réduire les ardeurs de ceux qui souhaitent se lancer dans cette aventure. Cependant, la prise de risque continue à en tenter certains, qui se positionnent en fidèles héritiers des pratiques des décennies précédentes. Alors que l'actualité nous démontre tous les jours l'enterrement progressif du cinéma de quartier (UGC attaquant plusieurs cinémas indépendants comme le Comoedia à Lyon ou le Meliès à Montreuil), il y a encore des amateurs courageux, qui avec le concours de professionnels, montés en association ou par l'initiative personnelle arrivent à réaliser leurs ambitions. Car pour acquérir une liberté de fonctionnement et assurer une pérennité à ce type d'événement, il faut désormais le relais de partenaires institutionnels, gages de qualité : magazines spécialisés comme Mad Movies, cinémas indépendants, journaux locaux,...

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