WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La problématique de la communication dans la gouvernance locale au Bénin: le cas de la commune de Savè

( Télécharger le fichier original )
par Moukaïla AMADOU
Université d'Abomey-Calavi (UAC) Bénin INJEPS, Département des Sciences et Techniques de l'Action Sociale et Culturelle - Master en Développement Communautaire 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.4- Gestion des données et difficultés rencontrées

3-4-1- Gestion des données

Les informations recueillies ont été traitées manuellement. Les questionnaires ont été facilement exploités pour avoir été numérotés au départ.

Les réponses aux questions fermées ont été évaluées en considérant l'effectif total de l'échantillon et l'information recherchée. Quant aux questions ouvertes, nous avons fait de chaque proportion une analyse de contenu et procédé à des rapprochements, des différenciations et des sériations.

3-4-2- Difficultés rencontrées

Nombreuses sont les difficultés auxquelles nous avons été confrontés lors de la réalisation de nos travaux d'investigation sur le terrain. Les plus importantes sont relatives à la prise de contact avec les autorités locales qui se trouvaient très occupées ; la période coïncidait avec la fin de leur mandat. Ces autorités en effet, étaient préoccupées par les activités du bilan de leur gestion et la préparation de la passation de service aux nouveaux élus.

Les difficultés sont aussi d'ordre financier en raison de notre zone d'enquête un peu éloignée parce qu'il fallait se déplacer d'abord vers la commune et ensuite d'arrondissement en arrondissement et de ménage en ménage pour la collecte des informations auprès des populations.

Par ailleurs, il a fallu expliquer à maintes reprises le but de ces enquêtes aux populations qui paraissaient réticentes et méfiantes car les informations recherchées revêtaient pour elles, un aspect politique donnant ainsi l'impression que les enquêtes sont réalisées au profit de telle ou telle autre formation politique.

Cependant, parce qu'étant conscient de ces éventuelles difficultés en matière de recherches en sciences sociales, les problèmes que nous avons rencontrés n'ont nullement émoussé notre ardeur au travail et les informations ont été bien recueillies surtout avec la compréhension de la pertinence de notre sujet de recherche par la plupart de nos enquêtés.

Le chapitre suivant présente les résultats de la recherche ainsi que leur analyse.

CHAPITRE IV : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

Dans ce chapitre, les données recueillies ont été réparties en tableau puis représentés en graphes suivant le type d'informations recherchées avant leur analyse.

4.1- Présentation des résultats

4.1.1- La conscience citoyenne des populations

Tableau III : Répartition des populations suivant la reconnaissance de leur rôle dans la commune

Réponses des enquêtés

Nombre

Pourcentage

Oui

42

66 %

Non

22

34 %

Total

64

100 %

Figure 1:La reconnaissance par les populations de leur rôle

Le tableau III et la figure 1 montrent que 66 % des populations sont conscientes de leur rôle dans la gouvernance locale pendant que seuls 34 % ignorent ce rôle. Ce qui traduit l'idée d'une forte conscience citoyenne dans la commune.

4.1.2- Le niveau d'implication des citoyens

Tableau IV: Répartition des citoyens suivant leur implication dans la gouvernance locale

Implication dans la gestion de la commune

Nombre

Pourcentage

Oui

03

4,68%

Non

61

95,31%

Total

64

100%

Figure 2: Niveau d'implication des citoyens dans la gouvernance locale

A travers cette présentation, on constate que seuls 4,68% de la population sont impliqués dans la gestion des affaires de la commune. Plus de 95% ne sont pas considérés. Ce niveau d'implication est très faible.

Tableau V : Répartition des citoyens selon leur participation aux réunions et décisions relatives à leur commune.

Participation aux réunions et aux décisions

Nombre

Pourcentage

Oui

9

14,06%

Non

55

85,93%

Total

64

100%

Figure 3: participation des citoyens aux réunions et décisions de la commune

Le tableau V et la figure ci-dessus révèlent que 85,93% des habitants de Savè ne participent pas aux réunions et aux décisions concernant la vie de leur commune. De toutes les personnes enquêtées, seules 14,06 % participent à ces instances.

Tableau VI: Répartition des citoyens en fonction de leur implication dans l'élaboration et l'adoption du PDC

Implication dans l'élaboration et l'adoption du PDC

Nombre

Pourcentage

Oui

07

10 ,93%

Non

57

89 ,06%

Total

64

100%

Figure 4: Implication des citoyens dans l'élaboration et l'adoption du PDC

Il ressort de ces représentations que l'élaboration et l'adoption du PDC n'ont connu que la participation de 10,93% des citoyens. 89,06% des populations déclarent n'avoir pas été impliquées.

4.1.3- L'information des populations

Tableau VII : Répartition des enquêtés selon leur niveau d'information sur le budget et le compte administratif de la commune.

Information sur le budget et le compte administratif

Nombre

Pourcentage

Oui

03

4,68%

Non

61

95,31%

Total

64

100%

Figure 5: Information des citoyens sur le budget et le compte administratif de la commune

Ce tableau VII et la figure 5 nous montrent que 95,31% des enquêtés n'ont aucune idée du budget et du compte administratif de la commune de Savè. Sur 64 personnes, 3 seulement sont informés dudit budget et du compte administratif, soit 4,68 %.

Tableau VIII : Répartition des populations suivant leur participation aux séances d'information sur la commune.

Participation aux séances d'information

Nombre

Pourcentage

Oui

08

12,5%

Non

56

87,5%

Total

64

100%

Figure 6: Participation des citoyens aux séance d'information

On constate à partir de ce tableau et de la figure 6 que 87,5% des citoyens ne bénéficient pas des séances d'information de la part de l'administration communale contre 12,5%.

Tableau IX : Répartition des populations suivant leur niveau d'information du compte rendu des délibérations du conseil communal.

Réponses des enquêtés

Nombre

Pourcentage

Oui

08

12,5%

Non

56

87,5%

Total

64

100%

Figure 7: Niveau d'information des populations du compte rendu des délibérations communales

Ici, de toute la population, seuls 12,5% ont le compte rendu des délibérations du conseil communal contre 87, 5%.

4.1.4- La consultation des affiches de la mairie par les citoyens

Tableau X : Répartition de la population en fonction de la consultation des affiches à la mairie.

Consultation des affiches

Nombre

Pourcentage

Oui

16

25%

Non

48

75%

Total

64

100%

Figure 8: La consultation des affiches à la mairie par les populations

Il se révèle, à travers ce tableau et cette figure que 75% des habitants de Savè ne consultent pas des affiches à la mairie. Seuls 25% lisent les informations affichées.

4.1.5- Existence et à adaptation des moyens locaux de communication

Tableau XI : Répartition des citoyens en fonction des canaux locaux désirés

Canaux

Nombre de personnes

Pourcentage

Radio communautaire

28

43,75%

Journaux

02

3,12%

Crieur public

11

17 ,18%

Réunions

23

35 ,93%

Total

64

100%

Figure 9: Répartition des citoyens suivant les canaux d'information désirés

Ces résultats nous renseignent que 43,75% des citoyens écoutent la radio locale, 3,12% s'intéressent aux journaux alors que 17,18% préfèrent s'informer par le crieur public et 35,93% par les réunions.

4.1.6- Niveau de satisfaction des populations de la gestion de la commune

Tableau XII: Répartition des citoyens en fonction de leur niveau de satisfaction de la gouvernance locale.

Réponses des enquêtés

Nombre

Pourcentage

Oui

15

23,43%

Non

49

76,56%

Total

64

100%

Figure 10: Niveau de satisfaction des populations de la gouvernance locale

De cette présentation, il ressort que 76,56% de la population ne sont pas satisfaites de la gestion faite de leur commune par les responsables locaux. Seuls 23,43% sont d'accord avec cette gestion.

Les résultats consignés dans ces différents tableaux et graphes nous permettront de faire une analyse basée sur les principes de la démocratie locale.

4.2- Analyse des résultats

Avant d'analyser les résultats obtenus dans le cadre de cette étude, nous explorerons, en un premier temps,le cadre législatif et réglementaire de la participation citoyenne à la gouvernance locale au Bénin et, en un deuxième temps, nous montrerons la place qu'occupe la communication dans la gestion communale.

4.2.1- Cadre législatif et réglementaire de la participation du citoyen à l'action communale au Bénin

La loi fait obligation au maire de faire participer le citoyen aux affaires de la commune. La commune est, en effet, le cadre institutionnel pour l'exercice de la démocratie à la base. Elle est l'expression de la décentralisation ainsi que le lieu privilégié de la participation du citoyen à la gestion des affaires locales7(*) .

La participation du citoyen à la vie communale se mesure par l'information du public, l'accès aux documents administratifs et l'implication dans les affaires locales, (CIRD, 2006).

4.2.1.1-L'information du public

La loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin, en son article 30 rend obligatoire l'ouverture des séances du conseil communal au public et si possible la retransmission en direct des débats par le biais des radios locales. L'information du public est destinée à faciliter et à améliorer les relations des citoyens avec la commune. Le maire peut aussi initier des rencontres périodiques avec les populations (ou tout au moins certaines corporations ou groupes professionnels) pour des séances d'information et de sensibilisation dans les maisons du peuple ou lieux publics. L'édition périodique d'un bulletin communal et la propagande de proximité sont également indispensables pour susciter la participation du citoyen.

La création d'un service de l'information et de la communication au sein de la commune est un excellent moyen pour véhiculer les messages de la mairie vers les populations (Mission de Décentralisation, 2006).

Par ailleurs, la commune dispose de nombreuses possibilités de mettre le citoyen au coeur des affaires locales. Il s'agit d'une volonté politique car il ne suffit pas de faire, il faut le faire savoir. Il importe à l'équipe communale de passer de l'information (qui porte à l'attention de...) à la communication (qui expose, explique, tente de convaincre, de motiver, et de susciter l'adhésion) et de la communication à la participation.

4.2.1.2- L'accès aux documents administratifs

Toute personne a le droit de consulter à la mairie de la commune, les procès verbaux et les comptes rendus des délibérations du conseil communal ou municipal, les divers actes communaux (arrêtés, décisions, contrats, etc..) et d'en prendre copie à ses frais8(*). Seules échappent à cette règle, les délibérations ayant fait l'objet d'un huis clos. Cette mesure va au- delà du simple affichage des comptes rendus qui sont le plus souvent des extraits ou des résumés de délibérations prises qui n'informent que d'une manière parcellaire. Les documents sont disponibles dans l'intégralité de leur rédaction.

Une fois votés par le conseil communal et approuvés par l'autorité de tutelle, les budgets de la commune restent déposés à la mairie où ils sont tenus à la disposition du public.

La consultation des budgets de la commune permet au citoyen de prendre connaissance des prévisions de recettes et de dépenses qui lui permettent d'apprécier la politique communale en termes budgétaires.

Le compte administratif approuvé par l'autorité de tutelle reste déposé à la mairie où il est également tenu à la disposition du public. La lecture du compte administratif lui permet de s'informer des réalisations.

Le compte de gestion approuvé et ses annexes établis par le comptable sont soumis au contrôle juridictionnel de la Chambre des Comptes de la Cour Suprême dans les conditions fixées par les textes en vigueur. Ledit compte et l'arrêt rendu par la Chambre des Comptes font l'objet d'une large diffusion9(*).

4.2.13- L'implication du citoyen dans les affaires locales

Dans le but d'encourager l'implication du citoyen, la commune doit écouter les citoyens (cas des commissions communales facultatives qui sont des lieux d'accueil et d'écoute des représentants de la société civile, en tant que personne ressources).

Il est adressé un procès verbal et ou un compte rendu de chaque séance du conseil communal, un relevé des décisions signé du maire et du secrétaire de séance est affiché à la mairie à l'endroit destiné à l'information du public dans les huit jours suivant la séance10(*).

Des groupes de travail informels peuvent être constitués selon les opportunités et des cellules de réflexion peuvent être encouragées. Les sondages d'opinion et les consultations sont également des moyens pour solliciter la participation du citoyen et de recueillir son avis avant de prendre une décision importante.

A défaut de pouvoir siéger dans le conseil communal, dans le conseil d'arrondissement ou de quartier de ville, le citoyen qui veut s'impliquer dans la vie de la commune peut rejoindre les représentations de la Société Civile existantes ou prendre l'initiative de créer une nouvelle structure, en rapport avec la gestion locale.

Mais, quel rôle joue, en réalité, la communication dans la gouvernance locale ?

4.2.2 - La communication, clé de voûte de la participation citoyenne et du développement local

La participation des citoyens à la vie communale ne saurait être appréciée comme une faveur que les élus locaux accorderaient à leurs administrés. C'est plutôt un droit de citoyen en termes de droit de regard sur la vie communale parce qu'il n'y a pas de démocratie si le citoyen à la base ne peut jouir de sa liberté de pensée et de participation11(*).

La communication, définie comme l'ensemble des échanges et de significations entre deux ou plusieurs personnes dans une relation sociale donnée (DEHOUMON ;2006), permet au citoyen de la commune d'apprécier ses élus sur la manière de gérer le patrimoine communal, de connaître le niveau d'évolution de la commune, de connaître les actions quotidiennes menées par les élus, de participer et de contribuer au développement de la commune connaissant les atouts et les faiblesses de leur commune (DOSSOU ; 2000).

En tant que telle, la communication constitue pour l'individu, une excellente motivation en ce sens qu'elle suscite chez lui un sentiment d'appartenance, d'être aimé, d'être écouté, d'être compris et de faire partie d'un groupe, celui de la communauté ou de la collectivité. La communication nourrit chez l'individu l'égo et lui donne le sentiment d'être utile et d'avoir de la valeur. Comme l'écrit Michel le NET12(*), la communication locale a deux valeurs : d'abord, elle s'intéresse au citoyen en l'entretenant des faits et projets, en lui rendant compte et ou en sollicitant son avis ; ensuite, elle `'intéresse le citoyen'' aux prises de décisions. Sa participation à l'élaboration de tous les projets impliquant la cité est un impératif fonctionnel. Au cas contraire, il y a un risque de rejet ou, pour le moins d'indifférence. La communication a pour rôle non seulement de promouvoir les projets, de rendre simples, clairs, lisibles les processus de décisions et de réalisations extrêmement complexes, mais aussi, après avoir affiché le projet, d'organiser l'écoute, d'entendre les questions, de donner les moyens d'associer les citoyens à ce projet. Le citoyen doit être informé et prendre part, par exemple, aux décisions concernant l'adoption d'un projet et savoir les différentes sources de financement en vue de sa réelle perception du rôle des responsables locaux et de l'utilité des taxes et impôts perçus. C'est le seul moyen de provoquer son adhésion. Il faut lui expliquer le pourquoi et le comment des choses avant et après une décision importante, avoir des échanges avec des groupes socioprofessionnels intéressés à l'exécution d'une mesure. La communication est donc un élément fondamental de la démocratie locale. C'est un miroir : elle accompagne sans conteste l'évolution du rapport des citoyens avec la commune. Elle sert d'interface entre ceux-ci et celle-là et constitue un des rouages nécessaires à la volonté des gens d'être informés, tenus au courant, mis dans le coup. La demande sociale actuelle ne signifie pas une volonté de participer en permanence au processus d'élaboration des décisions. Mais on veut être mis en situation de pouvoir pour exercer son contrôle.

Par ailleurs, la communication locale permet de promouvoir et d'animer un territoire. Elle crée ainsi une empathie réelle entre habitants d'un territoire et son avenir, donner ou redonner de la fierté d'appartenance, attirer des entreprises et des habitants. La communication valorise l'identité et l'image du territoire. Une image positive est bénéfique pour assurer et pérenniser le dynamisme et partant, l'économie, la culture, l'éducation, la qualité de vie..., tout ce qui tisse le quotidien des hommes qui y vivent. Instrument privilégié du `'marketing territorial'', la communication locale contribue donc à remodeler l'image et à « vendre » un territoire, y compris ses propres habitants.

Si la communication est un facteur de participation citoyenne alors que cette dernière est une condition importante au développement à la base, on peut donc dire que la communication est un véritable élément sans lequel le développement ne saurait être réel. Le rôle de la communication est décisif pour promouvoir un développement qui prenne en compte la dimension humaine dans le climat de changement qui caractérise la période actuelle (FAO ; 1994). Tout programme de développement qui considère les populations comme de simples bénéficiaires plutôt que comme les principaux acteurs du changement et du progrès est voué à l'échec. En revanche, le succès d'un programme est pratiquement assuré si la population est consultée et associée aux décisions qui engagent son avenir. La communication est au coeur de ce défi. Il n'y a pas de développement sans la communication (Balit ; 1988). Cela est soutenu par la « Charte des paysans13(*) » élaborée lors de la Conférence Mondiale sur la Réforme Agraire et le Développement qui s'est tenue à Rome en 1979 : « ...la compréhension et la prise en compte des problèmes et des potentialités du monde rural, l'amélioration des interactions entre les agents de développement et la population à travers un système de communication performant, voilà les conditions préalables à la réussite de toute stratégie de développement rural ».En outre, les objectifs de développement, les modalités et le rythme de sa mise en oeuvre, ses chances de durabilité seront essentiellement déterminés par le niveau d'engagement et de participation de la population ainsi que sa capacité à acquérir et à mettre en pratique des compétences ou des savoirs nouveaux.

La communication permet de mieux formuler et planifier les programmes de développement, d'encourager la participation populaire et mobiliser les communautés. Elle est employée pour changer les modes de vie, pour une coordination et une gestion du développement plus efficace. Les décideurs, les organismes d'assistance techniques qui sont sollicités pour soutenir ou étendre les programmes de développement doivent être informés des progrès et des résultats de ces programmes. La communication permet aussi d'obtenir l'appui des décideurs.

Retenons donc que la communication joue un rôle très décisif dans la promotion du développement social, culturel et économique de la commune. Elle est considérée comme la base du développement puisqu'elle permet le rapprochement, le contact, la mise en relation des populations, les libère de leur isolement et favorise leur intégration et leur participation.

C'est sur la base de ces dispositions législatives et réglementaires et tenant compte de la valeur de la communication locale que nous ferons l'analyse des résultats.

4.2.3- Analyse des résultats

Cette analyse se fera à travers les rapports élus locaux et citoyens d'une part, et d'autre part, à travers l'importance qu'accordent ces responsables à la communication sur la gestion des affaires publiques.

4.2.3.1- Les rapports élus locaux et citoyens de la commune de Savè

Rappelons que la gouvernance locale est une réponse institutionnelle de la décentralisation. Elle a pour objectif de rendre autonomes les citoyens, les communautés à la base, de les rendre plus actifs afin d'assurer un développement harmonieux de toutes les localités par l'impulsion d'une dynamique de concertation entre les différents acteurs en présence.

Les modalités de la participation des citoyens à la gouvernance locale sont précisées dans les textes et lois en vigueur, ce qui canalise donc les différents intervenants. C'est pourquoi la constitution du 11décembre 1990 en son article 150 du titre X dispose que  « les collectivités locales s'administrent librement par les conseils élus, dans les conditions prévues par les lois ».

La relation élus locaux et citoyens est une relation de proximité fondée sur l'implication des citoyens dans la gestion communale, sur un partenariat local, de symbiose et de synergie d'action. C'est aussi une relation fondée sur l'obligation de résultat, sur un courant d'échanges réciproque et constant.

Dans la commune de Savè et comme l'indique le tableau III et la figure 1, 66% de la population sont conscientes de leur rôle, de leur contribution au développement de la localité alors que dans le même temps, 95,31% ne sont pas impliqués dans la gestion des affaires de la commune (tableau IV et figure2). Ce qui révèle un niveau très faible d'implication. Or l'engagement des populations pour la mise en oeuvre des actions est une condition essentielle pour un développement local effectif. Par conséquent, le développement local ne peut être viable si la contribution des communautés de base, qui en sont les bénéficiaires n'est pas effective. D'où la décision d'entreprendre un projet ou un programme doit être prise localement et en concertation avec les personnes intéressées. Ceci permet à la population concernée de mieux comprendre le bien fondé des réalisations à faire et par conséquent de mieux s'investir. Cela ne peut se faire sans les réunions de proximité qui sont des `'espaces de concertation et de socialisation'' (FAO ; 1995). Mais force est de constater que dans la commune de Savè, les populations ne participent pas aux réunions et aux décisions relatives à leur commune (tableau V, figure 3). Près de 86% estiment que l'administration locale ne les implique pas dans la prise de décisions (Tableau IV, figure 2). A en croire une des enquêtés, conseillère et Chef d'Arrondissement, « qui dit gouvernance, dit effort pour dégager un consensus. Mais il n'y a pas de franche collaboration entre la mairie et la population. C'est ça qui fait les difficultés. Ici, notre Président (Maire) n'aime pas faire les réunions avec les populations, il n'aime pas du tout ». Elle a aussi ajouté : « au sein du conseil, il y a des décisions qui se prennent en désordre sans l'avis du conseil communal à plus forte raison avec les populations. Il y a des choses qu'on fait sans chercher à consulter, même les adjoints ne sont pas informés. Il y a des choses qui se passent vraiment sans l'avis du conseil ».

Pour le maire, les populations n'ont pas à participer puisque, déclare t-il, « il y a un conseil communal ; et si les populations doivent participer, c'est au moins que les populations contribuent au financement des différentes actions en payant les impôts, en payant les taxes ; mais du point de vue de la gestion quotidienne, je ne vois pas comment est-ce que la population peut beaucoup contribuer ». Nous pouvons donc conclure que les théories de l'approche participative manquent de mise en oeuvre dans la commune de Savè plus de quatre ans après la décentralisation et dire que les initiatives de développement ne connaissent pas de succès parce que ne parvenant pas encore à obtenir l'accord des populations. Si pour le PNUD, un gouvernement qui méconnaît les besoins de vastes segments de la population au moment de choisir et d'appliquer une politique n'est pas perçu comme un gouvernement digne de ce nom, alors il est aisé de classer Savè parmi les communes qui n'ont pas encore atteint un bon niveau de gouvernance au regard de l'inexistence de mécanismes d'écoute et d'échanges réciproques avec sa population. L'approche participative, l'un des principes chers à la gouvernance locale n'est pas appliquée dans la commune parce que les responsables locaux n'en n'ont pas encore pris conscience car de l'avis du maire de Savè : « ça peut faire désordre que tout le monde veuille gérer ; c'est pour ça qu'au niveau national, on a un gouvernement avec des ministres qui doivent gérer et rendre compte. Pour faire le parallèle, on a l'Assemblée Nationale qui contrôle et sanctionne. C'est ainsi qu'au niveau communal, on a l'exécutif (le maire et ses adjoints) et tous les services de la mairie, l'assistance et le contrôle de la légalité de la tutelle. Mais penser que toute la population veuille s'emparer du conseil pour gérer, ça ferait trop pagaille ».

Tout ceci compromet le développement de la localité quand on sait que toute intervention visant une amélioration réelle et durable des conditions de vie des populations est vouée à l'échec si les gens concernés ne la prennent pas en charge. Il n'y aura pas de changement durable à moins que les populations ne soient impliquées à tous les niveaux d'intervention, de l `identification des problèmes à la recherche et à la mise en oeuvre des solutions (Guy BESSETTE). Cela se traduit ici par une faible exécution du PDC évaluée à moins de 20% selon les déclarations du CA de Boni.

En effet, dans l'élaboration et l'adoption du PDC à Savè, 89,06% des citoyens ont déclaré n'avoir pas été impliqués. Ce qui explique l'absence de motivation de leur part et entraîne du coup l'incivisme, surtout l'incivisme fiscal parce que ne pouvant pas lire les actions de la commune.

La question du paiement a toujours fait l'objet de conflits entre les citoyens et le maire qui nous confie : « le problème des impôts, on en a parlé pendant longtemps ici à Savè. C'était la guéguerre entre le maire et la population puisqu'il y a des gens qui ont toujours cherché la mort du maire, tuer le maire et n'ont arrêté les embuscades qu'en juin 2007 ». Le budget de la commune se reposant principalement sur la fiscalité, l'incivisme des populations a inévitablement compromis la réussite des initiatives des responsables communaux. Et comme le témoigne le tableau XII et la figure 5, 76,56% des citoyens ne sont pas satisfaits de la gestion faite de la commune par leurs responsables parce que leurs besoins ne sont pas comblés et la plupart suggèrent la collaboration, l'implication, le consensus sur les décisions et l'exécution des activités de la localité.

Au total, les relations entre administration locale et population de Savè sont caractérisées par une absence de solidarité agissante, un défaut de considération et d'implication des citoyens. Ces relations, de l'avis général de nos enquêtés, sont des relations de conflits.

Mais, l'administration communale communique t - elle suffisamment ?

4.2.3.2-Rapport gouvernance et communication à Savè

La communication rime bien avec la gestion des affaires publiques à la base. C'est un élément indispensable de la gouvernance.

Pour analyser le rapport gouvernance et communication dans la commune de Savè, aussi bien les populations que les élus locaux ont été interrogés. De cette enquête, il ressort que le niveau d'information de la population sur les affaires de la commune est très faible.

87,5% des citoyens, en effet, ont répondu que le maire n'organise pas de séances d'information à leur intention (Tableau VIII, figure 6). Cela veut dire qu'en réalité, les citoyens sont en marge de la gestion quotidienne de leur localité contrairement aux dispositions de la loi. Ce qui fait que nombre de personnes se sentent lésées parce qu'écartées par les responsables locaux. Ils se plaignent de la gestion unilatérale de la commune qui ne favorise guère la transparence. La crédibilité de ces responsables est sans doute remise en cause avec assez de soupçons. Plus de 95% n'ont aucune idée du budget de la commune, ni de son compte administratif (voir tableau VII et figure 5). Les citoyens n'ont aucune visibilité dans la gestion des finances. Les seules occasions pour s'informer de l'exécution du budget, c'est les séances du conseil communal ou de leurs comptes rendus. Ici encore, les populations ne sont pas présentes en raison du déficit d'information. A croire madame Fatouma YACOUBOU, « les gens ne sont habitués, il y a manque de sensibilisation, les gens ne maîtrisent pas le sens de ces sessions ». Selon le maire de la commune, les réunions de ces conseils sont précédées d'affiches et annoncées par la voie de la radio communautaire. Pourtant, le constat est que la participation citoyenne est faible. Cela suppose qu'aucun effort n'est fait pour expliquer au préalable aux populations leurs droits et devoirs. Le compte rendu des sessions est régulièrement affiché à la mairie, mais 75% des enquêtés ne le consultent pas comme le montrent les tableaux IX, X et les figures 7 et 8. Là se pose soit un problème de sensibilisation, soit d'analphabétisme. Que peut comprendre une personne non lettrée ou non alphabétisée de la délibération du conseil communal sans la contribution des responsables communaux ? Seuls 12,5% des citoyens de Savè ont le compte rendu des délibérations du conseil communal. Il apparaît dès lors une inquiétude pertinente : les moyens de communication employés par la commune sont-ils adaptés à son contexte socioculturel ?

Les investigations effectuées à Savè nous ont permis de conclure qu'il existe quatre principaux moyens de communication dans la commune et nous ont aussi permis de mesurer en même temps la valeur de chacun de ces outils auprès de la population. Ainsi, nous avons la radio communautaire, les réunions de proximité, les crieurs publics et les journaux.

Depuis l'installation des conseillers communaux de Savè en janvier 2003, ce n'est qu'en 2007 que les supports imprimés sont utilisés un certain nombre de fois pour partager des informations sur la commune avec la population. `'Savè info14(*)'', selon les informations recueillies, n'a paru que récemment vers la fin du mandat des premiers élus de la commune et cela, quelques fois. De plus, on peut remarquer que les supports imprimés ne conviennent pas aux populations pour s'informer. D'abord à en croire le maire de la commune, le journal n'est pas bien lu. Peu de gens achètent `'Savè info'' et « c'est une question de mentalité ou plutôt de culture. On lit très peu dans notre pays. Le journal est vendu à 200 F, ça ne fait pas une petite bouteille de bière, mais pourtant les gens préfèrent boire un casier de bière plutôt que de lire un exemplaire de journal ». De plus, on peut associer à ce fait le taux important d'analphabétisme inhérent à cette commune semi- rurale. Tout ceci est justifié par le peu d'intérêt que les populations accordent au journal. En effet, de tous les enquêtés, seuls 3,12% s'informent par ce canal comme l'indique le tableau XI et la figure 9.

Les crieurs publics sont également des canaux d'information qui existent dans la commune. Par ce canal, l'information est bien reçue et bien assimilée par les citoyens dans la mesure où elle est conçue et transmise en l'adaptant au mode de vie, à la réalité locale. La langue locale par laquelle le message est transmis fait donc de l'emploi du crieur public un moyen important de communication locale à Savè.

Il en est de même pour la radio locale appelée `'Idadu FM''. Prenant en compte les particularités socio-économique et culturelle de la localité, elle est à même de satisfaire les besoins d'un public large et varié à qui elle s'adresse dans les diverses langues parlées par les populations. Ainsi, la majorité des populations (43,75%) préfère s'informer par la radio locale (Tableau XI, figure 9). Cependant, des points de vue critiques ont été émis contre l'utilisation de ces trois premiers outils de communication par les populations : aucun de ces moyens ne favorisent le feedback, la discussion, l'échange entre l'émetteur et le récepteur. Aucune discussion ne peut s'engager. Il s'agit là d'une information descendante. L'avis des administrés dans ces conditions ne saurait être pris en compte. Ces canaux d'information ne peuvent guère remplacer les réunions.

Les réunions recouvrent une série d'activités de rencontres et de discussions dont les formes varient selon la nature des réunions qui fondent le rassemblement. En parlant de participation aux réunions, il faut entendre les modes de concertation à caractère social, politique, etc. Les groupes sociaux n'ayant pas directement accès aux médias, peuvent exploiter les réunions pour s'exprimer sur des questions d'intérêt local ou national. Ces réunions sont aussi des lieux de formation parce qu'elles impliquent des partages de connaissances entre les participants. Elles relèvent d'une démarche inclusive et participative dont l'objectif est d'engager un dialogue constructif, critique et prospectif sur les problèmes de société. En tant que telles, elles élargissent les espaces de dialogue et de délibération en suggérant les voies à explorer, en insufflant une nouvelle dynamique issue de réflexions sereines ou critiques. Les deux moyens d'information sur lesquels s'appuie l'administration communale de Savè à savoir la radio locale et les journaux ne sont pas suffisants pour répondre aux aspirations des ses administrés. Il faut donc ajouter à ces outils, les réunions de proximité pour aussi permettre à la population de s'exprimer et d'être écoutée.

Il est donc aisé de constater que la commune de Savè ne dispose pas d'un plan de communication efficace. Les canaux et opportunités de communication ne sont pas exploités pour atteindre les populations. L'information ne circule pas. La communication entre élus locaux et citoyens est presque inexistante. Les têtes couronnées, les autorités religieuses de Savè ne sont pas informées des activités entreprises par les responsables communaux. Il en est de même pour les chefs de quartiers et de villages dont les forces ou capacités en matière d'information et de mobilisation ont été négligées. Quoique les lois sur la décentralisation n'aient rien prévu en ce qui concerne les relations de l'administration communale avec ces différents leaders d'opinions, il ne faudrait pas perdre de vue leur potentiel pour la bonne marche des activités de  développement. Il ne fait aucun doute qu'ils constituent des relais d'information et de ce fait, font parti des acteurs du développement local. Le déficit d'information et de communication envers ces personnes a créé un écart entre elles et l'administration locale et par conséquent est à l'origine du désintéressement et de vives tensions qu'a connu la commune. On note un déficit de dialogue, de solidarité entre les têtes couronnées, les chefs religieux et de quartiers ; ce qui ne favorise pas une participation des populations à la gouvernance locale.

Le maire ne fait pas des sondages d'opinions avant de prendre les décisions. Le manque de sensibilisation conduit les populations à des comportements de résistance au changement. Elles ne maîtrisent pas le concept de décentralisation. Les mécanismes de la gouvernance locale ne sont pas appropriés. Ce qui explique leur incivisme tel que les difficultés liées au paiement d'impôts et taxes et la violence exercée contre les élus.

L'information devrait être disponible ou facilement accessible à tous car l'adhésion aux changements qu'impose la gouvernance locale implique un dialogue, une négociation qui vont conduire à prendre en compte, non seulement les besoins prioritaires de la population, mais aussi son savoir et ses pratiques qui contiennent bien souvent les solutions les plus appropriées et les mieux adaptées aux conditions.

Il faudra donc envisager, au regard de ces insuffisances, des perspectives dans l'avenir, pour améliorer la gouvernance locale dans la commune de Savè.

4.3- Perspectives

La résolution des difficultés et insuffisances liées à la gouvernance locale à Savè telles que décrites, nécessite un certain nombre d'actions en vue d'une gestion participative, concertée et sans conflit de la commune. Il s'agit de la mise en place d'une stratégie de communication, de la création d'un cadre de concertation et de la réalisation d'enquêtes publiques avant de prendre les décisions importantes.

4..3.1-Vers la mise en place d'une stratégie de communication locale

Il s'agit de créer un plan-cadre comprenant une combinaison d'interventions de communication capables de susciter les changements nécessaires en matière de connaissances, d'opinions, d'attitudes, de croyances ou de comportements au niveau des populations en vue de sa participation selon un calendrier donné et compte tenu des ressources disponibles. La stratégie de communication constitue un engagement et une boussole permettant de mobiliser et d'orienter les actions et les énergies des acteurs.

Pour mettre en oeuvre une communication, l'on doit concevoir une stratégie à partir d'une bonne connaissance du contexte ou du milieu, mobiliser les ressources, élaborer des messages appropriés et en organiser la circulation vers ou entre les personnes concernées (cibles, bénéficiaires, acteurs, participants) à travers des canaux et gérer ce processus pour obtenir un impact dans le sens du développement.

Le processus de planification d'une stratégie de communication pourrait se présenter comme l'indique la figure 11 ci- après :

Figure 11 : Le processus de planification d'une stratégie de communication

ANALYSE DE LA SITUATION

· Problèmes de développement

· Contexte de l'intervention et programme existant

· Parties prenantes

· Ressources en matière de communication

PROBLEME DE COMMUNICATION ??

OUI

NON

ELABORATION DE LA STRATEGIE

I- CADRE STRATEGIQUE

· Objectifs de communication

· Groupes cibles

· Types d'approches

· Messages clés

· Canaux et support de communication

II- VOLET OPERATIONNEL DE LA STRATEGIE

· Cadre institutionnel

· Plans connexes : production, formation et renforcement des capacités

· Planning des activités

· Plan de suivi-évaluation

· Budgétisation

VALIDATION DE LA STRATEGIE

Source : Guide méthodologique d'élaboration d'une stratégie de communication multimédia, FAO, 2002, p13.

? L'analyse de la situation permet d'identifier le problème en matière de développement ainsi que les questions de communication qui lui sont liées. Elle permet également d'identifier les forces et les faiblesses, les atouts et les opportunités d'une part, les obstacles et contraintes d'autre part dont il faudra tenir compte lors de la planification puis de l'exécution de la stratégie.

? Grâce à des messages appropriés, véhiculés vers les cibles concernées par des canaux adéquats, la communication favorise les changements nécessaires à la résolution des problèmes de développement.

? Le volet opérationnel de la stratégie prévoit le plan d'exécution ainsi que les éléments nécessaires à la mise en oeuvre de la stratégie : cadre institutionnel, production du support de communication, formation des ressources humaines, renforcement de capacité, suivi évaluation, budget et calendrier d'exécution.

Une autre approche de solution à la question de déficit de communication et de collaboration est la création d'un cadre de concertation dans la localité.

4..3.2- Vers la création d'un cadre de concertation au niveau communal

La présence de représentants des habitants dans le groupe responsable de donner les grandes orientations des activités de la commune et ou de les mettre en oeuvre est une manière de les considérer comme partenaires et de les impliquer en tant que tels. Il s'agit d'une structure beaucoup plus partenariale que consultative.

Les représentants des autorités locales, de la population et des acteurs locaux se retrouvent au sein d'une même commission et tentent d'arriver à un consensus sur des options et des projets.

La multiplication des réunions entre les habitants et les différents acteurs locaux participe à la création de nouveaux réseaux d'interconnaissance, voire de groupes porteurs de projets ainsi qu'à une ouverture aux logiques d'autres groupes. Il existe une possibilité de débats et échanges d'arguments susceptibles de faire évoluer les participants vers une position commune.

L'avantage spécifique principal des commissions par rapport à de simples réunions de consultation ou de concertation ponctuelles réside dans leur caractère permanent qui leur permet d'exercer un contrôle de vigilance et de dynamisation de projets au fil du temps, à condition qu'elles gardent leur motivation.

De telles commissions ne peuvent fonctionner qu'avec un nombre limité de représentants et ne peuvent être ouvertes à tous ceux qui voudraient siéger. Un choix doit être opéré. Il est donc souhaitable que les groupes en présence mandatent des représentants et par le fait même apparaît le risque de déconnexion entre les représentants et leur base. C'est pourquoi l'une des conditions essentielles de réussite est le caractère représentatif de la commission et la matérialisation de la représentation par des contacts effectifs entre les membres et leur groupe d'appartenance de base. Il faut donc veiller à une composition suffisamment représentative des groupes de travail pour que le processus de participation ne tourne pas en circuit fermé au sein d'un petit groupe dans l'indifférence de la majorité de la population et assurer la restitution de la démarche à la population dans son ensemble.

La figure 12 ci-dessous indique, de façon générale, quelques pistes pour aboutir à une bonne gouvernance locale.

Figure 12 : Cartographie de propositions pour une bonne gouvernance locale

Prémunir l'action publique Sortir la délibération collective

contre les risques de du cadre institutionnel

dérive et d'abus des collectivités

Principe de solidarité

de pouvoir locales

Prévoir et organiser les mécanismes d'interpellation dans le fonctionnement des institutions locales

Principe de participation

Principe de responsabilité

Reconnaître et favoriser l'émergence d'espaces publics diversifiés de délibération

Principe de l'enracinement

Définir les moments invariables pendant lesquels le devoir de rendre compte

Principe de la participation

Créer une assemblée locale inclusive de tous les espaces publics de délibération

Organiser une simultanéité entre l'action et le contrôle

Gouvernance locale

Laisser le niveau local proposer les compétences à partager avec les différents niveaux

Passer du partage des compétences à l'apprentissage de la coopération entre différents niveaux et domaines

Principe de solidarité

Ne recourir au vote que pour sortir des situations de blocages

Principe du consensus

Principe d'une ingénierie institutionnelle fondée sur la subsidiarité

Retenir le consensus comme mode de préparation des décisions

Principe de la participation

Principe de solidarité

Faire de la construction du Inverser l'approche,

consensus le fondement l'organisation des compétences

de la démocratie locale en partant de la légitimité du local

Source : Réseau Dialogue sur la Gouvernance en Afrique, Cahier de propositions pour une refondation de la gouvernance en Afrique, novembre 2003 extrait de ECOVOX n°30, Janvier-Avril 2004, p.17

Ici, plusieurs principes sont mis en exergue. Il s'agit des principes de responsabilité, de participation, de solidarité, du consensus, de l'enracinement et de subsidiarité qui font appel l'un à l'autre, d'une manière ou d'une autre.

Ainsi, pour prémunir l'action publique contre les risques de dérive et d'abus de pouvoir, les responsables sont appelés à mettre en place des mécanismes d'interpellation dans le fonctionnement des institutions locales dont ils ont la charge, à définir les moments invariables pour rendre compte aux administrés et organiser une simultanéité entre l'action et le contrôle. C'est le principe de responsabilité. C'est aussi une condition pour la participation.

L'émergence ou le renforcement de la démocratie locale réside dans le consensus entre les différents acteurs. C'est pourquoi il faudrait, dans la préparation des décisions, oeuvrer pour le consensus à travers l'instauration d'un dialogue, d'une négociation.

De même, le principe de l'enracinement veut que la délibération collective sorte du cadre institutionnel des collectivités locales. Ce principe peut être appliqué en créant une assemblée locale qui inclut tous les espaces publics de délibération.

Enfin, le principe de subsidiarité veut que le pouvoir local se substitue progressivement, dans la mesure du possible, dans les domaines où cela est prévu par la loi à l'administration et aux pouvoirs centraux.

Les enquêtes publiques sont la dernière approche de solution proposée au problème de gouvernance locale.

4..3.3- La réalisation d'enquêtes publiques : une nécessité

L'enquête publique consiste à informer la population de l'existence d'un projet, d'un plan ou de programme qu'elle pourra consulter à l'administration communale aux fins d'émettre d'éventuelles observations ou réclamations. La procédure est éventuellement assortie de réunions d'informations et ou de concertation. L'enquête contribue à l'information d'un large public appelé à réagir le cas échéant au regard des moyens d'information et de communication mis en oeuvre (affichage, avis dans les medias, dont le bulletin communal ou les journaux publicitaires gratuits). Le caractère formel de la procédure garantit un minimum de prise en compte des réclamations et observation qui doivent faire l'objet d'un examen et dont la non prise en compte doit être justifiée.

L'enquête intervient sur un projet adopté par le conseil communal et donc assez tard dans le processus d'élaboration. Il devient difficile à ce stade d'apporter de changements fondamentaux. La participation est réduite sauf si les habitants perçoivent des enjeux importants pour eux. Un tel procédé suscite avant tout des réactions d'opposition et peut donc mener à certains conflits. C'est pourquoi il faut veiller à une information suffisamment attractive et vulgarisée, sensibiliser les populations à l'intérêt général.

* 7 Article 2 de la loi n°97-029 du 15 janvier 1999.

* 8 Article34 de la loi 97-029 du 15 janvier 1999.

* 9 Article 54 de la loi n°98-007

* 10 Article 33 de la loi 97-029 du 15 janvier 1999.

* 11 DEHOUMON, P., (2006). La décentralisation entre Risques et Espoirs, COPEF, Cotonou.

* 12 Cité par NUTSUGAN, A., (1998). La communication comme moteur du développement de la future commune de Comè. ENAM/ UAC.

* 13 Cité par NUTSUGAN, A., (1998). La communication comme moteur du développement de la future commune de Comè. ENAM/ UAC.

* 14 `'Savè info'' est un mensuel d'information de la commune de Savè créé en 2007.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore