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Les entraves au développement du commerce entre les Etats membres de la CEDEAO

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par Abdoul Aziz SANA
Ecole Nationale des régies financières - Administrateur des services financiers 2008
  

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SECTION II : LES ENTRAVES ENDOGENES

Ces entraves sont internes à la Communauté et sont de plusieurs ordres. Nous ne retiendrons que celles liées à la libre circulation des biens et personnes (réticence des Etats, tracasserie douanière), à l'information et à la faiblesse financière.

A- la libre circulation des personnes et des biens et services 1- la réticence des Etats

Pour les économies en construction des Etats membres de la CEDEAO, le commerce totalement libre entre les Etats membres de la CEDEAO est un facteur indéniable. La promotion du commerce et des industries parait fortement compatible avec une liberté totale de circulation des produits originaires.

Conscient de cette situation, le Traité Révisé de la CEDEAO, organise entre les Etats membres, une libre circulation des marchandises dans le cadre d'une zone de libre échange. Il n'y a pas de restriction quantitative, la circulation des produits du cru et de l'artisanat traditionnel ne subissent aucune coercition tarifaire à l'importation. De même, les produits

industriels originaires ont une taxation réduite par un régime préférentiel spécial et un TEC pour le commerce avec le reste du monde. Malgré la souplesse de ce système en vigueur depuis 1975, on constate néanmoins des réticences multiformes de la part des Etats membres à mettre en oeuvre les concessions qu'ils se sont faits.

Dans cette optique nous prendrons en exemple le Nigeria qui protège fortement son agriculture et ses industries ; or il devrait l'ouvrir aux autres membres de la Communauté dans la mesure où il est la première économie de la Communauté et à ce titre, il en devrait être le moteur de son intégration. Le comportement du Nigeria dans le cadre des négociations du TEC CEDEAO n'est pas fort louable. Le TEC dans sa négociation actuel comprend cinq catégories de tarifs : la catégorie 1 (0% de droit : denrées de première nécessité, services publics, médicaments, machineries et équipements industriels) ; la catégorie 2 (5%de droit : matières premières) ; la catégorie 3 (10% de droit : produits intermédiaires) ; catégorie 4 (20% de droit : produits finis) et la catégorie 5 (50% de droit : produits du luxe). Egalement chaque Etat dispose d'une liste d'exceptions, comprenant les produits aux droits de douane différents de ceux du TEC. Le Nigeria compte au totale à lui seule 308 lignes tarifaires sur la liste d'exceptions de type B comprenant, l'acier, produit pétrolier, les produits pharmaceutiques, le riz, la bière, les boissons sucrées et le tabac entre autres. Mais les négociations sur la liste d'exceptions de type B se sont retrouvées bloquées lors des réunions de juin 2007 de la commission mixte CEDEAO / UEMOA pour la gestion du TEC. C'est pourquoi le Nigeria a suspendu l'application du TEC jusqu'à ce qu'un consensus se trouve au niveau des produits contentieux. Nous pensons qu'un tel agissement remet en cause l'avancement des négociations pour l'application totale du TEC CEDEAO. Le Nigeria taxe le riz à l'importation à 100% de droits de douane, interdit l'importation des volailles et impose certains produits originaires de la Communauté. Cela remet en cause l'esprit et la lettre de la libre circulation des produits du cru et de l'artisanat traditionnel.

Dans ce même volet certains Etats pratiquent la licence d'importation qui reste un moyen efficace pour déjouer la concurrence étrangère sans interdire officiellement l'entrée d'un produit considéré dans le pays.

2- les tracasseries douanières

Les tracasseries douanières font également parties des nombreuses entraves à la libre circulation des marchandises. Les agents douaniers considèrent tout importateur ou exportateur comme un fraudeur en puissance et les soumettent à leur bonne volonté. Les industriels sont à la merci de ces agents qui souvent remettent en cause subitement une position tarifaire utilisée pendant longtemps. La contestation de l'origine communautaire des produits ou de la validité des documents d'accompagnement est une pratique fréquente. A cela s'ajoute cette pratique assez répandue du «bakchich« toute attitude qui peut gêner considérablement la circulation des produits entre les Etats membres de la Communauté. C'est pourquoi pour éliminer ou réduire les barrières physiques à la libre circulation, une réduction des barrières douanières au minimum possible s'impose. De plus, au niveau des frontières, les agents de police, de douane ou de gendarmerie doivent être sensibilisés sur les protocoles de la CEDEAO concernant la libre circulation des personnes et des biens.

3- Le tropisme du Nigeria

Le Nigeria est le pays qui a le poids économique le plus élevé de la Communauté. IL adopte une politique commerciale hétérodoxe. La politique commerciale de ce pays contraste fortement avec celle de ses voisins par son instabilité et sa tendance protectionniste. Ainsi, alors que la fourchette tarifaire est passée de 0-300 % à 0-150 % entre 1995 et 2000, son gouvernement continue de pratiquer des droits de douane élevés sur certains produits et d'interdire l'importation d'autres. Les produits du cru originaires de la Communauté n'échappent pas à cette restriction.

Pourtant, la politique de la prohibition du pays a une efficacité limitée. La plus part des produits prohibés( huiles végétales, farine de blé, boissons non alcoolisées, préparation sucrée, tissus de coton et plusieurs autres textiles, les baignoires, les sièges, les cuvettes et les articles domestiques en plastique...) entrent dans le pays et sont officiellement enregistrés. L'efficacité de cette politique est d'autant plus persistante que la production domestique des produits prohibés est structurellement déficitaire par rapport à la demande. Les difficultés de la mise en place de l'intégralité TEC CEDEAO est du à l'intransigeance du Nigeria sur la liste des produits de type B.

B- L'information et la formation

1- L'information

Cet obstacle se situe à plusieurs niveaux. Nous n'en retiendrons que deux : y' celui des dispositions du Traité et

y' celui des marchés.

Plusieurs difficultés rencontrées par les industriels et commerçants relèvent de la méconnaissance des régimes commerciaux institués par le Traité, selon les rapports annuels du Secrétaire Général de la CEDEAO sur l'état de la Communauté. Les discussions avec les administrations et les opérateurs économiques ont révélé que l'information sur les dispositions relatives à la TPC est défectueuse. Ce système préférentiel étant destiné à développer les échanges des produits industriels bénéficiant de ce régime, comment parviendra-t-on à accroître les flux commerciaux si on l'ignore ? Veut-on compter uniquement sur l'accroissement naturel ? Dès lors qu'on dissolve la CEDEAO.

Il est regrettable que 33 années après l'entrée en vigueur de la CEDEAO, les principaux intéressés (commerçants et industriels) ne sachent pas ce qui a été décidé pour eux, car en exportant plus, ils accroissent leurs bénéfices.

Avant de produire, il faut savoir si l'on pourra vendre : c'est un des aspects essentiels de l'information commerciale. Au niveau de la CEDEAO, on note une lacune très grave sur les produits disponibles. Les producteurs ou exportateurs et les consommateurs ou importateurs ne possèdent pas de renseignements suffisants, les premiers sur les débouchés, les seconds sur les produits. Par information commerciale, on doit entendre « des données objectives susceptibles d'aider le décideur à prendre de bonnes actions »18 . Cette information s'avère nécessaire pour :

y' définir les priorités et les objectifs tant pour l'exportation que pour l'importation ;

18 Rapport du séminaire sous régional sur la méthodologie des études des marchés à l'exportation, Bamako, 5-12 Août 1983.

y' déterminer les catégories de produits pour lesquelles il conviendrait d'encourager la production et les investissements axés sur l'exportation ;

y' découvrir et exploiter les débouchés offerts par les marchés extérieurs.

Certains produits restent invendus tout simplement parce qu'ils n'ont pas d'information sur les débouchés. Si l'information n'avait pas fait défaut, certaines entreprises n'auraient pas existé. Tout cela montre que l'information reste et restera un facteur cardinal dans le développement des échanges commerciaux. On peut ajouter que cet élément réduira les risques financiers liés à l'exportation dus à l'absence d'un réseau d'information fiables sur la qualité du crédit des entreprises et des structures d'aide au recouvrement des créances. Cette réduction aura pour corollaire, sans nul doute, un accroissement important des échanges. La création de medias propres à la Communauté contribuerait à pallier à la carence informationnelle. Afin de profiter au maximum des informations reçues, l'opérateur économique doit être en mesure de les analyser. C'est le problème de la formation.

2- La formation

La formation et le perfectionnement (recyclage) des cadres doivent constituer une option fondamentale si l'on veut assurer les changements de comportement par le développement de leurs compétences dans l'optique d'une application optimale des politiques en matière de promotion des échanges. Il faut préciser que cette formation ne doit pas être essentiellement technique ou professionnelle, elle doit s'orienter vers la préparation d'agents de changement, d'éducateurs, de responsables, c'est-à-dire de personnes alliant leurs connaissances et leurs attitudes pour promouvoir les circuits commerciaux.

C- La faiblesse financière

Il est notoire que les sources nationales et régionales de financement soient depuis longtemps inexistantes et le recours aux sources extérieures est de règle pour les Etats dans la recherche des voies et moyens pour sortir du sous développement.

Les participations du Fonds de Coopération, de Compensation et de Développement (FCCD)
ne pourront pas se substituer de façon conséquente à la carence des sources nationales. Le

recours sera donc fréquent, pour le financement des entreprises communautaires, aux sources extérieures sous toutes ses formes : aides publiques au développement des pays de l'Union Européenne, prêts des organismes spécialisés des Nations Unis (FMI et Banque mondiale), banques privées etc. C`est la logique de la voie de développement suivie depuis longtemps par les Etats membres pour le développement de leurs industries nationales qui sera transposée au niveau des entreprises communautaires : s'appuyer sur l'extérieur pour développer l'intérieur et nous ne voyons pas ce qui pourrait amener les Etats à transgresser cette logique au niveau communautaire, dans la mesure oú cette voie est le résultat d'un choix conscient pour un modèle de développement.

De notre point de vue, la Communauté regorge de ressources financières suffisantes pour subvenir aux besoins de son développement économique.

D'une part, dans un pays comme le Sénégal et la Cote d'Ivoire, la thésaurisation est très forte et peu de gens se résignent à déposer leurs avoirs financiers dans les banques et caisses d'épargne. Ce constat peut se généraliser à bon nombre d'Etat de la Communauté. Il suffira donc de mener dans chaque Etat, une politique dynamique et plus incitative à l'épargne précédée d'une forte campagne de sensibilisation en vue de « démocratiser» ou « populariser » les banques.

Sur cette même lancée, plusieurs des dirigeants de la Communauté possèdent des centaines de millions voire des milliards de dollars dans des paradis fiscaux en Europe, en Amérique et en Asie. Un rapatriement de ces fonds donnera à coup sûr un boum économique à la Communauté. Il est criard de sensibiliser nos dirigeants à cet égard.

D'autre part, dans quelle mesure la communauté, par le biais du FCCD, ne pourrait-elle pas lancer un emprunt auprès des nationaux des Etats membres, une sorte d'emprunt Etat dans des conditions précises et pour un projet communautaire précis ?

La crise internationale a rétréci considérablement les possibilités d'obtenir des finances au niveau des bailleurs internationaux de fonds qui, d'ailleurs de plus imposent des conditions draconiennes qui mettent les gouvernements en difficulté du fait des mesures anti-sociales qu'ils doivent prendre. Il est donc grand temps de compter au niveau financier, sur ses propres forces et nous pensons qu'une récupération judicieuse de l'épargne pourrait permettre à la

Communauté de compter sur elle même, condition sine qua non pour propulser une industrialisation endogène.

Nous pouvons également faire ressortir que l'absence de moyens de paiement moderne se traduit par des difficultés pour les entreprises du secteur formel de se faire payer les crédits de taxe sur la valeur ajoutée, ce qui nuit à la rentabilité des entreprises. A un autre niveau, l'absence de réseaux bancaires induit une insécurité pour les commerçants. Ainsi, pour acheminer une vingtaine de bovins de Maradi à Lagos, il faut disposer d'un minimum de trois (3) millions de francs CFA en liquide. La multiplicité des banques est donc nécessaire.

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"