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La mutation du droit du mariage dans la vallée du fleuve Matitanana: du droit coutumier au droit d'inspiration musulmane

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par Francis Zafindrandremitambahoaka MARSON
Université de Perpignan - Diplome d'étude approfondie 2003
  

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PARTIE II :
L'EPOQUE ISLAMIQUE (XIVes- XVes)
LA RESULTANTE DE LA COUTUME AUTOCHTONE ET DU DROIT
MUSULMAN :
LE MARIAGE ARRANGE

INTRODUCTION

Les multitudes de sultanats musulmans, qui se sont constitués pendant deux siècles, se sont unifiés en un Royaume Antemoro. A ce sujet, un auteur disait que « des musulmans stricts venus des sables de la Mecque imposèrent à un fond autochtone une théocratie reposant sur une double hiérarchie religieuse et politique.» 86

Bien évidemment, Ramakarobe venu en 542 de l'ère mohamétane, le premier zélateur da l'islam dans la région de la Matatana87, n'a cessé d'investir ses efforts pour unifier les royaumes. A propos du rapt commis par son fils, le Prince Ali, il donne son opinion : « Notre loi (sur la violation de la loi matrimoniale qu'est le rapt) est très sévère, mais je n'oublie pas que nous nous sommes ici des étrangers et qu'elle doit nécessairement s'adapter aux circonstances » 88

C'est la raison pour laquelle, la loi coranique n'a pas été appliquée en matière de mariage à l'époque obscure. Mais depuis cette unification des sultanats, on l'a appliqué. Un système de classe fut alors instauré.

Les descendants de Ramakararobe et de ses compagnons ont constitués des clans, autres que ceux des autochtones. Le pouvoir politique est détenu par le clan Anteony, descendant de Ramarohala, l'un des fils de Ramakararobe. Le pouvoir religieux est détenu par le clan Antalaotra, descendant de Ramalitavaratra, l'astronome et Andriantsimeto Ranaha, le devin, « qui choisit lui-même l'emplacement de l'embouchure de la Matatanana, selon la tradition, pour l'installation de ses compagnons de route » 89.

86 TAMISIER, Dictionnaire des peuples, Larousse, 1998, Antemoro

87 JULIEN, Pages Arabico- madecasse, Paris, 1929, p.11.

88 JULIEN, Pages Arabico- madecasse, Paris, 1929, p.93.

89 DESCHAMPS, Les malgaches du Sud-Est, 1959, p.43.

Les Anteony et Antalaoatra sont les classes nobles. Les autres notamment les descendants des cafres que les Arabes ont emmenés avec eux et les autochtones sont devenus les roturiers.

Le pouvoir repose sur le privilège du « sombily» (le droit de sacrifier les animaux) que seules les classes nobles détiennent.

L'application des rites musulmans ne se limite pas seulement au pouvoir. Elle affecte les structures de la société elle même. Le système matriarcal est substitué par le patriarcat sémite. La supériorité de l'homme se renforce dans le foyer. Par contre la femme a sa propre place.

Autrement dit, la base de la société est toujours la famille. Le regroupement des familles est appelé « fatrange », véritable cellule de la société, dirigé par le Loholona. Il existe aussi des chefs des femmes dans chaque fatrange

Doté d'une telle organisation, la société Antemoro est fortement endogame. Le chef de clan n'a plus le monopole des femmes. Elles sont sous l'autorité des patriarches. Ces derniers décident du sort de leurs filles, même en matière matrimoniale. Il suffit d'obtenir l'accord du patriarche pour épouser une femme. D'où l'institution du mariage arrangé.

« Jadis les fiançailles étaient décidées par les deux familles (...). De nos jours les fiançailles sont moins longues et plus de liberté est laissée aux jeunes gens dans le choix de leur conjoint» disait DESCHAMPS90.

Nous pouvons dire cependant que dans le passé, les conjoints ne se choisissaient pas eux-mêmes et ne décidaient pas non plus de leurs fiançailles. Cette hypothèse est confirmée par ROMBAKA91 quand il dit :

90 DESCHAMPS, Les Malgaches du Sud-Est, Les Antemoro, p.61.

91 ROMBAKA, Fombandrazana Antemoro, Traduction libre

« lorsque les deux familles se sont mises d'accord, les fiançailles sont consommées, même si la jeune fille concernée n'est pas au courant».

N'y voit-on pas un esquisse de «contrainte matrimoniale » reconnue par le droit musulman ?

GRANDIDIER soutient la thèse selon laquelle « les fiançailles n'auraient jamais été forcées chez les Antaimorona » 92

Nous sommes devant un paradoxe. Néanmoins, aucun de ces auteurs ne s'est trompé. Tandis que GRANDIDIER parle des Antaimorona « traditionnels » (qui ont gardé la tradition matrimoniale), les autres auteurs, font allusions aux Antaimorona influencés par l'islam qui représentent la majeure partie de la population du Royaume. MUNTHE affirme que « le Droit coutumier local en matière matrimoniale s'est (...) trouvé fortement influencé par la loi coranique et le droit pénal lui même lui emprunta le châtiment du talion.. » 93

Ce droit coutumier local dont MUNTHE fait allusion est la coutume qu'on a tenté de décrire dans la première partie du mémoire. Cette fois-ci, nous allons nous consacrer à l'étude du Droit coutumier influencé par la loi coranique, en matière matrimoniale ou « la résultante » comme le disait FROELICH plus haut.

92 GRANDIDIER, Histoire de Madagascar, Ethnographie, (MESELIERE, p. 135)

93 MUNTHE Ludvig, La tradition : Arabico- malgache, p.75.

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