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Les entraves au développement du commerce entre les Etats membres de la CEDEAO

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par Abdoul Aziz SANA
Ecole Nationale des régies financières - Administrateur des services financiers 2008
  

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PARTIE II : LES ENTRAVES A LA LIBERALISATION DES ECHANGES INTRACOMMUNAUTAIRES

CHAPITRE I : LES ENTRAVES RESULTANT DE LA VIOLATION DES
DISPOSITIONS CONVENTIONNELLES ET ASSIMILEES

Dans les différents rapports annuels, le Secrétariat Général puis la présidence de la Commission n'a cessé de dénoncer les violations des dispositions de l'article 36 et 41 relatives aux droits et taxes liés à l'importation, à la subsistance de contingentement des produits du cru et de l'artisan traditionnel, au non respect du programme d'élimination des droits à l'importation sur les produits industriels accolés au régime préférentiel. Les rédacteurs du Traité se sont surtout préoccupés des problèmes tarifaires et non tarifaires. Les principes qu'ils ont posés ont connu et connaissent des difficultés d'application à cause des tendances protectionnistes, pour ne pas dire égoïstes, manifestées par les Etats membres.

Dans le cadre de ce chapitre, nous traiterons respectivement des obstacles tarifaires et ceux non tarifaires.

SECTION I : LES OBSTACLES TARIFAIRES

La CEDEAO n'a pas supprimé intégralement les barrières tarifaires. Pour favoriser les échanges des produits industriels originaires de la Communauté, elle les soumet au régime préférentiel de la TPC. Les tarifs douaniers ont traditionnellement deux fonctions à savoir la protection de l'économie et la fourniture des ressources budgétaires aux Etats.

Ayant réduit ou supprimé les barrières douanières, la CEDEAO a amoindri leur rôle, ce qui ne va pas sans poser de difficultés. Au niveau de la Communauté, il n'est malheureusement pas rare de voir certains Etats ignorer les dispositions conventionnelles se rapportant aux régimes applicables aux exportations et importations.

A - Le rétablissement des barrières douanières : la majoration du taux de la TPC

En matière d'échanges internationaux, la doctrine libérale repose sur le libre échange, ce qui favorise les Etats développés grâce au jeu de l'avantage comparatif. La doctrine protectionniste (adoptée par les Etats sous développés en général et même certains Etats développés), quant à elle, s'oppose à la première et considère que l'optimum national ne peut être atteint dans tous les cas par la concurrence pure et parfaite. La doctrine CEDEAO se situe à la limite de ces deux doctrines par le jeu de la TPC. Le taux de cette taxe est constamment majoré. Les produits du cru et de l'artisanat traditionnel qui en principe, circulent en franchise de tous droits et taxes d'entrée, sont parfois imposés.

Comme nous l'avons souligné, l'agrément à la TPC permet aux produits bénéficiaires de ce régime d'être plus compétitifs au niveau des prix. La TPC permet de protéger les produits industriels communautaires contre ceux de l'extérieur. La majorer reviendrait à ébranler les efforts de la Communauté dans l'optique d'accroître les échanges intra CEDEAO. Nous constatons malheureusement que des Etats, et pas des moindres, empruntent cette voie. C'est pourquoi, Jacques RIBOUT 12 dans son rapport de la conférence des Directeurs Généraux des organismes nationaux chargés de la promotion du commerce extérieur tenue à Bamako, affirmait qu'une éventuelle réévaluation des taux de la TPC pourrait être dangereuse. Il se justifie en invoquant les plaintes de certains industriels quant aux taux assez élevés de la TPC applicable à certains produits, entraînant leur non compétitivité par rapport aux produits d'Europe et d'Asie. Dans la logique de l'esprit du Traité, la TPC doit évoluer vers la baisse.

Le cas ci-dessous exposé, concerne le relèvement des taux effectué de concert avec les autres Etats membres .Qu'en est-t-il lorsque la réévaluation se fait unilatéralement ?

Pour élever le taux de la TPC, les Etats procèdent à une refonte de leur fiscalité globale
applicable aux produits importés des pays tiers13 , et automatiquement un ajustement de la

12 Expert économiste, consultant, Mr Kelvirgate LTD, détaché auprès de la CEAO pour identifier les différents obstacles à la promotion des échanges communautaires.

13 Il suffit de se référer aux éléments pris en compte dans la décision C/DEC/3/6/88 portant définition de la procédure de l'agrément des produits industriels et entreprises

taxe préférentielle s'impose. Si les Etats manifestent une tendance au relèvement des taux TPC ou même à sa méconnaissance, cela tient à deux raisons :

y' faire face à la concurrence communautaire. Le cas du `'Vinaigre malien `'se situe dans cette optique. Le Sénégal aussi imposait fortement ce produit.

y' la crainte d'être le principal pourvoyeur du FCCD, corollaire de la TPC (le taux de cette taxe préférentielle est négocié entre les Etats Membres).

Le premier argument ne résiste pas à la critique. Non seulement le taux TPC est fixé en tenant compte de plusieurs éléments qui garantissent les productions nationales, mais le principe de l'avantage comparatif devait inciter les Etats à préférer certains produits des autres pays membres. Le second argument relève la méconnaissance de l'effet de l'accroissement des exportations sur l'économie de l'Etat exportateur et l'égoïsme de certains pays.

Outre la majoration des taux de certains produits agréés, on note la violation du régime applicable aux produits du cru et de l'artisanat traditionnel.

B - Le rétablissement des barrières douanières : la taxation des produits du cru et de l'artisanat traditionnel

Les produits du cru et de l'artisanat traditionnel bénéficient d'un régime de franchise totale des droits et taxes d'entrée. Ce principe, nettement affirmé par l'article 36 du Traité Révisé, ne connaît pas une application parfaite, bien que la nature ait spécialisé les productions des Etats membres. Dans le cadre de ces entraves, il faut noter deux niveaux :

y' d'une part, un relèvement parvenu à la suite de l'adoption d'une loi modifiant la fiscalité interne ;

y' d'autre part, un rétablissement des droits de douane.

Dans le premier cas, on pourrait citer le dernier exemple en date, la difficulté pour les armateurs sénégalais d'écouler leurs productions de poisson sur le marché ivoirien. Cet obstacle doit être spécifié car la Côte d'Ivoire est aussi producteur du poisson. Le Traité soumet les produits du cru importés à la fiscalité intérieure de l'Etat consommateur, ils sont frappés des mêmes taux que ceux de l'espèce produite localement si l'on se réfère aux

dispositions de l'article 40 du Traité Révisé. A priori, il ne saurait donc y avoir de discrimination. Mais celle-ci pourrait par contre survenir si la loi établissait une distinction rigoureuse suivant l'espèce des produits halieutiques, de sorte que les productions sénégalaises soient imposées plus lourdement. L'habileté des juristes fera ici des victimes !

Dans le second cas, il s'agit d'une violation directe des dispositions du Traité. On pourrait citer les difficultés liées au non respect du modèle harmonisé du certificat d'origine UEMOA/CEDEAO ; or la CEDEAO l'a initié puis émis pour éviter les doubles impositions aux citoyens de la Communauté, dans le respect de l'esprit et la lettre de l'article 40 du Traité à son alinéa 5.

Il faut faire remarquer que certains produits bénéficient d'une dispense en ce qui concerne l'exigence de marquage à savoir les produits de l'agriculture et de l'élevage. Dans le cas d'une absence de marquage, ils sont imposés. Ce qui constitue une violation des dispositions du Traité de la Communauté. Bien souvent les pays importateurs ne font pas recours à l'article 13 alinéas 3 du protocole A/P1/1/03 qui prévoit le bénéfice des avantages liés à l'origine, sous réserve de la constitution par l'importateur, d'une caution garantissant les droits et taxes en vigueur dans l'Etat importateur. Ces Etats appliquent tout simplement la fiscalité de porte de droit commun comme s'il s'agissait de produits provenant des pays tiers. Des douaniers ivoiriens, avec qui nous avons eu des entretiens, nous ont confirmé la pratique des taxations des produits du cru et de l'artisanat traditionnel. Ils ajoutent cependant, que ces cas deviennent « de plus en plus rare ».

Dans le premier cas, il s'agissait des produits maliens qui, faute de marquage, acquittaient des droits et taxes d'entrée. Le certificat, prouvant l'origine communautaire, permet l'entrée en franchise des produits concernés. L'attitude de ces douaniers ne révèle t-elle pas un excès de zèle (puisqu'ils savaient que ces produits ne supportaient pas de taxe d'entrée) ? Où peut-on considérer que la Cote d'Ivoire étant en guerre, tout est permis ? Le plus souvent, ce sont les commerçants »traditionnels», qui ignorant toutes les dispositions conventionnelles et ne sachant ni lire ni écrire, qui en paie les frais.

Dans la Communauté, on constate des sur-taxations indues : l'application de la tarification se
fait parfois à la hausse. Ce qui ne peut cacher une quelconque connivence entre le douanier et
l'importateur. Des responsables de douanes reconnaissent d'ailleurs qu'il s'agit d'une

mauvaise application de la réglementation qui résulte du fait que certains douaniers exigent des certificats d'origine. Or, pour les produits du cru et de l'artisanat traditionnel, cela n'a pas lieu d'être depuis 2002 et qu'en leur absence, le droit de douane est appliqué. Dans certains cas, la distinction entre importation CEDEAO et de pays tiers n'est pas faite.

Des sous-taxations sont aussi fréquentes ; il est dans l'intérêt de l'importateur d'avoir une minoration du tarif appliqué. Il est toutefois difficile de décrypter, selon les provenances, le favoritisme dont bénéficie un importateur. Sans doute peut-on seulement expliquer les traitements de faveur par la capacité d'influence du commerçant sur les douaniers ?

Dans le second cas, des voyageurs en partance pour la Cote d'Ivoire, et en possession de plus de deux toiles tissées par des artisans burkinabés, se sont vus astreints à payer des taxes, à défaut, les marchandises étaient purement et simplement confisquées. L'attitude des douaniers n'est-elle pas motivée par la crainte de voir ces articles ne pas supporter la fiscalité interne car n'étant pas importés par des commerçants, au sens juridique du terme ? Ou plutôt de profiter de la situation pour se remplir les poches ? Actuellement dans la Communauté, deux tarifs sont en vigueur, celui des douaniers et celui d'usage TPC qui permet d'avoir la fiscalité globale en régime préférentiel applicable aux produits agréés.

Les obstacles tarifaires constituent, à n'en pas douter, un handicap à la promotion des échanges, mais les entraves non tarifaires n'en constituent pas moins, pour ne pas dire le sont encore plus. La suppression des droits et taxes à elle seule ne suffit pas pour engendrer des échanges ouverts entre les Etats membres. Elle doit être accompagnée d'autres mesures qui facilitent la circulation des produits.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard